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55
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jjaariaja
yiinaa•
'
oanjraras
jnmnojo
�L'ENTR'ACTE
PÉRIGOURDIN.
1887.
Périgueux, le 30 Janvier
belle,
oA/lons ! Muse, ma toute
afujourd'hui ue sois point rebelle
oÁu pauvre rìmeur qui l'appelle
'Tour chanter un l'érigourdin.
Sfe f 'aut-ilpas tenir le pacte
OAux termes duquel, à /'Entr'Acte,
Tu dois de la
« copie » intacte
Tous les quinte jours au matin
?
gfolre tâche est facile, en somme,
!'/,isqu'il jaut célébrer cet homme,
Ge Qeorges Dufour, de Ttrantòme,
Dont nous pensons le plus grand bien
;
Get avocat économiste,
Ge littérateur, cet artiste,
Ge vaillant
impérialiste...
Tour
un
Très
nous,
jeune,
tel labeur n'est
rien
!
il fut le secr 'taire
De
Magne, éclat du ministère,
Torsque l'Dmpire tutélaire
Téyèqnait en bienfaisant vainqueur !
Osaiq ré le temps qui tout dévore,
11 gardera lonqtemps encore,
maître dont il s'honore,
De
ce
Te
souvenir
cher à
son coeur.
lorsqu'il veut aborder ta
G'est
presse,
vieil Echo
qu'il s'adresse,
lequel à l'admettre s'empresse
Darmi ses plus chers rédacteurs,
Ses Salons, que chacun remarque,
Du
au
vrai
Gisais
ne
Dans le
talent
portent la marque
;
qu'il se parque
troupeau des amateurs.
croyeq pas
f£u\ Beaux-Arts
dans la
Politique,
Travail éminent de
Succède
critique,
économique
une oeuvre
Son Traité
de
:
l'Impôt Foncier.
Délaissant la note
frivole,
Usait le Crédit
agricole,
deux
De
digne de l'école
Magne, le q ra n dfinancier !
aveux.
11 c'est ainsi que, sans
relâche,
du panache,
11 poursuit vaillamment sa tâche,
fort peu
soucieux
Se tenant modeste à l'écart.
Mais
cependant, de
le bruit
Ht
ce
son
mérite
partout se répand vite
l\eçcit le Sficham IJtikar.
PÉRIGOIMIS
Que le grand dramaturge
Dennery et son
pardonnent.'... Si j'em¬
prunte ainsi le titre de leur drame, c'est tout
simplement parce que la martyre dont je vais
parler a quelques liens de parenté avec celle
qu'ils créèrent en commun et qui, mardi soir,
fera pleurer les âmes sensibles au théâtre de
Périgueux !...
collaborateur Tarbé
me
Vous connaissez tous le joli tableau que mon
ami Jacques de V.. . envoya, l'an dernier, à
l'Exposition des Amis des Arts ? Ceux d'entre
vous qui ne purent visiter le « Salon
périgourdin, » comme rappelaient pompeusement nos
critiques d'art, » durent tout au moins lire les
éloges mérités que l'érudit et impartial Schlein
prodigua, dans VEchp. à la gracieuse composi¬
tion picturale dont je parle. Alliant, comme
Sainte-Beuve, le talent descriptif à la science
de l'eslhétique, Schlem s'exprimait ainsi, dans
son compte-rendu de
l'Exposition :
«
«
M. J. de V... est
un
ble artiste, qui, le jour
amateur, doublé d'un vérita¬
ou
il le souhaitera,
verra
son
cité parmi ceux des peintres en renom et ses œu¬
vres cotées á chers deniers. Mes lecteurs
peuvent en
juger par la belle toile que M. de V... expose
à notre Salon périgourdin, sous ce titre : Ali
fond du
Parc. II s'agit là, en effet, d'une œuvre hors de
pair,
qui a, du reste, la bonne fortune d'être remarquée
par tous, et c'est justice ! Nous connaissons, pour
nom
notre
part, beaucoup de vétérans du pinceau qui s'es¬
timeraient heureux d'avoir
composé
travail aussi
parfait. On ne sait, en vérité, ce qu'il faut le plus
admirer dans ce tableau, dont, fauteur
parait posséder,
tout comme Corot, le sentiment vrai de la
nature, joint
á la science approfondie des couleurs. Le calme et la
poésie champêtres embellissent ce coin de parc et ce
banc rustique, où deux jeunes amoureux,
presque
un
Ces
cœur...
travailleur émérite
HISTOIRES ET CONTES
enfants, sont
venus échanger leurs premiers
petits personnages — la fillette surtout,
pleine de grâce naïve et de doux abandon, — sont
supérieurement traités, ainsi que les grands arbres
et la charmille qui les abrite et au fond de
laquelle
une
échappée d'azur semble symboliser les rêves
éthérés de nos adolescents. 11 se dégage de tout cela
un sentiment tendre et
mélancolique qui provoque for¬
cément à la rêverie, et plus d'un visiteur, en présence
de cette toile gracieuse, a dû sentir les souvenirs de
ses jeunes
ans faire toc toc à la porte de son
Dtude
»
machinalement
portés 'sur son lableau et sur la
gracieuse fillette qui y figurait.
'—Tu as déjà deviné, n'est-ce pas? reprit
M. de V..., en suivant mon regard, que c'est là
l'nnage de ma cousine Marthe. Le gamin assis
à ses côtés n'est autre que ton serviteur, en
train de jurer un « amour éternel » à celle qui
fut l'unique passion de sa vie et
au sou¬
venir de laquelle il a conservé un culte qui ne
cessera qu'avec son dernier jour...
A ce moment, je vis mon ami essuyer furti¬
sition des Amis des Arts, le
une larme et, tout en m'excusant d'avoir
si indiscrètement réveillé un passé pénible, je
bérac.
priai Jacques d'en rester là.
Non, dit-il, je tiens maintenant à aller jus¬
qu'au bout ; mais j'omets volontiers les détails
psychologiques qu'emploierait tout bon roman¬
cier pour expliquer le caractère et la nature de ma
tanle. Fanny, qui « n'était pas coquette pour des
prunes, » comme disaient les bonnes gens du
pays. Deux fois par semaine, en effet, la mère
de Marthe ne craignait pas de recevoir chez
elle le capitaine G..., un jeune homme de
vingt-cinq ans, véritable coureur de dot,
Quelques jours après la fermeture de l'Expo¬
bruit courut à Pé¬
rigueux, — et il fut, je crois, mentionné dans
les colonnes de VAvenir, —• que la ville avait
acquis la toile de M. de V... pour le musée :
mais il n'en était rien. Dédaignant les o lires
brillantes qui lui furent faites de divers côtés,
mon ami
Jacques reprit tranquillement son ta¬
bleau et le réinstalla dans son atelier, à la place
d'honneur, où je l'admirais hier encore, pen¬
dant que Fauteur terminait une
Vision de
Saint Paul, destinée, je crois, à l'église de RiJe
parie, dis-je tout à coup à Turfiste, que
particuliers pour tenir ainsi à
cette peinture que tu appelles A u fond du Pure ?
C'est exact, lit Jacques, et, si je t'expliquais ces motifs, tu tn'approuverais, j'en suis sûr.
Pressentant quelque intéressant récit, je mis
tout en œuvre pour aiguillonner mon ami. Cé¬
dant enfin à mes instances, M. de V... inter¬
rompit sa besogne et me conta cé qui suit :
11 y a dix-huit ans environ, j'étais un éco¬
lier assez paresseux et, négligeant mes classi¬
ques au profit de Musset, je hâtais do tous mes
vœux la période des
vacances, que jo passais
d'ordinaire chez ma tanle Fanny, une jeune
veuve, qui habitait alors la très agréable pro¬
priété de La Meyzélie, sise aux environs de
Périgueux. Quand je dis « jeune, » c'est une
façon de parler, car nia parente frisait la qua¬
rantaine ; mais elle soignait si précieusement
sa
petite personne, fraîche et grassouillette, que
—
tu as des motifs
—
—
les hivers se succédaient sans l'atteindre. II est
vrai que sa fille Marthe, qui venait de
dépasser
sa
quinzième annee, gênait parfois les petites
manœuvres de la tante
Fanny ; niais, en public,
ma cousine avait
pour consigne de n'avouer que
treize ans, et, comme elle portait encore des
robes courtes et des collerettes d'enfant, beau¬
coup
feignaient de
—
dont les assiduités commençaient à faire ja¬
tout le voisinage. Durant les grandes va¬
cances de 1869 — les dernières, hélas ! que
je
ser
passai à La Meyzélie — je remarquai qu'à cha¬
visite du beau capitaine, ma tante et lui se
dirigeaient, en causant, au fond du parc, où ils
restaient parfois de longues heures, sans donner
le moindre signe de vie. Un jour, ma curiosité
enfantine, surexcitée par je ne sais quels dé¬
sirs malsains, me poussa à les suivre. Caché
que
discrètement derrière le gros
vois là, j'aperçus le capitaine
mon oreille
put recueillir les brûlants propos qu'é¬
changeaient les deux coupables. Ab ! le diable est
parfois bien malicieux et il se joue étrangement
de l'hutnaine faiblesse... Le lendemain, je priai
ma cousine de m'accompagner et, sous
prétexte
de lui montrer un nid de bouvreuils que j'avais
découvert la veille, je la conduisis sournoise¬
ment au fond du parc. Bien qu'effrayée par mes
allures insolites, Marthe consentit à s'asseoir sur
le petit banc ; je.lui pris la main, qu'elle rn'abandonná doucement, en fixant sur moi ses grands
yeux de gazelle craintive... Je murmurai d'a¬
bord de tendres aveux, de doux serments ; puis,
tout à coup,. saisissant brutalement la fillette
entre mes
Jacques,
ce-jour-là,
s'étaient
tu
sa com¬
plice amoureusement enlacés, et
sa
mes yeux
arbre que
C... et
avide
tromper sur 1 âge de l'une,
flaltéraienl ainsi la coquet¬
se
sachant bien qu'ils
terie de l'autre !
Tout en écoutant
vement
bras, je posai mes lèvres
en
feu
sur
bouche de vierge effarouchée... Pauvre Mar¬
the ! Jeune souvienscomme d'un doux rêve que,
en
quittant le fond du
parc,
elle
me
�L'ENTR'ACTE PÉRIGOURDINmontra, les yeux encore humides de larmes, un
couple de blancs ramiers, que nous avions sans
doute effrayés et qui, à tire
d'ailes, s'empres¬
saient de gagner le ciel bleu !
Mais c'est une idylle
poivre et sel que tu
me narres
là, mon cher Jacques, et je ne vois
pas trop...
Ce qui assombrit mes souvenirs ? Attends
un peu,
continua le narrateur, et je vais te
—
•—
démontrer
quelques mots
en
que l'idylle se
complique d'un drame terriblement réaliste...
J'avais repris depuis
quatre ou cinq mois ma vie
de collège, lorsque
j'appris que le capitaine C...,
dont le régiment était sur le
point de quitter la
ville,
venait d'épouser ma cousine... J'eus
comme l'intuition de l'horrible vérité
! Je savais
que mon oncle, le père de Marthe,
aussi mon tuteur,, car
j'étais orphelin,
qui était
avait, en
mourant, légué l'ususruit de son immense for¬
tune à sa veuve, à la condition
qu'elle resterait
lìdèle à sa mémoire, et je
compris que, pour ne
pas annihiler les effets de ce testament, la lante
Fanny sacrifiait sa tille, afin d'avoir le droit de
suivre son amant
!
C'est horrible,
cet odieux mariage?
—•
en
effet, et qu'advint-il de
La guerre était déclarée trois mois
après,
capitaine G... mourait à Gravelotte, emporté
par un boulet prussien. Quant à Marthe, quant
à la martyre, comme une
pauvre fleur atteinte
dans sa fge, elle s'était
rapidement étiolée.
—
et le
L'infortunée
à
nie
lit
faisait mander l'année suivante,
d'agonie :
baiser suprême,
son
un
de
«
Jacques,
ma
me dil-elle dans
mère avait pu disposer
t'éteindre à jamais.
« Oh! console-moi ! » im¬
plore Iléloïse. Dieu peut-être entendit sa plainte,
car aussitôt un
rossignol chanta. Aboilard reprit
avec un saint
transport : « O ma sœur ! ce chant
ravissant d'une humble créature révèle égale¬
ment le maître du monde. O maudits ceux
qui
profanent les heures divines de la nuit ! Ma
sœur, les oiseaux chantent, les hommes prient !
Ma
! à genoux !... » Iléloïse tomba le front
incliné sur la pierre : le rossignol cessa de
chanter. L'oiseau venait d'entendre une réponse
sœur
et, descendant de
branche, il voleta, éperdu
sa
de bonheur. La nuit était claire,
distingua
Iléloïse
releva. « lis sont deux, s'ócria-t elle,
chantent plus ! » Abeilard, muet d'hor¬
reur, entra dans la cellule et ferma la fenêtre
pour ne point voir ce couple d'oiseaux amou¬
et ils
reux
se
ne
qui allaient profaner les heures sacrées de
la nuit...
»
lecture. Je trouvai ce vieux
livre suffisamment malicieux... La maman bais¬
sait la tête sur son ouvrage. . Quant à la
jeune
ma
fille, elle qui serait la femme, ses grands yeux
m'examinèrent stupéfaits. « Pas possible, ditelle; mais il ne peut entrer dans la cellule,
puisque c'est Abeilard ! »
Vous savez ! je l'épouse tout de même.
...
RACHILDE.
corps ; mais mon esprit, mon cœur,
mon Ame étaient à toi... Je
pars avec le regret
de n'avoir pu être ta femme
que devant Dieu,
qui
—
Veaubrûlé était
—
—
,
ron,
—
Non ! elle succomba à
Toulon, lors de l'ém'instituant l'héritier de
tous ses biens, y compris le domaine de la
Meyzélie, dont je me suis empressé de faire détruire
le parc ; mais, au préalable, j'avais
pris soin
pidémie de choléra,
de fixer
sur
rer :
en
la toile le coin
mystérieux qui
—
—
•—
—
aujourd'hui
une histoire ou un conte
périgourdiu illustré.
N'allez pas croire, au moins, que
l'image a été
créée pour la légende. C'est, au contraire, la
légende qui fut faite pour accompagner Lima¬
ge... Croyez, du reste, ce qu'il vous plaira, cela
m'importe peu, et je n'en reste pas moins votre
humble et respectueux serviteur.
Paul LEBRETON.
VIEUX LIVRE ET ÍEMI FILLE
J'étais le liancé ; elle allait être la femme.
Le soir, pour faire ma cour, je lisais des vieux
livres à la maman et tous les trois nous demeu¬
rions bien sages autour de l'abat-jour vert.
Je me rappelle encore celle histoire ; on
parlait de couvent.... c'était très beau... écou¬
tez :
«
...
Le couvent demeurait
tranquille. Héloïso
attendait, pâle comme sa guimpe... La fenêtre
était ouverte et, jusqu'au fond
traient les caresses folles de
de la cellule,
ce
vent du
en
soir,
11e doit, effleurer que des fronts amoureux.
Fléloïse priait, les mains jointes sur son sein
troublé ; elle prêtait l'oreiIle au bruit des pas
qui
lointains qu'on entendait là-bas. II venait. Oh !
le bon prêche qu'on aurait à la clarté des étoi¬
les,
sous les regards limpides du Seigneur, pen¬
ché dons la voûte azurée. Comme les accents
du prêcheur iraient bien porter aux anges une
autre prière faite à deux ! 11 se montre enlin
tout gris, dans son habit de moine, et elle répète
frémissante
Abeilard. II
s'approche, toujours
sévère, toujours tranquille. « Ma sœur, voici
:
l'heure solennelle où chaque soir nos âmes s'u¬
nissent et vont ensemble contempler l'infinie
au sein du paradis bleu. » II croisa
les bras d'un air sombre : « Jeunesse ! vain
grandeur
mot, fit-il ; nous te
mes
infernales,
nos
méprisons. Amour ! flam¬
larmes de repentir sauront
gravité. Le lendemain, Fumeron vit avec ter¬
reur arriver chez lui deux
envoyés du frère de
Mlle Hortense venant lui demander une rétrac¬
tation ou une réparation par les armes.
II courut chez Veaubrûlé pour lui conter
son cas.
Je sais, dit celui-ci, Anatole Duplantier,
le frère de Mlle Hortense; c'est une tine lame
qui n'entend pas raillerie sur Tarticle des ou¬
trages, et tu lui dois une réparation par les
—
optimiste
de
ses
amis
mal étourdi.
et pa>
Ou une rétractation.
Une rétractation, comme tu y vas! Tu ne
peux la lui proposer; ce serait ton déshon¬
neur; voici pourquoi : un outrage personnel à
Anatole pourrait, jusqu'à un certain point, se
rétracter; mais une injure à l'adresse d'une
femme, jamais ! II faut qu'elle se lave dans le
—
—
il n'y a que le sang pour la laver!
Ah! mon Dieu! que me dis-tu là! s'écria
Fumeron avec un froid dans le dos.
Eh ! mon ami, que penserait de toi Mlle
Hortense si, après avoir prétendu qu'elle a le nez
en
trompette, tu laissais entendre à présent que
sang,
—
aquilin ? Elle serait indignée! Pas
sa place, ne te pardonnerait cette
palinodie ; tu serais mis hors le ban des gens à
épouser.... condamné à un célibat éternel....
quelque chose qui glace Tàme.... brr.. ! Un
duel est certainement préférable, surtout pour
toi qui es brave
Brave! brave! ça dépend.... répétait Fu¬
meron
se
grattant Toreille et en homme qui
n'est pas sûr du fait.
Oui, tu es.brave, je Tai dit partout, il faut
que tu le sois
Toi, tu promets toujours. Hier, il te fallait
qui, à
eu x :
femme, à
II
le
manque rien pour te faire admi¬
tu es bon, tu es
aimable, tu es doux....
Peut-être bien.
Tu as du jugement; à preuve que tu es
ne
mon avis... et de la sagacité....
Autant que je peux....
Tu en as.... et du cœur, et d'estimables
11 me le semble quelquefois. ..
Cela est, sois-en bien convaincu.... et fier,
brave !
Le fait est que s'il le fallait.... mais il ne
—
...
—
désintéressement, c'est-à-dire
mon
crifice
d'argent ; aujourd'hui
je sois-brave,
en
d'autres
un gros sa¬
demandes
lu
termes,
il te faut
que
mon
—
sang..
—
et
—
Ta
—
Et voilà comment, aimables lectrices et béné¬
voles lecteurs, je puis vous offrir
aucun
sentiments....
—
viens d'entendre...
qui avait rapporté à celui-ci le
son nez est
toujours de
me
rappellera toujours ma chère martyre... Tu
comprends maintenant pourquoi je tiens tant à
ce tableau,
que je ne nie sentirais jamais le cou¬
rage de refaire
Pourrais-tu, au moins, m'en donner le cro¬
quis ? J'ai l'inlention de le reproduire dans le
prochain numéro, de YEnír'Aele.
Très volontiers, acquiesça mon ami, et
je
t'autorise même à raccompagner du récit
que tu
Veaubrûlé.
propos de Mlle Hortense, fut une fois de plus
indiscret en répétant à Mlle Hortense ce qu'a¬
vait dit Fumeron.
Pour le coup, les choses prirent une véritable
—
remords ?
—
de Fumeron.
une
son avis, ne
près parfait. 11 disait un jour à Fumele meilleur, le plus attaché, le plus sincère
d'entre
intéressant, un nez à la Roxelane ; la colère seule avait inspiré les mots verts
—
UN DROLE D'AMI.
II n'était
fût à peu
,
retroussé très
nez
armes
J'arrêtai là
mon
me pardonnera... Je t'aimais tant !... Adieu,
cher petit compagnon de mon enfance... N'oublie
pas le fond du parc... »
Et la tante Fanny, dis-je tout ému. Qu'estelle devenue ?
Morte aussi !
De regret, probablement ; si ce n'est de
et Abeilard
point noir parmi les points brillants
des étoiles : un second rossignol arrivait à tired'aile rejoindre le premier. Abeilard se serra
contre la fenêtre d'Héloïse, niais brusquement
un
le nez en trompette, fit-il, s'imaginer que je
vais Tépouser sans dot : attrape !
Mlle Hortense avait donc le nez en trompet¬
te ? demandera-t-on. Non
elle avait un petit
jamais fallu.
autrement....
Veaubrûlé, en parlant, y allait de
tout cœur,
tout oreilles,
Fumeron, en Técoutant, était
ne
regardant pas Comme impossible
ami eût raison.
L'un et l'autre vivaient ainsi dans
que
une
réciproque, lorsqu'un jour Veaubrûlé
son
estime
propose à
Fumeron de le faire marier. Fumeron, le cœur
libre et secrètement désireux de prendre femme,
sourit à la proposition. Présenté à la famille
Duplantier, Fumeron ne déplut point à Mlle
Hortense, qui convint à son tour à Fumeron
,
invité à continuer ses visites. Elles se poursui¬
virent un certain temps Enfin, on en vint à
parler d'arrêter le mariage; c'était le
moment
de s'occuper de la dot ; mais c'est ici que les
choses se gâtèrent; Mlle Hortense était maigre¬
ment dotée ; F umeron refusa d'aller
plus loin,
et on ne le revit
plus chez les Duplantier.
Veaubrûlé, á qui la famille se plaignit du
procédé, demindades explications. Fumeron
les donna.
Comment !
s'écria le premier, quelques
plus ou de moins, et tu t'arrêtes ! Ah !
l'horrible profanation! mêler Torál'amour!
j'en ai honte pour toi ! Ce n'est pas Mlle Hor¬
tense
que tu épousés ? Une pile d'écus ! Fume¬
ron, tu me fais de la peine. Un homme d'argent,
toi! Non, tu es désintéressé, j'ai promis un
homme désintéressé, tu me dois un homme
désintéressé.... Arrange-toi comme tu pourras,
il me le faut? je l'aurai!...
Fumeron était touché, l'indignation de Veau¬
—
écus de
brûlé le mettait mal á Taise. H hésita un
peu,
mais il finit par tenter un raccommodement
avec les
Duplantier. Toutefois, il demandait
une élévation du chiffre de la
dot; les Duplan¬
tier consentirent ; mais la dot restant
toujours
au-dessous de ses espérances, Fumeron résolut
de s'arrêter là, ne voulant pas, dit-il, faire une
vraie folie.,..
Une vraie folie ! Le mot fut rapporté aux
Duplantier, vivement froissés ; Mlle Hortense
surtout fut indignée; elle se
vengea par ces
expressions cruelles
Quand
:
bête comme cela, il est
inex licable qu'on ait des prétentions.
Ai si étrillé, Fumeron n'était
pas content ;
il répondit á Tinjure par des mots ne le cédant
en rien en acre saveur à ceux de la
jeune peron
e :
Une pécore qui a fait jaser et
—
.
—
on
.
Allons, calme-toi, je vais trouver les té¬
moins d'Anatole. J'obtiendrai bien sûr des
concessions.... à la moindre égratignure Thonne u r sera
..
et
—
est
qui
a
—
déclaré satisfait.
Ah! il faut
une
égratignure.... l'honneur
peut être satisfait sans ça.... Si pourtant....
Mais Veaubrûlé n'avait pas entendu Tobservation ; il était parti, comme il disait, pour ar¬
ne
ranger Taffaire. Hélas! il Taurait plutôt déran¬
au contraire, et c'est ce qui arriva.
Le duel fut une affaire arrêtée. Fumeron se
trouvait amené là bien malgré lui. Le lende¬
gée,
main, quand il se trouva en présence de son
adversaire, Fumeron, invité par les témoins,
dans
esprit de conciliation, à se rétracter,
deux ou trois fois à balbutier
quelque chose qu'il fallait avoir Tesprit bien
prévenu pour ne pas regarder comme des ex¬
cuses; il eût fini par se faire comprendre; mais
Veaubrûlé ne le laissait jamais suffisamment
s'expliquer. A peine lui voyait-il ouvrir la bou¬
che, qu'il Tinterrompait par un « laisse-moi
parler » contre lequel le pauvre diable n'osait
protester, car si Fumeron trouvait un bourreau
en Veaubrûlé, il voyait aussi en lui une
provi¬
dence, espérant toujours entendre sortir de ses
lèvres un mot, une proposition quelconque dé¬
tournant de sa tête le fer fatal qui la menaçait.
Vain espoir! Les deux adversaires furent mis
en
présence, ils croisèrent le fer, Fumeron se
sentit touché, Tépie lui échappa des mains....
II n'avait pourtant qu'une simple égratignu¬
un
commença par
re, un
bobo
comme
il s'en était fait cent fois
durant les jeux de son enfance.
L'honneur fut déclaré satisfait.
Délivré de son maudit duel
et
sorti à peu
près sain et sauf de la lutte, Fumeron se serait
volontiers jeté à genoux, séance tenante, pour
remercier le ciel.... 11 se contint cependant.
Veaubrûlé le félicita avec une entière convic¬
tion sur son attitude ferme. Trois ou quatre
jours après, le même Veaubrûlé venait conseil¬
ler à Fumeron de
renouer ses
relations
avec
les
Duplantier.
A cette proposition, Fumeron fit entendre un
éclat de voix.
Mais Veaubrûlé
ne
s'en émut
pas.
11 était sûr, lui dit-il, de recevoir de Mlle
Hortense le meilleur accueil. Elle avait été
émerveillée de sa bravoure et ne tarissait pas
son sujet. II va sans dire qu'elle avait
oublié ses outrages, et faisait les suppositions
les plus flatteuses sur son désintéressement; si
d'éloges à
on
T attaquait,
elle le défendait
avec
ardeur,
�L'ENTR'ACTE PÉRIGOURDIN.
principalement
contre ceux
s'en trouvait!) que
avaient fait naître la
des
qui insinuaient (il
Mais bientôt les feux de f Aurore
Chassent Desdemone et le
Maure,
Tandis que l'on entend encore
Sous l'arche sombre résonner :
«
Chantez le saule et sa verdure,
Penché sur fonde qui murmure,
difficultés d'argent
querelle. II termina en
donnant a entendre que tout ceci
pourrait bien
finir par un mariage, car il
voyait la jeune per¬
sonne dans de si bonnes
dispositions pour lui
maintenant que l'on pouvait lout en
espérer....
En entendant parler son ami, Fumeron ne
pouvait en croire ses oreilles.
C'est ça, tu as promis que
j'épouserais, et
il faut que j'épouse.... Je suis fait
pour devenir
un mari comme
je l'étais pour être désintéressé
et
pour être brave, tout simplement parce que
Chantez
Dont
passé, mais par
me couronner !
»
Sylvestre.
—
tu te
l'es
wm mmiz ALWZM
figuré....
(pONSEILS D'ACTUALITÉ).
Que
me dis-tu là! Tu as toutes les
qualités
imaginables, crois-le bien. Craindrais-tu de
manquer de celles qui font un bon mari ? Allons
—
donc, il faut repousser cette sotte modestie.
lit Veau brûlé fit si bien, allant de. Fumeron
à Mlle Hortense et de Mlle
Hortense : Fume¬
ron, qu'il persuada à l'une et à l'autre qu'ils
étaient absolument destinés à devenir femme
et
mari,
ce
qui arriva.
Fumeron pouvait sc vanter d'avoir là un
drôle d'ami.
Jean de La Limogeanne.
Pórigueux, 22 janvier.
Monsieur le rédacteur,
La danse se meurt, la clause est morte !
Les
jeunes hommes la délaissent pour des
sports plus britanniques, plus mâles, disentils.
11s
consentent encore à servir de
que pour être à cheval sur les
convenances. Jamais la question de
Téquitation n'avait été pousséeaussi loin, et, à défaut
de pur-sang, beaucoup, pour céder au
goût
du jour, enfourchent le
ne
cavaliers
vélocipède ! Quoi
qu'il
YB.1.1B B
en soit, permettez à un vieux danseur
de venir ici donner quelques conseils, dont
.
les inexpérinientés sauront sûrement faire
leur profit.
rai.lade.
Les invitations à
Venise, ville enchanteresse,
écrit
Que doucement fonde caresse,
Ou le zéphyr souffle sans cesse,
Mlle de plaisir et d'amour ;
(f est dans les murs, ville
jolie,
Dormante
aux
If invitation est habituellement
au
usitée
Tandis que l'Europe sommeille,
Dans une fête non pareille
Le Plaisir chez loi toujours veille,
tiercé dans un ciel toujours, pur,
Ht sur la vague au loin blanchie.
Et surtout n'imitez pas ce style bref et
impé¬
ratif de certains parvenus qui s'tmagineot copier
le grand monde. Quand vous recevez une lettre
d'invitation ainsi conçue :
C'est du balcon de fer qui penche
■Sur le noir Lido qui s'épanche,
Au pied de la colonne blanche,
Où dort un grand lion d'airain,
«
(on
Effeuillait sa blanche couronne,
Rêvait à son Maure africain.
O
! vents de F Adriatique,
chargés des parfums d'Afrique !
vous ! dont le souffle
pudique
Osait à peine soulever
Son voile blanc, vents de la
grève
A cette be'le enfant
qui rêve.
Que n'avez-vous dil, lilie d'Eve :
II est dangereux de rêver, »
U est dangereux, jeune lille,
D'égarer au ciel qui scintille
Ce long regard rêveur où brille
Comme les feux mourants du jour
N'écoute pas f oiseau qui chante,
;
chant vague, s'envole,
romance
nom
du Saule
d'Otello.
C'est la voix de Desdemonc
Qui tous les soirs ainsi résonne...
Au bord de fonde qui frissonne,
La jeune fille vient pleurer,
Chanter le saule et sa verdure
A cette place où, jadis
pure,
Elle avoua, dans un murmure,
Aima, dans u;i premier baiser.
L'on dit aussi
qu'à la même heure,
Auprès de cette.ombre qui pleure
Comme s'il attendait que meure
Le dernier coup du haut
beffroi,
L'on voit à cette même
place,
Porté sur la bise qui glace,
Un second fantôme qui passe
Sous le balcon au marbre froid.
Les noirs soucis volent
Sur
sans
nombre
de son mil sombre
Les éclairs brillent, et, dans sombre;
11 chante son bonheur passé !
Les combats, les cris, le carnage.
Puis il poursuit la blanche
image ;
Mais quand il fa saisie, ò rage !
11 ne trouve qu'un corps glacé !
II presse de sa lèvre blême
babouche de celle qu'il aime ;
Puis 11 s'écrie, en un blasphème :
Pourquoi ce sein si pur, si beau,
ses
pas ;
Sous
ma main cesse-l-il de battre"?
Si beau qu'à la lampe bleuâtre
L'on aurait dit fange d'albâtre
Qui dort couché
sur un
tombeau.
chauffés,
Après la première danse, on fait ordinaire¬
plateaux de sirops et de petits
fours ; un peu plus
tard, des glaces, puis des
boissons chaudes,
punch, thé, chocolat. Vers la
fin de la
soirée, on fait passer les invités dans
la salle à
manger, où l'on a organisé un buffet,
ou grande table
couverte de mets froids : pâtis¬
serie, gâteaux, sucreries, fruits.
Ne vous
précipitez pas sur le buffet ou sur
les domestiques
qui portent les gâteaux ; mais
soyez complaisant, pour votre danseuse ; faiteslui
ment circuler des
passer des rafraîchissements.
Ne restez pas le dernier au bal.
de la maison.
On doit une visite à la maîtresse de la maison
dont on a reçu une
invitation, lors même que
l'on n'aurait
pas usé de l'invitalion cette visite
doit être faite dans les huit
jours. Une carte
serait insuffisante.
Ces
ne
sont
pas
du moins, on y laisse éteindre le
feu. 1 f agglomération des invités et le nombre
des lumières suffisent pour élever considérable¬
d'arriver avant f heure
sur la lettre d'invitation ; néanmoins',
les maîtres de la maison doivent toujours être
formalités, aussi impérieuses
que
/armes, sont bien faites pour effrayer les
maîtresses de maisons tranquilles, qui n'ai¬
ment pas
à être dérangées dans leurs habi¬
chaque jour ; mais pourquoi effraieraient-ellesles jeunes gens, qui, à tout
prendre, trouvent toujours leur compte dans
ces sortes de fêtes. Non ! la
vérité est qu'on
njairne plus la danse. Si Joseph de Maistre
tudes de
vivait encore, il serait content,
lui, qui ne
voyait dans ce plaisir que la violence, la
fatigue et Faccollemeiit : « Otez à un bal
toutes ses séductions, disaii-il, et
personne
ne.s'y rendra. Otez lui cet orchestre bruyant
qui commence par étourdir la tète et faire
vibrer tous, les sens, cette variété de costu¬
de
ou,
Là, vous pou¬
esquiver sans prendre congé du maître
vez vous
qui attire
mes
indiquée
Mais tes gondoliers, ó Venise !
Disent encore que la bise
Sous ce balcon toujours se brise.
Quand minuit sonne à l'Angello,
Que lc vent poussé une gondole,
un
le
de dire : « Eh bien !
! »
II n'est pas absolument nécessaire de répon¬
dre par écrit à une invitation ; cependant, il est
plus poli, si l'on n'y doit pas assister, de répon¬
dre que l'on ne pourra profiter de celte invita¬
tion et d'écrire quelques mots exprimant ses
regrets et ses remerciements.
ment la température.
II est de mauvais goût
If écho de fonde murmurante,
Le grondement de la tourmente,
Car ce sont là des chants d'amour.
If air de la
Et le triste
eux
»
Les salons consacrés à la danse
!
«
Où, dans
Monsieur et Madame A... seront chez
dansera).
N'êtes-vous pas tenté
qu'ils y restent, chez eux
Que cette belle Desdemonc,
Aux regards purs d'une madone.
vous
:
Monsieur et madame A... prient Monsieur.*** de
leur faire f honneur d'assister au bal
qu'ils donneront
le
à
heures. »
Où l'arfi-iur à l'Enter s'allie,
Tu lais rougir le Ilot d'azur.
O
formule
«
spectacle de ton orgie,
Tout
une
ne
pas à l'étourdi sur sa voisine : vous
auriez l'air de la
prendre comme pis-aller. II est
du devoir de f invité de faire danser la
maitresse de la maison, on ses
filles, ou ses pa¬
rentes.
bal doivent être laites par
imprimée dans laquelle les noms sont laissés en
blanc et remplis à la main. Inutile de dire
que
la rédaction doit en être
polie. Voici la plus
bord de f Italie,
Que Carnaval et sa Folie
Fixent leur éternel séjour.
Au
un
quinze jours à l'avance, car il faut laisser
daines le soin de préparer leur toilette.
invitation,
jetez
vous
cette verte parure,
j'ai voulu
inclination gracieuse. On
une
doit pas inviter la même dame
plusieurs fois
de suite, à moins
qu'on ne soit son parent ou son
fiancé.
Si une dame refuse votre
ne
se
les yeux, sans
fixer, ce double
leur permettre
jeunes hom¬
essaim de
et de jeunes femmes dont les
regards
expriment le plaisir, ces danses voluptueu¬
ses où les bras se
croisent, où les corps
s'enlacent aux dépens de la pudeur et sou¬
vent de l'innocence, ces nudités
toujours
scandaleuses et parfois révoltantes, par les¬
quelles les femmes ont l'air de se mettre à
l'ciichère comme dans les bazars de TOrient,
et les salies de bal seront désertes. » La
misanthropie du regretté de Maistre était
Irop exigeante, en vérité. On n'a rien d lé
de ce qu'il demandait
pour tuer le bal ; mais
on a mis la
République, et cela a produit le
mes
même effet
!
Agréez, etc.
Un Vieux Danseur.
prêts à recevoir les invités.
La première personne que l'on doive aborder
dans un bal, quel qu'il soit, est la maîtresse
de lu maison. A part un salut collectif adressé
en entrant à toutes les personnes qui
composent
la compagnie, c'est de la maîtresse de la mai¬
qu'il faut d'abord s'occuper;en lui adressant
lui questions d'usage, relatives à sa santé.
Pour le bal,la grande toilette esl de rigueur;
l'habit et le pantalon noirs, les gants blancs et
la cravate blanche, une chaussure légère, ja¬
son
mais de bottes, même pour un militaire.
Au bal, il faut danser ; n'allez pas au
savez
ne
vous
Ilien n'est
dans
sa
un
pas ou ne
ridicule que
bal si
voulez pas danser.
de porter le trouble
plus
quadrille, de marcher
sur
les pieds de
danseuse ou de lui déchirer un lé de sa robe
volant de dentelle, maladresse que tou¬
ou un
tes vos excuses
donner.
ne
pourront vous faire "par¬
On doit inviter très poliment sa danseuse en
la saluant et eu la priant de vouloir bien vous
faire f honneur et non le plaisir de danser avec
On
ne
Une femme bien élevée doit éviter de demander
ou même d'accepter les services de son danseur,
à moins que celui-ci ne soit un parent ou un ami
intime de la famille.
Après la danse, le cavalier reconduit sa dan¬
à sa place et la remercie poliment en lui
faisant un profond salut. La dame doit y répon¬
dre, non par une révérence, comme au temps
seuse
RT PÛTIM8,
Un gamin s'amHo; hier soir, á la
ménagerie Pezon,
devant un couple'de bons bourgeois d'une laideur
gro¬
tesque.
Tiens ! s'écrie-l—il, en se dandinant les mains
poches, on a donc ouvert la cage aux sin¬
—
dans
ses
?
ges
Le
monsieur, furieux :
moi que
Est-ce pour
vous dites ça '!
Non, monsieur.
Alors, c est pour ma femme ?
—
—
—
Non !
—
—
Le
—
Alors, pour qui est-ce, donc?
gavroche, s'.esquivant au galop
E'esl pour les deusse !
***•
:
Petit-Pierre vient de recevoir la continuation. Un lui
demande:
Eh bien ! es-tu content ? As-tu été bien con¬
firmé ?
Ah ! pas si bien que les autres ; je suis passé un
des derniers... Alors, monseigneur avait la main fati¬
.
—
—
guée.
lui offre pas
la main, mais le bras.
La personne-invitée doit accepter, si elle n'est
déjà engagée, quel que soit le cavalier qui finvite. La femme qui refuserait un danseur se
condamnerait à ne pas danser de la soirée-, ou
au
risque de provoquer quelque querelle déplo¬
rable. Des refus cle cette nature ont fréquem¬
ment amené des duels. Si l'on a déjà
promis
la danse pour laquelle on reçoit une invitation,
on doit remercier eu
indiquant le mol i f du refus.
vous.
ÉCHOS
«
*
*
Entendu sur le boulevard :
Un monsieur qui vient de glisser. —
Saperlotte !
comme la voirie est mal faite : voilà un trottoir
qui ne
plus rien !
petite dame (avec
vous, monsieur !
vaut
Une
un
soupir).
—
A qui le dites-
#**
A
jeune homme, qui vient de se marier
Oui, je comprends votre tristesse :
un
—
faire
Le
vos
:
vous
allez
vingt-huit jours ?
jeune homme,
Oh !
avec un soupir :
pas les vingt-huit
ce ne sont
jours qui me
préoccupent.,, ce sont les vingt-huit nuits !
ZAG.
—
Le Gèrent
Périgueiix, imp. LAPORTE,
:
anc.
BILLAMBOIS.
Dupont et G.
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1887_025
ark:/30098/4783
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 25, 1887
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1887-12-31/1887-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/cd19d1d5b75c4be66a8896e2a2b00537.pdf
096d80c91c87943bb3828756ed23bf61
PDF Text
Text
Première Année.
Prix
:
10 centimes.
Numéro 24»
LWWWMMfWMMWWMIWssMfMMffMIM
1
Jï.ÌQ)
lïiTiiïïWííijiii'iin'n/Hii'wfliifîTiiTiiiffíiMHiiiiiiîiîiiiftií
LITTÉRATURE, ARTS, THE Ali
ABONNEMENTS
Un an.
Six mois.
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COMMERCE,
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INDUSTRIE
INSERTIONS
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Réclames.
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LTr pERlGuni.y
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ne
seront
pas
readiig),
�L'ENTR'ACTE
une tout autre classe
de personnes. Sa jolie
tournure, son esprit et ses manières distinguées
étaient remarquées, et les femmes en faisaient,
Périgueux, le 16 Janvier 1887.
du
sans
limite,
cas.
—
la fille de la maison.
II entendit Mlle Paule
Ires noblement du doux chanteur
le
3)e l'amoureuse Sulamite
Feuillet :
Les voilàlancés dans les romans...
Nous allons nous amuser
Alexandre
jeune homme parler du dernier
roman
glorieux ;
draper son énergie,
3)u poète de l'élégie
te
nom
..
331, pour
31
a
—
Cireyjol se
ques mots...
et
se
ces
lecteurs de
dit-il.
que Cireyjol, en reprenant sa place à table,
allait rester tranquille:; ce serait bien mal le
Dumas,
çonnaìtie; il se fut à peine assis qu'il se redon¬
nait la parole et on f entendait dire :
romans...
Je me suis promené hier sur
moment... et j'en ai vu de belles !
—
Et
prenant alors.Monneret à partie, il l'apostropha ainsi, d'un Ion de curiosité qu'il voulut
Plébiscitaire et patriote,
rendre malicieuse :
Est-ce que tu
Monneret ?
3a foi
respire en ses écrits.
31 défend — tâche vraiment haute ! —
3es oppri més e t les prescrits.
G'est un champion redoutable
zAé ses adversaires gagés ;
331, par sa plume infatigable,
.Te décuple et ses droits sont vengés.
(cet écrivain
Sa
verve
nous
On
raillant lutteur,
Soudain, sans apprêts et sans peine,
Se transformer en orateur.
Sa parole aux noies vibrantes,
Retentissant dans un débat,
3ja.it, sur les Joulesfrémissantes,
33effet d'un clairon de combat !
y
sont immo¬
qu'on dit chez nous?
Que dit-on chez vous, monsieur Cireyjol?
Qu'à Périgueux tous les hommes trom¬
—
—
pent leurs femmes...
Oh! firent
—
en
même
temps Mme et Mlle
Nisson.
Et Cireyjol,
prenait
mis en goût par ces oh !
pour un encouragement, ajouta :
qu'il
Et que les femmes le leur rendent tant
qu'elles peuvent !...
Mais c'est affreux ! firent la mère et la fille,
-—
—
moitié
fâchant, moitié riant,
se
reyjol il n'y avait
pas moyen
de
se
car
avec
Ci¬
fâcher tout à
fait.
Monsieur
—
chés:
Ces sots propos toutefois déplaisaient à la
jeune personne, qui répliqua en adoucissant
plaît de changer d'arène,
verra ce
vous ce
spécialement à Mlle Nisson, mais il est aussi
très sentimental. II faut le voir quand il re¬
garde les femmes, quels yeux langoureux et
quels soupirs !... — Attrape ça, Monneret,!
ajouta à part soi Cireyjol, riant en lui-même
des bons traits qu'il s'imaginait avoir déco¬
3Jejà jont entrevoir l'aurore
3htprochain triomphe aux vaincus !
monsieur Cireyjol ?
les femmes
sont ici terriblement relâchées... Savez-
mœurs
—
l'sÂpâtre à la voix sonore
331 dont les accents convaincus
un
Quels costumes et quelles allures ! Les
—
Et dans cette modestie apparente, Cireyjol
un mordant qui se ra h apprécié
de la jeune personne.
Non-seulement mon ami Monneret lait
des verses, continua Cireyjol s'adressant plus
subissons les lois...
Tourny
—
•
croyait mettre
G'est
S'il lui
verses,
—
pour
vu,
Mon Dieu ! que
destes !
Immodestes !
—
puissante importune
Geux dont
fais toujours des
Verses; c'est ainsi que Cireyjol prononçait,
malgré ce que lui en avaient dit ses professeurs
de Bergerac.
J'en fais quelquefois...Et toi ?
Oh ! moi, tu sais, je n'ai pas assez d'es¬
prit...
tribune
Quarante journaux à la fois ;
a
Qu'avez-vous
—
—
—
oreille et lui dit quel¬
son
Jeannette, prenez un flambeau et accom¬
pagnez monsieur, fait la maîtresse de la maison.
Vous allez croire, lecteur, après cet incident,
Georges Ohnet, Octave Feuillet, toule la sé¬
quelle va y passer... Té ! il faut que je blague
le tour harmonieux.
penche à
—
d'Oc¬
tave
—
31 porte
Qu'avez-vous, monsieur Cireyjol ? fait Mme
—
Nisson.
11 balbutie et dit avec peine :
Rien... je n'ai rien .'. ça va me pàsser,
mais il faut que...
Où voulez-vous aller, monsieur Cireyjol?
continue Mme Nisson.
Cependant, on était à peine à table que Ci- j
reyjol était revenu de son premier mouvement
de contrariété, et se trouvait prêt à lutter contre '
la rivalité de Monneret, si rivalité il
y avilit, j
11 restait attentif à ce que faisaient Monneret et
33rillant et fécondprosateur,
3)oué d'une ardeur
PÉRIG0URD1N.
M. Nisson à
Cireyjol,
vous allez trop loin, fit
tour; on ne dit pas ça chez
son
Quelques étourdis,
vous...
peut-être bien...
Mais les gens sensés...
Pour moi je n'ai
néanmoins f expression de son dépit : Monsieur
jamais entendu rien de
pareil, lit Monneret de son côté, en haussant les
épaules.
Si fait moi, je l'ai entendu, répliqua Cirey¬
jol, et j'affirme que .. Ah! mon Dieu ! voilà
—
Cireyjol, c'est vous qui êtes sentimental, dit-on,
quand vous parlez à vos jolies compatriotes.
Tiens! elle serait jalouse ! s'imagina Cirey¬
—
—
jol interprétant à sa façon la répartie de Mlle
Nisson.
Oh !
que ça recommence...
moi, mademoiselle, je leur parle si
simplement... quand je leur parle...
Quand vous. leur parlez, dites-vous? 11
parait que cela arrive souvent ; mais vous n'en
—
Quoi donc ?
—
Vous
—
savez
bien...
—
Ah ! les
Pcrigourdines, quel goùl !
do nouveau monsieur.
Cette fois Mme Nisson se
rez
conviendrez pas, et nous sommes trop discrets
pour vous obliger à des confidences...
Décidément elle' est jalouse..., et je n'ai
—
—
Pardon, mesdames,
dit, c'esl Gireyjol.
Cireyjol ?
Oui !
Cireyjol,
ce
n'est pas moi qui
grand diable de cinq
pieds huit pouces qu'on voyait autrefois à Périgueux venir placer ses vins, car Cireyjol est
propriétaire aux environs de Bergerac,' mais
qui, hélas ! vient moins souvent aujourd'hui,
ou plutôt ne vient
plus du tout, à cause du
phylloxéra... et d'une petite déconvenue que je
vais vous raconter... Cireyjol, le
plus criard, le
plus exubérant, le plus satisfait de soi-même
que puissent renfermer les cinq arrondissements
—
ce
de la Dordogne.
Mais vous le connaîtrez mieux
par
que je vais vous faire d'un dîner auquel
invité,
il était sans
toutefois, on peut l'oxcuser
était
car
gêne,
en
ce
le récit
il s'était
Cireyjol;
sons
qu'il
C'était chez les Nisson ; Cirey¬
amoureux de leur 1111e, et aussi de la
amoureux.
jol était
dot de la fille, bien entendu.
II venait d'être introduit dans le salon, un
peu
avant de se mettre à table,
quand il se trouva
en face d'Henri Monneret,
son ancien condis¬
ciple
au collège de Bergerac, dont la présence
f étonna et même le contraria bien
quelque peu,
car
il
—
sou
Soupçonnait
un
rival.
Monneret ! toi ici ! s'écria Cireyjol avec
accent du terroir, c'est-à-dire fortement
empreint de l'habitude du patois.
Toi aussi, Cireyjol, à ce que je vois !
Oh ! moi, je viens faire goûter mon vin à
—
—
M. Nisson... c'était convenu entre
toi ?
Je suis à Périgueux... pour
—
nous...
Mais
pondis le jeune homme un
peu embarrassé.
côté réfléchissait.
Chacun de son
-—Ce petit homme auroit-il des vues sur elle?
se demandait
Cireyjol. . i u m ! pour affaires ..
Çame paraît suspect
..
Ce grand imbécile se serait-il épris de
Mlle Paule ? faisait à son tour Monneret.
Ah ! quoique ce soit un s ivant, continuait
Cireyjol, je ne Te crains pas ; j'en ai battu plus
d'un qui levalaient bien !
Le lait est que Cireyjol avait, dans son can¬
ton de Bergerac, une clientèle de
jeunes fem¬
—
—
qui admiraient*sa lmute taille, ses larges
épaules et son teinL fleuri ; mais Monneret ne
déplaisait pas non plus ; toutefois, c'était dans
mes
de Monneret.,. II doit être venu pour
Cette
—
que
c'est bien lait ; vous êtes aussi par trop mau¬
affaires...
appréciation dé lit réponse de Mlle Nis¬
son mit
Cireyjol en belle humour, et il se-sentit
en verve pour être aimable. Chez
Cireyjol, les
moyens d'être aimablé avec les femmes étaient
toujours bruyants, mais ils variaient selon les
vaise langue.
Ah ! madame,
puisqu'il en est ainsi, je
plus la bouche de la soirée. C'est à
peu près ce qui arriva, en effet, mais il ne fal¬
lait pas lui en avoir obligation ; on peut dire
que le mutisme lui était à peu près imposé ; il
se leva encore trois ou quatre fois de table pour
recommencer le voyage que l'on sait, et fina¬
lement il se retira indisposé.
Une fois chez lui, Gireyjol raconta ce qui lui
était arrivé en même temps qu'il faisait connaî¬
—
n'ouvrirai
circonstances. Avec Mlle Nisson, ils consistaient
à critiquer et à se moquer agréablement, croyait-
il, des Périgourdins
;
il s'était
avec
elle déjà li¬
vré
plusieurs Ibis à ce genre d'escrime,et il avait
gardé le souvenir d'avoir toujours fait rire la
jeune personne, ne doutant pas que c,e'fût parce
qu'elle le trouvait aimable et spirituel; d crut
le moment
venu
de
tre
recommencer.
une
Comment !
Mlle Nisson.
après ton aventure, tu oserais
à
à cette jeune personne ? lit l'ami
qui il s'adressait.
Bah ! répondit Cireyjol ne comprenant rien
à
ces
penser encore
déjà Montaigne (Cireyjol pronon¬
çait Monlégne), et Dieu sait, cependant si Mon¬
taigne ne serait pas mieux à Bergerac, sa pa¬
vous
ses vues sur
—
Qu'est-ce qu'on dit, que vous allez mettre
statue de plus sur les places de Périgueux?
—
y avez
—
ses
trie...
Je n'ai pas
scrupules de son ami, une indisposition et...
s'uites... qu'est-ce que cela a d'extraordinai¬
re? Est-cequenousn'ysommespas tous sujets?
Et de peur que Monneret, qu'il se connaissait
entendu parler de nouvelles
statues, observa M. Nisson.
Vous ne voyez pas, mon père, que M. Ci¬
reyjol veut se moquer de nous? fit Mlle Paule
Je veux bien voir quelque jour sur vos
places celle de Maine de Biran, un Périgourdin, et de Cyrano de Bergerac, un autre Périgourdin aussi, .celui-là et Cireyjol appuyait
sur le mot de
Périgóurdin, pour mieux en faire
sentir la malice.) II ajoutait dans sa barbe :
Comme je te les blague, les Péri-gour¬
dins : que Monneret en fasse autant, s'il peut,
—
décidément pour rival, prit les devants sur lui,
Cireyjol se hâta d'écrire à M. Nisson pour de¬
mander sa fille en mariage.
Deux jours après Cireyjol recevait pour ré¬
ponse un refus dans les formes.
Un peu plus tard il apprenait que Monneret
—
—.
devenait le mari de Mlle Paule.
—
Me
ah ! les
préférer
un
Monneret! s'écria Cireyjol,
Périgourdines, quel goût !
—
lieu de rester à dormir
au
comme
qu'il fait... décidément, il doit être
affaires, ré¬
permit de rire en
Cireyjol :
Voyez-vous, monsieur Cireyjol, c'est ce
vous nous dites qui vous porte malheur, et
disant à
—
pas,besoin alors deTrfinquiéter de la.présence
l'ai
Jeannette, reprenez le flambleau et éclai¬
—
on
J.
de
LaLimogeanxe.
dirait
venu pour
affaires...
Des pêches à Périgueux ! s'écria Cireyjol,
passant sans façon d'un sujet à un autre.
Cela vous étonne, monsieur Cireyjol?
IDYLLE.
—-
—
Je
croyáis
le soleil de Périgueux n'a¬
vait pas la force d'en mûrir.
Pourquoi ça, monsieur Cireyjol?
Té! parce que le soleil est si pâle et si
froid qu'on dirait qu'il grelotte... J'en dirai
autant de ce cantaloup qui a l'air 4'avoir la jau¬
nisse... Ah ! si vous aviez vu celui que j'ai
mangé ce matin à mon déjeuner.,.
Mais Cireyjol n'a pas achevé de prononcer ce
dernier mot qu'on le voit se porter la main au
ventre, devenir pâle et sembler en proie à un
—
que
—
—
malaise.
'
Un rossignol et une sauvette s'aimaient ten¬
drement.
Tous les échos des bois répétaient leurs
chansons d'amour.
Aucun voisin ne courtisait la fauvette, toute
la gent emplumée la savait fidèle à son ami.
C'était le printemps !
Mais bientôt vint f hiver, la bise soufflait dur
dans les arbres dépouillés de leurs feuilles, et
les vermisseaux manquaient souvent au gîte.
La fauvette écouta les propos d'un merle,
bien noir et bien méchant, qui f emmena à la
ville et la présenta aux paons superbes, aux
�PÉRIGOURDIN-
L ENTR'ACTE
savants
perroquets et autres oiseaux de haut
volage.
—
La fauvette revint d'abord égayer quelques
fois le nid du rossignol, qui, ravi, lui disait ses
nouvelles chansons.
Mais bientôt le merle méfiant empêcha sa
protégée de quitter la ville. La pauvrette s'y
quelque temps ; mais lorsque revint le
printemps, les paons, perroquets, merles et
amusa
autres admirateurs lui
et
gnage de la reconnaissance que. . . .
Vous êtes vraiment trop aimable et ces da¬
rnes seront ravies. Je vous quitte, car
j'ai beau¬
ridicules, et
sa
semblèrent fats, bavards
pensée
là-bas,
se reporta
sous
la feuillée.
Elle partit un beau matin à tire d'ailes.
Mais lorsqu'elle posa ses mignonnes pattes
sur le bord, du nid si
connu, elle trouva son
amoureux b œil éteint, l'aile pendante, mort de
chagrin dans la solitude immense, ayant
gazouillé le nom de sa mie-dans son dernier sou¬
pir !...
G.
de
Monti.éox.
coup
—
de visites. On
vous verra cette
semaine ?
Mais oui.
Au revoir !
Au revoir!... Tiens, c'est drôle ! se dit-il,
mon sac de bonbons est annoncé et ma foi, b in¬
tention étant réputée pour le fait, je puis main¬
—
—
immatériel de la vie, ce bonheur délicieux où la
divinité envahit deux êtres pour n'en faire qu'un
seul, et, dans une délirante étreinte, les trans¬
porte dans
un paradis de célestes jouissances.
Alors, Madame, b humain n'existe pins, la
chair n'est que l'instruinent unissant deux âmes
aimantes, le monde entier est mort, et il ne reste
plus que l'amour, l'idéáí... vous...
F 0 N TC A n 110 N NI is RE S.
tenant, sans remords, le porter chez Mmo Dulcet.
Qui sait? elle m'en sera peut-être reconnais¬
sante, elle a de si jolis yeux.
Et Maurice tournait le coin du boulevard
Uaussmann et de la Chaussée-d'Antiu et allait
BALLADE.
entrer chez Mme
Dulcet, lorsqu'un monsieur
d'un âge vénérable sortit de la maison.
Tiens, c'est vous! Vous alliez chez ma
fille? Pas assez matinal, mon ami, Mme Dulcet
«
Si je meurs, me disait-elle,
Je reviendrai quelquefois
Pour chercher une étincelle
De l'amour que tu me dois. »
—
est chez
sa
belle-mère ;
jours déposer chez elle
commode.
Et le vieillard,
mais
ce
vous pouvez tou¬
paquet qui vous in¬
Vint, le jour ! Au cimetière
On emporta ses appas.
Et je suivis seul la bière
saluant amicalement Maurice,
s'éloigna.
Pour
célibataire, il n'est pas de jour plus
que le premier do Tannée.
un
terrible
C'était du moins l'avis de Maurice en se ré¬
veillant en l'an de grâce 1887, après s'ètre cou¬
ché en 1886.
11 s'habilla à la hâté, endossa son pardessus,
s'assurant d'un nombre suffisant de cartes de
visite, et vérifia le contenu de
naie.
Dix francs !
une
son
jolie petite pièce
luisante, brillait isolée
au
porte-mon¬
toute
milieu des comparti¬
en or,
ments.
Un solitaire! se dit-il ; Dieu fasse que,
dans cette année qui s'ouvre, elle se renouvelle
constamment, comme les cinq sous du JuifErrant.
Et. après bavoir fait sauter mélancoliquement
dans su main, Maurice la remit à sa place, prit
—
chapeau et sortit.
son
en descendant ses cinq étages, il son¬
sa journée ; vingt visites à rendre, huit
de bonbons obligatoires et dix francs dans
Tout
geait à
sacs
poche; voilà le problème qu'il avait à résou¬
dre ;
Archimède lui-même se serait trouvé
tort embarrassé,
Bah ! à la grâce de Dieu !
Au moment où Maurice passait devant la lo
ge de sa concierge, il s'entendit appeler :
Monsieur Maurice, une lettre pour vous!
sa
—
Ce dernier élait resté son sac à la main, sur
le pas de la porte, réfléchissant, lorsqu'il se sen¬
tit pris sous lé bras.
Que tu
—
Nu-tète et
à moi. As-tu reçu ma lettre ?
Et, tout en faisant des yeux
câlins,
Nous épuisions tes ivresses,
Alors
jeune
Cérês, débarrassait
nue
personne blonde comme
Maurice de son paquet,
Maurice répondit par un baiser.
Je te garde et tu déjeunes avec
—
Une heure
après, Maurice écrivait
Et toutes les
moi.
Humaines
sur
Et j'entendais mon cœur battre
Comme un pas sur te palier
Et la pendule d'albâtre
Dans sou tic-lac régulier.
—
Mais enfin elle est
une nuit,
Toute froide et toute nue
démos.
Si vous ôtés excusé ! on vous attend à dî¬
soir.
L'an do grâce 1887 sera une année de bonheur
pour Maurice.
Florian Pharaon fils.
Dans
nous
en
la
—
pas
voyant sa figure s'éclaira.
Angèle, cette bonne Angèle, elle
ne
in'a
RÊVE
Mon
soufflait
un
vent
glacial qui
gure.
Devant Boissier, Maurice
vous
s
arrêta ; il y
avait
foule, il prit sa place et, piétinant, attendit pa¬
tiemment que son tour, vînt d'échanger une li¬
vre de sondants contre la moitié de sa fortune.
Je no puis faire autrement que d'offrir à M""'
—
Deligny un sac de bonbons ; elle m'a reçu toute
Tannée et l'on dîne très bien chez elle.II est
vrai que chez Mme Dulcet on est,également bien
accueilli et elle a une manière de vous regarder
qui... Bon ! j'oubliais Mine Meny... Elle a une
charmante fille, madame Meny; je crois même
que, la semaine dernière, elle a fait allusion
aux
fondants de Boissier. Un
sac
de bonbons
pour trois jolies femmes. .
Tout en monologuant ainsi, sou tour
était arri¬
vé/et Maurice sortit de chez Boissier la bourse
plus légère, mais la main chargée d'un sac
de papier glacé qu'entourait un joli ruban
rose.
La première personne qu'il rencontra en sor¬
tant du magasin fut M. Deligny, sou chef de bu¬
ministère des postes.
Que je suis heureux de vous rencontrer,
reau au
—
j'allais justement chez vous pour vous présen¬
ter mes vœux. Vous me permettez, n'est-ce pas,
d'offrir à Mme Deligny ce faible hommage de..
Comment donc! elle va être enchantée.
Vous ètes un garçon charmant.
11 est dans la vie de ces hasards bizarres !
Maurice n'avait pas fait dix pas, qu'il se trou¬
vait nez à nez avec M. Meny, un protecteur sé¬
rieux.
Bonne nnnée, mon garçon, dit M. Meny en
sabordant. Où allez-vous comme cèla ?
Chez-vous. Je suis enchanté de vous voir.
Vous m'aulorisez, jo pense, à donner ce sac de
bonbons à Mme Menv ? C'est un faible témoi¬
—
—
.—
amante
A
bruit.
trépassée
Brousse vu.
Madame G...
A rez-vous lu.
atours
lante ?
Madame, dans les chroniques
jouaient les
Nous
et
ÉCHOS
romans
de la mythologie ga¬
Nous
écrite
revoyions par la pensée cette époque d'a¬
nous vous
lorsque
admirions svelte et
vous nous
danses de jadis.
gracieuse
ètes apparue glissant les
Savez-vous, belle dame, que la poudre vous
sied à ravir ; et que si j'etais indiscret, je vou¬
drais rechercher dans lés nids charmants de vo¬
tre corps
adorable, los sœurs jumelles de ces
assassines qui ornaient votre visage ?
mouches
Vous trouvez
toutes ce poème,
qui lui ressemblez !
vous
Belles
de la régence,les recils de ces l'ètes où les gran¬
des darnes du dix-huitième siècle en de légers
mour
très froid, il
coupait la fi-
sans
De baisers m'a rendu fou.
AMOUREUX
A
oublip ! Comment, si j'irai la voir ! Décidé¬
ment l'annóe commence bien.
Le temps était splendide, mais
alcôve,
Posant sa lèvre glacée
Sur ma bouche et sur mon cou,
Voilà pourquoi je vous aime,
0 b'ondescomme les blés !
connaissons
Maurice, aussitôt dehors, décacheta la lettre ;
elle était d'une écriture fine et bien connue, car
mon
ner ce
la souhaite bonne et heureuse !
Merci bien, madame Serlorùis; seulement,
il faut me faire crédit ; ce premier de l'an est
en avance de quinze jours pour moi.
Ça neJ'aiL rien, allez!
jeunes gens.
venue
Furtivement,
—
vous
—
ont charmés.
Mon regard dans la pénombre
Cherchant son fantôme blanc,
—
les
jouissances
nous
Bien souvent dans la nuit sombre
J'écoutais seul et tremblant,
—
Je
aimions tant 1
nous nous
Toutes les concupiscences
Ont uni nos corps fanés
trois
epveloppes, contenant sa carte, les adresses de
MM. Meny, Deligny et Dulcet.
Sa concierge ue le revit «pie le 15, juste pour
lui remettre un pli chargé.
Lorsque Maurice rencontra ses amis et que,
raiileiisemeul, on le remerciait de son cadeau.
Pardonnez-moi, disait-il à l'oreilledu rail¬
leur, mais j'étais dans une détresse complète,
et au moment où j'entrais chez vous, mon sac à
la main,un butor, en passant, nie le lit tomber ;
et ma foi. je n'ai plus osé me présenter devant
ces
;
Je songeais à nos caresses
Oh! nos caresses d'autan ;
gentil, Maurjce, d'avoir pensé
es
pleurant tout bas
mon
audace extrême ; que vou-
lez-vous, je vous ai vue charmante, dans l'é-
avons
au
lu, dernièrement, la sentence suivante,
dans balbum de M""' "*
crayon,
II faut agir toute
ment de sa mort, i
«
Et
ST POTINS;
au-dessous,
un
la vie comme
on
:
agirait
farceur avait ajouté :
: Abbesse de Jouarre.
Signé
«
an mo¬
«
*
*
*
Le petit I!... est fort mal élevé,
la fleur des pois.
11 a bhabiludc, très distinguée,
bien qu'il
pose pour
d'ailleurs, de tenir
mains dans ses poches.
L'autre jour, coirìmc il était eu visite chez des'
continuellement
ses
blouissement d'une fête, belle comme une reine,
adorable comme' une déesse.
Votre regard velouté se promenait indifférent
sur cette foule d'adorateurs affamés
pour en vo-'
ler une étincelle.
Fière comme la lionne du désert, vous pas¬
siez dédaigneuse au milieu de tous ces beaux
séducteurs.
Par celte affinité mystérieuse qui réunit les
êtres, vous avez compris l'ainiaut qui m'attachait à vous.
II est des choses qui se murmurent sans se
dire tout haut ; laissez mon cœur s'ouvrir en
des accents sincères
permetlez-moi de vous
amis
écrire, moi b inconnu,
ce que
de entier s'écroulerait
sur mon
Un haut personnage, qui a encore plus de dettes
que de prétentions, disait hier, dans un déjeuner in¬
:
Mon Dieu ! monsieur, lui dit en souriant la
maîtresse de la maison, vous avez donc froid aux
mains ?
—
Oh ! non, chère madame ; mais j'ai Ion ours
sur mon porte-monnaie... par prude ice !
—
main
***
Entre anarchistes :
Est-ce bien possible, mo.n vieux Eloupîn?... Toi,
un pur, un vrai sans-culotte,
tu es abonné à un jour¬
nal de modes ?
—le vais t'expliquer... Ça flatte mes passions...
C'est un régal pour moi de voir des patrons... dé¬
—
coupés.
■f-
—
reux,
qu'il
Mais,
me mon
serait
ne me
vous
je
pense ; le mon¬
orgueil d'amou¬
time
vous nommer.
êtes, madame; le rêve qui char¬
sommeil,
vous
ètes la pensée qui
en¬
chante mon âme.
Ah ! si j'osais, je vous parlerais des beautés
de cet amour idéal (pievous ignorez encore ; —
je vous dirais de quelles forces dispose l'amant
heureux, quelles joies ineffables il peut échan¬
ger avec son amoureuse maîtresse.
Mais vous ne voulez pas me comprendre, n'estce
pas? Vous
ne
voulez
pas ces enlacements di¬
vins oii les âmes s'entretiennent dans
baiser.
un
:
Quand je serai ministre...
—
—
ne sera changé, dit la petite II... :
toujours dos huissiers dans dans ton anti¬
Eli bien I rien
il y aura
chambre !
»
**#
—
Lévv, sais-lu ta différence qu'il y a entre un pé¬
cheur et un sourd ?
Non !
Le pécheur tend sa
pas.
—
-—
ligne et le sourd n'entend
muet
Plaisir charnel, tel est le nom que le profane
décerne à cotte union extrême, bassé le plus
la
Le Gérant
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BILLAMBOIS.
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_024
ark:/30098/479d
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 24, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/68c8970ba21f77fcb0c5f27c9fc05125.pdf
8769f93c356fc15e5bc73428c0ad42c3
PDF Text
Text
Prix
Première Année
:
10 centimes
Numéro 23
I8f iST!ir f HT1l1l l»MIW»TI[nil )WI )HHIrI I.X»HW!^l) l)^l l lHi |I IHI IH»IHl'
~
LITTÉRATURE, ARTS, THÉA
ABONNEMENTS
'COMMERCE, INDUSTRIE.
INSERTIONS
Un an.
Si* mois.
Annonces.
3'
lf 75
Réclames,
�Ainsi
s
Consumant
se guettant sans cesse,
fruit leur fleur <le
sans
jeunesse,
Les deux cavaliers s'attendent
Et,
%t Drapeau î>u Z»
observant,
pour
n'avoir
pas
(I.L7ZA? VU SER&MÏ MÉR.Y.)
encore ;
A Monsieur le Rédacteur en chef
périgourdin.
vidé leurs querelles,
Les deux nations font peser sur elles
Une lourde paix pire que la mort.
de ì'Enth acte
rédacteur,
Monsieur lé
Je suis très ílatté de la iettre que vous avez bien
voulu m'adresser et par laquelle vous me priez de
O ie peuple heureux 1 O les
jours prospères,
Où les fils, vengeurs des hontes-des
pères,
Fixent d'un œil calme un ciel éclairci !
Où tout est en joie, où rien n'est en
peine
Où
;
l'indépendanceignore la haine...
C'est là le bonheur ! et l'honneur aussi !
Lxá
quelques glorieux épisodes ayant trait au
ligne durant la guerre de 1870. On vous a, du
reste, bien renseigné en vous disant que j'étais le plus
ancien brisquard de ce brave régiment, que j'aime
comme une seconde famille, et, pour ma part, jc lirai
avec plaisir le numéro
exceptionnel que vous allez
vous narrer
50e de
lui
consacrer.
Mes souvenirs concernant le 50e sont nombreux ;
mais il en est un qui me tient particulièrement au
n'a pu trouver place dans la brochure
éditée, par l'Imprimerie Laporte et á la¬
quelle, en ma qualité d'ancien, j'ai dû collaborer un
cœur, car il
récemment
A
quand le combat ? Pour qui la victoire ?
ou rayon de
gloire,
Qui te tirera, premier coup de feu ?...
L Europe en vain cherche apercer ces
ombres,
Et ses regards vont, anxieux et
sombres,
Eclair de malheur
De
ce
hulan noir à
ce
chasseur bleu.
Paul Déroulède.
tantinet. Dans ce petit livre,' que
du régiment devraient avoir dans
la courageuse conduite du 50e à
Sedan, et
on
ajoute
tous les blancs-becs
leur sac, on raconte
1 affreux désastre de
:
parvinrent
< Quant au drapeau, les oflìriers et les soldats
à ìe soustraire à l'ennemi en s'en partageant les lanineaux.
Reconstitué a prés la guerre, il fut dépose aux Invalides.
S'il n'a pas vu luire la victoire, du moins n n a pas orné
le triomphé du vainqueur !... •
jour ou l'autre, monsieur le ré¬
le tombeau du Grand Empereur,
de vous
présence de notre vieux drapeau
mutilé, où brillèrent jadis les noms de Zurich, d'Iéna,
de Lutzen et de Sébastopql, vous remarquerez qu'il y
S'il
vous
dacteur,
arrive,
un
en visitant
trouver en
manque un fort lambeau d'étoffé. L'habile
qui a rajusté ces glorieux débris a dû. en effet,
un vide dans les franges du haut, près de la
artiste
laisser
hampe,
juste à l'endroit où se lisait le.mot Iéna, et c'est
l'histoire de ce bout de drapeau âbsént que je vais
vous
conter.
Lorsque nous fûmes faits prisonniers à Se¬
dan, il y avait dans ma compagnie un
jeune engagé volontaire du nom de Pierre
Durand, "dont la gaité exubérante se
traduisait
par des
espiègleries de
toutes sortes, depuis
notre entrée
campagne. C'était un ouvrier
typographe, véritable gamin de
Paris, et qui, au moment de la
en
avait résolument tout
quitté,
parents
et
amis,
pour épouser ïe slingot ! v
guerre,
Rêvant de conquête ou
Hulan
«
de délivrance,
il disait ainsi, en son argot
de Believilois.
En vain les
Rien n'a pu
espoir.
jours fuient, en vain le temps
lasser cet espoir tenace
son
Bien qu'atteint à l'épaule par un
lat d'obus, le Gosse, comme nous
passe,
rappelions
m
Ni du chasseur bleu, ni du hulan noir.
sur
lis sont là tous
Mousqueton
L'un dit
:
Et l'autre
en
vedette
au
patrie à rapatrier.
sa
la lois !
poing, lance à rétrier.
«J'ai goûté la gloire et je Palme
: «
J'ai, moi, fidèle à moi-même,
Un coin de
ordinaire.
rien
C'est
perdu de
lui
qui
partager les lambeaux. Je dois Rjouler que,
part, il s'en adjugea un beau morceau, qu'il
serra précieusement sur sa poitrine, en disant : « Voilà
qui me tiendra lieu de flanelle et de scapulaire tout à
pour
leur selle et dressant la téte
deux, tous deux
n'avait
premier, voyant que tout était perdu,
honneur, proposa de decouper le drapeau et
de s'en
fout droits
entrain
,
Sb*-
feij
ÌWs,
ɧ=///£
ìéwmsfl--*
et je crois inutile de vous
énumérer ies mille tourments que nous endurâmes
sur la route de la
captivité. Notre petit Parisien ne
paraissait, nullement se ressentir des fatigues et des
privations qu'on
tous
ses
maux
d'imprimerie
nous infligeait. II oubliait volontiers
pour narrer quelques joyeux propos
fredonner de gais flons-llons de go¬
diable de gamin réussissait presque á
chasser la sombre humeur qui envahissait nos âmes. II
avait, du reste
et cela nous convenait assez
un
guette, et
ou
ce
—
—
talent tout
particulier pour narguer l'escorte prussienne
qui nous accompagnait. Je me souviens qu'en descen¬
dant á la gare de Berlin, un
gros olîìcier bavarois, qui
commandait nos geôliers, fut assailli
par un groupe de
parents et d'amis, venus pour lui serrer les mains et lui
donner l'accolade à qui mieux mieux. Au moment où
certaine petite dame embrassait le chef
allemand, nous
entendîmes le Gosse clamer de son ton faubourien :
Hé ! là-bas, Greeichen, ne léchez donc, pas comme
ça la hure à Boule-de-Suií ; vous allez diminuer sou
poids !...
—
Ce
lazzi, qui ne fut heureusement pas compris de
ennemis, excita dans les rangs une hilarité géné¬
rale ; mais
Je crus prudent néanmoins de me rappro¬
cher du Parisien et de lui glisser á l'oreille :
nos
—
—
d'Allemagne et chasseur de France
Suivent tous les deux chacun
Vous savez, monsieur le
rédacteur, de quelle façon
furent traités les prisonniers
par nos féroces adversaires,
Prends
cher !
garde, Durand, tes facéties
te couleront
Hélas ! je ne croyais pas si bien dire. La fin de ce
récit, que j'abrège autant que possible, va vous le dé¬
montrer.
Le lendemain, nous étions installés dans des bara¬
quements établis aux portes de la ville, et, dès l'aube,
on nous conduisait à
cinq kilomètres de lá, pour nous
faire travailler à l'empierrement d'une route, où nos
gardes-chiourmes activaient la besogne eu nous distri¬
buant des coups de crosse dans le dos.
Cetaine après-midi de décembre, le gros officier
bavarois que le Gosse avait surnommé Boule-de-Suif
»
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lmp.E.Làpoiie.fér[tsijeux
�LE
50e
DE
pital, attaque faite par escalade «n sans le se¬
de ('artillerie, la
compagnie de grena¬
LIGNE.
cours
La Patrie publie, depuis piès de deux mois,
d'intéressantes notices historiques sur chacun
nos régiments et cette publication, due à?a
plume de notre distingué confrère M. de Lyden,
formera, quand elle sers terminée, le vériíabbj
Livre d'Or de l'armêe française.
Four le 50" de ligne, dont l'histoire intéresse
tout particulièrement les Périgourdins, car ce
régiment s'est acquis en quelque sorte droit dé
de
cité parmi nous, depuis dix ans qu'il est es
garnison dans notre ville, le travail entrepris
par la Patrie a été fait d'une façon aussi com¬
plète que possible. Notre imprimerie a, en ef¬
fet, édité le Précis de VHistorique du 50* de
ligne, depuis sa formation, qui remonte à 1651,
jusqu'à ces dernières années, et cette œuvre,
qui forme une élégante petite plaquette de près
de cinquante pages, est en vente d a us nos bu¬
reaux, nu prix de cinquante centimes.
Le 50" de ligne peut prétendre à une origine
qui remonte à plus de deux siècles. II est, en
effet, l'héritier direct, de différents corps de
troupe qui ont été successivement :
1° L'ancien régiment, principalement connu
sous le nom de Vendôme, et devenu, en 1791,
le 50' régiment d'infanterie (1651-1793).
2° La 50* demi-brigade d'infanterie de ba¬
taille (1794-1796),
3° La 50*
demi-brigade d'infanterie de ligne
(1796-1803).
4° Le 50* régiment d'infanterie de ligne
(1803-1815).
6° La 50* légion départementale (de la Haute-
Marne)
(1816-18|0jfNX
Mais s'il a les plus justes titres à revendiquer
leur héritage, c'est avee une fierté légitime qu'il
peut en parler, car, pendant cette longue pé¬
riode, leur historique n'est, à peu de ehoae
près, que l'histoire même des campagnes glo¬
rieuses qui ont illustré nos annales militaires.
Soit sous l'aucienne monarchie, soit aux épo¬
ques plus récentes, nos pères ont parcouru en
vainqueurs presque toutes les contrées de
l'Europe, une partie de i'Âfrique et même de
l'Amérique.
Les quatre noms
de Zurich, i'Iêna, de Lutzen
Sébastopol qui brillent sur le drapeau du
50* ont été choisis parmi les plus illustres.
Mais à côté de ceux-îà, il suffit, parmi cent au¬
tres, de citer ceux à Elchingen, i'Eylau, de
et de
diers
forme l'arant-garde et enlève en
d'œil la
un clin
redoute et 3 retranchement» superpo¬
sés. Le héros de ia journée ost le
radoux, dit Languedoc, Ce brave
mier dans la batterie du
au lieutenant de
Veáco,
sur
C'est en 1793 que set
héroïque régiment re¬
çoit le nom de 50®. II continua is coure ie ses
exploits et bat les
Lo chapitre lí de l'úiíéressatite brochure, édi¬
tée par notre maison, embrasse la
péri >de de
1794 à 1826. Le régiment dont elle fait "histo¬
rique porte alors ie
do 50® demi-brigade
d'infanterie de ligne, En 1796, elle .fait partie
de l'armée de fihin-et-Moselle, commandée
par
Moreau, puis elle se rend dans 1® P&latinat
qu'elle quitte bientôt et se fait remarquer, trois
mois après, à la défense de la Me de
pont
ea 4797.
1798, la paix est eafis «osc\ue à l'avautage de la Franc® ; mais, ®a 1799, aos armées
reprennent l'offensive, pour lutter contra nce
En
deuxième coalition formée de F
Angleterre,'
pela successivement régiment ds Vendôme,
de Berry et de Hainaut, date du .25 février
1651. Pendant cette longue période de cent
quarante-deux ans, ce régiment prit part aux
guerres contre les1 Espagnols, contre la Hol¬
lande 5 il contribua à ia conquête de la Fran¬
che-Comté. passa six ans aa Italie et arrêta à
la bataille de Marsaiiie, en 1693, la cavalerie
piómontaîse sur la pointe de ses baïonnettes,—■
cette arme
terrible venait d'être inventée
—
et
décida par une charge la victoire en notre fa¬
veur, puis il prend part aux guerres d'Allema¬
gne, d'Italie, de Flandre, est envoyé en Corse,
l'annexion de cette île à
la^France, et y
plusieurs combats, da 1738 a 1741.
Rappelé sur le
par la guerre de la
succession d'Autriche, il contribue pendant
dix mois à l'héroïque défense de Prade
; il se
rend ensuite en Italie,
y reste quatre ans, de
1744 à 1748,
couíribue, pendaut ce laps de
temps,à la prise de dix-sept places ou châteaux
avec
livre
forts et à de nombreux combats. À celui de La
Madona del Ultno, il rompt une colonne en¬
tière et la pousse l'ópée dans les reins sur une
de ses batteries ; il s'empare ensuite des piè¬
ces et Us tourne immédiatement contre l'en-
nemi,
Ce
ment
ment
ce qui achève sa déroute.
régiment se distingue ensuite brillais
pendant la guerre de Sept Ans, notam¬
à Horbourg où, attaqué par l'armée ha¬
novrienne,
résistance est admirable.
Dès le début die la guerre pour l'indépen-
dance
sa
américaine, un bataillon de 500 hom¬
distingue d'une manière toute particu¬
lière à la prise da La Grenade (Antilles). A
'attaque qu' est dirigée sur le morne de í'hômes se
de
!'Autriche, de ia Russie,, de l'Alfemagne, de
Naples, da Portugal et da le Turquie. Les deux
premiers bataillons de la 50® demi-brigade en¬
trent alors daus la
composition de f/armée du
Danube, commandée par Joiìrdan, et sont pla¬
cés à la division
d'Hautpoul, Ile prennent part
aux combats de PfôUpjidorf, ds
Lspîáagfiís, à fa
bataille de Stokacfa, st, dans ia - corps da l'illustre Massées, à la défense de
Zuriehberg, à
ia batailla de Zurich,puis à la défaite du fameux
Souvarow, surnommé {'Invincible ; ea 1 WS. sous
les ordres de Moreau,au combat d"Aíbabruck, où
la 50* demi-brigade se distingue d'une manière
éclatants. L'historique du régiment rapporte, à
ce
sujet une foule d'actions d'éclat dont voici
les plus honorables. Le sergent Coulez saute le
premier dans Isa retranchements ennemis, et
fait lui-même trois prisonniers. Les
grenadiers
Benoist, Krech et Fradie s'y précipitent après
"htj ; pendant que eeur-là s'emparent de deux
Frsdm saisit uu cheval attelé dopí H
coupe les traits et sur lequel il s'éiftiice à ia
csnoas,
poursuite ds I'ennemi. Quelque» instants après,
Feisria qui court à un pôqt bar¬
ricadé; malgré u» fa a* violent, ií arrache les
chevaux de frise et
H»
nom
d'Huningue,
mirait, de Toulouse et da Ligv.y.
enrichir.
II est divisé eû 3 chapitres correspondant à
des périodes bien distinctes.
Le chapitre Z"
l'histoire du 50° va da 1651
à 1793. La création de ce régiment,
qui s'ap¬
la vie
Le comte d'Kstsiag, témoin de ia valeurd'Houradoux, l'embrasse et le fait officie? «ur-le-
Friedland, de Bautxen, de Dresde, de Mont-
peut-être, mais toujours fidèle, les faits sail¬
lants de l'histoire du 50* et de mettre en relief
les nombreuses actions d'éclat dont les militais de tous
grades de,ce régiment se sont plu à
morae et sauve
qui l'a suivi, de près et
lequel Ses canonniers anglais se sont jetés.
c'est is sergent
Le rapide exposé dont nous parlées a pour
but de présenter, soiis une forme trop concise
sergent Housaute le pre¬
le
ouvre
k
sargeat^majorlíoly q®) á
KtzàHh C'est enfin
m iéts
á'aae
ose-
tioo, poursuit l'iMnsWî et btí fait W prison¬
niers, malgré l'oppositiou d'un escadron contre
lequel il a longtemps h se défendre. Tous ces
braves reçoivent des armes d'honneur destinées
à perpétuer le souvenir de leur belle conduits.
En
1804, la 50* demi-brigade devient la 50*
d'infanterie de ligue et ost placé dans ls 6»
commandé
par l'iliusìre maréchal Ney,
surnommé ls bravé des braves. Le isr janvier
.1805, a lieu la distribution dea nouveaux dra¬
peaux et le 50* reçoit celui qu'il illustrera par
corps,
d'actions glorieuses,. contra les Autri¬
chiens, les Prussiens, les.Russes, Ses Espagnols
tant
et les
Anglais.
Nous
teutes
le
ne suivrons pas ce bráve
régiment
les campagnes auxquelles. il
prit
dans
port
glorieux règne de Napoléon I*'. Çe fie¬
rait tenter un travail
beaucoup trop long pou»
être inséré dans les colonnes d'un
journal et
noua préférons
renvoyer le lecteur h la bro¬
sous
chure dont
nous
extrayons 1^ présente notice.
Nous ne pouvons cependant résister au
plaisir
de signaler, à la bataille de Friedland, la belle
conduite du sous-officier Labeuvrie,
porte-dra¬
peau du 50*. Son bataillon ayant été enfoncé
par la cavalerie russe, il court aux grenadiers
et, se mettant au rapiieu d'eux : -r. Camarades,
a'éerio-t-ii, voici l'honneur du régiment, c'est
à nous de le défendre au péril dè notre vie. »
Notons aussi l'heureuRe audace du caporal de
grenadiers Thirion, au siège deCiud&d-Rodrigo,
en 1810. Chargé de reconnaître si la brèche
est
praticable, le caporal Thirion tente bravement
l'escalade, gravit l'escarpement, atteint le
rempart, fait feu sur i'ennemi, et revînt sain
et sauf dan» la tranchée, aux acclamations de
toute l'armée. Profitant de
siasme, le maréchal
colonnes
ce
moment
d'enthou¬
Ney fait aussitôt sortir les
d'attaque, musique
en tête.
Electrisés
le brillant trait de courage du caporal Thírioh, les soldats se précipitent sur la brèche
avec une telle impétuosité que I'ennemi
dépose
par
les armes.
De 1819 à 1815, le 59*
nombre de batailles et,
prit part à un grand
après la bataille de
Paris, le 30
mars
1814,
ce
glorieux régiment
se
trouvait réduit à 122 hommes ! Le sixième
corps, dont 51 faisait partie, n'avait pas pris part
à moins de
soixante-sept engagements en qua¬
tre-vingt-dix jours !
Le chapitre III de la brochure que noue ana¬
lysons, contient l'histoire du 50*. de 1820 à nos
jours, mais ce n'est qu'à partir do 1832 que les
faits et gestes du régiment présentent de nou¬
veau un vif intérêt. A cette époque, deux de ses
bataillons vont prendre part au siège d'Anvers ;
puis c'est su Vendée qu'il opère et, en 1849, en
Italie. Ea 1852, il est envoyé en Algérie et Se
4 décembre de la même année son troisième
bataillon participe glorieusement à la prise de
Laghouat.
Ep 1854, le 50® est en Crimée et exécute, h
la bataille (J'ínkermano» une charge à la baïon¬
nette, qui oblige «ne batterie de trente canons
russes à battre ea retraite. La résistance qu'il
oppose aux Russes, dans la nuit du 19 mars
1855, vaut ii sou brave colonel M. de-Brancion,
une citation à !'ordre ds l'armée. Ce vaillant
officie? supérieur succomba glorieusement le 7
juin suivan^r-à k prise du Mamelon-Vert,
ainsi que le Hautenant-colone! Leblanc et neuf
autres officie» ; les blessés, taut en officiera
qu'en sous-officiers st soldate s'élèvent au chif¬
fre de 353.
Enfin, le 8'.septembre, le 50* contribue bril¬
lamment h la prise de
Sébastopol. Entré en se¬
conde ligne à Maïakoff, il lutte h la gorge de
la redoute contre les Russes, acharnés à la dé¬
fendre et,
après leur retraite, il supporte sans
s'émouvoir les explosions formidables qui écla¬
tent de toutes parts. Ses pertes sont encore sen¬
sibles. Le commandant Dugsrdin ; les sou»Jiéutenanta Charoboredon
et Robb sont tués*?
capitaine Bûeqtrét, Ses lieutenants Martin,
Voidy, Yallet et Fésquier sont blessés ; 300
le
hommes sont mis hors do combat»
Nous sautons maintenant une
période de
quatorze ou quinze ans et nous arrivons à la
guerre de 1870. f'eadaist cette désastreuse cam¬
pagne, ie 30® prit part »u combat de Wissem-
h Sa bataille de Frœschwiiler, puia à
oourg,
Sedaa. Son drapeau, soustrait à I'ennemi et
partagé en lambeaux, fut reconstitué après la
guerre et déposé sir; Invalides.
Huit jours après, îes survivants de ces nobles
défaites partent pour une longue captivité, dursat
laquelle les eoafifraocee physiques et
tout les tortures
morales, .doivent
cruels ravages puni eus»
sur¬
exercer de
Le régiment a'est plus ; ai a: a son dépôt d'a¬
bord, et bioatéi îe 56® de marche, continuent \
uue lutte de cinq mois, sinon avsn
plus de bon¬
heur, du moins avec la même
et un
égal Dévouement.
Reconstitué à Lsr.gres, eu 4871, la 50* va
diane le-couran.i des mois de mai et de juin oc¬
cuper une partis % la province d'Alger. II est
d'abord divisé
cm un
grándjîombre de détache¬
ments
parmi lesnutela ceux qui occupant les en¬
virons de Ch:.í*nheï, de Z&rtëh. et de Novi se dis¬
tinguent jusqu'à. 1» fin dúWdia d'août, par la
vigueur avec iaq oeiì<í ilsTepouseentles attaques
presque quotidienne» des Beni-Menasser, Puis,
pendant plus de deux «os, ses diverses fracrions occupent ou sillonnent-sans cesse tout le
sud da la province, depuis fiféetéah jusqu'à La-
ghouaí.
Rentré
cuper
d'Algérie à la fin de 187'4-^B .vient oc¬
JLnt:bas et Villefranehe et, deux ans
aprfe, il s«t concentre enfin à Périgueu-x, où
dépèHse trouve déjà depuis le mois de
•son
novembre 1873.
C'est là que depuis lors, soutenu par son
zèle, psr son dévouement au devoir, par soadtrdent amour
pour la patrie, et encouragé par
les sympathies de k population tout entière, il
s'efforce de remplir dignement la haute mis¬
sion qui lui incombe.
Son glorieux passé est ie plus sûr garant
des sacrifices qu'il sabra faire pour ajouter uner
illustration nouvelle & celle dont il s'enorgueil¬
lit et pour porter haut et ferme le nouveau
drapeau qu'il a reçu en 1880.
On sait que lorsque le 50® arriva dans notre
ville, il avait
neveu
comme colonel M. Sermensan,
de notre illustre compatriote le maré¬
chal Bugeaud. M. Sermensan ayant été promu
générai de brigade, il a été remplacé à la tète
du 50*, en septembre 1883, par M. le colonel
Strolh, qui est rapidement aevenu très popu¬
laire parmi nous. Le lieutenant-colonel est M.
Larrue ; les commandants : MM. Konne, Larivé, Girod et Mounier, et le major M. Sauné,
—__—tr-—-—>
�
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An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
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Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
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Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_023
ark:/30098/47bq
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 23, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/2d538c17d437a3d896aaf6657b90a64e.pdf
f02cf1830bf008f90170ccf9f3c10f0f
PDF Text
Text
Prix
Première Année.
:
Numéro 22
10 centimes.
?l.tO I
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIIIIIIIHilllillllllilllll
LITTÉRATURE, ARTS,
ABONNEMENTS
Un an.
3f
COMMERCE, INDUSTRIE.
THÉATi
INSERTIONS
:
Annonces..
Six mois.
Réclames.
lf 75
'
L^yJiV
)
(Les Manuscrits n 011 insérés %e seront pas
.
.
...
75° la
1'
rendus).
:
ligne.
—
�L'ENTR'ACTE
19 Décembre 1886.
Périgueux,
Ce vaillant rémouleur
s'appelle
PÉRIG0URD1N.
avec quel orgueil l'âne s'en allait
por¬
reliques ! II fallait voir les airs mysté¬
rieux qu'il se donnait avec ses amis, le conten¬
tement intime dont il semblait jouir, quoiqu'il ne
jouît de rien!
Cependant les amis de Bonichon étaient cu¬
rieux de savoir ce qu'il pouvait y avoir de vrai
entre Pépita et lui ; les uns le croyaient en pos¬
session des bonnes grâces de la jeune fille; les
allait.s'aggravant d'heure en heure. Bonichon,
qui ne savait pas d'abord ce qu'on lui voulait,
se vit enfin inculpé de complicité dans un infan¬
ticide, c'est-à-dire dans un assassinat !... A ce
mot, il vit dans son imagination la guillotine se
Jusque-là Bonichon avait hésité à répondre
questions qui lui étaient posées ou répon¬
dait évasivement
mais un jour qu'il était plus
pressé que d'habitude par ses envieux, qui,pour
pour un assassin ! Je serais l'amant, que
le complice de Pépita ? Mais elle est
minelle ? Est-il d'abord bien sûr qu'elle soit
sait voir
tant
ses
dresser devant lui, ses cheveux se hérissè¬
rent sur sa tête....
Ah ! monsieur le juge, s'ócria-t-il dans un
accès de désespoir, pouvez-vous croire une pa¬
reille chose de moi ? pouvez-vous me prendre
—
autres le niaient.
Du
de Tamothe-Tradelle ;
nom
dis je?
donc cri¬
aux
soignant ses discours,
On le voit
Do ut aussi rares
qu'ils sont courts !
(Mais vainement, avec
l'exciter à.s'ouvrir à eux,
propre enjeu:
prudence,
—
mettaient
teur de l'infanticide
me
restait
quelque chose à désirer de Pépita, est-ce
que je ne serais pas le modèle des Jobards ? Je
vous en fais tous
juges, vous qui avez pu appré¬
cier, par les privautés qu'elle m'accorde, dans
quelle intimité je vis avec elle. Eh bien! cet
aveu fait, laissez-moi tranquille, et n'en par¬
lons plus.
Bonichon eutbien pourtant un peu de remords
d'avoir trahi la vérité, car il était sot peut-être,
encore
Tl
aiguise son éloquence ;
Vainemen t il est sur les dents,
Ces laïus sont peu mordants.
Ci Tradelle
parte guère,
ne
Tl vote pour
Est-il bien
urgent- qu'il s'enrage
cA devenir
un
orateur ?
suffire à
n'hésite pas
Oui, Dominique vous désigne comme l'a¬
de la coupable !
Ah ! monsieur, Dominique est un imbécile
qui s'est mis en tête que je suis l'amant de Pé¬
pita.
Parce que vous le lui avez confié.
Je le lui ai confié... je le lui ai confié si
l'on veut.!.. Interrogé sur la. nature de mes
relations avec Pépita, je lui ai, il est vrai, laissé
croire tout ce qui lui passait par la tète à ce su¬
jet, mais je n'ai rien avancé, je n'ai rien dit.
Tout cela n'est pas clair, observa le juge,
et il est facile de voir que vous voulez tromper
lá justice ; mais elle saura vous arracher un
aveu qu'il serait plus habile pour vous de. faire
—
mant
—
repos.
Le bruit se répandit que la justice venait de
trouver le cadavre d'un nouveau-né enterré fur¬
tivement après avoir été préalablement mis à
—
—
mort, etles journaux qui avaient rapporté le fait,
annoncèrent, le lendemain de la découverte du
crime, qu'une jeune personne de la localité,Mlle
—
P..., venait d'être l'objet d'un interrogatoire au
résultat duquel elle avait été écrouée à la pri¬
son de la ville. Le fait était exact, et cette de¬
moiselle P.. c'était Pépita.
Ah ! ce pauvre Bonichon! s'écria Domini¬
son coeur.
,
a-drrëtaní la meule
qui trotte,
de bonne grâce...
Un accusé plus fort que Bonichon, ne se sen¬
tant pas coupable, eût conservé un peu son
—
de ses meilleurs amis, aussitôt qu'il ap¬
prit la nouvelle, vous verrez qu'il se sera fait là
que, un
Tu peux
le
reposer,
Tamothe
;
mauvaise affaire !
Un trait inspiré par
une
Ceulement à chaque scrutin
Tu mettras
un
la jalousie sans doute,
mais qui, dans tous les cas, devait coûter cher
à Bonichon.
La réflexion faite par Dominique était parve¬
nue, aux oreilles de la justice. Dominique fut
bon bulletin !
TFn mot etje pose
la plume
:
appelé, en, témoignage.
Vous, avez tenu un propos que je vous prie
de répéter, b.i dit le juge ; vous avez,en parlant
deT'évònement du jour, prétendu que Bonichon
s'est fait une mauvaise affaire; expliquez-vous:
—
Télégant surnom de Bitume
Tsl
octroyé
—
a/£ Tradelle, au
détail certain
—
Quartier Dali n.
qu'entendez-vous
par cés. paroles?
Oh ! rien du tout, monsieur le juge, lit Dominique avec la légèreté particulière aux hom¬
—
de
âge; j'entendais dire seulement,
qu'il est toujours fâcheux d'avoir sa maîtresse
mes
son
accusée d'un crime et...
Sa maîtresse ! La fille
Pépita serait, ditesla maîtresse de Bonichon ?
Tout le monde sait cela, lit Dominique.
Vous dites que Bonichon était l'amant de
la fille Pépita ; mais il s'agit de s'entendre : estce l'amant platonique, ou l'amant ?...
J'entends dire l'amant heureux, monsieur
le juge.
—
vous,
—
—
—
—
II y a
quelques années, Périgueux vit sa po¬
pulation féminine s'accroître d'une jeune cocodette qui allait y faire du bruit ; le dessus du
panier des chevaliers du monocle l'obséda. Mais
elle résista à toutes les attaques, je me
trompe;
elle lit un choix, et, chose incroyable, ce choix
fut si modeste qu'on l'eùt dit inspiré par le cœur.
II tomna sur un pauvre diable de clerc des
moins hupés, Adolphe Bonichon ! Bonichon, la
tête de Turc de la gent gouailleuse et braillante
des beuglants, Bonichon à l'air éventé, au nez
démesuré,
aux jambes de cerf, aux oreilles en
chauves-souris, à l'air .supérlalivem.ent
naïf, air qui, au dire des mauvaises langues,
avait au moins un mérite, celui de mettre"d'accord chez lui les apparences et la réalité. Quand
ailes de
cbnnut
choix,
on s'éloigna de
cocodettese nommait ainsi) ; elle fut
en
Pépita (la
jugée une
iille sans goût, et, malgré son minois piquant,
ce fut 1,1110
grue indigne de l'attention. Bientôt il
ne fut questiond'elle
qu'entre petits crevés de
la troisième catégorie, qui, sms oser l'aborder,
"Ta suivaient de l'œil en jalousant le sort de Bonichou, bien à tort cependant, car, au lieu d'un
amoureux triomphant
qu'on le supposait, Boni¬
chon était un simple
plastron servant à dissi¬
muler une intrigue de la jeune fille,"qui Tavait
choisi parce que, de tous ses poursuivants, Bo¬
nichon lui avait paru le plus facile à
tromper.
Mais Bonichon était loin de supposer
qu'il en
fût ainsi ; il se figurait, nu contraire, avoir été
le préféré par amour et que si la
jeune fille ne
ce
lui accordait rien dans le moment,
tout s'il savait attendre ; et
partant
il obtiendrait
de là, il tai¬
Vous l'affirmez?
Je l'alíìrme... je
l'affirme... je ne sais si
je dois le faire... tout ce que je puis certifier,
c'est que je le crois...
U faut dire ici que le juge admettait un .com¬
plice dans le crime perpétré. De l'examen du
cadavre, il résultait pour lui, à tort ou à raison,
la preuve que Pensant avait été porté dans l'endroit où on savait trouvé aussitôt après, avoir
été étouffé, et non un certain ' temps après- siç."
détail, insignifiant en apparence., avait són im¬
portance : la mère avait-elle ëu tout à la-fois la
force, — l'étouffement du petit être consommé,
de le porter elle-même hors de son domicile?
La question était douteuse et donnait.lieu
àl'hy¬
pothèse qu'une main complaisante aváit rendu
ce service à la
coupable, et alors, cette main
complaisante, quelle était-ëlle, sinon celle d'un
amant, fauteur de la grossesse ?.. Le juge croyait
la chose possible ; et si l'on se souvient du mot
imprudent de Dominique, quoi de plus naturel
pour le juge que de croire Bonichou ce com¬
plice?
-T.
—
—
Pour lui il
était
tout était
Le
clair.
s'agissait de" savoir si Bonichon
un amoureux
là.
platonique...
ou
autrement;
juge s'attachait donc; à tirer la chóse
au
Cependant Bonichon, interrogé, flairant le
danger, commençait à la trouver mauvaise ; le
rôle d'amant qu'il avait accepté avec tant- de
complaisance avec ses amis, allait-il faire de lui
un criminel aux yeux de la loi ? 11 se défendit, il
nia : mais les accusés nient toujours, et le juge
persistait à l'acc-user. 11 y a plus: sa situation
à vous accuser.
Mon ami m'accuse !
—
son
accomplir pareil ouvrage
Voter doit
répliqua le juge, je fais mieux ; je dis : Vous me
mentez, et, ce qui me le prouve, c'est que votre
propre ami, le confident de vos épanchements,
mauvais.
Quoi qu'il en soit, tout alla bien pendant quel¬
que temps et on ne lui parlait plus de Pépita.
Mais un grave évènement vint bientôt troubler
Coi t. gobiet ou de Tjreycinet.
Tour
—
lui, n'était pas
Que le patron du cabinet
fau¬
supposant que l'on
chon ! un criminel ! moi étouffer un pauvre petit
enfant! jamais! jamais !...
Mais je ne suis pas forcé de vous croire,
Bonichon, mais il était honnête et le fond, chez
le ministère...
en
puisse lui reprocher ce crime, s'ensuit-il que je
doive y avoir pris part? Je mérite si peu d'être
mêlé à ('affaire, que je sais à peine ce dont il s'a¬
git, et je n'en puis croire mes oreilles quand je
m'entends accuser d'un infanticide. Moi! Boni¬
son amour-
Enfin, messieurs, leur dit-il, s'il
? Et
sang-froid, malgré la mauvaise tournure des
choses ; il aurait espéré que la vérité finirait par
•se faire jour, et ne se serait pas en vain attaché
à cette lueur d'espoir. II en fut tout autrement
.
lui.
avec
une surexcitation nerveuse terri¬
mangeant plus, ne dormant plus, assailli
de folles terreurs, il se leva une nuit, ne pou¬
En
ble,
proie, à
ne
plus tenir à son martyre, et. perdant mo¬
mentanément la. raison, il fit une corde de sa
cravate, l'accrocha au ciel de lit, se la passa
autour du cou et se lança dans le vide... Heu¬
reusement, la cravate, nouée fébrilement, ne
vant
il tomba sur le plancher, et si mal,
qu'il s'évanouit,
Toutefois, le bruit de sa chute avait éveillé
les voisins ; on pénétra dans la chambre, et,
en voyant Bonichon étendu sur le parquet,
on
s'empressa de lui porter secours et de le faire
revenir de son évanouissement ; puis il fut
couché, consolé, et, sur le matin, il finit par
s'endormir tant'bien que mal.
Une heure après, il était brusquement tiré
de Son sommeil : c'était un agent envoyé par le
juge ; il venait lui intimer l'ordre de le suivre.
En présence de cette sommation : — On veut
me fourrer en prison ! s'écria Bonichon revenu
à ses.folles terreurs ; si je me rependais ! Et
il faisait mine de reprendre sa résolution ex¬
trême', lorsque fagent, le saisissant par le bras,
tint pas ;.
,
l'entraîna de vive force.
Voici ce. qui était arrivé :
Un quart d'heure
après, la tentative de suicide de Bonichon, toute
la ville avait appris Tévénement, qui était aussi
parvenu à f oreille du parquet. Lo juge, l'esprit
frappé de la circonstance, s'était demandé si
l'açte riei se,pendre était bien le fait d'un inno¬
cent, si plutôt on ne devait pas y voir la consé¬
cration des soupçons qui planaient sur Bonichon,
preuve que la
certain l'avait poussé
et la
crainte d'un danger trop
à cet acte de désespoir....
Ét Bonichon, appréhendé au corps, avait été
ar¬
rêté et incarcéré...
Heureusement
ce
ne
devait être que pour
quelques jours, durant lesquels l'instruction,
qui marchait fermé, allait aboutir à une solution,
celle de la découverte
dévorée d'inquiétude,
par le juge,
la voie ries
de la vérité. En effet,
et, de son côté, obsédée
la vraie.coupable était entrée dàns
aveux. Elle, raconta, comment les
chQses s'étaient passées ; seule elle était, cou¬
pable. La mort de f enfant était son fait à elle ;
l'unique complice qu'elle, eût eue avait.enterré
Tentant. C'était
tures
gnes
notre
une
de
ces
malheureuses créa¬
disposées à se charger de toutes les beso¬
pour une pièce de cinq francs ; qpant à
héros, il était mis hors de
cause.
Et
lorsque
le juge fut enfin convaincu que la vérité lui
était révélée, il fit élargir Bonichon, aux re¬
grets d'avoir accepte bénévolement la réputa-
�L'ENTR'ACTE PÉRIGOURDINtion d'homme à bonnes foi'tunes ët
qui
mais un peu
tard, qu'on ne l'y prendrait
J.
DE LA
jura,
plus'.
bête... mais tiens ! voici
femme... Elle
ma
»
va
juger elle-même.
Mme Angélique Mufílentout entre
en ce mo¬
dans le salon.
Mulïlentout.— Pis donc, bobonne, il parait
que notre maison pullule de soldats... Les voi¬
sins se plaignent.
LniOGEANNE.
»
ment
Angélique (terrifiée).
—
Quand 1c souille d'hiver la tourmente la nuit !
ce qui chante, hélas, souvent gémit!
C'est te suprême cri des âmes et des choses
Qui monte et chante en Dieu le mystère et les causes
.':-isi toul
»
»
déchirements... et pour tous nos mdheurs
au ciel fermé quelques douces lueurs ! »
»
De
»
Demande
ces
Renaud.
Antoinette
Hein? Tu dis ?
Mufílentout.
Oui ! oui ! je trouve des bouts
de cigare par toute la maison... et celle
péron¬
nelle de Fanchette veut ergoter... A l'entendre ce n'est pas elle
qui les attire...
—
Angélique (passant vi veinent près de Fanchet¬
te, et à part). Sauve-moi du déshonneur... dis
Du
danger des armées permanentes.
M. Mulïlentout eût été certainement le
plus
heureux des hommes. Mais le hasard voulut
qu'il demeurât près d'une
caserne
de dragons.
Ce fut la cause de tous ses malheurs.
Sa femme Angélique avait résisté
longtemps
aux séductions do l'un!forme. Cachée derrière
ses volets bien
clos, elle se contentait de voir
défiler le superbe
régiment, lès jours de para¬
suivant des yeux les jeunes et pimpants
officiers... mais hélas! il y a une limite aux for¬
ces humaines... Un beau
soir, .elle tomba dans
de,
en
les bras d'un lieutenant sentimental,
qui venait
depuis huit jours déchiffrer du Mozart avec elle.
Je n'ai pas besoin d'ajouier
qu'il avait été pré¬
sente par le mari... Et une fois
lancée, elle alla
bien, la douce Angélique... En quelques mois,
M. Mufílentout ne
compta plus que des amis
parmi les officiers du régiment...
que tu es la coupable... Je ne serai pas ingra¬
te... mais avoue, avoue... Tiens! prends ma
bourse...
Fanchette (comprenant toul). —
oui, m'sieur ! je suis coupable, mais
le bon motif
..
Angélique (vivement).
Qui ! oui !
—
ami !
mon
je savais... ces deux enfants doivent s'é¬
pouser prochainement.. Jetais agir auprès du
colonel pour obtenir f autorisation... Lnissemoi un moment avec elle... L'important est
d'éviter les cancans en ville... (Mufílentout sort
rassuré).
Angélique (se jetant au cou de Fanchette). —
Pauvre martyre ! Tu f es dévouée pour moi...
c'est noble ce que tu as lait là ; mais tu n'auras
pas à le repentir...
Fanchette (sincère). — Ah ! c'est que j'aime
tant madame!
M. Bonxap.d.
au
:
Ouf! j'en' ai assez... je n'étais pas née pour
métier-là, moi... D'abord à quoi ça sert-il
d'épousseter? eu chasse la poussière d'un côté
pòur la renvoyer de l'autre.'.. Au lieu de m'écliiner à des riens, j'aime autant relire la
poésie
que Martial m'a inventée hier soir... 11 parait
qu'il a trouvé ça en m'enlendant chanter...
J'inspire des poètes !...
«
ce
Elle tire de
sou sein un
petit papier parfu¬
(pauvre Lamartine !)
Quand ta voix céleste prélude,
Au silence desbelles nuits,
Par
Bardé ailé de
ma
exemple, je
ne
baNfé ailé de
comprendre
plus joli !
ma
que
comprends pas bien le
c est plus difficile à
des vers de mirliton, mais c'est
solitude...
M. Mufílentout
tu lis
(survenant). —Qu'est-ce
que
là, Fanchette?..
Fanchette (cachant vivement son
Une note de
blanchissage, in'sieur !
papier).
—
perdue...
Je...je
Mufílentout. —Tu m'ennuies, tu sais!... :e
parie que c'est une lettre d'amour...
Fanchette.
Eli bien ! après ? réimportant
—
que je me conduise bien chez vous.
■
Mul'Uentout. — Vous. Mais précisément ce
n'est pas le cas, j'ai tout lieu de croire que lu
tournes mal. depuis quelques jours... (Sortant
de sa poche un bout de cigare). Tiens ! voilà ce
est
j'ai trouvé dans ta cuisine... et c'est le cin¬
quième depuis dimanche...
Fanclwtte (pleurants. — lli ! lu ! hi ! Je vois
bién que monsieur se défie de moi... J'vas re¬
que
tourner chez
ma
mère.
Mutílentoiû. —Mois,mon enfant, eesboutsde
cigares anonymes...
Fanchette. — On les aura jetés du dehors,
par !u fenêtre, pòur faire croire que je suis...
Mufílentout. —Tu dis des bêtises... Pourrais-lu me dire aussi quelle est fa personne que
as fait sortir
par le jardin hier soir à 1 [ heu¬
res?... Le voisin du troisième fa vue...
Fanchette (troublée). C'est., c'est la mère Te-
tu
gRot qui est venue nf aider à laver la vaisselle...
Mufílentout.
—
Mais le voisin
a
distingué
un
képi de soldat..^
Fanchette.— Hum !... voilà !... c'est que la
mère Tognot a été cantinière dans la garde na¬
tionale, et elle use ses vieux képis...
Mufílentout. — Tu me prends pour une grosse
A-
décider
dence
un
au
République, voulant l'autre jour
opportuniste de marque à accepter la rési¬
Tonkin
:
Mais, réfléchissez donc : t'i0,000 fr. de traitement,
10,000 fr. de funérailleset 12,000 l'r.de pension à votre
—
!
veuve
*
# *
à juste titre pour médisant.
Toutefois, comme il n'a pas volé non plus st réputa¬
tion d'imbécillité et que ses calomnies sont encore plus
bêtes que méchantes, ses ennemis font surnommé le
«
serpent à sornettes ».
X... passe
*
ou
la
La
m'éelnire la nuit, tandis
lune, parbleu ! eile
ne parait que
quand il lait jour.
soleil
★
*
c'est amer, les glands! Je conçois
les couchons pouvions manger ça !
sardine, f savent ben que s'ils demandaient du
sucre d'orge, on ne leur-z-v en bâillerait pas !
Mâtin ! que
—
pas que
—
*
*
Reçois, ò mon enfant, ces accents de douleur;
C'est le dernier sanglot et le cri de mon cœur,
C'est la fin de mon âme et la plainte suprême
De la mère à qui Dieu sortit tout ce qu'elle aime
Et
toi, si beà'U,
pousse
!
lits, dans quel pie paradis,
pleurs, entends-tu tous mes cris ?
Sais-ìu que ton dépari, que mon affreuse angoisse,
Ont l'ail d ; tout mon sorl comme uné sombre impasse
O.'i je vais me heurtant à tous les désespoirs,
A tous les buis fermés, et tel on voit les soirs,
Un oiseau prisonnier dans une chambre close
Chercher en vain le ciel, puis rester tout morose,
en
Triste et las de
sa
tulle
en
qu'avais-je donc fait
attendant
sa
mort!
De
son
fils
âme
Vous
rose
son
nid et chante
s'cnlr'ouvre
et
son
bien vile
se
*
Et
sa
vie, ò
mort
mon
a
fauché
mon
Dieu! était toute
Car lu m'avais donné tout
me
brise, hélas!
sur cc
engloutit à jamais
Et l'on médit
: >
son
Quel souffle
s'apprête à tra¬
Monsieur, lui dit une dame, seriez-vous assez bon
m'aiderà traverser? J'ai une peur folle des voi¬
faisant monter sur le
salut :
Vous êtes chez
amour,
—
trottoir, il lui dit avec
vous
un
profond
!
donne,
Bébé est sévèrement
grondé
par sa
mère :
menti, dit celle-ei. Si tu me trompes, c'est
que tu ne m'aimes pas...
Papa dit toujours qu'il sainte bien et que ça ne
1 empêche pas de le tromper.
Tuas
—
—
*
»
*
Après maintes libations qui lui avaient donné plus
d'équilibre, un couvreur s'était juché
étage pous reprendre son travail; mais
pied glisse et il tombe sur une tente d'abord et
de témérité que
vie,
au
troisième
son
puis
par terre.
Plus de peur que
évanoui.
Une voisine est
ouvre un œil, puis
tombeau
—
berceau.
De
droit á
Pourquoi chantez-vous,pauvre femme,
donc passé qui fait vibrer votre âme ?
—Je réponds : « O mon Dieu, ce souffle est la douleur.
Qui passe et lait chanter la grande voix du cœur..
Comme on entend gémir une corde froissée
Et se plaindre.l'o seau sur la branche cassée
D'où son nid est tombé,détruit d'un coup de vent.
u
doigts
Comment donc, madame !
Au bout de quelques pas, la dame fait au monsieur
les propositions... les plus hospitalières. Arrivés à
l'autre côté du boulevard, il dégage sou bras, et la
ce
Dont fabìrne
mordriez les
—
bonheur!
ma
vous en
lures.
qu'un cœur envie
Quand il est haut placé, quand il n'est qu'un plaisir
Idéal et divin qui puisse le remplir.
Tu m'avais lohl donné, mais ta main repentante
De m'avoir fait ce bien me courbe gémissante,
Me torture et
une seule...
La belle affaire !
Crovez-moi ! ..vous
pour
quand dans fonde azurée,
longs traits, oubliant le chasseur,
Hélas ! ainsi la
*■
Chez le dentiste :
Je ne vous conseille pas de vous faire encore ar¬
racher d'autres dents. Bientôt, il ne vous en restera
—
cerf est blessé,
11 s'enivre à
demande f employé.
lui donnez-vous
Un monsieur du meilleur monde
le boulevard.
chaque front une chaste couronne ?
Vous n'avez mérite pas duré trois courts printemps ;
De cet être divin, je n'ai pas eu le temps
De compter les baisers sous ma lèvre altérée.
un
déclarer la nais¬
—
Offrant à
Comme
Que
un
verser
me charmait pour une aussi tendre aile.
ravissements, extase maternelle,
n'avez doue duré que f espace du jour,
Où f oiseau l'ail
Où la
j'etais
*
—
réveil, et dont le vol puissant,
au
nom
Blanche.
—
—
donnait tout le trésor naissant
me
Quel
—
pour
Le moment enchanteur où Pensant devient tendre,
mon
quelles clameurs !
omnibus !
Dieu, madame,
Antithèse bien nature
Un nègre vient à la mairie pour
sance d'une petite négresse.
plus
mériter du sort
De semblables douleurs, une telle agonie? —
J'avais pris le bonheur qu'au ciel on nous envie.
Mais aussi. Dieu cruel, pourquoi savoir donné,
Pourquoi sur mon chemin cet enfant amené?...
O mon Dieu ! tu choisis justement pour le prendre,
Où
Mon
—
pieds d'une dame, qui
aussitôt des cris épouvantables.
diriez-vous donc si
mon
Me vois-lu lout
*
Galanterie suprême :
Un maladroit marche sur les
O doux
—
l'ai
%
Le Président de la
*
M'étonnait,
Mufílònlout.
Montre ln-inoi, alors!
Fanchette. — Ah ! non! Ah! 11011!...
Cicé¬
que
A la campagne :
Oli !
solitude
matin
et
ron
que ton
Mais un incident fortuit fit découvrir
tout-à-coup
le pot aux roses.
La scène se passe à neuf heures du matin La
ber dans ún fauteuil
ce
cette
—
ayant soin de renvoyer ses amoureux à temps.
bonne,en train d'épousseter les meubles du sa¬
lon, jelto au diable son pluméhit, dans un mou¬
vement de mauvaise humeur, et se laissant tom¬
disait
C'est que mon parrain
loi ça faisait deux.
—
un
lutte ?
Fanchette
manège,
ce
petit Tony... Mais pourquoi
mon
*
premier étage, les simples dra¬
Angélique ignorait
—
Non,
—
question ?
—
quatre mains
Cicéron c'était
Vieillé. calembredaine :
Qu'est-ce que lu aimes le mieux, le soleil
gons, respectueux dé la hiérarchie, humaient un
modeste consommé dans le sous-so'. C'était
moins poétique, mais plus substantiel
:
député ?...
.
Mais ce n'est pas tout.., Fanchette, la bonne,
suivit le noble exemple, et ouvrit son cœur et sa
cuisine aux lourlourous du IIe. Pendant
que les
officiers jouaient avec madame des morceaux à
mé, et lit
Vacances parlementaires :
Dis donc, papa, est-ce que
—
Eh bien...
c'était pour
a
»
.
••
»
de mal, mais il reste
accourue
avec un
un moment
verre
d'eau. II
l'autre, et indigné :
quel étage faudrait-il donc tomber pour avoir
un verre
de vin ?
Certain journaliste proposait l'autrejour d'organiser
fête au profit des inondés. II a reçu, paraìl-il, à
la suite de f article qu'il avait publié à ce sujet, la ré¬
une
ponse
suivante de l'un de ses abonnés :
«
Je trouve, monsieur, qu'on s'oecupe trop en France
des gens qui sont inondés, et pas assez de ceux qui
sont á sec!»
»
»
»
v
Ainsi le cygne exhale une vie en son chant
Ainsi de la forêt mystérieuse et sombre
's'élèvent
un
sanglot et des plaintes
sans
!...
nombre
Lo Gérant
Púrigueux, imp. LAPORTE,
:
anc.
BILLAMBOIS.
Dupont et C
�RBct^r
P^GATÍtt
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_022
ark:/30098/47c1
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
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N° 22, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
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Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/60a2454f729dd119eb0c3682d1c45d1e.pdf
1d4ab6253c5240785d77fbd76fd3dfcd
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Text
ìvumerû 21
Fnx ; iu centimes
Première Année.
f
1IIIUIIIIIII!IIIIIIIIIII,IIIII.IIIIIIIII!IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII||mTnïïnTTTTrTTTTTTTTHTHTTTTTTTTTTTn7TTrniiUlllll|l! IMili
LITTÉRATURE, ARTS,
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THÉA
rini i i i i i i i ui i ti i iT2..
i i i imi i i i i 0\i iumi!
o
—
—
OMMERCE,
INDUSTRIE.
INSERTIONS
ABONNEMENTS
Un an.
Six mois.
3f
lf 75
(Les
Manuscrits non insères ne
Annonces,
Réclames.
seront pas rendus).
�PÉRIGOURDIN.
L'ENTR'ACTE
pourvu, et ses défauts
Périgueux, 6 Décembre 1886.
en ce sens, par surcroît
Je voudrais être aimée, monsieur, mais ai¬
]
trouvaient aggravés par cette \ mée comme
je rêve de l'ètre.... Je voudrais être
défiance de soi-même qui est comme le cou- 1 assurée
que je ne suis pas recherchée parce je
d'infortune,
—
se
des disgrâces auxquelles la nature
suis jeune, parce que l'on me trouve un peu
semble prendre plaisir à condamner certains 1 de beauté dont
je fais aujourd'hui bien peu de
êtres.
cas, ayant depuis quelque temps beaucoup ré¬
La mère d'Eusèbe était une
pauvre veuve | fléchi.... je voudrais que mon mari m'aimât
n'ayant d'autres ressources que ce que son fils surtout parce que son âme serait en communion
gagnait, aussi la mère et le fils vivaient-ils en se
d'idées avec la mienne, et non parce que ma fi¬
privant de tout ; et ce n'étaient pas seulement gure ou ma tournure lui plaisent, pour le mo¬
les plaisirs de la jeunesse
qui lui étaient ment, De cette manière, je serais assurée d'ê¬
interdits, Eusèbe se savait aussi condamné tre toujours belle à ses yeux, je pourrais tou¬
à vivre dans le célibat : il vivrait sans amours
;
jours compter sur l'affection de mon mari.
il se disait qu'il pourrait
aimer, lui, mais que, I
Mademoiselle, vous êtes belle, vous êtes
bien sûr, pensée amère, il ne serait
jamais i faite pour être aimée, non un jour, comme
aimé. 11 n'avait, le malheureux, que
trop raison, i vous le craignez, mais toujours ; cette aspira¬
mais peut-être sa trop grande méfiance de lui- I
tion vers l'idéal de l'amour qui est en votre âme
même en fut-elle seule la cause.
est une garantie pour vous aussi bien que pour
11 y avait sur le carré de la maison
qu'il ha-, votre futur mari; vous recherchez l'idéal parce
bitait avec sa mère des gens avec
lesquels il vous êtes faite pour le comprendre ; le phéno¬
n'avait jamais «u de relations,
par suite d'in¬
mène qui se passe en vous,fût-il étranger au mari
compatibilité d'habitudes et de goûts ; mais un
vous allez prendre, aura de l'écho dans son
jour, ces gens disparurent et furent remplacés que
âme, y réveillera certainement l'idéal s'il dort,
par une famille qui comptait une jeune fille
car je crois
qu'il est en germe dans nous tous,
dont la vue seule fit une profonde
impression et ne fût-il pas en lui, vous l'y feriez naître....
sur le cœur d'Eusèbe. Son
image ne lui sortit Epousez donc le parti qui se présente, Made¬
bientôt plus de l'esprit ; désormais, sa vie si
moiselle, car quel que soit celui dont vous detriste allait enfin devenir relativement douce.
viendrez la femme, celui-là vous aimera et vous
Eusèbe vivrait de la préoccupation de la
jeune aimera comme vous voulez être aimée.... parce
fille, du bonheur auquel son imagination la mê¬
vous méritez de l'ètre ainsi....
lerait, la faisant participer par la pensée à une que
Marie n'était pas satisfaite de la réponse ; elle
existence passée en commun, dont il la laisserait
lisait bien dans l'âme d'Eusèbe tout un monde
ignorante, bien entendu, et de laquelle il eût été de
tortures; mais rien qui semblât exciter en lui
bien fâché même qu'elle pénétrât les délicieux
de la jalousie, l'horreur de la compétition. Eusèbe
ronneinent
Ce jeune homme de bonne mine,
L'oir vainqueur, la moustache f ne,
Pour
qui je fais
un
impromptu,
C'est La Batut, c'est La Batut!
1/ est noble et même vicomte,
Puis encor,
ce n'est point un conte,
Républicain très militant;
C'est épatant, c'est épatant!
—
—
—
Aussi le
peuple, pour lui plaire,
S'est-H vite empressé de faire,
De ce démocrate exalté,
Son
député,
Maintenant
son député !
qu'U est au pinacle,
De tout
son
canton c'est l'oracle....
S'il est
un
peu court, l'on verra
Qu'il grandira, qu'U grandira.
Afin que le bon public juge
Pourquoi d'une robe de juge
Le dessinateur
a
mystères.
Mais le moyen
jeune soit-elle, ce
vêtu
Batut, ce La Batut!
Apprenez donc, chose bizarre,
Qu'U faillit porter la simarre
est arrivé d'entendre
Parfois quelqu'électeur prétendre
Qu'à tort
on
Ce candidat,
ne se trouve jamais... ou presque jamais...
Telles étaient les idées de la
jeune personne ;
et avec ces idées-là, elle.se sentait naturelle¬
ment
esprit l'idée qu'il pouvait trouver de la ré¬
ciprocité dans les sentiments d'une femme, que
cette idée ne lui venait
jamais, et il ne voyait
rien dans le sourire
avec'lequel Marie l'accueilson
lait, dans le fait de s'arrêter avec lui pour
échanger quelques politesses, de le saluer, en
accompagnant ce qu'elle lui disait d'un doux
L'HÉRIÏ AGE.
Voilà un mot qui résonne agréablement à
l'oreille; un mot plein d'espoir pour les gens
bien apparentés et qui ne laisse indifférent
personne, pas même le plus pauvre ; car celui
qui ne se sait personne pouvant le faire héri¬
ter rêve parfois à un oncle
d'Amérique fantas¬
tique, et quoiqu'ils deviennent chaque jour de
plus en plus rares, les oncles d'Amérique, il
faut bien qu'il y en ait encore, puisqu'il est des
gens qui en attendent toujours.
II y a cinquante ans, un héritage fit.
grand
bruit dans Périgueux ; je veux parler de l'héritage d'un Bonnet mort à Madagascar, héritage
qui n'était autre chose que l'œuvre imaginaire
d'un plaisant. Selon un mot qui fut prononcé à
l'époque, tous les Bonnets surent alors en révo¬
lution : les bonnets-linge, les bonnets de coton,
les bonnets ronds et carrés ; il
n'y avait de
calmes que les bons nez, qui, ayant du
flair,
disaif-on, avaient su deviner la mystification et
regard.
Du reste, il ne s'en apercevait même
pas,
n'osant lever les yeux sur elle
que lorsqu'il
pensait qu'elle
voyait pas.
il fallait la donner
ne
promptement.
ayant quelque chose d'important à lui dire
Eusèbe
tion.
s'empressa de
se
rendre
;
à Pin.vita-
Monsieur Eusèbe, lui dit-elle
quand ils
furent en présence l'un de
l'autre, j'ai une si
bonne opinion de votre
jugement que je me
r—
reprocherais de
ne vous avoir pas consulté dans
la grave conjoncture qui se
présente ; j'ai reçu
une demande en
mariage à laquelle je me
faire connaître
trouv
que, vers 1862, il y avait
Périgueux un honnête garçon que je ne
désignerai pas autrement que par le prénom
d'Eusèbe, pour laisser sa mémoire dans cette
pénombre discrète qui fut comme la mesure
du jour sous
lequel il se montra durant sa vie
et pour le mettre le moins
possible en vue, lui
qui passa son temps à modestement s'effacer
en tout et
pour tout.
Eusèbe était loin d'avoir de
grandes qualités
eobligóe de répondre de suite, et je suis
fort embarrassée. Le parti
qui s'offre est bon ;
je ne me flatte pas d'être recherchée jamais
par quelqu'un qui m'offre plus que celui-là
de grandes garanties de bonheur.
Cependant
j'hésite...
Pourquoi hésitez-vous, mademoiselle,
puisque vous croyez que le parti en question pa¬
—
raît
présenter des garanties de bonheur?
J'hésite, parce que ces garanties de bon¬
heur consistent en ceci : que le futur est honnê¬
te, suffisamment travailleur, et d'un physique
convenable ; mais il me semble que tout ceci ne
vous
—
suffit pas
à qui
a
d'autres aspirations ?
aspirations, mademoi-
Et quelles sont ces
selle ? demanda Eusèbe.
—
1
n'avait jamais osé rêver mariage avec elle,elle le
voyait, et son cœur en était froissé: que ne pou-
vnit-elle lui dire
Mais pourquoi ne vous pro¬
? pourquoi ne me dites-vous
pas que vous souhaitez d'être mon mari ?
A la fin elle eut l'idée de le
provoquer de ma¬
nière à lui faire dévoiler le fond de sa pensée ;
noncez-vous
:
—
pas
la conversation était tombée sur les derniers
en disant :
Vous me conseillez donc de prendre le
mots. Elle la réveilla
—
parti qui s'offre à moi ? Mais vous, monsieur
Eusèbe, quand pensez-vous vous marier?
Me marier, moi, mademoiselle? jamais!
Jamais ! Pourquoi jamais ? Etes-vous plus
difficile que moi ? Cet idéal dont vous me par¬
liez avec enthousiasme, il n'y a qu'un instant,
est-ce qu'il ne vous suffit pas?
Oh ! il me suffirait ; mais est-il possible que
je l'inspire 1-— Je ne puis l'espérer; et du res¬
te, je crois que l'amour physique en est le véhi¬
cule; or, comment pourrais-je inspirer l'amour
physique, moi, qui.suis si disgracié?... Enfin,
quelle femme pourrait me vouloir ?
—
—
—
—
Quelle femme ! dites-vous ? s'écria-t -elle
avec une
expression partie du
cœur,
sieur Eusèbe !
Vous ! mademoiselle !
En prononçant ces mots,
moi,
mon¬
—
il se leva de des¬
prit la tète dans les mains et
fit plusieurs fois le trajet de la chambre,
qu'il
parcourait à grands pas sans prononcer un mot
de plus... Elle l'entendait murmurer pourtant :
Vous... vous... ce n'est pas possible... j'aimai
sus sa
chaise,
se
entendu...
Vous avez bien
sieur Eusèbe...
—
celle-ci,
Marie était embarrassée;
quelque chose lui
disait qu'Eusèbe ne pensait
pas au mariage, et,
d'un autre côté, elle ne voulait
pas accepter la
proposition qui lui était faite avant de la lui
avoir fait connaître... ne fût-ce
que pour savoir
quelle impression il en ressentirait.
Elle le fit donc prier de
passer chez elle,
obligé de remonter
d'esprit, on peut même dire qu'il était fort sim¬
ple ; mais celles du cœur, les qualités aimantes,
colles du dévouement, de
l'abnégation, il les
possédait comme pas un. Quant à la beauté
physique, il eût été difficile d'en être plus dé¬
qu'elle
lorsque Marie reçut des propositions do mariage
d'un parti qu'une autre fois elle se fût
empres¬
sée d'accepter. On lui demandait une
réponse;
parle.
haut ; je dirai
le regardait pas,
La situation des deux voisins était
dupes.
L'héritage dont il est ici question est loin de
se chiffrer, comme celui du défunt
Bonnet, par
des millions ; mais il mérite toutefois
qu'on en
peu
alors à
ne
le
n'en étaient pas
un
disposée à répondre à la passion d'Eu¬
sèbe ; mais Eusèbe ne s'y prêtait
guère... II ne
lisait pas dans le cœur de Marie comme Marie
lisait dans le sien. II avait si bien
repoussé de
m-
en
âme'; n'est-ce
qui
faire
Qu'U fût sans façon mis par terre....
Alors le pauvre La Batut
Serait battu, serait battu
Je m'exécute donc. Pour
les circonstances, je suis
cœur
pas là ce qu'il y a de plus
sublime dans l'amour ? Et celui dont Eusèbe
brûle est cet amour tant vanté, si recherché et
candidat!
Plus tard, il pourrait bien se
fond du
—
une
pourvut d'un mandai
ce
se passe au
femme, si
rait le croire...
Si Eusèbe n'avait pu
empêcher que ses dé¬
fauts physiques l'eussent
frappée, il n'avait pas
non plus réussi à dérober à sa vue
ses beauté?
morales, et elle se prit .bientôt à faire cette ré¬
flexion :
Aimer ce jeune homme, ce serait aimer
Ou te bonnet de procureur,
Mais par erreur, mais par erreur !
nous
qui
une
quand elle l'inspire ? Le secret d'Eusèbe était
pénétré au bout de peu de jours ; la jeune per¬
sonne l'avait deviné... Et ce secret ne la
surprit
ni ne la trouva aussi indifférente
qu'on pour¬
Ce La
II
de cacher à
entendu,
au contraire,mon¬
Quoi ! que dites vous ? fìt-il comme dans
l'égarement... tenez, mademoiselle, ajouta-t-il,
j'ai besoin d'air... vous aurez plus tard ma ré¬
ponse... adieu!...
—
Et il la laissa seule.
Quelques heures plus tard,
en effet, Marie re¬
réponse d'Eusèbe.... II refusait....
Dès le lendemain, Marie fit savoir au
jeune
homme qui désirait l'épouser qu'il était
agréé,
et le mariage fut célébré peu de
temps après.
Marie ne revit plus Eusèbe, qui la
fuyait, qu'à
cevait la
de
rares
intervalles....
La mère d'Eusèbe est morte il y a
années.
quelques
Lui, qui allait toucher à sa cinquantaine,a été
frappé aussi dernièrement par la mort ; mais,
toujours fidèle à son culte pour le seul amour
qu'il eût jamais éprouvé, il avait pris des pré¬
cautions : il avait fait un testament par lequel il
léguait ses économies à Marie,devenue Mme***.
Et cette dame ne fut pas peu surprise, lors¬
qu'il y a quelques mois elle reçut l'invitatitín de
se présenter à l'étude d'un notaire
; elle se de-
mandait ce que M° Y.... pouvait avoir à lui dire;
son
étonnement redoubla quand celui-ci lui
eut fait connaître les termes du testament d'Eu¬
sèbe et l'eut déclarée son héritière.
Mais à l'étonnement succéda un sentiment dif¬
ficile à définir, car il n'est pas dans la nature
humaine d'avoir l'occasion d'en éprouver de
pa¬
reil. Cette dame eut toutefois la force de se con¬
tenir devant le notaire, mais
lorsqu'elle fut ren¬
trée chez elle, elle donna un libre cours à ses
larmes
Jamais testateur
ne
trouva reconnaissance
�L'ENTR'ACTE PÉRIGOURDIN.
de semblable nature au fond du cœur de
héritiers.
,T. de La Lìmogeanhe.
ses
M. Beauplumet, qui n'avait plus de doute sur
l'identité de son fils, résolut de compléter son
œuvre en le reconnaissant.
II se rendit à la mairie du 5°, et tous rensei¬
fils
était mort depuis une vingtaine d'années... Le
coup était rude... II revint navré à l'hôtel, et se
gnements pris, put se convaincre que son
fauteuil... « Vous n'êtes
pas mon fils ! » s'écria-t-il en sanglotant.
laissant tomber
sur un
tête. Sachant
tôt ou tard, il
avait pris depuis longtemps ses précautions ..
II se leva donc brusquement, et avec un geste
tragique : Adieu ! M. Beauplumet !
Le prospectus de l'Agence Lecrochu (Recher¬
ches dans l'intérêt des familles, pères, enfants,
Lecrochu ne perdit pas la
bien que tout se découvrirait
degrés, etc.).était attendrissant.
Beauplumet en fut ému jusqu'aux larmes.
« Ces
gens-lâ ont raison, disait-il en se frot¬
tant les yeux. Je suis ici bien tranquille, vivant
largement, et pendant ce temps, lui...', c'est
pourtant mon fils ! » Les sanglots étouffèrent
sa voix. Sans
plus tarder, il prit une plume et
Comment ! vous me laissez, dit celui-ci.
Vous voulez donc que tous les malheurs m'accablent à la fois...
II me serait trop dur de rentrer chez vous
parents de tous
M.
écrivit à M. Lecrochu la lettre suivante
—
—
étranger !
en
:
bien que je ne puis plus
de vous... c'est mon avenir politique
que vous brisez...
Je le regrette ; mais je sacrifie bien ma si¬
tuation, moi !... II le faut ! adieu !
Mais enfin, qu'exigeriez-vous pour re¬
—
Monsieur,
«
«
me
Votre prospectus
Aidez-moi, je
m'a rappelé à mon devoir...
prie, dans les recherches, et je
vous
saurai vous dédommager de toutes vos peines et
soins.
" Samère
était modiste,et répondait au doux nom de
Mélanie. Si mes souvenirs sont exacts, elle habitait au
38, de la rue St
,
au quartier latin.
«
tout
Lui, aurait aujourd'hui de 28 á 30 ans... Mettez
en œuvre
pour le retrouver. Je tiens à réparer
mes erreurs
«
de
—
venir?
Je
ne veux
—
vôtres...
et aux
pas rentrer diminué à mes yeux
Beauplumet ! je serai votre (ils
je ne serai pas...
ou
—
Beauplumet,
Mais comment diable ?...
La lecture de cette lettre
la première qu'il
recevait depuis trois mois, — jeta Lecrochu
dans une grande perplexité. « Vais-je lui expé¬
dier un fils ? se demandait-il. Certes, ce n'est
—
pas ce qui me manqué... J'en ai à la pelle !...
Toute la bohème de Paris défile journellement
dans cette chambre, à la recherche d'un père
cossu... Mais
pourquoi passer la main à un au¬
tre?... Mes affaires ne vont pas... j'en suis à
ma première commande
depuis trois mois que
je suis installé... Ma foi ! c'est dit... Je vais me
mettre en famille...
me
ment vous l'avouer dans ma situation ?...
lez-vous mêla donner en mariage ?
Malheureux ! votre sœur...
Vou¬
Bennureau,
précéder d'une lettre ainsi conçue
Monsieur,
en
se
—
Nullement, puisque...
je
vous l'ai dit, était un homme précieux.
Son beau-père est depuis longtemps député,
et
en
passe
de devenir ministre. Lecrochu ne
Darnob.
parle plus de le quitter...
rant
comme
«
UNE COURSE EN FIACRE.
La scène de
—
Le vicomte lui serrait les mains et s'efforçait
de la rassurer. Mais la mignonne créature en
était à son premier, coup de canif... Aussi 1 rem-
blait-elle
voiture.
Dans
secrétaire.
Agréez, etc..
Je vois
LEcnoéiiu.
»
présentation fut émouvante
:
sur
votre lettre
Beauplumet, que vous vous appelez EmileGeorges... Vous n'avez pas d'autres noms ?
Lccroclui (avec un soupir). — Hélas !
Beauplumet (doucement). — Et... qui donc
vous a
—
Ma
mère !
bonne
tme
son
une
et
sainte
sur
jeter dans la
vie,
sans
soutien,
sans
dé¬
fense...
Beauplumet (de plus
plus ému, et tout près
de se trahir). — Ne maudissez pas votre père,
mon enfant!... qui sait s'il n'a pas souffert mille
fois plus que vous.. La vie a parfois des néces¬
en
sités cruelles...
Lecrochu (haussant les
dant
épaules).
—
En atten¬
je...
Beauplumet, (vivement). — En attendant vous
pourrez considérer cette maison comme la vô¬
tre... vous ne manquerez de rien, et vous serez
iils...
Lecrochu.—Merci mille lois,
comme mon
monsieur!...
II y a bien longtemps qu'on ne m'avait dit d'aus¬
si bonnes paroles. Je vous serai tont dévoué,
je sens que je vous aime déjà...
Beauplumet (à part, les larmes aux yeux). —
La voilà, la voix du sang!... (Haut), Digne jeu¬
ne homme ! M. Lecrochu ne
s'était pas trompé
sur votre compte...
Allez vous reposer un ins¬
tant dans votre chambre, je vais prévenir ma
car
—
là... II m'a
Fort
maintenait
peine les distances, malgré les sommations
et les menaces de M. Béluchard.
Vers cinq heures, pourtant, jugeant que les
amoureux devaient avoir fini leurs confidences,
le cocher jeta l'ancre devant un marchand de
vin, tourna bride, et descendit prendre un
sans
—
—
—
—
Qui ?
Ma femme !
Comment voulez-vous que
conseiller
sa com¬
généra), officier d'académie,
II le conduisit mèine à Paris pour
l'appui du ministère
législatives. Mais ici
s'assurer
aux prochaines élections
un incident survint.
étrenné
d'aujourd'hui
Vous mentez !
Ah ! tum'ennuies, toi!.. Fouille
Mais déjà, les deux bourgeois
talent sur M. Béluchard et le
—
—
et tu verras.
se précipi rouaient de
milieu de la
poste avec le Iìacre.
L'équipée lui a coûté cher ; mais il ne se plaint
Trop heureux de s'être trompé sur le
compte de sa femme... il l'adore plus que ja¬
mais et regrette de savoir suupçonnée un ins¬
pas...
M. Bonnard.
tant.
COMMANDEMENTS BU MUSICIEN
LES
a
sommes
vue...
perdus, s'écrie-t-elle en se
arrière... Théogène est
préluder trop fréquemment.
De
jouer machinalement.
Alto surtout s'éveillera
.
Son
faisant descendre les amoureux dans une
de traverse : « Entrez dans ce petit café,
leur dit-ii ; moi, je vais continuer vers Issy...
L'autre me suivra jusqu'au bout, soyez-en sûr.
Vous aurez de la sorte deux bonnes heures de¬
et
vant
vous.
L'iinportant est qu'il trouve ma¬
maison, en rentrant à six heu¬
dame à la
Bonne chance !...
Et il reprit sa route ..
se
le malheureux Béluchard, une vraie trombe !
purent alors
Et, pendant
ce
reprendre la partie interrom¬
temps, lui allait, allait brûlant
le pavé, et lançant au premier cocher les invec¬
tives les moins parlementaires.
Au coin de la rue Saint-Marcel, une char¬
rette arrêtée le força à stopper pendant quelques
minutes.
nerveusement.
regardera
salle inutilement.
La note plus
Flûtiste ne
Dans la
Piccoloiste
ne sera
Prétentieux aucunement.
Hautbois anches ne
grattera
Que rentré chez lui seulement.
Clarinette bien chauffera
Pour donner le la purement.
Bassoniste bavardera
A f entr'acte
exclusivement.
Cor de ton
ne se
trompera
changer vivement.
Piston jamais ne pensera
Et devra
Que poser tient lieu de talent.
Trombonne, des sons soutiendra
La valeur bien exactement.
Le timbalier
Bien
s'accordera
juste et très rapidement.
caisse maintiendra
rylhme rigoureusement.
Sous-chef pour commencer devra
La grosse
»
Les deux jeunes gens
garèrent dans le petit débit, laissèrent pas¬
ser
et
..
jeu lourd, pleurard, assommant.
Contrebassiste attaquera
•
rue
>
Quand d'attaquer vient le moment.
Violoncelle corrigera
heureusement, le cocher avait entendu
exaspéré et craignant de perdre la
piste des fugitifs, il monte vivement sur le siège,
saisit le fouet et part bride abattue.
Mais le cocher précédent n'a pas perdu un de
ses gestes. Le voyant arriver avec une vitesse
vertigineuse, il tourne brusquement à droite,
s'abstiendra
De
Second violon évitera
en
médon.
A la lin,
l'orchestre.
Premier violon
Le temps presse, cependant... M. Béluchard
crie, tempête, sans pouvoir dénicher l'auto-
pue.
il le íitnommermairede
jo le sache?
Elle était dans votre voiture !
Vous rêvez ! Je n'ai pas encore
place. Mais le cocher, attablé sans doute dans un
cabaret voisin, est introuvable.
avait
ans.
essoufflé,
—
fond de train vers les fortifications.
Le mari, stupéfait d'abord, et ne pouvant en
croire ses yeux, cherche un fiacre pour se met¬
tre à la poursuite des coupables, et éviter peutêtre un malheur. Le n° 1768 stationne sur la
res
grain d'ambition.
mari le rejoignit,
C'est là que le
furieux :
Où sont-ils ?
premier cri... Connaissant la générosité du
en pareil cas, il enlève rapidement son
cheval, et, malgré tous les obstacles, s'élance à
femme de Votre arrivée.
Tels surent les débuts de notre héros. Ex¬
cellent garçon au fond, aimant le bien-être et la
tranquillité, il fit son nouveau métier avec zèle,
et rendit de réels services à M. Beauplumet,qui
mune,
otc...
d'épées
fouet¬
voyait que l'épée ou plutôt la paire
de Damoclès suspendues sur son front, et
tait ses chevaux à tour de bras.
Mais son rival, plus expérimenté,
ne
son
—
.
En deux
habit...
le trottoir, que la circulation soit réta¬
blie...
Nous
vicomte
un
nèbres. C'est en vain que ses deux victimes,
affreusement cahotées et conduites à l'opposé
de leur gare, le tiraient par le pan de son
à arracher les morceaux... Lui, tout à son idée,
—
dant,
Oui ! J'ai échoué partout ail¬
leurs, faute d'un nom... Ah ! les pères en pren¬
nent à leur aise, allez !.
11s se contentent de
traité
au
sans avoir le temps de la réflexion...
Tout à coup, la voiture est arrêtée net par
un encombrement. La jeune
femme, inquiète,
met la tête à la fenêtre, pour stimuler le co¬
cher.
Horreur ! son mari est là, à dix pas/atten¬
rejetant vivement
nous
Gare du Nord !... Rondement,
anxiété, elle aurait voulu précipiter
femme, qu'un indigne séducteur...
Beauplumet (f interrompant vivement). — On
m'a dít que vous aviez tenté du journalisme
à Paris...
Lecrochu.
feuille
danger,
M.
élevé ?
Lecrochu.
comme
les événements et donner tête baissée dans le
d'introduction, dit
«
qui le sui¬
de
faisant
Nous n'avons pas cru devoir le mettre au cou¬
nous-même. 11 croil se rendre auprès, de vous
place dans la voiture eu jetant au cocher :
s'il vous plaît ;
nous sommes pressés... »
Et, ma foi ! ils furent servis à souhait !
Le mari, qui voulait regagner le temps perdu,
partit comme une flèche, écrasant les chiens,
heurtant les omnibus et coupant les convois fu¬
rent
coups.
Eu même temps, plusieurs agents,
vaient depuis une demi-heure au pas
course,
lui mettaient la main au collet et le menaient au
»
peu.
répondit que par un grognement inintelligi¬
ble. Les deux bourgeois s'y trompèrent et pri¬
ne
—
Dame ! Beauplumet dut eu passer par là. II
n'eut d'ailleurs pas à s'en repentir ! Lecrochu,
:
«Votre filé est retrouvé... il vivait avec sa mère,
et s'occupait avec succès de
journalisme... (Ici quel¬
ques détails exacts sur la mère, de façon à convain¬
cre M. Beauplumet).
11 arrivera á Bennureau sous
qui
—
Quelques jours suffirent pour prendre les ren¬
seignements indispensables, et Lecrochu put se
metlre én route pour
lèrent M. Béluchard.
«
Etes-vous libre ? » Le pauvre diable,
avait en ce moment d'autres chiens à fouetter,
verre.
Beauplumet ! vous avez une fille... je l'aidepuis longtemps, mais pouvais-je décem¬
—
rentier à Bennureau-sur-lndre.'■>
»
vous savez
—
jeunesse.
Agréez, etc..
Mais
passer
Un couple d'honnêtes bourgeois passait là,
chargé de bagages et cherchant un iìacre.
Heureux de trouver leur affaire, ils interpel¬
Le
Faire accorder
soigneusement.
Le
Chef d'orchestre heureux
Que tout marche parfaitement
sera
Fortuniò.
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An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_021
ark:/30098/47db
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 21, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
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a470e61246ae7ecad7dbc028d9d8a078
PDF Text
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Prix
Première Année.
:
Numéro 20
10 centimes.
pillllillliiiiiiii'iiiiiiiiiiiiiiiiiuiiliiilllliliiiiiililillli
llill,lll|||||l|lllllilllllllliliiiiiillllllllllllliii|'.iiil|illlliilliis
,liHH i)iiui»iit!iiiii.i.uiii.i)iiiiiiiiiimiiiiiiiii,iiiiiii..i^
LITTERATURE, ARTS,
ABONNEMENTS
-
.
xU
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''JSI
6(<_l
Un an.
3f
(Le8
INDUSTRIE.
COMMERCE,
THÉATt
INSERTIONS
:
:
Annonces..
Six mois.
Réclames.
lf 75
ManoseritH »o"
inférés
ne seront pas
.
.
...
75° la
ls
rendus)
ligne.
—
�L'ENTR'ÀCTE PÉRIGOURDIN.
Le
Périgueux, 23 Novembre 1886.
ami
marquis [avec effusion). — Ali ! ce cher
toujours dévoué ! Faites, et. faites
!...
vite,
ment et lui retira
constance. Tant il ëst vrai
sa
le vice reçoit toujours son châtiment.
que
M. Bonnard.
SCÈNE II.
joséphine, mme
lefourneau,
Xour maître
Xscande,
ÎÌJe
vers courts ;
Dans le quartier, les mères te citaient comme
un modèle. Mais il
paraît que tu oublies à ton
tour mes bons conseils... Au dire de ces deux
messieurs, tu es en train de tourner mal, et le
discours,
ses
G'est bien f image
Xt nul, je gage,
Xn
ce
jj'e voit
baron parle carrément de rompre... J'espère
encore que tu éviteras cette
catastrophe... Si
tu ne le fais
pas pour toi, tu le foras pour
nous, et tu ne voudras pas, par ton inconduitè,
docteur
orateur !
un
Qífais il
certe,
Xaplume alerte ;
•Puis de í' acquit
X t de l'esprit,
la
sur
—
enfin, ils éclairent tout de môme... et s'ils te
quittent, c'est la ruine et le déshonneur pour
tes vieux parents... Léontine, tu ne feras
pas
Qlféme à revendre...
Ht c'est le
mettre
paille, ton père et moi...
Joséphine [pleurant). — Mais, maman, je
l'aime, lui... tandis que tes deux vieux...
Mme Lefourneau.
Je ne prétends pas que
ce soient
des Apollon du Réverbère ; mais
nous
a,
gendre
3)e Secrestat.
ça...
Joséphine [noyée de larmes).
ÍDieu, l'excellent état !
quille, mère, je saurai
v£-t-il Vallure
lajigvre
jacobin ?
G'est peu certain ;
íXussi j'estime,
Soit dit sansJrime,
Joséphine.
Moi,
ce
JOSÉPHINE VENDUE PAR,,. SA MÈRE
en un acte.
I.
première scène se passe chez la com¬
Joséphine de Saint-Ange... ou plutôt chez
la cocote de ce nom.
Le marquis de Hautval, amant officiel, et le
vieux baron de Saint-Paul, amant de cœur,
causent avec animation dans le salon.
Le marquis ne voit en M. de Saint-Paul qu'un
ami de la maison et ignore ses relations avec
la comtesse, Aussi s'épanche-t-ii sans défiance
dans le sein du vieux copurchic.
Je vous assure, cher baron, que Joséphine
—
trompe...
Le baron.
Mais
—
! mais
non
non
ange de vertu, cette enfant.
Le marquis. — Mais, sapristi !
le gredin, hier soir...
! C'est
j'ai
vu
un
sortir
[inquiet). ■— Hein ! vous dites ?
marquis. — Oui ! hier soir, vers onze
heures.
Le baron (stupéfait). — Vers onze heures?...
Mais vous rêvez, mon cher
ce ne peut être
à onze heures...
Le
marquis. — Pardon... J'ai même remarqué
le boudoir sentait affreusement le ta¬
que
bac.
III... ET MORALITÉ.
La mignonne enfant fut fidèle à sa promesse...
Un long temps s'écoula avant qu'elle revit son
artiste... quarante-huit heures à peu près...
Seulement, il fallait bien signifier
congé au
bien-aimé... La comtesse Joséphine voulut le
faire dans les formes et l'inl'orma. par lettre,
qu'elle le recevrait le lendemain soir, à neuf
son
heure-là, ses deux protecteurs de¬
au
cercle, et on serait tranquille,
pour la scène des adieux, qu'elle comptait
prolonger quelques heures.
Le
lendemain, à neuf heures moins le
quart, un violent coup de sonnette annonça un
visiteur. C'est lui, se dit-elle... Rose, allez vite
Le baron
(s'oubliant).
Le
marquis.
— Ce n'est pourtant
lume jamais... Le médecin me
—
Hélas !
ce
fut le baron,
Le baron.
Le mien donc. (.A part). Diâble !
je m'eníonce !...
Le marquis. — Que diable voulez-vous que
—
me
attendant, cette enfant se
moi, et je vais devenir la risée du
fasse ?... En
moque de
cercle...
Le baron.
Savez-vous que
c'est
assom¬
mant, cela !... II vous faut surveiller José¬
phine, mon cher ; ne sortez plus. N'allez au
cercle que deux heures,
faut bien ce temps-là...
Le
le soir...(Apart). II mè
marquis. — Je veux bien, moi ! J'adore
plus que jamais cette petite... Mais ce ne sera
pas gai, tout de même...
Le baron.
Ah ! tant pis ! Vous la laissiez
trop libre, et elle finirait par prendre de mau¬
vaises habitudes... Ne bougez
plus d'ici ; moi,
je vais voir la mère et lui dire, son fait... Ça ne
peut pas durer...
—
bien, le beau jeune homme?
Le bel Oscar
mal
a
au cœur
!
Et voulez-vous savoir la chose
Qui met Oscar au désespoir ?
Certes, vous devez le savoir :
En ville, tout le monde en glose !
Eh bien !
Oscar, le séducteur !
piste,
L'autre soir suivait une
Oscar, à qui rien ne résiste,
trouvé, quoi ?... Le déshonneur !
A
Oscar disait
: «
répond
Pauvre efflanqué !
a claqué :
en pleure encore !
»
«
Et trois fois
Toute
Ah ! je t'adore ! »
sa
main
petite était la main ;
frappait avec rage !
Mais elle
Le pauvre
Tanné
Oscar
comme un
a le visage
vieux parchemin
!
A l'heure de la
promenade
du bel Oscar ;
riez pas, mesdames, car
beau jeune homme est bien malade !
Tourny
Ne
Le
manque
Certes, il
La
ne
doit pas en mourir,
perte serait trop cruelle !
Avec
une
allure
Le cher Oscar
Vous
nous
plus belle,
va
revenir !
manquez,
Allons, vite,
charmant vicomte
;
revenez-nous ;
Mais, de ceci, souvenez-vous :
Femme
gentille
a
la main prompte !
Le Troubadour.
—
entendre aussitôt...
Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda le
baron étonné.
C'est le marquis votre ami ! répondit-elle
payant d'aplomb. II m'avait prévenu qu'il ren¬
trerait de meilleure heure, ce soir... Vous sa¬
—
qu'il est très jaloux. S'il vous voit là, il
capable de nous tuer tous les deux.
Diable ! je n'y tiens pas... Trouvez-moi
donc un coin quelconque pour me cacher...
Mais dépêchez-vous ; je F entends monter...
vez
est
—
Tenez ! mettez-vous vite dans cette caisse
à charbon. Vous n'y serez pas à Taise ; mais
je vous en ferai sortir dès
Le
malheureux
que je pourrai...
s'engouffra dans l'affreuse
la soubrette prévenait rapi¬
dement l'amoureux.
Celui-ci entra et embrassa
Une
:
Ce cher Larose, 20 ans que je ne l'avais
vu. — Oui, 20 ans que j'ai quitté le pays. —Ce
qui n'empêche pas que ton nez, mon cher La¬
rose, n'a pas profité d'une ligne depuis ton dé¬
-—
— Castanié, je suis toujours l'hemme le
plus camard qu'il y ait à cent lieues à la ronde,
tandis que toi, tu as bien le nez le plus long
dont un honnête visage ait jamais été surmonté,
part.
20 centimètres, mon ami, 20 centimètres des
ailes à la racine, il y aurait part pour deux. Ah!
Larose, que ne puis-jè t'en donner la moitié,
une bonne moitié... — Castanié, ce serait le ca¬
deau le plus intelligent que tu aies pu faire de
ta vie, car il nous arrangerait tout aussi bien
l'un que l'autre... Et dire que non-seulement
nous sommes ainsi
maltraités par la nature,
niais nos enfants, mais nos deux femmes ..
Ah ! Larose, nos femmes se signalant par
—
—
étau.
nez
Quand les
..
confidences furent terminées,
prendra ici votre succession, sans que le
aperçoive... Je veux
qu'il passe là toute la nuit. Ce sera notre
vengeance... Sortez par la porte du jardin, tout
doucement... qu'il ne soupçonne pas votre dé¬
bonhomme ci-inclus s'en
part...
Naturellement, la vertu l'emporta, comme
toujours. Le gymnasiarque put sortir sans être
inquiété, et le vieux baron dut rester jusqu'au
matin dans sa boîte. 11 en sortit, le matin venu,
broyé, ankylose, et, ce qui est plus triste, pris
sur le fait par son ami, .qui le
chassa brutale¬
gros
paration
longuement, lon¬
guement, la noble dame, à deux pas du protec¬
teur transi, qui souffrait le martyre dans son
il était onze heures.
Le marquis.va rentrer, dit la comtesse,
c'est son heure !... Ma soubrette est en bas et
l'attend sur la porte. II entrera sans sonner et
après-dîner, le solennel Castanié,
éleveur, et le bon Larose, maître tanneur, devi¬
saient ainsi, se retrouvant après une longue sé¬
des
—
—
savez
Oscar ! le roi de notre gomme...
l'ainant de la main
gauche, qui entra... Défiant et ombrageux il
multipliait ainsi ses visites, depuis huit jours,
pour éloigner les importuns.
Nous sommes perdus. ! se dit la luronne.
Si René arrive, il nous prendra la main dans le
sac !... Justement, je reconnais son
pas, dans
la rue... Sainte Joséphine, ma patronne, proté¬
gez-nous !...
En effet, un nouveau coup de sonnette se fit
boîte, pendant que
Quel médecin ?
Vous
ouvrir !'...
—
.
pas moi... Je ne
l'a interdit...
cela
ma
—
Le baron
Le
danseur de corde... Adieu!
Le bel Oscar est tout rêveur !
Le cher Oscar
gymnasiarque...
C'est plus poétique...
un
A cette
vaient être
Celte
me
un
—
ton
heures.
marquis de hautval, le baron de saint-paul.
tesse
fut
SCÈNE
&§■
lf.
Non !
(pETIT pOTIH pÉRIGOURDIN).
Elle
sacrifier...
fille ! Songe que tu es notre bâton de vieillesse,
et dodeline tes vieux beaux...
Ofourra conservateur !
JComédie... Gauloise,
—-
Mme Lefourneau.
docteur
SCÈNE
Sois tran¬
—
D'un
ce
—
Mme Lefourneau.
Qui est-ce donc,
amoureux ?... Un ténor ?
Xt
Que
me
MHLGMU G'MUK.
U)681
Mme Lefourneau. — Mon enfant, tu ne m'avais donné, jusqu'ici, que des satisfactions.
J'écris et scande
Quelques
ex-mercière,
mère.
sa
ne
particularités qui sont les nôtres, nos enfants
pouvaient manquer d'en recueillir l'hóritage;
et c'est ce
qui est arrivé
:
Rosalie portant un
hors dé mesure, Eustàche et ses frères out
des nez qui ne lè cèdent en rien à celui de leur
mère et au mien. — Dè mon côté, Castanié, c'est
pareillement : Hélène étant privée de nez, aussi
bien que moi, ma fille Clairette, Clarinette,
comme je l'appelle quand je suis de bonne hu¬
meur, se trouve camarde comme à souhait. —
Larose, il faut rire de son infortune, puisqu'il
ne servirait de rien d'en pleurer. Mais tu vois
d'ici d'où vient le
mal, tu le vois
: un
choix
plus judicieux de nos épouses l'eût conjuré.
Toi, Larose, il t'aurait fallu prendre pour femme
un nez comine celui de Mme Castanié,
et à moi
Castanié, le ciel eût mis le comble à ses bien¬
faits en m'accordant une camarde comme Mme
Larose... il fallait de la sélection, du croisement,
il en fallait !...
G'est donc ça, Castanié, que lorsque je
—
�PÉRIGOURDIN.
L'ENTR'ACTE
cherchais
femme,
une
—
et Dieu seul sait ce
qu'il m'a coùté de peines
pour en trouver une,
mes goûts m'eussent
porté volontiers vers
les demoiselles ayant un grand nez. — C'est sûr,
—
Larose, tu voulais faire du croisement sans t'en
douter.
Mais je ne pus en trouver une seule ;
toutes manquaient de l'idée du croisement, et
leurs parents aussi, ils la rejetaient même bien
loin, cette idée, car le père de l'une d'elles, au
—
lieu de m'accueillir les bras ouverts, comme il
eût dû faire, alla jusqu'à me dire, qu'avant de
m'accorder la main de sa fille, il tenait à savoir
comment
je me mouchais? — Comme tout le
monde, lui répondis-je. — Avec un mouchoir?
Certainement.
—
ce
—
Ah!
mon
possible ! et moi qui croyais
des tenailles!
Ce père-là
—
plus, c'était
un
élait
Eustaehe
farceur, Larose ; de
sot, il ignorait ce que l'on peut
la nature
grand esprit; je le répète, Larose, c'est un mal¬
mais il faut s'en consoler.
dis, Castanié, que tu ne peux abor¬
Et tu
première fois quelqu'un sans que ce
ne t'éclate de rire au visage ; Casta¬
nié, mon sort est encore plus à plaindre que le
tien. Moi, je fais pleurer... Oui, la première im¬
pression que je produis a toujours son effet sur
la glande lacrymale... Un oignon Castanié, un
vrai oignon... Eh bien ! vrai, malgré cela, j'ai
des moments de gaîté, je fais bien mes affai¬
res... je puis dire que je suis riche... et
quand
je me trouve comme en ce moment avec un
bon camarade, je me sens heureux, je me
une
quelqu'un
trouve heureux...
Ce cher Larose, sais-tu ce que nous de¬
vrions faire ? Ce serait de ne plus nous quit¬
ter... Mais il faudrait commencer par marier
nos enfants ensemble
En unissant Eustaclitì à Clairette, nous réparerions les fautes de
la destinée; ce que nous n'avons pu faire pour
—
...
nous-mêmes,
enfants de
le tenterions ainsi pour les
enfants... Oh ! il y a longtemps
nous
nos
qu'elles me trottent par la tète, ces idées-là !
Mais, pour les réaliser, je trouvais des obstacles
insurmontables
jè le croyais du moins, car il
me
fallait un camarde comme on n'en trouve
..
le comprends. Larose... vu le nez de mon
pas ; tu
Eustaehe ; j'étais donc très embarrassé, quand
penser à toi... Ah ! si Larose avait
je vins à
fille lui ressemblait, quelle
aubaine ce serait là ! m'écriai-je. Et aussitôt je
t'écris... Tu me réponds que tu as une 1111e et que
ta fille ost tout ton portrait... — Je ne t'ai pas
1111e, et si
une
sa
présenté Clairette, Castanié, car je l'ai
en passant chez une
amie de pension ;
encore
laissée
vas lavoir... et tu seras convaincu que
Clairette est un sujet hors ligne pour tes expé¬
riences... Puisqu'il faut qu'elle n'ait pas de nez,
tu seias servi à souhait, mon ami ! — Ah ! Laroze ! tu me combles ! Et tu verras, tu verras,
mais tu
il n'y aura pas que moi de satisfait; un jour,
Larose, tu me béniras de mon idée... Ce sera
quand lu verras dans ta descendance, dans les
enfants de ta Clairette, de jolis petits poupons
ornés d'un nez à te faire mourir de joie, Laroze,
ainsi que moi...— Et cela, dis-tu, grâce au
croisement de Clairette avec Eustaehe.... Eh
bien ! Castanié, c'est entendu ; il faut dès au¬
jourd'hui même los mettre
conviennent, leur
bientôt
Mais
faite....
Castanié ;
—
au
inonde
as
pas
si
avec
deveniez jamais ma femme.
de
parents...
nos
Lorsque Castanié apprit
—
—
Eh !
et si tu veux
nous allons mettre immédiatement Eustaehe et
Clairette en présence l'un de l'autre, car je crois
idée, il faut la réaliser
;
entendre la voix de Clairette dans l'escalier; ce
doit être elle qui revient de chez son amie.
Un peu après, c'était chose laite ; et les deux
jeunes gens, fort surpris de la conformation de
leur visage, poussèrent simultanément, eu se
voyant, les deux ers: Oh ! — Ah ! — Puis,
convaincu :
? vous me
réveillerez â six heures.
Biographie.
Toute sa vie, Barbanchoux a été un rude tra¬
vailleur, et en môme temps un de ces génies auda¬
cieux qui sont Tliouneur de l'industrie nationale...
Aussi, après quarante ans d'efforts, a-t-il reçu une
récompense hautement méritée :
—
...
II
donné
a
son nom
à
apéritif.
un
*
*
*
Ghamporeau que rien n'était agréable
une jolie femme comme un compliment ayant trait
la grandeur démesurée de ses yeux.
Aussi, pour se mettre dans les papiers d'une brune
l'œil bleu, il lui disait dernièrement :
Quels yeux, cliére madame, quels yeux que les
On
a
dit â
côté, Larose gourmandait sa fille en
ces termes :
Mais, petite folle que tu es, tu
ne sais pas ce que tu refuserais en renonçant à
devenir la femme d'Eustache. Songes-y : tu vas
avoir, dès le jour de tes noces, lout ce qu'il y a
de mieux en belles confections, en dentelles, en
sieur sont couchés.
Madame. — Eli bien ! voyons, Arthur, est-ce que
tu vas lire toute la nuit ? Tu m'empêches de dormir !
Monsieur. — Oh ! chère amie, c'est si intéressant ;
De
à
—
vôtres !
Oh ! monsieur.
.le vo.us jure que vous
le ventre !
—
.
—
—
.
Oui,
papa,
La
Madame.
séparer avant d'avoir fait revenir leurs en¬
prévention réciproque, comptant
qu'elle se dissiperait avec le temps. Us ne se
trompaient pas. Bientôt, grâce aux efforts de
se
—
Eh bien ! lis tant que tu
petit Robert ayant été relativement sage, ses pa¬
Le
|
rents le conduisent au théâtre.
Au troisième acte, il voit sangloter
s'informe
aux
Dis, mère, est-ce que le monsieur pleure pour de
—
bon ?
Non, mon chéri.
Alors, dis, mère, comment pcut-il pleurer pour
—
—
rire ?
*
ser un
après le mariage, Clairette mettait au monde
un
petit Castanié qui avait un vrai bijou de
nez rose et point trop petit ni point trop grand,
selon les prévisions prophétiques de son grandpère.
Caslanié
nez
de
Larose n'eurent pas
plus tôt vu
petit-fils qui comblait si bien leurs
et
ce
que, ne pouvant résister â la joie
dont ils étaient inondés, ils se sautèrent au cou
et se tinrent longtemps embrassés.
J.
de la
Limogeanne.
Connais-tu '.'histoire ?
Non...
—
—
deux
Mais le résultat ? dira-t-on. Eh bien ! le ré¬
sultat de celte soumission aux conseils paternels,
ce résultat ne fut pas mauvais.
En effet, un an
s'embarque sur une nacelle pour traver¬
large fleuve ; il dit au batelier :
Un savant
Larose, qui s'étaient jointes à leurs maris, les
nié fut enfin arrêté.
*
*
conseils de Mines Castanié et
jeunes gens se regardèrent avec plus de
sang-froid ; un soir, en prenant du thé, pendant
qu'on jouait aux lotos, Eustaehe laissa échapper
un compliment à l'adresse de Clairette, qui lui
répondit de manière à lui laisser croire qu'elle
le trouvait aimable. La glace était rompue ; un
pas de plus, ot ils consentaient à devenir femme
et mari
Chacun y alla de son petit effort, et
le pas fut fait. Le mariage tant désiré par Casta¬
le père-noble et
:
fants de leur
chacun et
voudras....,
mais, alors, éteins la bougie !
—
il faut bien ça...
Castanié et son ami Larose se concertèrent ;
il en était besoin. Ils se promirent de ne pas
joies du ménage :
scène représente une alcôve, madame et mon¬
permets-moi encore une page ou deux.
mais il a le nez si
long ! — Ça te va bien de critiquer son nez, toi
qui n'en as pas. — Ni vous non plus, papa.
Ce n'est pas la même chose.... Un homme
peut s'en passer... Une femme, c'est différent...
Si elle n'en a pas par elle-même, il est bon que
son mari en ail pour elle.... Un nez pour deux,
*
*
Les
—
diamants..
les avez plus grands que
*
son
Alors, tu as perdit la moitié de ta vie ! Connais-
—
tu
les
—
mathématiques ?
Non.
Alors, tu as perdu les trois quarts de ta vie !
peine le savant avait—il prononcé ces trois mots
qu'un coup de vent fait chavirer la barque.
Sais -tu nager ? demanda à son tour le batelier
—
A
—
au
pauvre professeur, qui se débattait dans les flots.
Hélas ! non.
Eh bien ! tu as perdu ta vie tout entière.
Tète du professeur... qui disparaît sous l'eau.
—
—
★
*
*
peu tard en son logis et sonne
une douzaine de fois â tour de bras avant que l'on so
décide à lui ouvrir.
Le lendemain, il adresse ses plaintes à son concierge.
Celui-ci hoche la tète et répond :
C'est ennuyeux, je le sais, mais il n'y a pas de
Un locataire rentre
un
—
ma
faute...
Puis il ajoute, avec
me arrivé :
—
Car, enfin,
«
la cordiale bonhomie de l'hom-
je l'ai été, moi aussi, locataire... »
#
Un célibataire à la
*
recherche d'un domicile
passe
de¬
maison où il lit l'écriteau : Chambre à louer
rez-de-chaussée.
vant une
au
II s'adresse au propriétaire, qui lui fait voir quatre
veufs de cheminée, de papier, éclairés par une
lucarne et suintant l'Iiumidité.
murs
—
Voyons! s'écrie-t-il, qui est-ce qui a bien pu de¬
meurer
dans
ce
taudis ?
Mais, monsieur, répond le propriétaire avec di¬
gnité, 011 y a longtemps conservé une voilure à bras.
—
MM rWIRj
—
cette
•—■
à
à
La faute de ta femme !
Oui, mon ami, trop d'élan, trop d'abandon..
chaque naissance, mon nez surgissait, hélas !
comme à plaisir ; j'avais beau dire à liosalie :
'< Madame,
pas tant d'ardeur ; tenez mon nez
pour une quantité négligeable., pensez à mon
esprit, rien qu'à mon esprit, » Eh bien ! Larose,
c'était comme si je n'avais rien dit
— Cas¬
tanié, c'est très fâcheux ; mais qu'y faire ?...
Maintenant, revenons à ton idée. Je tiens à
rend à la Chambre pour as¬
se
si tu étais assez abandonné du ciel pour
persister dans cette résolution, c'en serait à
jamais fait de ton bonheur!... Mon fils, n'auraistu donc pas saisi mon idée ? Tu sais par moi ce
que l'on peut attendre du croisement ; n'auraistu pas compris que Ion mariage avec Clairette,
c'est pour tes enfants à venir un vrai bijou de
nez ?
c'est leur rentrée dans le giron de la
grande famille humaine ?... As-tu saisi cela ?
Et si tu l'as saisi, Eustaehe, diras-tu encore
que tu n'épouseras pas Clairette !. .
ne me
A
1T PQTIMB.
Bolingard, député,
reux,
mes enfants n'étaient venus
le nez trop connu qui dépare
femme...
:
sister á la discussion du budget.
II s'assied, appelle l'huissicr, et d'un air
Comme tous les jours, n'est-ce pas
qui s'était passé
ce
visage ; et pas d'exception, Larose, pas la
moindre petite exception... C'est bien un peu la
ma
ÉCHOS
dans l'entrevue des deux jeunes gens, il fut
vivement contrarié. — Ah ! tu voudrais résister
à la volonté paternelle, Eustaehe, s'écria-t-il
avec le ton qui lui était familier, et lu refuserais
de devenir le mari de Clairette. Mais, malheu¬
mon
faute de
oreille
ont,.
.
marier, s'écria Clairette ; je vous préviens
que je n'épouserai jamais un homme qui a le
nez si long... — Et moi, je m'altriste de vous
rouver si camarde ; je ne peux pas me figurer
espérances,
ainsi, Larose, et je
réveille !
Espep.anza.
nous
d'autres enfants,
—
mon
L'arnour est de toute saison !
—
le
fait-il que
se
Le sort l'a voulu
plaindrais
tu
cœur se
voix chante à
—
présence. S'ils se
sera une affaire
Trois autres. — Trois ?
tu aies tant d'enfants,
moi, je m'en tiens à ma Clairette
paraìt-il, Castanié ?
Comment
en
mariage
sa
—
que vous
un
Et
—
mais, si, au lieu de pleurer ou de rire, comme
nous saisons, nous nous entendions pour résis¬
ter à la volonté de nos parents ? — Ça, c'est
une idée, je l'accepte ; résistons à la volonté
fìt-il, estc'était avec
Allons, que ton
aux
que
guidait, elle t'inspirait; c'est un malheur que
la destinée no L'ait pas permis de suivre la voie
indiquée ; et toi et moi nous n'avons rien à nous
reprocher, après avoir tenté l'un et l'autre ce
que nous avons pu... Vois-tu, Larose, nos nez
cherchaient des contrastes, ils n'ont trouvé que
des similaires... c'est que, mon ami... les nez
proposent et Dieu dispose, selon la pensée d'un
der
venir
était brusquement
prise d'un fou rire. Quoiqu'elle fût habituée à
l'efl'el qu'elle produisait sur Eustaehe, elle était
néanmoins vexée, et s'écria de mauvaise hu¬
meur :
Pourquoi pleurez-vous, monsieur ?
Et vous, mademoiselle, pourquoi riez-vous ?
Je n'ai ' pas pu faire autrement. — Ni moi
non plus. — Vous avez commencé, monsieur.
Non, mademoiselle, c'est vous. — On veut
te
—
lui
larmes
les
Dieu!
obtenir du croisement. Mais tu le vois,
heur,
sentit
yòux, pendant que Clairette
*
C'est, l'hivor ! Le ciel
gris surplombe
Sur les coteaux tout dévêtus !
Un borgne gageait contre un homme
bonne vue, qu'il voyait plus que lui.
Le pari fut accepté.
J'ai gagné, dit le borgne, car je vous
bosquets on n'entend plus
ramier, ni la colombe !
—
yeux et vous ne
C'est l'hivor ! et la
Los
En
Je
neige tombe,
gais rayons sont disparus.
mon logis, pauvre reclus,
ressens
on ma
maison
:
—
—
Tu
vois deux
—
Autour de moi tout s'ensoleille!
—
m'en voyez qu'un.
***
C'est drôle, disait hier un pochard, quand une
rivière n trop d'eau, ça s'appelle une crue. . Et quand
un homme a trop de vin, ça s'appelle un cuite !
le froid de la tombe !
Une lemme entre
qui avait
—
Par les
.Ni le
# #
pleures ! Dis-inoi la raison ?
—
—
Ah ! mon pauvre ami, quelle
Comment ?
II paraît que votre femme...
Ma femme me trompe. Eh
nouvelle !
bien *? Apprenez,
�L'ENTR'ACTE
monsieur,
la situation de... mari
celie de sous-préfet !
que
slal.le que
trompé est plus
ZAG.
PÉRIGOURDIN.
AVIS AUX
Allons, mon
Raconte ici, devant ma cour,
On sait que, depuis quelques années,
éditeurs
du Calendrier acceptent des annonces pour être
annexées à cet utile Recueil. Le monde indust riel et
I
Le Calendrier-de la Dordosne,pour
1887, est en préparation et paraîtra prochainement.
les
drôle,
Ton voyage, il doit être
Dis-nous bien tes exploits
d'amour ! »
commercial de notre département a eu
C'est un beau pays que la France,
On y boit, on y mange
;
Je n'ai connu que l'abondance,
Papa, je n'ai manqué de rien.
Là-bas, jamais on ne lésine,
Par jour je coûtais cinq cents francs ;
Ma foi, j'aime assez la cuisine
Que l'on mange au pays des blancs.
Atchi !! je rapporte un bon rhume ;
C'est que, sur le pont du bateau,
La nuit, j'ai trop senti la brume;
Atchi !! j'ai le rhume au cerveau!
En amour, je dois vous le dire,
Je reviens te! qu'à mon départ ;
Ah î j'ai reçu plus d'un sourire
De ces dames du boulevard I
Karamoko, le charmant prince
Est de retour, Allah ! Allah !
En son honneur le peuple pince
Le grand pas de la bamboula.
II faut voir dans la
Du vieux roi-nègre
capitale
Samary,
Quel bruit de llùte et de cymbale,
C'est un brillant charivari ì
Soudain le
peuple fait silence,
Le grand roi parait ! 11 fait voir
Les présents apportés de France
Pour offrir au bon peuple noir.
Le grand roi sur le front se place
Un bonnet de poil à gland d'or !
Comme sceptre, il tient avec grâce
La canne d'un tambour major !
»
ici,
Viens
mon
Toi, général, je ('administré
de pompier.
Venez, officiers de ma garde,
Vous qui marchdz sans pantalon,
vous
casque
Ma conduite fut
En ce voyage à
de dragon.
Le vieux roi s'écrie : Imbécile
Tu me fais un fichu pacha I
Voici
Un bel
ma
anneau
pour votre nez
ipp/
('ancienne impri¬
i)i recteur), à Pé-
ligneux.
Nota.
—
11
st r i
toute annonce
adressé
à
Calendrier pour
un
d'une page.
les libraires de
En vente chez tous
et
('imprimerie E. Laporte : La
physique de
Périgueux,
Régénération
i.'homme et de la femme, avec
PRIX
!
:
2 FRANCS.
petit livre dont
parlons, se trouve aussi chez l'auteur : F.¬
Gabriel JUGE, à Exeideuil (Dordogne), au prix
de 2 fr. franco et seulement contre l'envoi d'un
L'intéressant et très sérieux
nous
mandat-poste. 1
Le Gérant
I
:
BILLAMBOI3.
Périgueux, inip. LAPORTE, aae.
Dupont et O».
23/Yopf/fS
J88â
p%s0 SŒURS
f
ûyeccc l-ouspe
var
J/i'3
p/yi.
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T^eudcz àuLjOyJille SMP. ?
ifs douze no ces
JCWCW,L
sciera 1\U ÛauaU
jTlon&soL
pLiíi/jhar
dey. _
ÍÁìo. Ouvcuid
foíéjs/úta.
ToLVuix
.Seiycu/iíiie. —
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LÌ-CÙ-LS^C
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D auu'non.tí ore^t
l^oíse.
LcuLûtcr
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^ouvusl'oG
_
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Jóeccct-' ,
? oûuaÚe-
JHr-'JacaL.
Gc-nna_u\ >
//IccLrz^uJt—.
iSaroJ/
3
héliogravures rouge et noir.
Le Tboubadoub.
!
10 francs.
5 —
Les commandes sont reçues à
merie Dupont et Ce (E. La porte,
Ici, je rapporte, mon
cour, plus de larmes,
j'ai des cadeaux, venez !
pour rehausser vos charmes :
Dames de
Pour vous
ANNONCES :
Une page
Une demi-page.
digne, austère
l'étranger ;
père,
Intacte ma fleur d'orangerI »
Alors, le beau sexe défile
En répétant trois fois : Allah !
Fiers soldats, que pas un ne bouge,
On va vous coller au nombril
Une vaste étoile en drap rouge ;
Ce costume est vraiment gentil !
année,
jusqu'au 30 novembre.
PIIIX DES
moi
Le beau sexe, malgré sa pose,
Ne m'a vraiment pas enchanté
offre celte cocarde
un
que
La femme, comme un
Porte une bosse au bas
Ce brillant casque
Avec
Calendrier
les intéressés que les annonces pour le
de la Dnrdogne ne seront reçues, celte
dromadaire,
du dos !
J'ai vu Nana, Palmyre et Rose,
Leur galbe est ma foi trop vanté ;
premier ministre,
Annuaire départemental doit
paraître à époque fixe et que des demandes de publicalion nous sont chaque fois adressées trop tard
pour être insérées, nous croyons devoir prévenir
Là-bas, chose extraordinaire,
El qui me laisse sans repos,
Prends l'armure d'un cuirassier ;
Je
ble igi orer que notre
j'ai vu mainte dame
Relever bien haut le jupon ;
Je n'aime pas lant la réclamé,
Cela ne mê dit rien de bon .
Devant
bien vite
compris les bénéfices qu'il pouvait retirer de ce
mode de publicité, car le nombre des corn m mdes a
toujours été en augmentant ; mais comme on sem¬
«
bien
Sous les palmiers et les platanes,
Du Congo jusqu'à Tombouclou,
Résonnent tams-tams et peaux d'ânes
Pour le fils du grand Manitou !
DODDOGME.
DE LA
!
fils, prends la parole,
RETOUR DU PRINCE KAHAMOKO.
COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS
A vous, mes superbes aimées
Colliers et bijoux merveilleux
Pas d'étoffés, mes bien aimées,
Sans voiles vous êtes bien mieux
rfacAel-,
uuevùv
^acicu'eL
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_020
ark:/30098/47fn
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 20, 1892
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/1158b9cfe88d1d0ca7ff7e686bcb412a.pdf
7f04d55910ea9b4aaf5bf89b33e76488
PDF Text
Text
Première Année.
Numéro 19
�L'ENTR'AGTE
Périgueux,
3tu harnais de
ravissement. Jamais il n'avait rien
vu de
plus
exquis, de plus suave, de plus piquant que ce
petit nez retroussé tout plein de malice, que
cette bouche arrondie où brillaient des
petites
6 Novembre 1886.
tambour-major
plon¬
regard dans la rue,
dans l'ondulation souple de ses
sorte de
grâce féline pleine de
promesses et de séductions. Chaque fois qu'elle
se
penchait, son petit fichu de dentelle fuyait
ses
épaulés et montrait, dans l'encadrement de
sa chemisette, aux
yeux ravis de Moulinard,
des rondeurs veloutées, miroitantes comme le
marbre le plus pur, qui lui donnaient des fris¬
sons de volupté.
Armande avait déjà jeté quelques bribes de
son bonnet
par-dessus les moulins, et la co¬
quette ne manqua pas de s'apercevoir de l'iim¬
pression qu'elle avait produite sur le célibataire.
Elle eut pour lui des mines câlines et provo¬
geant
qu'il dise ou quoi qu'il chante,
f,on Vappelle 3jaab ou Ghoppart,
Sa verre est fort désopilante.
<iA.ii!
amusant iM'onthabor
Qjie Douât le tambour-major !
Ayant très bien su mettre à Jlot
Sa barque directoriale,
Avec du bonheur dans
31 pourra
dorer
Vraiment,
nos
3jin
31
3)e
sa
son
lot,
bons
feront dp belles recettes ;
s'emplir ses gradins
nospschutteux, de nos coquettes...
soir
Ah !
très malin 3fcnthaber
un
sue 3)onat le tambour major !
aura
Gar,
de nombreux
amis,
joyeuse bannière,
33n gaillard habile il a mis
A. h !
un
avisé Qfon thabor
Q_ue Douât le tambour-major !
NS-
M EMÌÏ! WM.
vingt ans, modeste employé'du chemin de fer,
il avait gratte du papier, confectionné des let¬
tres d'avis,
aligné des chiffres tout en rêvant
une existence de
Sardanapale, des orgies de
pêche à la ligne
les bords de F Isle, des jour¬
assis sous les arbres touffus de
Tourny, loin des tracasseries de ses chefs, af¬
sur
nées paresseuses
franchi des tortures de l'heure réglementaire,
de l'amende impitoyable, cette terrible
épée de
Damoclès dont les menaces incessantes avaient
fait tomber un à un ses cheveux et dénudé son
crâne. 11 avait bien quelquefois
songé aux dou¬
ceurs de Thymcn, entrevu dans ses rêves une
femme idéale entourée d'une troupe de bébés
qui lui grimpaient aux jambes et le délassaient
des monotones fatigues de son travail ; .mais il
avait bien vite chassé ces fallacieuses images.
Ses faibles appointements ne lui permettaient
pas un pareil luxe, lui qui, pour arriver à la
tin.de chaque mois, était obligé, selon l'expression adoptée, de tirer le diable par la queue, et
il s'enfonçait stoïquement dans sa coquille de
célibat tire à perpétuité.
Entin le sort lui sourit. Un héritage inat¬
tendu lui tomba comme du ciel. Ses rêves al¬
laient devenir des réalités. Inutile de dire qu'il
eut tót donné sa démission et
qu'il se précipita
à
perdu dans la liberté,... Combien lui
parurent douces les premières journées !...quels
repas pantagruéliques consommés au Chapon
Fin !.. que de pipes bourrées et vidées devant
une chope de bière à la porte du
Café de Pa¬
corps
ris!...
Hélas\! la satiété arriva bientôt... Peu à
peu le vide s'était fait autour de lui depuis que
ses
habitudes étaient bouleversées, l'en nui s'en
et l'idée du
mariage .lui revint. .. Après
mêla
pourquoi
tout,
sait-il
un
ne me
matin
en
marierais-je
pas
?
di-
se
arpentant sa chambre et
en
lançant des regards obliques et interrogateurs
dans sa glace... Sacreblcu ! je ne suis pas trop
dégradé, je pourrais bien plaire
ble!...
c'est triste
quelle vie énervante !.
que
encore, que
dia¬
vieux garçon!...
un
.
11 avait à peine fait ces réflexions
qu'une fe¬
nêtre en face de la sienne s'ouvrit et encadra la
plus jolie tête brune qu'aient jamais portée
épaules blanches et rondes de jeune lille.
Armande, modiste
chambre, habitait de¬
puis deux jours seulement le quartier, ce qui
en
explique pourquoi Moulinard
corc
ne
Pavait
pasen-
remarquée.
II resta
un
instant
train
et
plus inexplicable
sa
mots
port
colère s'éteignaient dans son cœur et
trébuchaient dans sa gorge.
de tendresse réveilla dans le cœurdu jaloux
dernier reste de fureur, et il la repoussa
d'un geste nerveux et brutal.
Armande reçut celte boutade sans broncher.
Elle ne répondit pas; mais sa bouche .s'était
plissée
et ses
petites dents mordillèrent le bord
lèvres. Ensuite, elle
de
ses
la
causeuse
tends ! >•
Ils demeurèrent
mait
qualifiait
et
tôt de
le
pour voir la mine du jaloux. Le mo¬
était critique ; il fallait au plus vite se ti¬
rer de là ;
mais Armande était femme jusque
dans le bout des ongles, femme avec toutes ses
ressources. Une idée lumineuse traversa aussi¬
tôt
son
esprit, et elle partit d'un éclat de rire si
sonore, que
sarmé.
il
faut que vous soyez
voyant, monsieur mon mari,
voir
cocher de fiacre qui le condui¬
et, la tète pleine d'idées
comme dirait Rabelais, arriva enfin à
cornues,
Périgueux.
11 était m.'di. Les
d'Armande, à
persiennes de la chambre
demi fermées, tamisaient
une
douce lumière qu'adoucissait encorel'épaisseur
des rideaux de satin. La jeune femme, envelop¬
pée d'un peignoir de cachemire rose, le corps
paresseusement étendu sur une causeuse, lais¬
sait reposer sa mignonne tète sur l'épaule d'Aentre
les deux
qu'éçhange de tendres baisers,
que
amoureux
doux
serre¬
sentit dé¬
se
peu clair¬
pour n'a¬
sous ce déguise¬
bien
dit-elle,
pas connu mon écriture
maladroit. Je m'ennuyais
ment
seule, éloignée
de vous et j'ai voulu, par ce petit stratagème,
hâter votre retour et mettre votre confiance à
l'épreuve. Séraphin, tu es un ingrat... tu ne
m'aimes
plus...
Puis, elle
sc
détourna
ensevelit
et
son
front
dans ses deux mains qu'elle inonda de larmes.
Moulinard la regarda d'un air convaincu. En
retrouvant sa femme innocente ,il voyait s'ouvrir
devant lui plus belles que jamais les perspecti¬
ves de son amour et de sa félicité intérieure.
Son courroux olympien calmé, il prit d'un
brusque les deux mains d'Arman¬
avec fougue et s'excusa del'avoir
indignement rudoyée ; mais, elle se fit long¬
temps prier avant de pardonner.
Depuis lors, la plus grande harmonie règne
dans le ménage, et l'ami Moulinard met tout
en œuvre pour faire oublier à l'ami Anatole ses
mouvement
de, l'embrassa
horribles soupçons.
Jean
de
L'Icakie.
REPRQQMESa
oublié do ce que vous me dites.
Voilà cinq ans bientôt, par un beau soir d'été,
Et ! vous ne savez pas le niai que vous me lites,
.le n'ai rien
anéanti, foudroyé... Armande, sa femme bienaimée, son idole, sa perfection n'était plus
qu'une vulgaire courtisane... Non, cela ne pou¬
un
Moulinard
franc, si
—
coup inattendu, Moulinard entendit un
horrible tocsin bourdonner dans sa tête ; il ne
pouvait en croire ses yeux... II était écrasé,
d'Orléans,
mais il extirpa aussi¬
pap'er
ce
sit à la gare
femme d'épouse infidèle.
poche la lettre délatrice.
sa
envieux voulut détruire cette félicité.
II n'y avait pas vingt-quatre heures qu'il était
à Paris lorsqu'il reçut une lettre qui le mettait
au courant de la conduite de sa femme.
fébrile, héla
sa
ment
n'y a pas de bonheur parfait. L'existence
Séraphin Moulinard était trop heureuse pour
ne
pas subir le sort des plus belles choses. L'amour et l'amitié remplissaient toute sa vie ; un
malle d'une main
Elle fière,
instant ainsi.
Armande la lui arracha d'un tour de main et",
la lisant, fit glisser ses yeux par-dessus
II
sa
sur
tout en
de
faires... Aussitôt il boucla
un
Celle-ci voulut protester,
entrait dans la maison de son ami comme un
locataire dans ses meubles, endossait sa robe
de chambre, coiffait son bonnet grec et, tout en
fumant les panatellas de d'amitié, réparait avec
l'ardente jeune femme les lacunes que faisait à
leur amour la contrainte journalière.
ami, son frère, le
trahissait, lui Moulinard, qui lui avait si sou¬
vent ouvert sa bourse et son cœur, qui n'avait
aucun secret pour lui!... quel réveil affreux !...
Après tout, il verrait bien... au diable les af¬
laissa tomber
arrogante, lui, le buste droit, la tête haute et
dans la surexcitation qui suit une brusque et
violente attaque de jalousie. Mais la situation
ne s'était nullement détendue : tantôt'i! s'ani¬
Appelé il y a peu de temps à Paris pour tine
d'intérêt, Moulinard veut amener sa
femme, mais elle a ce jour-là une névralgie de
commande. A peine était- il parti qu'Anatole
son
se
qu'elle venait de quitter, battant la
mesure avec ses
pieds et toisant d'un regard
froid son mari, ayant flair de lui dire : « J'at¬
affaire
être, Anatole,
les
un
de cette amitié ? Au dire de certains, il est fla¬
mant d'Armande.Le mari n'y volt
que du bleu,
et les petits mots lancés à l'oreiIle, les chuchote¬
ments malicieux vont leur train.
vait pas
grands yeux noirs, tout sem¬
ses
La jeune femme courut à lui pour lui faire
collier de ses bras caressants; mais ce trans¬
l'éperon du plaisir. Séraphin l'a pris en
grande amitié, rit de ses facéties et l'a au moins
quatre fois par semaine à sa table. Abuse-t-il
A
précipités... Armande pâlit,
un
du
natole. Ce n'étaient
dans le
de
Anatole Trufard, l'élève pharmacien du coin,
est de toutes les réunions. II est
grand, blond,
ni beau ni laid, avec cela un peu artiste et grand
train
»
blait le convaincre de son innocence ; aussi demeura-t-il un instant muet, stupéfait,et, comme
le grondement d'un orage qui passe, les éclats
ses
cotillon, qu'il conduit avec un en¬
admirable ; en un mot, c'est le boute-en¬
des pas
sous
le calme de
me,
de dévouement. A le
épanoui, le regard ra¬
dieux, la lèvre souriante, on ne reconnaît plus
le morose employé toujours en bisbille avec ses
chefs, avec le public et tout ce qui l'approche.
II est aimable pour tout le monde et, en hom¬
me modèle, il accueille avec bienveillance les
invités de sa femme. Sa maison ne désemplit
pas ; les fêtes s'y succèdent et on y dîne à l a-
amateur
sur
bombe dans la chambre.
II marcha d'un pas saccadé, les poings fer¬
més et en jetant un regard investigateur dans
tous les coins et recoins. L'ingénuité de sa fem¬
venant.
Séraphin Moulinard s'était assis pendant
vingt ans devant le même bureau, pendant
disaient
Je t'aime !...
une
c'est un ange de vertu,
voir maintenant le front
3'lus d'une aimable cantinière.
se
«
l'appui de fer pour sauter dans le jardin, le mari,
le front tcut emperlé de sueur, pénétrait corn me
s'empressa d'accepter.
Aujourd'hui Séraphin Moulinard se considère
comme l'être le
plus heureux de la création. Sapetite femme est expansive, caressante avec lui
et prend des airs de colombe effarouchée
quand
un
galant l'approche de trop près. Pour lui,
sous sa
C'est
;
rayons
main et
:
troubla, Anatole courut dans tout l'appartement, comme une souris aux abois, et s'éclipsa
bjentôt tout affolé dans un couloir. Un balcon
était à l'extrémité et, pendant qu'il enjambait
,
sa
divins
se
Armande. toute surprise, vit tout à coup
s'ouvrir devant elle des perspectives rêvées et
fous souhaitons bien franchement
(sue parmi nous jouant à l'aise,
31 incarne agréablement
331 longtemps ta gaîtéJrançaise.
31
crier
un
la sirène, lui offrant son cœur,
dix mille livres de rente.
heures qu'ils
mots
quand ils entendirent les marches de l'escalier
des beau x yeux de sa voisine. Un
n'y tenant plus, il refit le nœud de sa crâvate, allongea ses manchettes, et, l'œil brillant,
la joue empourprée, courut se jeter aux pieds de
aux
verra
G'tst
II y avait deux
les tons ces
Pendant plusieurs jours, Moulinard avait fait
des efforts inouïs pour se contenir; mais son
cœur lui
échappait, se dilatait et s'épanouissait
3'érigou rdins
d'exquises seri¬
que ramages
tous
cantes.
timbale.
mains,
nettes.
et
Car, quoi
un
de temps à autre
il y avait
membres une
de
ments
dents de nacre. Le soleil mettait des teintes d'or
dans ses cheveux ébouriffés, ravivait l'éclat diamente de ses
yeux et donnait un certain relief
á sa beauté.
Elle allait, venait dans sa chambre,
3\eve'lu pçur ta circonstance,
Ofaitre Douât, chamarré d'or,
.fous ajait rire à pleine panse.
3Jes succès il a bonne part,
G'est
PÉR1G0URDIN.
Alors
'
qu'au monde seul, c'est vous que j'ai fêté.
Je ne puis plus aimer,disiez-vous,ma mignonne,
Comme vous le voulez ; mon âge et les chagrins
•
M'ont fait un cœur de pierre et les bonheurs qu'il donne
Ne viennent pas de vous... Ainsi va le destin !
«
J'ai trop souffert d'aimer lorsque j'avais votre âge,
.Une enfant comme vous, vous ressemblant un peu :
Elle avait comme vous la pâleur du visage
Qui fait valoir les
yeux
bleus et tout pleins de feu.
Ah ! vous l avez aimée. Alors
Cette adorable enfant dont vous
>,
qu'est devenue
parlez souvent ?
«
»
Fillette ! ne ris pas ! Dans la grande avenue
D'un lointain cimetière, elle dort pour longtemps >•.
«
Alors, depuis ce jour, respectant votre peine,
Pas jalouse du tout d'un amour si constant,
Avec vous je pleurais, quand,aux bords de la Seine,
Je
vous
la
rappelais, moi qui
vous
aimais tant.
Puis très loin dans les bois, vous me
Qui me prenaient au cœur, car vous
disiez des choses
aviez ma foi,
�L'ENTR'ACTE
PÉR1G0URDIN.
de le renvoyer
daire Rómieux, et oa s'empressa
à Samt-Mandé... où il est mort.
Et
je vous écoutais! mes joues dévenaient roses
Après nos longs baisers ! Pourtant ce n'est pas moi
-iitiii.va7.it
jadis aimé qui de ton cœur s'élance
jusques à moi que ton rêve embellit.
.
Esteulo.
MIDI !...
J'ai lu hier, dans une petite feuille impéria¬
liste de Paris, une nouvelle nécrologique qui a
réveillé en mon esprit tout un monde de sou¬
venirs. Celte nouvelle était pourtant très laco¬
Nous apprenons
»
avec
;
la voici
:
regret la mort M.
Marc
l'eiiregistremenl, qui,
depuis l'avèneinent de la République, vivait retiré a
Sl-Mandé, où 11 ne comptait, que des amis M. Ilenlave avait longtemps servi l'Empire, et il conservait
pour ce régime, cher à son cœur, un culte tout parti¬
culier Sou plus
grand plaisir était de causer du gou¬
vernement impérial et des grandes et belles amélio¬
rations dònt Napoléon 111 sut doter la France. »
De»lave, ancien
receveur
de
N'en déplaise à la petite feuille parisienne en
question, nous avons connu Marc Ilenl'ave et
nous pouvons en causer aussi savamment que
Fauteur des lignes qui précèdent.
Le défunt était un bon et joyeux drille, qui a
laissé dans, la Dordogne des souvenirs assez
piquants. II futmême, dans noire département,
le héros d'une aventure que nous allons
dans l'Enlr'acCe, en priant nos lecteurs
risquer
de ne
pas la rééditer devant les dames... sans
celles-ci se soient préalablement munies
éventail ou de Fintéressanle petite feuille
que
d'un
de ce
nom qui. à la rigueur, leur servira à dérober le
rouge que ce récit ne saurait manquer de leur
taire monter
C'était
au
front.
1868
vers
ou
avoir fait,
d'Italie... après
1869. Après
gloire, la campagne
longtemps amusé, par ses jovialités, le
101e régiment de ligne, où il servait comme
sous-lieutenant, le bel 1 lenl'ave éprouva le be
soin de prendre sa retraite". Quelques-uns de
ses amis, bien placés dans la faveur du souve¬
rain, obtinrent pour lui — Dieu sait comme !
un
bureau d'enregistrement de troisième
classe-dans un de nos plus riches arrondisse¬
non sans
avuir
—
Henlave
ments.
accepte sans
trop réfléchir
qu'il n'est nullement préparé à semblable beso¬
gne ; et, sa nomination en poche, débarqué,
un
beau soir, clans
son
bureau, où il était im¬
pudemment attendu. II se couche aussitôt et rê¬
moyens de se faire bien venir de la nou¬
ve aux
velle clientèle
en contact.
avec
laquelle il
va se trouver
Le lendemain matin, les contribuables, qui
ont appris son arrivée, commencent à carrillonner à sa porte. Mais le nouveau fonction¬
naire avait un défaut, un lout petit défaut : il
à
lever de bonne heure ! 11 lait
longtemps la sourde oreille. Drelin, d ré-
n'aimait pas
doue
se
lin, drelin ! la sonnette continue à tinter. Enfin,
impatienté, il sort de son lit, court à la fettèlre,
qu'il ouvre à deux battants, retrousse sa che¬
contribuables attroupés....
chose qu'une cote de contribution ;
exhibant eniin son visage, leur adresse
mise et montre aux
tout autre
puis,
ces
simples mots
Quand
—
tout
ce
le pour
que
:
vous
viendrez avant midi, c'est
vous verrez de moi... Tenez-vous
dit !
quelque temps de là — celle inenrtade
ayant fait du bruit — Marc Henlave craignait
pour sa place, quand le préfet d'alors, qui n'é¬
tait autre que le regretté M. de Saint-Pidgent,
À
trouvant en tournée de révision, vint à passer,
dans la localité. Vite notre jovial fonctionnaire
court chez lo maire, auquel il avait, déjà offert
se
plusieurs bons cigares, et lui demandé d'obte¬
nir pour lui une audience du premier magistral
du département. Le maire s'étant acquitté de
cette
commission
DE M11" AURORE-
—
duel Ruffin, publié dans le numéro 16
journal, et qui produisit, dans le temps,
une certaine sensation à Périgueux, donna lieu,
en outre, à plusieurs aventures, à celle-ci, par¬
Le
puis je nrappliquais, désirant la caresse
Pour lui mieux ressembler à taire doux nies yeux.
Amère était ma joie et douce ma tristesse ;
Et c'est toi seul pourtant qui m'as montré les cieux.
nique et je puis la citer ici
LE QUIPROQUO
de
Et
PASSÉ
à calmer M110 Aurore
une
Cherchant dans mon sommeil la même ressemblance,
Tu chuchotais tout bas au chevet de mon lit,
Un nom
Et vient
les femmes
son âme, et elle lui posait un peu après
question a la suite de laquelle l'accord en¬
tre les deux futurs se trouva complet.
Monsieur Benoît, dit-elle. vous ai-je fait
visiter la pièce que je vous destine, si vous de¬
venez mou mari ? — Mais ce sera ,■ j espère, la
pièce que vous habiterez vous-même. Le jour,
oui..
Le jour! comment. le jour! nous au¬
rions deux chambres, celle de monsieur, celle
de madame ! Ah ! mais, je m'y oppose ; si je vous
épouse, c'est pour nc vous quitter... jamais!
Cette bouillante ardeur tìi sourire Mllc Au¬
rore, qui acheva de pardonner.
Jusqu'ici Benoît s'était assez bien tiré des
embarras qui lui avaient étc suscités; il allait
forces de
-y~' (yxy'/wag/5>- ""ïinâïìïïi hùìì~w
aux autres
l'accusation de toutes les
protestant contre
en
S'envolait dans mes bras vers les mortes amours !
Dans tes veux noirs alors passait toute ta vie
Et tu l'agènouillais, mains jointes et,toujours
qu'il préférait
ne sont pas grasses.
Pourtant Benoit parvint
Zanzibar.
Que tu choyais ainsi ; mais ton âme ravie
disant
en
qui
:
Soit, répondit spirituellement M. de SaintIhilgent. Je consens à voir M. Henlave ; mais...
—
passé midi !...
L'aneien lieutenant du 101- eu aurait fait
bien d'autres ; mais il ne-resla paé longtemps
dans notre département. On craignait sans
doute en haut lieu qu'il- y l'ìt oublier le légen¬
ce
ticulièrement
:
avait á cette époque, dans notre ville,
un professeur de langues nommé Benoît à qui
ses habitudes d'ivrognerie avaient fait perdre sa
place au collège, et bavaient déconsidéré même
aux yeux de ses élèves, dont il reçut divers suinoms, entre autres celui de Ruffin, nom odieux
en ce moment il cause de la conduite
de celui
qui le portait et qui donna lieu à un quiproquo
assez plaisant. Le besoin, pour se maintenir,
de garder une certaine mesure, avait pourtant
un
peu retenu Benoît sur la pente où il au¬
II y
il avait pu
leçons dans
mais il y avait
rait tout-à-fait glissé autrement, et
arriver à 5 i ans en vivotant de ses
les pensionnats et les écoles;
à parier que l'àge
gros
étant là, il allait
n'avoir
de
plus d'occupation et se trouver sans pain.
Ù:h jour qu'il contait ses peines, un ami
café semi-plaisant, semi-sérieux lui dit :
Vous devriez imiter ce personnage de nos
caricaturistes qui, comme vous, n'ayant ni sou
ni maille, ni cheveux ni dents, s'écrie : « Dans,
la situation où je me trouve, ce que j'ai de mieux
à faire, c'est de me marier. » Inspirez vous, de
—
exemple, mariez-vous.
son
Me marier! mais avec qui ?
Avec M"e Aurore. — M"1' Aurore?
-
—
—
Connais
3,ooo fr. de rente. — Mais quel accueil
— Je ne le sais; essayez toujours.
essaya, et n'eut pas à se plaindre de la ma¬
fera-t-elle
11
nière dont il fut reçu.
Voici
un
échantillon du
langage tenu dans la première entrevue :
Dites donc, monsieur Benoît, ôtes-vous
amoureux de moi ' — Pas encore, mais je sens
que je suis en train.de le devenir. — Avez-vous
des rhumatismes ? — Est-ce que vous croyez
—
qu'ils feraient le bonheur de notre ménagé?
Dans ce cas, je regretterais de n'en pas avoir.
mademoiselle, mais
si cela vous déplaît.... — Aimez-vous les jolies
femmes?
Ah! mademoiselle, si je ne les ai¬
mais pas, me verriez-vous ici ? II ajouta à part :
Elle me pose de singulières questions...— Mon¬
sieur Benoît.... joli nom, Benoît! .. vous n avez pas de maîtresse?.... — Oh ! mademoiselle,
ou a des mœurs, que diable ! — Ah !
vous êtes
de si mauvais sujets, messieurs les hommes....
Quelles préférez-vous, les femmes maigres, ou
—
Fumez-vous?
—
quelque lettre .anony¬
lettre anonyme qui donna
Dans cette lettre, 1 auteur
que plus tard Benoît sut être son ami de café,
celui qui lui avait suggéré l'idée du mariage tout
en se réservant sans doute de s'amuser aux dé¬
pens des deux futurs, — Fauteur, dis-je, compa¬
rait Benoît à Ruffin, et, plaçant le premier sur
le môme pied que le second, il présentait Benoît
comme impropre au mariage; Dieu sait a quelle
préoccupation eette insinuation livrai esprit de
toujours provoquées par
me; c'est encore une
du tintouin à Benoît.
—
héroïne!
mon
Elle allait interroger Benoit, et, à
hésitation à répondre, dehors !
Benoît ne s'attendait pas à Forage
çait
sa
Un peu,
bien... celles qui... vous me comprenez... Et en
parlant ainsi la vieille demoiselle élevait la main
à la hauteur des seins. — 11 faut en tout une
mademoiselle, répondit Benoît,
simple coup d'oeil avait appris que,
sage mesure,
qui
un
chez Mllc Aurore, tout était traité avec mo¬
dération. — Monsieur Benoît, vous êtes un es¬
prit réglé, à ce que je
continuer
vos
vois. Je vous autorise à
visites, tout en me réservant
de
prendre le temps de vous mieux connaître avant
de me décider à vous accorder ma main.
Le lendemain Benoît revit son ami et lui ra¬
conta ce qui s'était passé dans la première entrevue; M11" Aurore était certainement tort excen¬
trique, il se trouverait néanmoins heureux d'en
pouvoir faire sa femme.
Maio le pauvre Benoît devait passer par dés
épreuves avant son mariage. A la seconde en¬
M"° Aurore lui reprocha d'être pauvre.
Comment se fait-il, lui demanda-t-elle, que
trevue
—
trouviez ainsi dénué de tout? — Ma¬
demoiselle, répondit-il, voici pourquoi : ma vie
entière fut vouée au culte de la vertu, la vertu
seule eut de l'empire sur moi. Or, s'il est deux
ennemis qui resteront éternellement irréconci¬
liables, c'est à coup sûr la vertu et l'argent....
De telle sorte que si vous êtes sans le sou,
c'est uniquement parce que vous êtes vertueux ;
vous vous
—
mais votre culte pour les petits-verres, monsieur
Benoît, est-ce qu'il fait partie de celui que vous
rendez à la vertu?.
Benoît se trouvait pris; mais il avait affaire à
une
personne
indulgente
ou
cidée, et Forage passa,
A la troisième entrevue,
tourner
à mal.
Sur
un
qui était déjà dé¬
les choses faillirent
rapport
qui
mena¬
entré, elle ne lui donna pas
tête. Aussitôt
de respirer.
fit-elle, vous ne m'aviez pas dit
que vous aviez eu un duel dans votre jeunesse?
Au ton, à l'animation de la vieille demoisel¬
le, Benoit comprit li gravite de la situation
les causes. Jugeant prudent
franchise, il répondit :
C'est vrai, mademoiselle; mais quelle était
nécessité de vous en parler, je ne la vois pas
qu'on lui avait
fait (sous forme de lettre anonyme), elle accusa
Benoît d'avoir une maîtresse, et, circonstance
aggravante, cette maîtresse aurait été, disait-elle,
de celles qui ne sont pas maigres, au contraire.
Ainsi Benoît était atteint et convaincu d'une
duplicité bien coupable,puisque non-seulement
il s'était prétendu sans maîtresse, mais encore
il avait fait une .profession de foi mensongère,
soupçonner
sans en
de
parler avec
—
la
bien.
été blessé dans ce
Monsieur vous avez
—
duel?
—
—
égratignature.
! Est-ce bien une
Bien peu, une simple
Une simple égratignure
simple égratignure que vous avez reçue?
Oui, mademoiselle, une éraflure à la poi¬
trine. une blessure guérie en huit jours.
—
—
—
à
la moindre
Monsieur,
—
core ;
me
subir un dernier assaut, et ce ne serait pas le
moindre. On a vu que les tracasseries étaient
le temps
Une tille de 5o ans environ, très verte en¬
pas.—
—
Enfin,
on vous a
ne me souviens
cher....
Et en parlant
je
donné un sobriquet dont
pas....
aidez-moi à le cher¬
ainsi, la vieille demoiselle, qui
été,
avait un éventail à la main, car on était en
le tenait de manière à se cacher la figure.
Que je cherche un sobriquet.... qu'on rn'a
Mais je ne me connais pas de sobri¬
—
donné....
mademoiselle.... non.... je ne m'en con¬
Ah! si, au fait, je m'en sais un.... celui
quet,
nais
...
de Ruffin.
Oh ! fit la vieille fille
pitamment le visage.
—
Qu'avez-vous
—
.
en se
cachant préci¬
mademoiselle? demanda
Benoît avec sollicitude.
Une émotion, monsieur—
maîtresse de moi.. ..
—
je n'ai pas été
Comment! à cause du nom de Ruffin?
Encore! monsieur Benoît ! s'écria M11" Au¬
rore en répétant son jeu d'éventail.
Eh bien! quoi ! que voyez-vous dans le
mot de Ruffin ?
—
—
—
mais
Je n'y vois rien, monsieur,
ce mot...
m'alarme... je ne sais pas pourquoi il vous a été
donné... il m'alarme tout de même— Voyons,
monsieur Benoît, pourquoi vous a-Don sur¬
nommé
comme vous venez de dire?
Ruffin?
A'n ! monsieur Benoît ! Je ne vous ai pas
—
—
—
mais de me dire
pourquoi il vous a été appliqué?
demandé de répéter ce mot,
—
On
dirait, mademoiselle, que ce nom vous
ne trouverais rien d'étonnant à cela
effraie. Je
je
si je méritais qu'on me l'eút infligé; mais
ne
suis pas, grâce à Dieu, comme
un su¬
borneur, je me suis toujours conduit loyalement
envers les femmes, et si quelque méchant élève
m'a donné jadis ce sobriquet ridicule,, que la
faute en retombe sur lui, non sur moi!
Tenez, monsieur Benoît, on ne me trompe
Ruffin,
—
pas longtemps, moi, et je vous préviens que
quoique ]e sois de bonne composition, jamais
qe n'épouserai un homme que l'on a pu appe¬
ler.... Ruffin!
—
Mais, mademoiselle, je n'ai rien de com¬
cet homme, je le répète, et je ne com¬
mun avec
prends
pas
pourquoi
vous
refuseriez F.offre que
qe vous fais de bien bon cœur de devenir votre
mari, sous le prétexte qu'un polisson m'a donné
pour
—
vous
sobriquet le nom d'un misérable!
Eh! monsieur, c'est parce que sans
avez
doute
plusieurs points de ressemblance
�L'ENTR'ACTE
Si ça vous
Ruffin... parce que vous avez eu un
duel comme lui.... que vous avez été blessé—
avec ce....
comme lui....
Comme lui, moi ! blessé comme
peut-être
—
Ruffin !...
méprise
est
il
y a
de quoi rire, et la
Monsieur,
—
mais j'espère que vous en croirez la parole d'un
galant homme : je n'ai rien de commun avec
jure
sur ce
qu'il
y a
Le notaire.
à
supporter. Peu de temps après il épousait
ses 3,ooo fr. de rente.
Mlle
Jean
de
La Limogeanne.
(riant)
1 ah ! non !
—
—
laisser
vous
Mais j'ai des certificats.
C'est bon ! c'est bon ! Pardon
moment, mais je tiens à vous
un
notabilités, mes
à venir prendre le thé
allez faire un te u r au
jardin... Je vais vous annoncer à ma nièce
comme un ami d'enfance. Elle ira vous tenir
amis. Je vais les inviter
chez moi. En attendant,
compagnie, et vous commencerez à lui faire un
brin de cour. Surtout ayez l'air de ne rien sa¬
LA CHANCE DE FILEMPART.
voir.
Un numéro de VIntermédiaire conjugal traî¬
nait sur la table du uafé. Ce fut une révélation
séance tenante,
pour le notaire, qui envoya,
une lettre ainsi conçue :
ahuri, descendit
Filempart, de plus en plus
jardin, où Mlle Alice le rejoignit bientôt.
Dame ! il n'y alla pas par quatre chemins !...
La jeune fille n'était- pas jolie, jolie, mais enfin,
au
ans à peine et était suffisamment
appétissante... D'ailleurs, la consigne était bien
Ma nièce n'est ni riche, ni jolie... j'en considère
nette, et Filempart lut consciencieux... Quand
le placement comme très diflicile et vous promets une
ils entrèrent dans la salle à manger, où les in¬
commission importante en cas de succès. Je n'exige times attendaient le dîner, Alice était rouge,
du prétendu que Thonorabilité et une situation bien
mais rouge...
assise. Expédiez dès que vous aurez trouvé. Je traiTiens, s'écria un des invités, en reconnais¬
lerai de gréa gré la question financière.
sant le jeune homme ; Antoine, que diable faisii
—'
non
présenter ce soir à quelques
Le Troubadour
de plus
Aurore— et
Filempart.
Le notaire.
de
sacré !...
Le ton de bonne foi
avec lequel Benoit lui
parlait finit par gagner la vieille demoiselle ,
qui comprenait vaguement qu'elle et lui étaient
dupes d'un mystificateur.
Ce fut la dernière tracasserie que Benoît eut
Ah !
—
un gaillard comme vous, ça ne vous
fait pas peur. D'ailleurs, nous serons accommo¬
dants sur les autres questions... ainsi motus
sur les peccadilles du passé...
Voyons !
Ecoutez les conseils d'un sage,
Mes ainis Guy, Gontran, Gaston,
Ne poursuivez pas ce voyage :
Vous allez droit à Charenton !
ne
Ruffin, je vous le
!
? vous m'avez compris.
N'est-ce pas
bonne !
non, vous savez
que vous soyez pour
vocabulaire,
Où donc, messieurs If avez-vous pris ?
Je ne dis rien ; mieux vaut me taire ;
riez pas, je ne ris pas. moi,
vos dénégations sont trop intéressées....
Pour que vous y ayez confiance, bien;
—
! Je veux
elle aux petits soins.
Filempart (pudique). —Daine ! je serai pour
elle comme pour tout le monde.
qu'à
condition sine
plaît, c'est votre affaire ;
dire : c'est le non ton,
Et votre beau
Mademoiselle,
laissez-moi rire tout à mon
ne vous fâchez
pas,
aise.... Oui, vraiment,
nous
Ainsi que nous il faudra faire—
Non, non, messieurs, mille fois non
comprends maintenant...
Ah! ;e
et
Mais,
PÉRIGOURDIN.
elle avait 20
Paris.
Monsieur Lecrochu, i(i, rue...
»
LE LMlMCME.
«
Inventons ! Inventons
«
Du nouveau,
«
quand même !
toujours du nouveau !
»
Nous voulons la mode suprême :
Nous ferons grand I nous ferons beau
«
i
!
Oui,
nous
Courrier par
«
!
trop vieux,
Terreur profonde ! »
Beaux jeunes gens, ferez-vous mieux ?
«
—
Réformons ! réformons encore !
Ab ! messieurs, où donc allez-vous
Calmez le feu qui vous dévore,
Un
je vais
vous
'!
C'est donc vrai, les plus belles
Durent Tespace d'un matin,
Le bécarre, comme les roses,
Tombe
sous
les coups du
destin !
Bécarre vient de disparaître.
Son règne a trop duré, dit-on ;
Le copurchic, vient de nons naître
Le copurchic c'est le bon ton !
Et nos inventeurs minuscules
En vain fouillent feitrs cerveaux creux,
Ils accouchent de ridicules !
Plaignons ! plaignons
El l'on voit
sur nos
ces
malheureux !
promenades
Défiler du malin au soir
De véritables mascarades :
C'est le copurchic ! c'estTespoir
gagement ci-joint et nous
nos
le renvoyer sans délai. II a
honoraires qui s'élèvenl, comme vous
verrez, au o p.
100 de la dot lolale.
Toujours à vos ordres.
»
le
Lecrouiiu.
»
avait
quitté
restaurant du Gigot cuit à point, il
son
patron à la suite d'une discus¬
sion. Mais après huit jours de noces, il se trou¬
vait sans un sou vaillant. Très joli de jouer les
il faut vivre,
lion pour
épine du pied. A tout prix il lui
Androclès, ajoutail-il ; seulement
et tout le monde ne
trouve pas un
tirer cette
fallait trouver une nouvelle place...
Voici ! dit Lecrochu, après avoir regardé
les certificats; j'ai
deux commandes pour
vous
découvrit et le notaire, qui avait annoncé à tout
le monde Tarrivée d'un gendre sans pareil, en
li.it pour sa courte honte... Dans le
lit. des gorges chaudes pendant six
Inutile d'ajouter que Filempart
moins Mile Alice. II était trop
après la scène du jardin.
pas
Et, en effet, dès le surlendemain, Filempart
débarquait à la gare.
Le digne jeune homme s'était présenté la
veille à l'agence Lecrochu, connue surtout
comme bureau de placements.
Les mariages
n'étaient qu'une des nombreuses spécialités de
la maison. A temps perdu, on s'occupait gneore
de recouvrements véreux, on renseignait les
maris inquiets, etc., etc.
Filempart expliqua son affaire en deux mots :
garçon au
ici... Je suis à tu et à toi avee le
père Gibassier... Demandez-lui comme il traite
ses domestiques...
On devine la scène qui s'ensuivit. Tout se
pas comine
culer
!
—
On voit — quelle.triste surprise ! —
Nos femmes se coiffes de tours
Plus hautes qu'un clocher, d'église :
C'est la coiffure de nos jours !
On porte des choses étranges,
Des ballons, derrière et devant !....
O femmes ! vous lûtes des anges,
qujéles-vous maintenant '!
Si mes paroles sont cruelles
Excusez ma sincérité :
Ne doil-on pas, mesdemoiselles,
En tout dire la vérité ?
Estampes : un gendre chez Gibassier, ce
pas voire affaire ; et un domestique chez
de plus.
Vous en êtes sûre ?
Autant qu'on peut l'ètre ;
sance !..
ans
—
—
*
Monsieur,
—
plaît
pas
—-,
—
Messieurs, venez que je vous fasse
lin petit bout de compliment ;
Crac ! voilà ma plume qui casse !
certainement.
Votre copurchic qui s'éveille,
Nous le condamnons au trépas!
Ce que vous appelez merveille,
Le monde sage n'en veut pas !
Quoi! vous posez pour l'élégance,
Pour la coupe de vos vestons?
Eli bien ! là, vrai, sans médisance,
Vous étés dans Terreur, mes bons !
Eh ! que nous importe la coupe
De votre veston étriqué ?
Que dans une longue chaloupe
Votre pied se soit embarqué ?
Portez des chapeaux à sonnettes,
Un pardessus jaune-serin ;
Mettez des grelots aux manchettes,
On rira sur votre chemin !
air insolent
qui ne me
On n'est pas maître de l'airq Toi p a ut avoir...
Si fait, monsieur !
Alors, pourquoi avez-vous l'air si bête ? ..
5
L'autre
*
jour, dans un chef-lieu
d'arrondissement, le
président du tribunal interrompl un avocat prolixe :
M0 D..., je vous en prie, l'alfajrë est des plus
—
simples, soyez bref.
Alors M" D
adversaire, prononce
montrant son
quelques mots :
ces
—
Lui tort,
El il
noncé, lo reçut à bras ouverts.
Diable ! se dit notre héros
; c'est bien poli
patron... pour sûr cet animal-là n'a ja¬
mais eu de domestique... c'est encore un par¬
venu, un enrichi, quoi !...
Exçusez-moi de vous recevoir sans céré¬
monie, continuait le notaire... mais je suis en
train de bâcler un acte de mariage fort pressé...
c'est ma spécialité, les contrats de mariage !...
vous avez un
!
*
Filempart s'approcha du plumitif qui trônait
au D, un vieux bohème qui n'avait plus qu'une
chez maître Gibassier.
On devine la scène bizarre qui s'ensuivit.
Le notaire, voyant en Filempart le mari an¬
*
dialogue entendu au café :
Petit
dernier.
passion : le gros bleu, et dont les idées man¬
quaient souvent de lucidité. Si bien qu'il s'em¬
pêtra dans les commandes, et expédia le client
j'ai assisté à sa nais¬
*
—
ce
jeune
—
se
moi raison, vous bon juge !
rassit.
—
pour un
La
Un
J'arrange ça comme pas un ! je vous le
lirai...
vous verrez.
dit Filempart méfiant, c'est
pour éviter la question des gages. Lardon,
monsieur, je ne suis pas intéressé, mais je se¬
—
Tout ça, se
rais bien aise
Le notaire.
de savoir...
—
Bon, bon ! ça n'a' pas d'im¬
portance. Ma femme disait quarante, mais nous
irons jusqu'à quarante-cinq. (Le notaire parle
cìe 45 mille fr.)
Filempart (bondissant). — Quarante-cinq
mille francs et ma bouteille chaque jour ?
Le notaire (distrait). — Oui ! oui ! l'impor¬
tant est que vous rendiez ma nièce heureuse.
Filempart. — Hein ! que je rende heu¬
naturellement
reuse
?
Le notaire
(vivement)-
—
Ah ! eut ! c'est la
comédie dans la salle de
speelacle !
spectateur des premières à sou voisin:
Voyez donc á Torcheslre, quel nombre
de chauves-.; uu vrai tas do cailloux.
—
—
C'est de rage
absolument passer pour une
bien qu'elle ait depuis longtemps Irisé la
quarantaine.
On parlait, devant elle, d'une autre dame qui a la
même prétention :
Quand je pense qu'elle a le toupet de se dire
plus jeune que moi! lit Mme X... Elle a juste dix
personne,
guinède. le maire. Lassez au ghichet n° (ì ; on
vous donnera une lettre d'introduction auprès
de
tard pour re¬
l.'àge des femmes :
Mme X... veut
n'est
Sau-
pays, on en
mois.
n'en épousa
Fantazio.
—
Et le copurchic fait des mines,
Le beau sexe entre dans le clan :
Mesdames les Périgourdines,
Où donc est le bon Mût d'autan ?
Hélas !
d'abord revêtir de votre signature l'en-
Veuillez
»
s'écrie Filempart.
Mon premier patron ! Oh ! je vous reconnais
bien !... Sans reproche, votre maison était une
vraie bóìte pour les domestiques... Ce n'était
ayan!" lui-même
jeune homme des plus honorables,
quelque fortune.
»
M. de La Róublardière !
—
courrier, l'agence répondit :
»
eboses
»
Monsieur,
traiter de fous !
En vain, je n'y voudrais pas croire,
Tous mes regrets sont superflus,
Le fait est vrai, c'est de Tbisloire :
Le monde bécarre n'est plus !
tu ici ?
Étampes.
permet de donner suite aux demandes les plus modes¬
tes... Dès cette semaine, nous vous adresserons ùn
trait à
—
•—
M0 Gibassier,
L'organisation sérieuse de notre maison nous
»
voulons changer le monde
lci-bas tout est par
Nous nageons dans
«
:
notaire', à
»
Ainsi parle l'Aréopage,
Le trio du superbe clan 1
Je n'insiste pas davantage ;
Ecoutez Guy, Gaston, Gontran :
»
Signé
—
Nous révenons à
effrayant
l'âge de pierre !
*
# #
La
a
comédie dans les coulisses !
Mlle Gredinelte, une étoile de troisième grandeur,
amené son íils, charmant bébé âgé de trois ans, au
foyer des artistes.
Mais Tentant
a eu
envie de dormir
bout de dix minutes, et il a fallu l'cnvoyer se cou
cher. Une bonne camarade, qui ne parait qu'au troi¬
sième acte, entre dans le foyer, on lui raconte la vi¬
site du netit.
Ali ! dit—elltí, j'aurais bien voulu le voir. Com¬
au
—
es!-il?
Penh ! rien
monde.
ment
—
—
d'extraordinaire. comme tout le
Alors, il ressemble à son
père.
ZAG.
Le Gérant
Pcrigucux, imp.
:
B1LLAMBOIS.
LAPORTE, anc. Dupunl et O.
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_019
ark:/30098/47gz
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 19, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/116ca578826f7016021fd2eb1ca133bd.pdf
473f1e786c2d44967230594989dd56be
PDF Text
Text
Prix
Première Ánnée
:
10 centimes
lurnéro ii
PtRIGUEUX
LITTERATURE, ARTS, THEATs
ABONNEMENTS
Un an.
Six mois.
3'
±' 75
�PÉRIG0URD1N.
L'ENTR'ACTE
Nous
—
maître
un
en
Pari de Vescrime,
11
ne
rompra pas,
tierce,
en
c'est certain ;
merci d'une tourbe de chasseurs sans
sans science cynégétique.
Certes, on
Jamais il n'a perdu la carie
Samp
ojfvec
sang-froid étonnant,
11 parc etprenant sa revanche,
VousJait... le coup de Jjerdinand !
un
II n'est ni secret,
Qu'il ne
ni formule
dé/cue arec honneur ;
De Dcnnet, ce
vaillant émule,
cherche
feinte,
lui n'estpoint gênant :
ou
Sela pour
11 sait éviter toute
le maître d'armes
Quand
une
atteinte,
ne
Gar d est doux
íJussi
sa
sa
comme un
mouton.
salle d'arme est-elle
Moi aussi !
—
s'accroît la clientèle
tes
Du maître escrimeur í.Ferdinand.
fois
savez,
•—
—
"'"pure curiosité.
—
—
côtés.
Après
ces
Qui
ne
s'est aperçu, depuis deux mois, en
lisant la P page
de la plupart des journaux, du
grand nombre de défenses de chasse dont sont
éniaillées leurs colonnes?
Dans le temps, des publications de ce genre
étaient rares ; elles abondent maintenant, et
pour peu que cela dure, la France entière sera
mise en interdit ; aux propriétaires seuls le
droit de taire la guerre aux hôtes de la plaine
et de la montagne. Le port d'armes n'est plus
ferait trouver grâce devant la gendar¬
mais le garde-chasse n'en tient nul
compte. Le garde-chasse, voilà le maître de la
situation ; il règne et gouverne, plus heureux
rien ; il
merie ;
cela qu'un roi constitutionnel.
Naturellement la gent de plumé et de
intéressée dans la question, s'est émue
on
poil, si
de cet
état de choses, mais c'est d'une émotion douce.
On la garde, on la protège, on la 'garantit, elle
demande pas autre chose. Tremblante, en
voyant arriver l'ouverture de la chasse, elle a
repris espoir en apprenant quelle tendre solli¬
no
citude veillait
sur elle dans la personne de ceUe
providence assermentée qu'on appelle le garde-
chasse.
Ces excellents animaux n'avaient pas
pris la parole depuis Lnfontaine, où ils nous
donnaient, à nous autres hommes, de si sages
conseils ; le honheur, la reconnaissance les
lait sortir de leur long mutisme, et voici ce
est
résulté d'un
qués
un
congrès auquel les avait
vieux lièvre, leur président.
ont
qui
couve-
C'était le Nestor des forêts.
C'était 1' patriarch' des liòvr's.
Chacun étant à son poste, et le président
ayant obtenu le silence, il déplie un journal, et,
passant lestement sur les trois premières pa¬
ges, il saute à cet endroit de la feuille où fleu¬
rissent la maison à vendre on à louer, lo chan¬
gement de domicile, le chien percìu et autres
productions littéraires de la même farine.
ce jour-là, était envahi par des avis
émanant des quatre points cardinaux de l'arl'ondissement et portant interdit de chasse sur
à peu près tout son parcours.
L'endroit,
L'orateur donna lecture de ladite page,
il n'eut pas plus tôt hui, que les inarques de
et
la
gélinotte s'exprima
On
projets d'adressé et de félicitations,
les maîtres du sol
;
je me flatte qu'on ressuscitera quelques-unes
prohibitions.
Moi, je demande simplement qu'on restaure
les potences pour les délinquants, s'écria un
lapin en tordant sa moustache.
Dieu veuille que ce vœu si modeste soit
exaucé ! ajouta un ortolan.
Après ces mots, le président reprit la parole
des anciennes
—
—
et dit
:
Mes amis
,
il y a beaucoup à faire
nous, qui le nie ?... Mais contenlons-nous
le quart d'heure de ce que nous venons
—
tenir. Un fait
acquis aujourd'hui, c'est
propriétés de beaucoup de cantons
ouvertes comme autant de
refuges où
pour
pour
d'ob¬
que
nous
les
sont
nous som¬
assurés Je trouver la paix et la vie sauve.
Voici le catalogue des localités où nous est ac¬
cordée une généreuse hospitalité.
11 lut, puis poursuivit ; — Tant que vous res¬
terez dans les limites que je viens de désigner,
il n'y a aucun risque à courir ; aliez, venez,
broutez ou jouez du bec tout à votre aise...
Une vieille hase fort experte observa :
lìtes-vous sûr, monsieur le président, de
mes
—
que vous avancez-là ? Toutes les défenses
seront-elles observées? n'y aura-t-il pas quel-
ce
que
hardi chasseur qui n'en tiendra nui compte?
Nous avons les gardes-chasse comme
garantie, fit le président. Du reste, ce que je
dis là, je le sais par expérience : voici huit jours
que je vais et que je viens sur les terrains ré¬
servés sans que j'aie fait la moindre mauvaise
—
rencontre.
Quant à moi, monsieur le président, ce
que je puis dire, lit l'hôte des terriers, c'est
que tel est lo respect des chasseurs pour les
ordres des propriétaires, qu'à l'un d'eux j'ai pu
—
faire
un
pied de
moindre coup
gée.
nez sans
qu'il ait osé,
par
le
de fusil, venger sa dignité outra-
Oh ! mais lu
lapin, loi ! fit le prési¬
faut se montrer ni
lier, ni provocateur. Après ça, s'il arrive malheur
à quelque téméraire, ce sera tant pis pour lui.
—
dent.
os un
Cependanl il
ne
l'un pour
réservé, l'autre pour leurs
gardiens, et ils furent signés d'emblée par ras¬
et c'est cette adresse et
fais ici connaître et que
j'adresse à qui de droit.
semblée tout entière,
ces félicitations que je
de
La Limogeanne.
1
en ces ter¬
parle de refondre le code de la chasse
point d'enthou¬
étaient arrivés les
esprits, le lièvre présenta sans désemparer deux
J.
mes :
■—
mots, voyant à quel
siasme et d'entraînement en
Ah ! les honnêtes gens ! les braves gens !
fut-il dit d'un commun accord.
Une fois que l'expansîon générale eut suivi
cours, une
maigre venue là par
G'es bon, c'est bon, reprit l'ortolan; je sais
pourquoi vous parlez ainsi.
Mes amis, dit le président, ces propos
soupçonneux en pareil jour ne sont pas de mise.
Je place ma confiance entière sur les gardeschampêtres ; j'aimerais qu'on suivît mon exemple.
Oui, confiance ! confiance ! cria-t-on de tous
LE
—
son
moi, dans
—
ajouta un perdreau.
LES PROHIBITIONS DE LA CHASSE.
fier à tous
ainsi les gardes-cham¬
pêtres ! lit une vieille pie
moi aussi ! fut-il crié de tou¬
Et de reconnaissance !
Mon cœur en déborde! clama une grive.
Je porte les propriétaires dans mon cœur
fait le larron.
Peut-on calomnier
—
parts.
—
M
—
de se
; pour
jours d'embonpoint, je regardais à deux
avant de m'y trotter. L'occasion, vous le
mes
autres ?
le rendez-vous du monde \'un !
Ionjours
—
pas nouveau vers sa ruine. Heureusement, les
propriétaires veillent, et la quatrième page des
journaux est là, témoignage vivant de leur vigi¬
lance. Mes amis, je suis plein d'espoir, et vous
colère,
:
raissait faire ses réserves.
II ne serait pas prudent
les gardes-champêtres, dit-il
lapider son chambellan parce
un buffle ; avec celui où Enguerrand de Go u cy pendait deux chasseurs qui
avaient poursuivi un lièvre sur ses terres ! Mais
les meilleures habitudes se perdent, les mœurs
vont à la dérive, l'huinanilé lait chaque jour un
Iferdinand.
craignez, pas
chassait
Gontran faisait
Vcus l'entendez hausser le ton ;
Osais
gardes-champêtres. De même que vous avez
Vivent les propriétaires! criez : Vivent les
gardes-champêtres !
Et ce cri, sifflé sur lous les tons, retentit
jusque dans la profondeur des bois.
Un ortolan seul avait gardé le silence et pa¬
les
dit
qu'il avait tué
maladroit fexaspère,
un
ajouta une caille diserte , il serait iujuste, en
rendant hommage aux propriétaires, d'oublier
pour un attentat contre nos personnes ! Ali ! je
dis bien, c'était le bon temps alors, continua
l'orateur. Aujourd'hui, quelles sont nos garan¬
ties? Le permis de chasse, que pour quelques
misérables francs le premier venu peut se pro¬
curer ! Quolle différence avec le temps où le roi
Sonnait tous tes trucs du tireur.
Vainement
—
autrefois ; mais, du moins, si nous mourions,
c'était d'une mort glorieuse ; si nous étions
mangés, c'était par des bouches de connais¬
seurs. Grâce aux propriétaires et aux gardeschasse, ce bon temps va peut-être revenir... Oui,
j'en accepte l'augure, mes amis, le jour qui se
lève sera, je l'espère, le premier pas de fait
vers le retour à ces temps où nous avions affaire
non à un, mais à mille; où l'on metlait au carcan,
où l'on envoyait aux galères, où l'on pendait
de ceux qu'on atteint.
très■ crâne sur la planche,
lit n'est pas
quarante personnes se
de celui qui prit
généreusement l'initiative de la mesure que
nous bénissons. Que ces simples paroles parties
du coeur le récompensent ! Que son esprit en¬
gendre souvent de semblables idées ! Que sa
famille prospère jusqu'à sa dernière descen¬
dance ! qu'il progresse dans sa fortune et dans
sa sagesse ! Vivent les propriétaires !
Un mot, un seul mot encore, mes amis,
et
nom
l'objet de. notre
drais savoir surtout le nom
—
quarte,
ou
en
qui s'entrecroisèrent.
Vive Dieu, mes amis ! si fila un merle beau
parleur, nous reprenons notre place au grand
foyer de l'humanité ; notre vie ne sera plus à la
merci du premier venu...; lâchasse est limi¬
tée ; les droits prohibitifs et de privilège que
93 avait anéantis vont revivre...; on va déchirer
une des pages du livre indigne où sont inscrits
les principes de 89, que des démagogues ap¬
pellent les grands principes, les immortels
principes... Jolis principes, en effet, que ceux
qui mettent un fusil à la main de tout lo monde;
jolis principes que ceux qui nous livrent à la
se
peut le prendre en
donc maintenant où reposei
II est des lieux qui ne seront
existence est désormais assurée ! — Nous avons
enfin un abri ! telles furent les mille paroles
fend aujourd'hui,
iTandis que moi, croisant la rime,
Je pousse une hotte pour lui.
Dupied droit ie Jais à la Otfuse
dieux appels et dis : « Ofaintenant,
Delle, que la cadence amuse,
mus allons chanter Ferdinand ! »
On
—
plus souillés par le pied du chasseur ! — Une
terre hospitalière nous est ouverte! — Notre
ÍSiìflilfi
Dour
voici. Trente
savons
notro tète !
1' EntiTacte
réunion. M y
sont
adjugé le droit de nous mettre à la broche ou
civet. C'est beaucoup trop ; mais c est déja
quelque chose que nos ennemis soient réduits à
un.si petit nombre. Toutefois, ce n'est pas tout
que de constater sa bonne fortune ; il faut savoir
remercier ceux à qui nous la devons ; je vou¬
Enfin, arrivons à
plus vive allégresse et les plus chaleureux ap¬
plaudissements se tirent entendre.
Périgueux, 24 Octobre 1886.
MONOCLE-
bien le lieute¬
Vairgherède qui passe et avec un
monocle, Dieu me damne ! s'écria soudain Lataillade au milieu d'un silence général.
Eh bien ! qu'y a-t-il donc de bizarre à. voir
un officier de dragons avec un carreau ? inter¬
rogea d'un ton rogne le commandant Tournier,
un vieux lignard en retraite ; il
a sans doute
épuisé son crédit, et c'est peut-être la seule
chose qu'il puisse avoir « à l'œil ».
Plaisanterie à part, il y a quelque aventure
sous roche, car lorsque le lieutenant permuta
et vint de Bombignac à Limoges , voici déjà
deux ans, il abandonna le monocle qu'il avait
toujours porté jusqu'alors, et à ceux qui lui en
demandaient la raison, il répondit évasivement,
jurant, par la fressure du Saint-Père, qu'il n'en
mettrait de sa vie; et l'on m'assura qu'il y avait
—
nant
Tiens ! Tiens ! mais c'est
de
—
—
de la femme là dessens.
Peste! cela me semble
■—
drôle,
en
effet, et
piquez fort ma curiosité, Lataillade, ajoula
le joyeux D rouant qui flairait quelque historiette
gaillarde. Mais voici justement Gourtinois ; un
journaliste ça doit tout savoir, et il va sûrement
nous renseigner.
Telle était la conversation qui venait de s'en¬
gager sur la terrasse des Philanthropes, à
Limoges, lorsque Gourtinois, la mine enjouée
et le teint frais d'un homme qui vit sans soucis,
vous
fit son entrée au cercle, où il venait tous les
soirs avant son dîner gagner quelques fiches
au wisth.
Je crois parbleu bien qu'il y a une histoire,
et une bonne histoire qui mieux est, répondit
l'aimable journaliste, mis au fait. Je la tiens
d'une vieille marquise qui en a été la specta¬
trice et me Ta contée un soir qu'elle revenait de
—
en sirotant une tasse de thé.
marquise!.... contez-nous ça bien
vite, Gourtinois, dit 1 trouant la prunelle dilatée.
L'histoire est assez longue, mon cher, et
je craindrais de vous ennuyer.
Mais non, mais non, répliqua le comman¬
dant, qui décidément ne semblait pas être de
belle humeur, ma migraine commence à poindre
et cela parviendra peut-être à m'endormir.
II faut vous dire, commença Courtinois
après avoirallumé un excellent puro, que notre
confesse, tout
—
—
—
—
Une
�L'ENTR'ACTE
lieutenant, fils du vicomte de Vairgherède, un
sportman et un viveur de Vécole de Grammont-Caderousse, naquit avec des liottes Chan¬
tilly aux pieds et un monocle à l'œil.
Mais il est de Marseille alors, s'exclama
—
Lataillade.
A vingt
deux ans, il avait grignoté le
patrimoine si fort ébréché par son père, et,
n'ayant plus à son actif.... que des dettes, il se
fit soldat. Ce fut un beau jour pour Bombignac
que celui où Vairgherède fut nommé sous-lieu¬
tenant au 48e cuirassiers.Esprit lin et distingué,
cœur chaud et généreux, âme droite et loyale
comine son épée et en ou Ire fort joli garçon, il
ne tarda pas à accrocher aux étoiles de ses épe¬
rons maints cœurs de maintes gentes damés et
damoiselles. Quand il eut épuisé le stock des
amours faciles, il
s'attaqua à des forteresses de
vertu qu'il enleva d'assaut, et il lui fallut bien¬
tôt moins de temps pour rendre un mari... inté¬
ressant que pour faire trente points de billard.
Mais un jour, ô revers! notre gai luron perdit
la gaîté avec J'appétit et devint amoureux fou,
amoureux pour le bon
motif, s'il vous plaît,
d'une jeune beauté fraîchement émoulue du
couvent, qui répondait au nom. euphonique d'A¬
—
mélie Ronséant.
Heu ! heu !
un joyeux nom, appuya Latail¬
claquant de la langue.
La jeune personne était charmante, une
brune piquante de dix-huit ans aux yeux pro¬
fonds et aux lèvres charnues laissant voir, quand
elle souriait, une double rangée d'adorables pe¬
tites quenottes, et de plus, de quelque côté
qu'on la regardât, elle vous présentait les plus
appétissantes rondeurs ; mais je glisse, car ce
ne sont point là mes affaires et je m'en voudrais
—
lade,
en
—
de scandaliser le vertueux Drouant. De Vair¬
gherède l'avait rencontrée plusieurs fois aux
mardis de la colonelle ; n'ayant plus sa mère,
elle y venait assez souvent en qualité de voisine,
pour faire un peu diversion à f ennuyeuse com¬
pagnie de son père, un richissime banquier qui
ne parlait que chèques et bordereaux. Là s'était
ébauché un petit roman d'amour, et le beau lieu¬
tenant avait facilement obtenu de mademoiselle
Amélie la permission de demander sa main.
C'est ce qu'il lit
certain d'avance
d'ailleurs, en grand apparat,
qu'un roturier, lut-il banquier
et millionnaire, ne pouvait qu'être honoré de sa
démarche, mais il fut magistralement éconduit
par M. Ronséant, qui lui déclara tout net que su
tille et ses cinq cent mille francs de dot né se¬
raient jamais pour un officier de fortune.
—
Vous voulez dire
sans
fortune, interrom¬
pit Lataillade.
Le lieutenant apprit alors que sa cOnuuête
avait été déjà demandée par M. Durosoir, un in¬
dustriel riche mais vieux et déplaisant. Néanmoins
—
encouragé
par
la belle enfant qu'il avait absolu¬
ment fascinée et
qui lui promit solennellement
qu'elle ne serait jamais qu'à lui, il attendit que
les dispositions paternelles devinssent plus favo¬
rables. Insensé qui so fie à la parole d'une
femme ! A quelque temps de là madame la co¬
lonelle donnait un grand bal où Mlle Ronséant
devait tout juste faire son entrée dans le monde.
Des fleurs partout et, dans l'étincellement des
lumières, les feux des diamants se mêlant aux
scintillements des lustres; partout aussi de jeunés et charmantes femmes encadrées entre des
uniformes dont la note un peu sévère formait le
plus heureux contraste avec les tons clairs du
: tel était, vers dix heures,
suspect du salon, quand on annonça Monsieur et
Mademoiselle Ronséant. D'une élégance et d'un
velours et de la soie
correct
irréprochables, de Vairgherède attendait
monocle à jonc d'or
un large ruban de soie ; à peine les
d'usage eurent-elles été échangées,
anxieux, ayant à l'œil un
retenu par
salutations
comme l'orchestre entonnait une valsede Strauss,
précipita au-devant de Mlle Amélie, qui,
gracieusement, lui accorda In valse tant
souhaitée, et bientôt le couple heureux tour¬
noyait, l'âme envolée dans un infini d'azur. J'ai
omis, chose importante, de vous informer que
la jeune personne avait ce soir-là une ravissante
toilette dont le décolleté très galant laissait can¬
didement entrevoir les trésors de son opulent
corsage. Durant les premiers tours de danse,
tout alla bien ; malheureusement chacun s'y
mit, le pluè maigre sous-lieutenant ayant à
il
se
fort
cœur
de taire danser
ou
tourner, comme il vous
plaira, la femme d'un supérieur, et ce ne fut
plus dès Lors une valse, mais une véritable
bousculade, aussi la chaleur devinl-elle insup¬
portable. De Vairgherède, dont le visage per¬
lait de sueur, n'y fit pas attention ; une seule
préoccupation assiégeait son esprit, c'était son
amour, et dans les instants d'arrêt qu'amenait
souvent dans la foule des danseurs l'inexpérience de sa danseuse, il caressait coinplaisammcnt du regard la gorge si admirablement
moulce de Mlle Ronséant. 11 parait même que
le drôle, pour se « rincer l'œil plus conscien¬
cieusement » penchait la tête et plongeait des
PÉR1G0URDIN.
œillades fort indiscrètes
mant, joyeux vallon
que vous savez. II
qui sépare les deux monts...
faisait chaud, ai-je dit, et
le visage du lieutenant perlait de sueur. O
imprudent ! son monocle n'ayant, en effet, plus
de prise sur la chair moite, glissa, et en vertu
de ce principe de physique que vous devez
connaître, commandant....
Oui, oui, je connais,
—
que
mais continuez donc,
diable !
—
...
MQTIVlQUeHjE.
dans ce creux char¬
Qui démontre que le
fil à plomb suit la
C'est au Gros-Cailloux.
Le père est serrurier, la mère perleuse en
dentelles. La vie est dure et souvent f argent
rare. Un jour d'hiver, petite Marguerite vint au
monde.
ne plus boire avec
de paie, et la mère,
pâlotte, se remit bravement au travail.
Le père heureux jura de
les camarades les samedis
encore
mioche à la maison, et il faut f élever,
donnée.
Elle est très jolie, mignonne , toute blonde,
potelée, si rusée et si alerte que les braves gens
du quartier, dans leur langage imagé, sent sur¬
11 y a une
enfant, puisque Dieu l'a
cette
perpendiculaire, il prit la direction du regard
et s'engouffra dans l'entrebâillement du cor¬
sage comme un sou neuf dans un tronc d'église.
Par malheur, la valse Unissait, et Mlle Amélie,
nommée « nofmouche. »
à qui le gentil carreau avait jeté un froid....
A sept ans, on l'envoie à l'école communale,
ailleurs que dans le dos, ne put retenir, en rou¬
et à la lin de Tannée, comme elle a été sage et
gissant ô rendre jalouse la culotte de son cava¬ a eu un
prix, la famille en chœur va chez le
lier, un petit cri de biche effarouchée qui lit se
photographe, qui lui fait son portrait.
retourner toutes les têtes ; de Vairgherède, fort
Première joie :
en peine, tira rapidement sur le cordon pour
Not'Mouche grandit toujours.
rompre celte chaîne que, dans un autre lieu et
A seize ans, dans batelier de couture où elle
en d'autres temps, il eût trouvée fort agréable ;
travaille, elle fait la connaissance d'une fillette
mais ce petit scélérat de monocle, se trouvant
de son âge, brune autant qu'elle est blonde.
sans doute à l'aise, ouais, l'iinpertinent! s'était
Jolie
aussi la Marthe et ne demandant qu'à se
retourné tout au fond du corsage, et une élas¬
l'entendre dire.
tique pression, en même temps qu'un nouveau
Au bout de
jours d'intimité, dans
petit cri, firent comprendre au lieutenant que les causeries àquelques
voix basse, elles conviennent
ce mode inédit de pêcher — à la ligne — n'était
d'aller un soir à f Hippodrome ; et, pour cela,
vraiment pas praticable.
elles économiseront tous les jours sur les sous
On commençait à faire cercle et à chuchoter
du déjeuner.
autour du couple, mais tandis que Vairgherède
Des chapeaux sout vite fabriqués à la hâte,
tentait vainement de briser de ses doigts crispés
chapeaux
de griselte, mais allant à ravir et faits
Te cordon qui résistait, Mlle Ronséant était pas¬
pour les mignonnes têtes qu'ils coiffent.
sée du cramoisi au vert-pomme ; enfin, dans un
Elles se sont donné le mot pour dire aux
suprême effort, la soie craqua, et pendant que
parents qu'il y a beaucoup d'ouvrage à f atelier,
Mlle Amélie tombait à demi pâmée dans les
et qu'on veillera très tard le soir.
bras de son père stupéfait, notre lieutenant
En cachette, dans l'escalier, on met bien vite
s'esquivait au milieu des invités, qu'une notion
quelques pëtits cheveux sur le front, puisque
bien comprise du savoir-vivre forçait à s'éc'est la mode et riant, heureuses comme des
touffer pour ne pas rire.
pouliches en liberté, les deux gamines vont au
Mademoiselle Amélie ne put oublier la posi¬
spectacle tant désiré.
tion ridicule où l'avait si involontairement pla¬
Not'Mouche est bien heureuse, car elle adore
cée son valseur ; elle lui pardonna moins encore,
c'est une chose qu'une jeune fille doit bien | le plaisir.
II y a beaucoup de petites femmes à cheval
difficilement pardonner, — de lui avoir fait
qui ont de superbes costumes.
manquer son premier bal, et un mois après, au
Not'Mouche ouvre de grands yeux pour les
mépris de la foi jurée, elle devenait, su: les voir. «
Tiens, dit-elle tout à coup, en montrant
instances de son père, Mme Durosoir. — \ oilà
une écuyère, celle-là était à l'école avec moi.
pourquoi de Vairgheiède vint du 13° cuirasSi tu veux, la Marthe, nous nous présenterons,
sicrs au 25e dragons à Limoges, et lit le ser¬
on nous prendra peut-être, ce serait bien plus
ment de ne plus porter de monocle, car c'était
amusant que de travailler. Nous irons demain
le seul, a.ssurait-il, qui lui eut jamais permis d'y
nous présenter, veux-tu? »
voir clair.
II est fait comme elles avaient convenu.
Je comprends fort bien maintenant pour¬
Elles plaisent au directeur, qui les engage,
quoi il a abandonné son carreau, mais j'avoue
et,
au bout d'un mois, elles se trouvent, tant
ne pas comprendre pourquoi
il le reprend
elles'y ont mis d'ardeur, presque aussi bonnes
aujourd'hui.
écuyères que les antres, ce qui n'est pas grand'
Attendez donc, Lataillade, il y a une
chose, niais pins jeunes et plus gracieuses.
suite.
,
—
—
—
Comme au bac, alors.
M. Ronséant a eu l'airnnble attention de se
laisser mourir il y a un an, et, d'après les con¬
seils de Madame, Durosoir, qui est maintenant
—
—
vient
trop riche pour conserver son industrie,
d'acheter tout près d'ici le château des Char-
mettes ; là mes renseignements s'arrêtent, et je
n'en sais pas plus long que le bruit public.
Nous écoutons.
On raconte que de Vairgherède est allé
faire une visite aux Gharmetfes, qu'il a été fort
bien accueilli dans la maison, par Madame
s'entend, et l'on assure qu'ayant mis la main
sur son ancien monocle, ce monocle; sans pareil,
eh ! bien, il le reporte.
—
—
—
Comment a-t-il pu mettre
la main dessus,
puisqu'il était si bas, si bas ?... insinua Drouant
feinte naïveté.
Peuh ! il aura sans doute
avec une
dégrnffé le cor¬
répliqua Lataillade.
Eh bien, quant à moi, conclut philosophi¬
quement Courtinois, vous direz ce que vous
voudrez, mon commandant, mais à dater d'au¬
jourd'hui, je ne sors plus sans un monocle.
—
sage,
—
Dead-Heat.
Mais les autres ont de belles robes, tandis
qu'elle....
comme une
Not'Mouche est toujours fagotée
grisette.
L'amoureux qui lui offrirait sa première robe
de soie aurait en échange son cœur et tous les
baisers qui lui pendent aux Lèvres.
Elle est si mignonne qu'elle trouve vite un
adorateur, charmant garçon, jeune, passionné,
obéissant à ses moindres caprices.
Mais Not'Mouche est ambitieuse, et c'est si
fatigant de monter à
if lui
uue
cheval.
appartement luxueux,
voiture, et, pendant deux ans, elle mène la
faut bientôt un
vie à outrance.
ses belles
bien pàlo ; une
petite toux sèche chagrine son amant, qui rem¬
mène dans les pays chauds , aux eaux, partout
oii il espère lui rendre la santé.
Elle sachant qu'elle a besoin de repos, se
laisse guider.
Not'Mouche rit et s'amuse ,
couleurs s'en vont ; elle est
mais
,
Elle
quitte à peine son lit où elle est
restée
mois, lorsqu'une amie, ancienne
l'Hippodrome, vient prendre de
quatre grands
camarade de
ses nouvelles.
« J'ai été malade, mais cela va bien, très bien ;
maintenant, je pars en Suisse; l'air des mon¬
tagnes est
Vous trouver... c'est voir le
Avec
El
ses
ses
lis,
Cueillis
rit toujours.
Ils so'nt à l'hôtcl, au
printemps
Etendue
avec ses roses
baisers á
sur vos
sur son
pleines dents
c'est l'hiver
Righi.
lit, pâle, mince, mais
toujours
bouche sur la bouche de sa maîtresse.
Le baiser dure longtemps !
Tout à coup, le visage noyé de larmes,
recule éperdu....
jour morose et sombre,
Ses tempêtes qui fendent l'air,
Se> brouillards où le bonheur sombre.
Avec son
Ilicr c'était l'hiver pour nous,
Car vide était notre demeure,
Not'Mouche ne rit
il se
plus, Not'Mouche est morte!
Fantazio.
Aujourd'hui nous reviendrez-vous,
Le printemps aura-t-il son heure ?
A.
Not'Mouche
jolie dans sa souffrance, Not'Mouche tâche de
donner quelque espérance à famant désolé.
Elle tousse, tousse très fort, et lui, inquiet
plus que de coutume, la soulève et colle sa
lèvres mi-closes.
Ne pas vous trouver...
excellent. Ce bon docteur me croit
plus malade que je ne suis. » Et
ABSENTE.
Le Gérant
de
:
BILLAMBOIS.
L.
Périgiieux, iinp. LAPORTE, anc. Dupont et 0e.
��
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_018
ark:/30098/47h8
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 18, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/87d6801dd55a6504bf3f642e5ff2faab.pdf
7db1abe0160dd21948a82c0710f7fa56
PDF Text
Text
Première Année.
111 n iiHiiimmmiiiniiiiiiitiiiiiititiiiiiiii
Prix
:
10 centimes.
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Muméro 17
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V
^F
,
*"
'
CU|
1 !
|
LA VILLE
DE PÉRIGUEUX
�L1 ENTR'ACTE
river à la réconciliation finale ; nous nous bor¬
nerons, dès lors, à donner une courte apprécia¬
tion sur chacun des principaux interprètes, fai¬
Mt Lâïï&ISMáTHIII,
un
a
sant, du reste, remarquer encore
combien cette
impression de la première heure est incom¬
plète, et la nécessité où nous nous trouvons,
avant de porter sur tel ou tel artiste un juge¬
ment définitif, d'avoir eu l'oceasion de l'appréeier dans plusieurs rôles de son répertoire.
Atout seigneur, tout honneur. M. Douât,qui
cumule sur notre scène les fonctions d'impré¬
sario et de grand premier comique, nous a mon¬
tré un Paturel irréprochable, possédant son
rôle sur le bout du doigt, et maître de tous ses
effets. Beaucoup de rondeur, d'entrain, de
bonhomie ; parfois même, dans certaines scè¬
nes de sentiment, un accent pathétique et cha¬
leureux, telles sont les qualités qui distinguent
dada de noble allure,
Quel est
II
fringant cavalier ?
ce
vraiment belle tournure
En manœuvrant
son
destrier.
Les
habitants, à leur fenêtre,
Quand il traverse le chef-lieu,
Disent,
en
le voyant paraître :
Voici monsieur
«
Laugier-eMathieu !
»
On dit
qu'ennemi de la pose
cérémonial ;
Qu'avec beaucoup de verve il cause
Et sait se montrer jovial.
Quelque peu frondeur et sceptique,
Mais plein d'esprit comme Romieu>
II aime fort le sel attique,
Notre préfet Laugier-Mathieu.
nouveau directeur et en font une
cieuse tête de colonne.
Le baron de La Musardière, un gâteux
notre
II fuit tout
II
pré¬
qui confesse 42 ans, mais oublie certaine¬
ment d'ajouter à ce chiffre un nombre respec¬
table de mois de nourrice, no pouvait trouver
en M. Lyonel un
interprète plus réussi. Tout
chez cet artiste à donner au person¬
nage la physionomie bouffonne qu'ont entendu
lui assigner les auteurs. M. Lyonel était,comme
courage
Périgourdins l'on assure
Que, lors du prochain Carnaval,
II ouvrira la préfecture
Et donnera plus d'un grand bal.
Nos
commerçants, lame ravie,
cela, diront : « Pardieu !
C'est
un
préfet qu'on
Gardons
envie ;
longtemps Laugier-Mathieu !
JÉKI6ÏÏIÏÏX.
ÌE
Débuts de lu
troupe de Comédie.
Corame nous le, pressentions en terminant
l'analyse de la pièce qui a serti de début à
notre troupe théàtraie, la représentation de La
Boule n'a été d'un bout à l'autre qu'un long
éclat de rire, allant, "rescendo d'acte en acte
se
et
traduisant, à la chute finale du rideau, par
un rappel général des artistes et par
ques et unanime.! applaudissements.
Faut-il induire de là que tout a
de frénéti¬
co¬
plus loin, c'est qu'au point de vue de la comé¬
die, la troupe recrutée par notre nouveau di¬
recteur a de l'homogóuéitó, de l'entrain, et que
la plupart, la majorité môme de ses membres,
a de l'aequit
et une grande intelligence scéuique.
Ce
qu'il faut aussi souligner, et ce n'est pas,
théâtre, où le plaisir des yeux a be¬
soin d'être satisfait plus que partout ailleurs,
un mince avantage, ce sont les frais et jolis mi¬
surtout au
naît à fond
en
M.
des
dernier ;
Douât s'est
homme de goût, qui
com¬
con¬
public et sait par expérience
que, dans ces conditions, la victoire est aux
trois quarts conquise. Nous ne ncus permet¬
son
au surplus, de décrire plus particu¬
lièrement telle ou telle physionomie, de vanter
trons pas,
plus spécialement les beaux yeux de Mlle X.
ou le nez mutin de Mlle Y. Ceux des Périgour¬
dins qui fréquentent, assidûment le théâtre se
chargeront de préciser tous ces détails plasti¬
ques, au fur et k mesure que se succéderont les
soirées théâtrales, et témoigneront par leurs
bravos du degré d'enthousiasme qu'ils sont sus¬
ceptibles d'atteindre à cet égard.
Nous n vous déjà raconté par le menu toutes
les péripéties par lesquelles passent les deux
ressources
inférieures à celles de l'an
il a, de plu«, à lutter contre une gêne
pour ainsi dire générale et qui va de jour en
jour croissant. Voilà plusieurs bonnes raisons
qui doivent faire réfléchir les habitués du théâ¬
tre, et leur démontrer jusqu'à l'évidence que,
s'ils veulent voir le directeur être en mesure de
tenir ses engagements, ils doivent, de leur côté,
pas lui fausser compagnie, et répondre en
aussi grand nombre que possible à son appel.
Les belles salles, bien garnies, comme celle
sentation des débuts.
LE
pède !
Un vrai vélocipède à trois roues sur lequel
elle parcourt, du matin au soir, les labyrinthes
de ses jardins, au grand enthousiasme de ses
ministres et de ses sujets qui ne jurent plus que
par
une
'
mention toute
spéciale au jeune premier, M. Karher, qui, dans
le rôle épisodique de l'avoué Martineau, a su
faire valoir des qualités de tenue et de diction
assez rares chez un artiste de province, et que
mécanique.
ment
installée
sar
un
moelleux coussin, les
jambes-croisées dans l'attitude traditionnelle,
fait sur son véhicule des sommes
en rêvant des affaires de
l'Etat.
certainement l'oceasion de
constater et de recommander dans des rôles
aurons
cette merveilleuse monture
Cependant, la fièvre sportique du monarque
vient d'entrer dans une nouvelle phase. II s'est
fait construire un autre tricycle en argent, sans
pédales, portant un parassol, un chronomètre
et une boussole. Les pédales sont remplacées
par les houris du harem qui remorquent leur
seigneur et maître, le chronomètre indique
l'heure de la prière et la boussole la direction
dans laquelle il faut se prosterner pour les dé¬
votions méridiennes. Sa Majesté,
commodé¬
cette satisfaction, qui est la caracté¬
ristique de tout devoir scrupuleusement ac¬
Nous tenons à accorder
S'AMUSE.
qui n'est déjà pas si facile pour un porte-eouroune. Depuis Domitien, qui passait de si bon¬
nes journées à tuer des mouches,
pas un sou¬
verain n'avait trouvé une aussi innocente dis¬
traction : Sa Majesté mauresque a un véloci¬
Dire que
compli, était partagé par bon nombre de plai¬
deurs, témoins résignés et souriants de cette
débauche inspirée par Thémis, serait peut-être
exagéré. Quoi qu'il en soit, en hommes peu
vindicatifs qu'ils sont, ils ont applaudi aussi
fort que les autres !
ROI
Chacun prend son plaisir où il le trouve,
les empereurs comme les autres. Celui du Ma¬
roc est en train de
s'amuser énormément, co
très
interminables
Heureux
sou¬
verain
plus importants.
public nouveau, dont l'artiste ignore
les véritables sentiments ; il y a tout
lieu de croire que, dans sa seconde pièce de
UN BOURREAU CHARCUTIER
Les nouvelles d'Algérie nous apportent le
récit d'une exécution capitale manquée dont
encore
Ce que l'on peut toutefois constater, st sous
réserve, de certaines critiques que nous relevons
soir les débuts
avec
pièce de mardi soir est le triomphe de la basoche,
et nos compatriotes périgourdins qui font partie
! de cette honorable mais coûteuse corporation,
! s'en donnaient à cœur-joie k Pacte de l'enquêto.
par un
porté, à cet égard,
d'opérette, dont nous au¬
avec Les Mousquetaires
au Couvent, ne le cédera en rien
à celle que
nous avons
applaudie dans La Boule.
II ne faut pas, au surplus, se dissimuler que
les charges de notre nouveau directeur sont fort
lourdes ; il entreprend une campagne théâtrale
rons ce
d'avant-hier, font les bonnes représentations ; le
public n'aurait à s'en prendre qu'à lui-même si,
par son abstention, il laisZait sans lendemain
un succès aussi complet que celui de la
repré¬
une
d'un
; nous avons
penser que sa troupe
jeune premier comique, M. Pisar,
s'acquitte fort bien de sa tâche de queue rouge ;
il a des ahurissements fort comiques, et il nous
a une fois do
plus fait toucher du doigt la vé¬
rité de cet axiome : nos valets seront toujours
nos
maîtres, et nous serons toujours les très
appréciation aussi catégorique, avec d'autant
plus do raison qu'il serait difficile de se faire
nois des dames artistes.
province
ne
Mlle Dintzer est une première soubrette dont
le jeu fin et distingué témoigne d'études très
sérieuses. La voix est peut-être un peu sèche :
mais il faut tenir compte de l'émotion produite
idée bien exacte des ressources
médien il l'audition d'un seul rôle.
celles qui
villes de
d'excellentes raisons de
ou
nous
marché à,
souhait, qu'il n'y !> pas la moindre ombre au
tableau, et que la partie est gagnée d'avance ?
Nous ne nous hasarderons pas à formuler une
maintiendra.Les
se
est de beaucoup supérieure á toutes
tombent d'ordinaire en partage aux
deste est impuissant à réprimer ! « Quec'estbeau,
un avoué 1 » Ou peut dire, d'ailleurs, que la
»
MA.
flÉÀTIE
spectateurs de mardi
convaincre que M. Douât n'a rien
promis qu'il n'ait tenu : sa troupe de comédie
heure
ont pu se
personne, il nous a fait comprendre l'opporlunitó de co cri du cœur que le domestique Mo¬
nous
applaudissements qui ont souli¬
tistes, mieux que tout ce que nous pourrions
écrire, la satisfaction générale. II y a lieu de
penser que cet enthousiasme de la première
présentant de la loi conduit une enquête, et la
lucidité particulière qu'il sait introduire dans
les débats dont il a la direction. Mieux que
S'il fait
foule à l'invitatiou du directeur, et
gné la fin de chaque acte ont témoigné aux ar¬
humbles serviteurs de nos valets !
M. Armand prête au personnage de Camusot, ce malheureux avocat affligé de sept filles,
qui, pour couronner dignement sa carrière
conjugale, trouve encore le moyen de faire
coup double et de nous annoncer la naissance
simultanée de deux nouvelles héritières. II faut
voir la façon burlesque dont ce surprenant re¬
qAux
en
les nombreux
mérité. Le
The non,
A
pondu
dit, entré eu plein dans la peau du bon¬
homme, et son succès a été très grand et très
fanfaronnade.
maintes fois vaillant ;
brillant,
pendant l'incendie,
Comme un pompier il fut au feu,
Et nous proposons qu'on dédie
Un beau casque à Laugier-Mathieu.
son
sous
concourt
Q/lux carrières de Chancelade,
On vit
pré¬
coce
a su, sans
Se montrer
En somme, la campagne théâtrale s'ouvre
d'heureux auspices. Le public avait ré¬
ménages Paturel et La Musardière, avant d'ar¬
Périgueux, 14 Octobre 1886.
Sur
PÉRIG0URD1N.
compte-rendu vous fait frémir, si ensoyiez. Ceux que l'exécution de
Dintzer fera apprécier des qualités et des
Frey et de Rivière a réjouis et qui ont trouvé
qu'on s'apitoyait trop sur ces gredins sinistres
moyens dont elle ne nous a donné hier qu'une
I s'élèvent contre la façon ignoble dont M. d'Alébauche.
Mlle Forest .est une très belle personne qu'un ! ger vient de se conduire. On devra't appeler
cela un crime, non une exécution, dit \'Evè¬
zézaiement un peu trop prononcé empêche par¬
nement, et notre confrère a parfaitement rai¬
fois de comprendre comme on le désirerait ;
son.
nous serions toutefois injuste on
ne lui décer¬
nant pas la large part d'éloges k laquelle elle a
Depuis les exécutions du comte deChalais et
de San-Féliee, jamais uu échafaud n'avait revu
droit, et en ne félicitant pas M. Douât de l'aune pareille scène d'horreur.
Los maladresses
voir au nombre de ses
pensionnaires.
de Deibler sont proverbiales, et le parquet a ré¬
Mlle Richard donne beaucoup de cachet au
solu de ne plus les tolérer, mais jamais elles
rôle un peu effacé de la baronne de La Musar¬
n'ont atteint pareil maximum d'atrocité. C'est
dière ; comment, du reste, pourrait-il en être
un véritable, cauchemar, et je
crois que per¬
autrement quand on possède comme elle une
sonne n'élèvera la voix
pour
défendre
ì'bomphysionomie aussi gracieuse et aussi ave¬
me (?)
nante ?
qui, exécuteur de la loi, a agi non eu
bourreau légal, mais en véritable égorgeur.
Quant à Mlle Ponsolle, c'est une duègne à
On sait qu'après avoir tranché la tête du prolaquelle bien des jeunes femmes seraient heu¬
rnier condamné de St-Denis-du-Sig, le coupe¬
reuses de ressembler. Nous lui
verrons donner
ret de la guillotine, déplacé sans doute par son
la mesure d'un talent, à peine entrevu mardi
équilibre, ne fit que pénétrer peu profondément
soir, dans des créations plus importantes.
dans la nuque du second.
Disons enfin que la plupart des petits rôles
C'est alors que le bourreau, tirant froidement
ont été fort convenablement tenus par les au¬
une scie de sa poche se mit à entamer les ver¬
tres artistes, hommes ou dames, et que tous
tèbres du malheureux à l'aide de eet instrument,
ont rivalisé de zèle, de bonne humeur et d'en¬
tandis que les aides maintenaient le patient sur
train pour faire marcher à souhait cette pre¬
la bascule.
mière représentation.
débuts, Divorçons, k
ce
qu'il
parait, Mlle
l'horrible
!
durci que vous
�L'ENTR'ACTE PERIGOURDIN.
II a porté cinq coups de scie dans l'affreuse
blessure avant d'essayer de faire retomber à
nouveau le couperet qui d'ailleurs s'arrêta en¬
core dans le cou du condamné. Que fit M > d'Al¬
ger, homme pratique ? il enfonça le couperet à
coups de marteau et comme la tête tenait en¬
core, il acheva de la détacher d'un coup de ca¬
nif.
Voilà comment un exécuteur des hautes œu¬
vres d'un pays civilisé ose encore ac complir sa
besogne déjà cruelle
en
l'au 1886.
ET FOT1MI
qui lui demande à
sait d'Homère.
Cela dépend,
Beuve doucement,
—
sont véritablement ruineux !
—
tuite
—
Nous
sur
avons
pourtant la circulation gra¬
tous les réseaux...
madame,
—
Les
—
KH
d'aíTaires, madame ?
Oui, monsieur.
—
Sans valeur ?
—
Sans
aucune
valeur
Sur le boulevard
:
c'est
mon
contrat de
Quelle triste mine, cher ami, vous est-il
—
créan¬
—
vez,
*
Un mot de Sainte-Beuve.
D'illustre auteur des Lundis avait en horreur
les bas-bleus. Un jour, sa mauvaise fortune le
place à table à côté d'une daine prétentieuse,
administrateur - gérant
Le Gérant
c'est
Non, mais beaucoup de petites, et vous sa¬
les dettes, c'est comme les enfants, plus
petit plus
:
BILLAMBOÍS.
ça
crie.
CAFÉ DU THEATRE
Tous les
soirs, Choucroute, Pâtés,
Œufs durs,
etc., elc.
Charripoireau
*
*
,
VENTR'ACTE PERIGOURDIN, an¬
cienne maison Dupont et Cie, rue Taillefer, à Périgueux.
de
—
Ça ne suffit pas... on devrait nous donner
des indemnités de route.
L'administration de l'ENT/?' A C TE PERhìOURDlNvient de faine procéder à
un tirage spécial de
ses précédents nu¬
méros et, pour répondre aux désirs de
ses nouveaux abonnés, elle pourra, à par¬
tir de ce jour, leur fournir la collection
complète de VENTR'ACTE. Les lettres et
mandats devront être adressés à M.
BILLAMBOIS
:
arrivé quelque accident ?
Pas d'autres que la férocité de mes
ciers.
Vous devez de fortes sommes ?
puisque
—
mariage?
gaietés du guichet, à la poste :
Ce sont des papiers
demanda l'employó.
Inutile, se récrie Champoireau,
je vais les salir eu mangeant.
—
riposte Sainte-
est-ce pour un
—
—
Nos députés rentrent.
Deux d'entre eux causaient hier sur le quai
de la gare.
Oh 1 mon cher collègue... Ces voyages
brùle-pourpoint ce qu'il pen¬
a
été invité à dîner chez
de
vieux amis.
Quelques instants avant de se mettre à table,
prend à part pour lui
demander, sans façon, s'il veut d'abord se laver
le maître de la maison le
les uiainí.
4>iâ/d
Demandez la
LA.i*I>AISSs,
SERVIETTK SBOB.la grande nouveauté du
jour! Tout client est.
admis à emporler ladite
serviette comine souvenir.
Pcrigueux, imp. LAPORTE, anc.
Dupont et 0".
�permission de M. le Maire.
Par
BUREAUX
RIDEAU
THÉÂTRE DE PÉRIGUEUX
à 7 heures 3/4.
à 8 heures
1/4.
Direction de M. E. DOUAT.
Premier Dcbut de
Premier Début de
Premier Début de
•
M.
E. DURAND,
M1
M. PAGES,
1886,
Octobre
14
JEUDI
GERMAIN,
baryton.
première chanteuse.
Premier ténor.
Premier Début de
Premier Début de
Premier Début de
Mle DAUMONT,
M e PONSOLLE,
RICHARD,
M
Première
Duègne Desclauzas.
deuxième chanteuse.
Ingénuité.
LES
ll
Opéra-Comique
en
TROIS ACTES, de MM. Paul FERRIER et Jules
PRÊVER.
Miisiquc de I.iuiis V.S RNiEY.
IPISTieiBTJTXOISr
DES
ACTES
:
DEUXIEME ACTE.
PREMIER ACTE.
LE COUVENT DES URSULINES
L'HOTEL DU MOUSQUETAIRE GRIS
TROISIEME ACTE.
M. Douai
remplira le rôle de DlílDAINE.
Distriluitioii.
M"
Simonne
MM. Germain.
Brissac
°
Ev. Durand.
M. Daumont.
Contran
P agès.
Marie
Bridaine
Douât.
Louisë
Richard.
Jeanne.
Le gouverneur....
Piohard
Lyonel.
La
Armani).
Sœur
Ri gobert
Opportune.
Jacqueline
Ponsolle.
Georges.
Langlois
Pisar.
Jeanneton
Langlois.
Foriu
Delinval.
Claudine
Laugier.
Premier moine...
Julien.
Margot.
Guerin.
Deuxième moine.
Octave.
Marthe
Bobard.
PRIX
Loges, 5 fr. ; Premières, Stalles et Orchestre, 2
Supérieure....
Forest.
IDES PLACES.
fr. 50
;
Parterre, I fr. 50 ;
—
—
Secondes, \ fr. 25;
—Troisièmes, 75 c.
Poun MM. les Officiers et Militaires.
Premières et
Stalles, 2 fr. ;
En
—
Parterre, 1 fr.
location, il
Pour la
; —
sera perçu
Secondes, 75 centimes ;
—
Troisièmes, 50 centimes.
20 centimes en sus par place.
location, s'adresser au Concierge du Théâtre.
�
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An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_017
ark:/30098/47jk
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 17, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/84f30240ee0ae731e3b4ea1c04281a1c.pdf
e9927d92e1f72a526f87b5d7839cb3ab
PDF Text
Text
Première Année
Prix
:
10 centimes
Numéro 16
^ v
LITTERATURE, ARTS, THEATf
ABONNEMENTS
I
^WWWsMMWWMMWWsMIMss
COMMERCE,
(IIIIIHIlHMilHlHITfHIIHIIHMRIFIIIWIM
'
Annonces,
Réclames.
S
<n,\
INDUSTRIE
INSERTIONS
Six mois.
r
�PÉRIGOURDIN.
^ENTR'ACTE
Périgueux, 26 ,Septembre 1886.
fils, et il suffit de cet aveu suprême pour
le spectateur s'apitoie sur le sort de la grande
coupable, comme il s'api tel ra aussi en écoutant
les lamentations du
grotesque Triboulet, ce
monstre physique, pleurant des larmes de
sang
son
que
le cadavre de sa fille déshonorée. L'amour
maternel ! T amour paternel ! quels sentiments
divins... et surtout quelle mine
inépuisable pour
les dramaturges de talent. Le filon est à la
portée
de tous pmais combien peu ont su
à
la façon de Hugo !... »
sur
Vire le sport et
rive tel prestesse !
époque, ilfaut aller grand train ;
A notre
Tout
Xt
main
nous
tenant
rirons
fait
se
au
arec
vitesse
^exploiter
siècle de l'entrain.
*
*
a/1 la vapeur, que nous fîmes
Sy'ous
esclave,
J'arrivais sur la place du Greffe et mes
le tonnerre dompte,
réflexions allaient toujours bon train,
lorsque
jour, supprimant toute entrave, \ soudain, tout près de moi, le silence de la nuit
avons joint
l'homme,
XI
Ghevauchera
i.u
sur
fut troublé
par une voix forte, demandant:
Qui va là ?... » C'était mon excellent ami
le Dr ***, qui débouchait de la rue Saint-Front
et dont j'avais sans peine reconnu Torgane.
Où diable allez-vous donc à pareille heure ?
dis-je à l'arrivant, en lui serrant la main. Si
/'électricité.
«
Xn
attendant, l'homme
Xa
mécanique etjait allègrement
longs parcours sur le vélocipède,
JJe
appelle à
son
aide
c'est au sabbat, vous serez
minuit passé !
diabolique et biqarre ihstrument !
Xérigueux circulent les bicycles
<v£u profil grêle, et notre boulevard
Xst sillonné par d'élégants tricycles
ocí
nos
club m en manoeuvrent
Gar notre ville
a son
avec
retard
:
il est
vous, mon cher Lebreton !
Je parie que vous sortez du
—
que vous portez vos
extremis.
art.
sans pareille,
Xériqueux fleurir te recordman !
M-
rue
Neuve,
pour un enfant atteint du croup. Jë Tavais vu
dans la journée et j'espérais qu'il passerait la
nuit ; mais le père est venu tantôt nf annoncer
le petit malade est à toute extrémité.
que
Le croup !„. Je frissonnai... De tous les maux
dont Dieu se sert pour éprouver les mères,
celui-là est sûrement un des pires ! Le
gracieux
bébé, dont le rire frais et sonore faisait hier
encore la joie, de la
maison, est pris tout à coup
«
Ce n'est rien, c'est
un
simple enrouement, » a déclaré la nourrice en
berçant le cher trésor, et on ne s'inquiète pas
outre mesure ;
mais, durant la nuit, le mal s'est
aggravé. L'enl'ant est réveillé par une toux rau¬
que, sourde et comme étouffée ; chaque quinte
est suivie d'une aspiration brève, sifflante et
bientôt se produisent les saignements de nez,
les vomissements, avec ces mucosités filantes
et ces fragments membraneux
qui caractérisent
les laryngites aiguqs. « — Je suis
perdue !
s'écrie la mère ; mon enfant a le croup !... Vite
médecin!...
un
Le médecin arrive.... Hélas!
»
il est trop tard : bébé est mort ! L'enl'ant de
l'artisan comme le fils de roi succombent en
quelques heures
sous
Tlialeíne empestée de
ce
fléau terrifiant!... On raconte que le
croup ayant
enlevé Tentant du roi de Hollande, Napoléon Tfr,
dont la sollicitude s'étendait à tout et sur tous,
proposa un prix de
ouvrage qui traiterait
12,000 fr. au meilleur
de ce sujet. Royer Collard
remporta le prix et préconisa la bronchotomie,
qui consiste à pratiquer une ouverture soit à la
trachée-artère, soit au larynx, pour permettre à
l'air libre de pénétrer dans les poumons. C'est
ce souvenir
qui me revint subitement à Tesprit et me fit répliquer au docteur :
Votre petit malade est perdu, dites-vous.
Et pourquoi ne tenteriez-vous pas
séparation
de trachéotomie. que vous avez
déjà réussie
plusieurs fois?
C'était mon intention et je comptais demain
matin, à la première heure, réclamer le concours
de quelqu'un de mes confrères ; mais il est bien
tard pour déranger l'un d'eux... et le
temps
presse. Voulez-vous m'accompagner ?
Très volontiers, dis-je, surtout si vous
pensez que je puisse vous servir en cette occa¬
—
Mtz Niait à UWMi<MZ.
—
qA cMadame X..., la
et la
plus digne des épouses
plus dévouée des mères.
Le fond du cunte est véritoble ; [ ■
Buffon m'en est gérant : Qui pourrait en douter?
D'ailleurs, tout, dans ce genre, a droit d'çtie croyable,
Lorsque c'est devant vous qu'on peut le raconter.
(Florian.)
Minuit venait de
sonner au
—
sion.
vieux clocher de
Peut-çtrè ! murmura. T excellent homme en
prenant amicalement le bras. Venez d'abord,
—
notre
me
du
nous verrons
antique cathédrale rajeunie, grâce au talent
regretté M. Abaclie et de son trop modeste
collaborateur M. Lambert.
C'était un soir d'hiver de Tannée 18...
Et
fia date
importe peu, car le fait que je vais citer n'est
appelé à marquer dans les annales périgourdines). Je regagnais tout songeur inon
domicile, encore sous l'impression des scènes
pathétiques d'une représentation théâtrale à
laquelle je venais d'assister. J'avais revu, il est
vrai, Lucrèce Borgia. une des plus puissantes
conceptions dramatiques de Victor Hugo, et,
insensible aux morsures de là bise, mâchonnant
mon dernier
cigare, j'allais rêveur par les rues
sombres et désertes, analysant dans mon esprit
l'art incomparable avec lequel le maître avait
pétri, animé et jeté pantelant sur la scène ce
monstre moral qui a nom Lucrèce. Cette lemme
est une misérable, me
disais-je... L'auteur Ta
pas
noircie à dessein pour amener sou dénouement
foudroyant... Théophile Gautier avait raison,
c'est incontestablement du procédé
;
mais quel
procédé habile! « Gennaro, je suis ta mère!
crie le monstre expirant sous le fer homicide de
ensuite.
voilà,
vers une heure du matin,
déambulant à travers les basses rues,
par une
nuit sans lune et une température au-dessous
de zéro; mais, pour conserver à ce récit tout
son cachet véridique, je dois
ajouter qu'inlcnous
poète à
Ce fruit de leur automne
la misère et leur fait trou¬
douces les amertumes de leur triste
ses heures.
les aide à supporter
ver
presque
vie... »
*
*
*
Enfin,
nous arrivâmes. Le chiffonnier et les
siens étaient installés dans un rez-de-chaussée
humide et malsain, composé d'une seule pièce,
ayant pour toute ouverture une porte-fenêtre
donnant
à peine
la rue. Le froid que je ressentais
au-dehors, me saisit subitement en
pénétrant dans cet intérieur de parias. Faible¬
ment éclairés par une chandelle de suif qui
sur
,
brûlait
gne,
leu
sur la cheminée, le boiteux et sa
compa¬
assis devant l'átre, tisonnaient un maigre
qui allait s'éteignanl ; ils se levèrent vive¬
à notre approche et je remarquai que l'un
ment
et l'autre avaient les yeux rouges et encore
humides de larmes. Leur pauvre mobilier se
composait d'un vieux bahut, d'une table Le!teuse, de quelques chaises et d'un grabat sor¬
dide, sur lequel gisait le malheureux petit être
atteint du croup. C'est çelui-là surtout qui attira
le plus vivement mon attention. II paraissait âgé
dé deux à trois ans, et sa figure délicate, enca¬
drée de cheveux blonds, se détachait nettement
sur T oreiller d'un blanc douteux. Le docteur ***
s'était approché du malade et hochait la tête en
lui t à tant le pouls, dont les battements rapides
et très faibles indiquaient la gravité de son étal.
L'infortuné bébé faisait en effet, peine à voir :
Son aphonie était complète ; son visage et ses
petites mains, que je voulus toucher à mon tour,
étaient inondés d'une sueur froide et prenaient
graduellement la lividité cadavérique. Tout
indiquait que ('asphyxie était proche et qu'il n'y
avait, pas un instant à perdre pour tenter i'impossible. Les parents avaient suivi anxieusement
i'inspection du médecin et, tout à coup, j'entendis
la mère qui demandait :
Vous le sauverez, n'est-ce pas, monsieur?
Oui! assura Thomme de l'art; mais je dois
tout d'abord vous prévenir qu'il faut que je
pra¬
tique au cou de votre enfant une incision qui
lui permettra de respirer librement. Sans cela,
il est perdu et a tout au plus un
quart d'heure
,
*
d'un malaise subit.
en
à mon tour, je gage
soins à quelque client un
C'est exact... Je vais dans la
—
la perfection,
G'est q race à toi qu'un coureur fait merveille
Xtpeut se dire invincible champion.
XJe notre club, la phalange sportique
X'adoptera, merveilleux instrument,
XJt l'on verra, défaut la critique,
cus
en
s'écria le docteur.
théâtre ?
Vous l'avez dit, et,
Qui fut fondé par des parrains vaillants ;
unissant art,finance et négoce,
XI peut prétendre à des destins brillants.
Tour célébrer sa naissante influence,
Osons avons peint, sur un Crescent-Royal,
iSon président qui, très correct, s'avance,
cX'vec un chic suprême et triomphal !
Que Xfudge livre
Tiens, c'est
—
club du véloce
Royal-CreSCENT, machine
—
—
lis n
Que
*
« Ces deux
déshérités, ces deux épaves
de la vie ont concentré toute leur affection sur
cette petite créature, ajouta le docteur, qui est
mant.
rieurement je maudissais la rencontre insolite
du bon docteur, car je pressentais
quelque scène
intime autrement empoignante
pour ma nature
impressionnable que la fiction dramatique qui
m'avait récemment ému au théâtre. Chemin
faisant, mon compagnon m'expliqua que les
parents de Tentant étaient de pauvres gens
d'Angoulême, établis depuis peu à Périgueux.
Le père, un bonhomme boiteux et
malingre,
pratiquait le métier de chiffonnier et combattait
péniblement sa misère en parcourant chaque
jour les rues de la ville,'où il achetait, pour les
revendre à très petits profits, les peaux de
lapins
et les vieux chiffons. La mère était,
parait-iI,
une ancienne fille de
joie qui, lassée de la
prostitution, avait épousé T infirme dont, par une
cruelle ironie du sort, elle avait eu un bébé char¬
—
—
à vivre.
Les deux
malheureux
se
consultèrent d'un
regard anxieux, et la femme, étouffant un
sanglot, alla se jeter dans les bras du mari,
dont la figure souffreteuse
marquait à cet
instant une angoisse suprême.
S'il n'y a pas moyen de faire autrement,
allez, dit Tintirme.Nous avons confiance en vous.
—
*
*
En
un
*
instant, les préparatifs du docteur
surent faits et il eut distribué les rôles. Pendant
le père tenait la modeste chandelle de suif,
qui vacillait dans ses mains tremblantes, ['opé¬
rateur prit le corps inerte de Tentant et Tinsque
tafia délicatement sur le revers du lit, nous
chargeant, la mère et moi, de le maintenir dans
une position horizontale. II rétira alors d'un étui
une lame d'acier qui, en reflétant la lumière,
brilla d'une lueur sinistre, et je Ta perçus ensuite
déposant à portée de sa main la petite canule
qu'il allait tout à The ure établir dans la plaie
pour permettre le passage de l'air dans les voies
respiratoires.
Le visage si expressif et surtout si mobile du
D1' *** paraissait maintenant transfiguré. Une
sérénité calme Taxait envahi, et j'admirais le
sangfroid avec lequel il allait procéder à la terrible opération. Je' le vis empaumer résolument
son bistouri
et,-ayant talé du doigt T endroit
favorable, il enfonça doucement T acier dans
le cou du baby.... A ce moment, le petit
malade lit un soubresaut nerveux, qui me rap¬
pela le spasme douloureux du poulet qu'on
égorge. Je fermai les yeux !... La mère défail¬
lante venait de s'affaler
et le
sur
les deux genoux,
père poussait des cris sourds qui me cha¬
viraient l'àme. Seul, ['opérateur n'avait pas, du
moins en apparence, partagé notre émotion,
car je le revis bientôt sonder la
plaie béante et
étancher le sang rose qui découlait sur la poi¬
trine de Tentant. La canule fut bientôt en
place
et, par son orifice, nous perçûmes un grouille¬
ment léger, indiquant que l'air circulait libre¬
ment. L'opération avait réussi !
*
Je n'insisterai pas sur les incidents qui sui¬
virent. Ce spectacle m'avait absolument anéanti
et
mon unique souci était de
regagner la rue au
plus vite pour y respirer à Taise." Le père et la
mère pleuraient maintenant à chaudes larmes
et couvraient de baisers la
figure du petitmalade, qui semblait renaître et dont les joues
coloraient insensiblement...
Je rentrai brisé à la maison, et
dormis fort- inal cette nuit-là.
se
j'avoue
que
je
�PÉRIGOURDIN.
L'ENTR'ACTE
Quelques jours après, je revis le docteur ***,
qui fumait tranquillement un cigare en arpentant
les boulevards.
Eh bien, lui
—
dis-je
en
vent,
l'abordant, comment
porte notre petit malade de la rue Neuve ?
L'opération n'a eu aucune suite fâcheuse,
répondit l'excellent docteur. L'enfant est com¬
se
plètement rétabli, et je l'ai même
aperçu hier
de la
matin prenant ses ébats dans le ruisseau
rue.
revenue au calme depuis son aveu, fit entendre
dans l'église sombre un sifflement prolongé.
J'avais parié de siffler dans l'église, mon père,
dirigea incontinent vers la salle à man¬
Myotte lui annonça
l'óglise de suite. »
«
son
rôti,
un
lorsque la
qu'il fallait se rendre à
imposé là une terrible corvée,
íis-je très sérieux, et j'aurais presque le droit
de vous réclamer une
part de vos honoraires.
Mes honoraires ! s'exclama le bon docteur,
voulez rire. Le
père est venu ce matin
m'emprunter vingt francs pour payer son
—
vous
terme !....
—
s'éloigner, lorsque tout á coup il se rapprocha
de la table et vida le verre, après avoir fait
scintiller à la lumière le vin brillant et clair
gros rubis. « Ce serait dommage de
le laisser éventer, » soupira-t-il, et cette fois il
marcha résolûment vers la porte.
comme un
Etonnez-vous, après cela, que tant de médecins
abandonnent leurs malades pour faire de la
politique !
paul LEBRETON.
Bertrand, perdant tout espoir d'attraper un
du fameux vin, était prestement
nouveau verre
à l'église pour annoncer à
l'arrivée du vieux curé.
Cette petite fille, qui l'avait vu
Pétronille
revenu
pintes, effrayait le
gros
trand était
Bertrand,
Aux trois
ledit Ber¬
car
gratifié d'une compagne peu com¬
mode, qui parfois n'avait pas hésité à jouer du
manche à balai sur le dos de son sac...ristain
de mari.
Je vous avais bien dit qu'il dînait, made¬
moiselle Pétronille, et môme qu'il n'a pas fini.
Ah ! il a siflló (Troisième mouvement d'effroi de
—
L'angelus du soir sonnait à grande volée... II
n'y a pas bien longtemps que ce que je vais
vous
raconter s'est
passé, et ce n'est pas bien
loin de Neutron qu'habitent les héros de cette
histoire vraie.
Donc, l'angelus sonnait; il pouvait être...
huit heures du soir; maître Bertrand, le sacris¬
tain de l'église d'Ouvouvóudrez, allait fermer
les portes du saint-lieu, les dernières vibrations
de la cloche s'éteignaient doucement sous les
voûtes de la vieille nef. Tout a coup, une ombre
encapuchonnée pénétra dans le sanctuaire par
l'entrebâillement du grand portail, et marcha
droit à maître Bertrand, dont on entendait le
souffle d'asthmatique du côté de la petite porte.
Avant qu'il eût le temps de tourner vers la
per¬
sonne qui venait à lui sa
majestueuse rotondité,
une
petite main se posait sur son épaule et une
voix douce, mais altérée par une forte émotion,
lui disait presqu'à l'oreille :
Monsieur Bertrand, prévenez, je vous prie,
M. le curé : il faut que je me confesse tout de
—
suite !
Ah! tiens! c'est vous,
venez bien tard !...
—
—
Pétronille? Vous
Je vous en prie, monsieur Bertrand, pré¬
vite M. le curé et dites que ça presse.
venez
Ça
presse ! ça presse !
mais M. le curé dîne à cette
C'est bon à dire,
heure, et il ne doit
pas faire bon le déranger, car il siffle (Mouve¬
ment d'effroi de Pétronille) en ce moment
quel¬
ques verres d'excellent vin vieux qu'on lui a
conduit aujourd'hui même. Ah ! mâtin ! c'est du
bon liquide, mademoiselle Pétronille, j'en sais
quelque chose, moi, j'en ai sifflé (Autre mouve¬
ment d'effroi plus prononcé).... Mais qu'avezvous, Pétronille, vous semblez malade, vous
vous agitez, hein ! vous souffrez ?
Encore une fois, monsieur Bertrand, ayez
l'obligeance de prévenir M. le curé.
D'est que... je... enfin...
Aile? ! monsieur Bertrand, dépêchez-vous,
et je ne dirai pas à votre femme que je vous ai
—
—
—
—
Pétronille)
un
allez, avant de
Tu
coup de son
mettre en route.
fameux
se
vin vieux,
plus respec¬
tueusement de ton curé, Bertrand; siffler est
un mot
grossier de la façon dont tu me rap¬
—
pourrais parler
un peu
pliques, dit soudain le vieux prêtre
d'exorcisme.
Sous la remontrance du vénérable vieillard,
maître Bertrand baissa la tète.
C'est vous qui me demandez, ma fille, dit
le prêtre se tournant vers Pétronille. Je n'y vois
pas très bien, il commence à faire obscur
je ne vous reconnais pas Qui êtes-vous ?
Monsieur le curé, c'est la Pétronille, la
—
ici
II y a, Myotte, répondit Bertrand d'un air
câlin et en clignant de l'œil vers la cuisine, il y
—
M le curé est demandé immédiatement
Téglise.
Immédiatement ! qui est-ce qui le deman¬
de ? II dine, c'est impossible !
Mlle Myotte, dit Bertrand d'un ton tragi¬
que, il faut que M. le curé vienne de suite à
l'église ; c'est très urgent.
Myotte, évidemment flattée de ce titre de
mademoiselle qu'on ne lui prodiguait pas sou¬
a
que
à
—
—
loignement.
Quant
au
brave curé,
pigeon était froid,
trois verres de
lampée, il s'édoute à sa laborieuse
son
c'est vrai, mais il but deux ou
son fameux vin. A la dernière
c ia, en songeant sans
confession de tout à f heure
Bien ne vaut le devoir
—
:
accompli !
FANTASIO.
LE RÛKDBL DU
Je
Guillaume, du village de Barbet ; j'ai
grand-père, qui...
Bertrand, vous n'avez plus rien à faire ici,
dit le prêtre í'interrompant ; je fermerai les
portes, allez-vous-en...
Le curé se dirigea vers le confessionnal, re¬
vêtit le surplis. Pétronille s'engouffra dans un
au
ne
demande
BAISER
qu'un baiser
Sur votre bouchette si rose...
Le demander
le prendre n'ose :
Allez-vous me le refuser ?
fille
..
gros
connu son
—
Mon
—
vous
est peu
de chose
demande qu'un baiser
Mais laissez-moi le diviser
—
—
peut me griser,
Le recevoir
Le donner
dés côtés de la machine.
Eh bien ? ma tille...
Je
ne
Et
goûter par petite dose,
En faisant
père, je suis bien coupable!...
mon enfant, Dieu est infiniment
De
Courage,
miséricordieux.
Oh! mon père, je n'oserai jamais vous
dire... (Un sanglot.)
Allons, allons, ma chère enfant, soyez rai¬
Je
en
façon à
11e
:
!
route une pause
me
bien griser...
baiser !
George Herbert
demande qu'un
—
,
—
sonnable, dites vite ce qui trouble si fort votre
conscience; vous savez bien que vous êtes sûre
du secret, et puis il y a quarante ans que je suis
dans le ministère, mon enfant, il est bien peu
de fautes que je ne connaisse pas, et il n'en
existe point que Dieu ne veuille pardonner...
Allons ! dites vite. (A part.— Mon pauvre rôti
va froidir !)
Je... je... je ne puis... Si vous saviez.
Oh ! c'est affreux, j'ai commis mon péché à l'é¬
qui
UN SINGULIER SÉDUCTEUR.
—
(Je vais passer la nuit ici) ; eh bien, avez-vous
vante du brave curé d'Ouvouvoudrez.
rien dire.
Attention à
ma bourgeoise, à propos des
Trois-Pintes, hein ! cria-t-il encore dans Té—
;
tilles, disait en cheminant l'honnôte sacristain
—
Pétronille, confuse, descendit les marches
sans
—
Dieu est infiniment bon. Allez vite !
je le sifflerais de bon cœur. »
Tout en ruminant ces pensées, maître Ber¬
trand était arrivé à la porte du presbytère, où
il frappa deux coups discrets.
Qu'est-ce qu'il y a encore? dit de Tintérieur l'aimable voix de la Myotte, la vieille ser¬
daine du sacristain.
siffler
sacris¬
tain, Pétronille s'agitait et semblait mal à l'aise.
On eût dit d'un démon tracassé par une formule
y va, mais surtout pas un mot de ma visite
aux Trois pintes à ma bourgeoise.
Pétronille fit un geste d'assentiment et
Bertrand se dirigea, par la sacristie, vers la
maison du curé : « Au diable les femmes et les
;
intrigue de savoir comme
j'ai entendu. Pas malin, pourtant ! Vous osiez
d'un côté du confessionnal, moi de l'autre...
voilà... Hi ! hi ! et un large rire souleva la be¬
bruit.
Chose étrange, pendant que ce verbe
était prononcé soit parle curé, soit par le
glise. (Deux sanglots.)
voyez-vous, ça voit tout, ça sait tout, ces dia¬
blesses-là ! Enlln, hum ! si le curé savait m'offrir encore un verre de ce fameux vin, comme
Mais comment ?
Ah! ah ! ça vous
—
—
venu sans
vu dimanche
soir au cabaret du vieil Am¬
broise.
C'est bon! c'est bon ! Mlle Pétronille, on
—
je l'ai fait, mais le remords est venu et je n'a¬
vais plus de paix; pardonnez-moi, mon père.
Hum ! hum ! certainement je vous par¬
donne, mais vous auriez bien pu me dire cela
plus tôt ; vous m'avez retenu trois quarts
d'heure pour cette... bêtise. (Mon pauvre pi¬
geon !) Allons ! allez en paix et... ne sifflez plus.
Pétronille, agile et fière maintenant, se hâta
vers la porte de sortie. Comme elle allait des¬
cendre la première marche, maître Bertrand se
dressa devant elle : « Pétronille, je connais
votre péché, j'ai encore besoin d'aller ìn'huinecter le gosier Aux Trois Pintes, les dimanchis après le chant de vêpres ; si vous en dites
un mot à la
bourgeoise, moi je parle de votre
péché à tout le monde. »
—
Comment ! je ne puis finir de dîner ?
Non ! monsieur le curé ; c'est très pressé,
il faut y aller de suite.
Allons ! soupira le brave homme, habitué
à l'obéissance.
II se leva, et jetant les yeux sur le pigeon¬
neau et sur son verre à moitié pie,n, il allait
—
—
Vous m'avez
—
se
ger, oubliant ses autres questions.
Le brave curé allait entamer
modeste petit pigeon bien dodu,
—
fille, en effet, c'est une cir¬
aggravante ; mais, je vous le répète,
Eh bien!
constance
ma
froid, je n'aime
—
peu,
—
Óh ! mon
je n'ose...
(Un pigeon
moi !)
père, si vous pouviez m'aiderun
pas ça,
Vous aider!
hum!
hum!
c'est
difficile
volé le tronc ?
Oh ! non, c'est bien plus grave, mon père.
Plus grave! Avez-vous dérobé quelque
ornement ou vase sacré ?
Oh ! non.
Hum! hum! Je ne vois plus... à moins
—
—
—
—
que... Mais non
tous les péchés
! je ne peux pas vous demander
qui se peuvent commettre à l'é¬
glise. Allons, ma fille, du Courage, et dites vite,
je suis pressé. (Mon pauvre rôti !)
Eh bien, mon père, j'ai sifflé...
La burette au vin blanc, je parie ! Hum !
ce n'est pas bien ; mais il ne faut pas vous exa¬
gérer votre faute outre mesure, siffler du vin
n'est pas un : faute grave, bien grave.
Mais, mon père, ce n'est pas ça, j'ai
—
—
—
sifflé...
Quoi? la Marseillaise ? Le bedeau aurait
mettre à la porte. Oh ! la jeunesse !!
Mais, mon père, j'ai sifflé tout simple¬
ment, sifflé comme ceci, tenez! et Pétronille,
—
dû
vous
—
Voici une histoire qui remonte à soixante ans
moins ; je la tiens de contemporains qui ont
au
disparu aujourd'hui de la scène du monde, ainsi
que ses acteurs.
Louis Ruffin était un séducteur, et un sé¬
ducteur des plus dangereux. Rien de plus char¬
mant que sa personne; impossible pour les
femmes de le voir sans l'aimer; à ses attraits
irrésistibles il joignait la perfidie des calculs,
et rien ne préservait de ses coupables desseins,
parce que
lorsque l'on s'apercevait de la faus¬
et du péril qu'il y avait à se
seté de son âme
fier à lui, le mal
était sans remède, il était trop
tard, les précautions étaient devenues sans né¬
cessité.
Quand il était parvenu à circonvenir une
jeune fille, il lui tenait ce langage étrange, dont
l'apparence de sincérité
aux
soupçons :
Je suis un
ne
laissait
pas
de prise
exceptionnel, made¬
viens pas auprès de
vous me présenter comme un mari, je ne le
voudrais que trop ; mais, hélas! je ne le puis. Si
vous me voyez, c'est que je n'ai pu résister à
Tamourque vous m'avez inspiré comme mal¬
gré moi, et qu'il est difficile de se soustraire à
Tem pire que votre beauté exerce sur le cœur....
Ah ! que je préférerais, ou ne vous avoir jamais
—
amoureux
moiselle, disait-il
;
je
ne
rencontrée', ou m'être trouvé insensible à vos
charmes ; mais c'est le malheur de ma destinée
�L'ENTR'ACTE
d'aimer, d'aimer
amour rester sans
flatter de
vous
qué la curiosité et qui eût été fâchée de se pri¬
ver de sa
présence avant desavoir ce qu'il avait...
ou ce
qu'il n'avait pas....
ardeur, et de voir cet
espoir, car il ne faut pas se
avec
posséder, non, ce bonheur n'est
Oh!
pas fait pour moi
Ce langage produisait
jours
que
duel
cela
—
produisit son aventure
La
provoquait une explication.
Alors lui, qui avait calculé d'avance sur l'ef¬
fet de sa révélation, racontait un événement qui
lui était arrivé, disait-il, au régiment, peu de
temps après son incorporation dans l'armée. II
avait eu un duel, et avait reçu une blessure qui
sommation
au
au
tivement
légère ; quant à Ruffin, il était frap¬
et de quelle manière ! on eût dit l'intervention de la Providence ! II était frappé 'de telle
pé,
que la mutilation qu'il avait feinte allait
devenir cette fois une réalité
Ce duel eut du retentissement dans Péri-
sorte
gueux. On entoura Gustave des plus vives mar¬
ques de sympathie ; il reçut les témoignages
d'intérêt de toutes les classes de la société. II
resta
à
peine alité, et chacun s'en félicita.
au séducteur si bien puni, il fut
Quant
ma¬
lade jusqu'à laisser croire qu'il ne s'en relève¬
rait pas. II guérit pourtant, mais la guérison
était pour lui plus malheureuse que la mort ;
horriblement mutilé, le mariage lui était
défendu, sa vie se trouvait manquée, et il vêcut
car,
isolé
par la destinée, absolument
si le ciel lui-même avait tenu à lui
poursuivi
,
comme
montrer son
commis
et
et c'était tant pis qu'il ne tût pas mort,
étant mille fois préférable de perdre la vie que
de rester condamné à la passer si misérable¬
tomber l'affaire, les frères des victimes résolu¬
rent de la relever. Ils étaient deux, chacune
avait le sien. Ces jeunes gens étaient bouillants
d'ardeur et également indignés ; le même cri
sortit en même temps de leur bouche : Ven¬
ment.
L'histoire était racontée du ton le plus sincère
et de manière à émouvoir, car Rush n possé¬
dait, en outre de ses brillantes qualités physi¬
ques, l'art de persuader et de toucher... Sa voix
pénétrante, ses yeux tendres donnaient à son ré¬
cit une expression qui allait à l'âme... La jeune
geance !...
Ce fut d'abord à
qui le premier réparerait
l'outrage; les deux familles étant représentées
par des champions également désireux d'être
les premiers à porter les coups, des amis inter¬
vinrent; on tira au sort pour connaître le nom
du favorisé : ce fut celui du frère d'Adrienne,
Gustave, qui sortit.
Le sort, comme on va voir, avait bien choisi.
Des témoins furent envoyés, et, les conditions
du combat réglées, les adversaires se rencontrè¬
rent dans le bois des Romains, près la route de
personne restait profondément émue, et quand
il avait ajouté ensuite qu'elle voulût bien lui
dire si elle le blâmait de l'aimer, ou si elle pen¬
sait devoir, après son aveu, lui commander de
rester chez lui, elle n'avait pas le courage de
parti, car il savait si bien lui
serait prononcer son arrêt de
mort, qu'une jeune fil le se fût crue indigne de
vivre elle-même, que de forcer à s'éloigner d'elle
prendre
ce dernier
faire croire que ce
Paris,
si bien fait pour
en
face du cimetière actuel.
Les adversaires
paraissaient être d'égale for¬
l'un et l'autre et pareillement ani¬
més, et ils s'étaient attaqués plusieurs fois sans
résultat, lorsque Gustave se sentit atteint à la
poitrine, mais en même temps son adversaire
inspirer de la pitié.
Elle lui laissait toujours, dans ce cas, la per¬
mission de jugerlui-même du momentopportun
de cesser ses visites; il les continuait donc, et,
à la laveur de ces entrevues fréquentes, il s'in¬
sinuait de plus en plus dans la confiance de la
jeune fille, dont, il faut bien le dire, il avait pi¬
de
La Limogeaxne.
séducteur. Cette situation chan¬
)N[0.S
la résolution des deux familles, qui, dans
l'impossibilité d'obtenir satisfaction, préférèrent
se réfugier dans un égal mépris pour le séduc¬
teur. Mais si les grands parents laissaient ainsi
blessure,
horreur pour les crimes qu'il avait
punir comme il le méritait.
à l'en
J.
gea
l'avait mutilé.... 11 avait failli mourir de cette
et
première idée de la famille de la victime
coupable la
réparation de sa faute par le mariage ; on allait
lui en faire la sommation lorsqu'on apprit
qu'une autre jeune fille se trouvant dans le mê¬
me cas devait adresser, selon son droit, la même
Que diable peut-il donc avoir? se deman-
homme si malheureux
avec une
fut, bien entendu, de demander
dait-clle. Et elle
un
jeune
personne
nommée Adrienne attira l'attention et révéla
les procédés de ce ténébreux séducteur.
surprise.
ment
par apprendre à leurs dépens ; car, ainsi
je l'ai donné à comprendre , l'histoire du
personnes ayant réussi pourtant à cacher leur
faute ; quand il en quittait une, c'était pour s'a¬
dresser à une autre. II allait ainsi multiplier le
nombre de ses victimes, lorsque l'éclat que
me fût possible ; mais non, ce serait de
ma
part une insigne tromperie. Le lendemain
de notre mariage, savez-vous ce qui arriverait?
11 ne vous resterait que la ressource d'une sépa¬
ration, ou la perspective pour vous d'un avenir
manqué, incapable que je suis de m'acquitter...
des devoirs du mariage....
On pense si la jeune personne était étrange¬
que
perdit Eve; que de
et de ses suites était un conte.
Grâce à ce moyen abominable, Ruflin était
ainsi arrivé à rendre mères deux ou trois jeunes
qu'il avait choisie....
Vous épouser, mademoiselle ! plût au ciel
—
la curiosité! elle
femmes n'a-t-elle pas perdues!.... Les jeunes
filles voulaient savoir.... et elles finissaient tou¬
toujours l'effet que no¬
tre séducteur en pouvait attendre. Les jeunes
personnes lui demandaient pourquoi, étant
amoureux comme il prétendait l'être, il ne sui¬
vait pas les voies ordinaires, et n'épousait pas
celle
PÉRIGOURDIN.
ce, courageux
était lui-même touché....
Cet incident mit fin au combat. On examina
l'état des blessures; celle de Gustave était rela¬
A
problème
le
Fendez
en
une
une
M LSETTKS
des quatre
allumette à
autre en
allumettes.
son
extrémité, taillez-
biseau, que vous
introduisez
première, de manière à ce
que les deux allumettes forment entre elles un
certain angle ; posez-les sur une table, le som¬
met de l'angle en haut, en l'appuyant contre une
troisième allumette, voilà les préparatifs faits.
Remettez alors une quatrième allumette à quel¬
qu'un de l'assistanee, en lui demandant d'enle¬
ver en Pair, à l'aide de cette allumette, l'en¬
semble des trois premières.
Solution.
Appuyer légèrement contre les
deux premières allumettes et à quelques milli¬
mètres du sommet, pour permettre à la troi¬
sième de tomber sur celle que vous tenez ;
dans la fente de la
—
baisser la main pour que cette
troisième puisse
pénétrer dans l'intérieur de l'angle formé par
les deux premières, puis enlever en f air l'al¬
lumette que vous tenez à la main, et sur la¬
quelle se tiendront, à cheval, les allumettes 1
et 2 d'un
côté et l'allumette 3 de l'autre.
L. -A. Bruti.
l'érigueux, imp. LAPORTE, anc. Dupont et Ce
LIBRAIRIE
LEON
VANIER
JS i
Je n'aLplus rien, soldais Ju/eles
.
yj- niû/ns d- vous loper pou-fcu/eur
un couve/ií oie. demoiselles,_
J)ìt í mcur ' jú'cèzit un vieuxjuj-ceuf
Jl'ans
me
_
fr
/W1
Légendes de LEON VAN!EN
tJïiïx .J'
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_016
ark:/30098/47kw
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 16, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/d6c58bcb2a34bc1f1cc8d8ef5307b59a.pdf
82259d7bef3fa5d9d7f6c825c33e3a14
PDF Text
Text
Première Année
Prix
:
10 centimes
Numéro 15
lîWWMMWWWWWWMMMW
LITTERATURE, ARTS, THEA
INDUSTRIE
ABONNEMENTS
Un an.
Si* mois.
3f
1' 75
FUSION
..
INSERTIONS
Annonces,
Réclames.
CONFUSION
DIrrusto M I
JjODpiE'HMES )
r
ju.
,
™9
/
'
JiOTW&pt'f/LV&O
�L'ENTR'ACTE
Lafarge soient précisément rares ou que je par¬
tage l'engouement des collectionneurs qui fré¬
quentent l'hôtel Drouôt; mais je reconnais, avec
beaucoup de bons esprits, que rien n'est plus ■
intéressant que ces lettres d'une prisonnière qui |
Périgueux, 11 (Septembre 1886.
H L A UK.
dMonsieur
Paillasse, mon ami,
Ne saute point-za-demi,
Saute pour tout le monde.
vBêranger.)
vin public blasé qui s'embête
(Et baille à bouche ■que-veux tu,
OiCcusieur Slow u s est mis dans la tète
De servir
impromptu :
Dédaignant le vieux répertoire,
un
tour
absolument,
De pitre, dans son écritcire,
pris deux plumes seulement.
(de sont deux longues plumes d'oie !
D'une pour l' Empire a gratté,
Tandis que l'autre était en proie
<sÁuprurit de la royauté.
Or, suivant une étrange mode,
Ssotre gaillard prend, sur majoi !
G es plumes et les accommode
Tour célébrer... n'importe quoi.
Que l'on
repousse
De voye^-vous qui se torture
Tour obtenir quelque succès?
Osais il faitpileuseJiqure,
Dt le public murmure : « ^Tsseq ! »
Trenant à deux mains son courage,
Dl annonce un tour très rupin :
G'est le célèbre mariage
De la carpe avec le lapin.
Osais c'est vainement
qu'il s'escrime
Dssayant d'arriver à bien,
Vainement qu'il sue et qu'il trime...
Tfn tel effort ne produit rien.
ccueilli selon ses mérites,
Ge saltimbanque malheureux
SSTe reçoit que des pommes cuites,
Z£u heu d'un rappel chaleureux.
Si, par sa blague mensongère,
De public put être intrigu
Osa in tenant il ne
gobe guère
Ge clown
ventard, qui fa blagué.
Dors, f histrion mélancolique
Oset
ses
plumes
en
leurs étuis
'Puis, voyant s'enfuir la pratique,
if ail relâche et Je rme
son
huis !
%*§■
CHRONIQUE
Rassurez-vous, amis lecteurs,
vous
ce
n'est pas de
rédacteur
en
je viens
parler aujourd'hui. Celte lettre,-qui a déjà
que
lait verser des îlots
de la politique, et il
d'encre, est du domaine
est entendu que je ne
veux pas en faire ici. Non ! il
s'agit tout sim¬
plement d'une lettré particulière, qui m'est
parvenue ces jours derniers de Paris, et dont
l'auteur, après avoir causé de tout un peu,
s'exprime
«
l'hôtel
ment
en ces
termes
J'ai assisté hier à
...
Droúot, et j'ai
élevés
écrites et
une
signées
vu
:
une vente
d'autographes à
céder à des prix relative¬
collection fort curieuse de lettres
Mme Lafarge,
l'héroïne du
sombre drame du Glandier. Par une
'singulière coïn¬
cidence, le premier lot inscrit au catalogue était com¬
posé de cent chansons de Béranger, le doux poète.
Le croirais-lu "? Le succès n'a pas été
pour le chantre
de Lisette, dont les
autographes, tu le sais aussi bien
que moi, ne courent pas les rues. On s'est acharné
sur
par
les lettres de cette femme célèbre dans les
anna¬
les
judiciaires, et qui a captivé si longtemps l'opinion
publique. II ne s'agissait pas, il est vrai, de quelques
lignes jetées à la hâte, ou de quelques mots insigni¬
fiants auxquels la signature seule
peut donner un
certain prix. C'était une correspondance suivie,
adressée par Mme Lafarge à un ami de son
père, qui
l avait connue de tout temps, et
qui consacra une
grande partie de sa fortune à la défendre et à la sau¬
ver...
»
déíails, fournis par mon correspondant,
frappèrent aussitôt et me rappelèrent que je
devais avoir quelque part une lettre écrite tout
entière de la main de Mm° Lafarge. Sans plus
tarder, je
mis à sa recherche, et, après avoir
fouillé longtemps et retourné en tous sens un
tas de paperasses
je réussis à mettre la main
sur le précieux
autographe, qui reposait depuis
plusieurs années entre les pages d'un vieux
bouquin tout couvert de poussière et en partie
rongé par les rats. Heureusement, la lettre était
intacte, quoique un pou jaunie par le temps.
Mon Dieu, ce n'est pas
que les lettres de Mme
me
Tiohborne
,
trouver de
nom¬
breux, partisans ! Si elle était coupable, quelle
astuce il lui fallut dépenser pour soutenir son
rôle jusqu'au bout !...
Une notice biographique, que j'ai sous les
yeux, raconte que Mnie Lafarge, née Marie-For¬
tunée Capelle, vint au monde à Villers-Hellon
(Somme), en 1816 ; elle était fille d'unjieutenantcolonel d'artillerie, ancien officier de la vieille
de YEntr'Acte en leur faisant connaître le mer¬
veilleux style de Mmc Lafarge. Voici donc le
texte de la lettre dont je
possède
Toriginal (1)
votre
:
bel enfant. Je
ne veux pas qu'une
petites joues : je veux
un jour de bonheur
pour lui envoyer tout l'amòur que
mon cœur lui a voué. Tu as
beaucoup souffert ; mais,
n est-ce
pas, tu es fière de ton petit ange ? Lorsque lu
l'endors sur tes genoux,
que le regard de Félix te
remercie du fils que tu lui donnes,
que sa main presse
tes deux mains, n'est-ce
pas, tu comprends que la
destinée est remplie, que c'était
peu de douleur poin¬
tant de joie? Hélas! te
rappelles tu nos rêves : ma
petite Jacqueline qui ne laissait plus un vide dans
mon âme, qui te disait ma
mère, qui à seize ans rou¬
gissait â ton fils ! Tout est fini pour moi, je vivrai
larme ternisse le duvet de
seule, et
L'
Clémentine
ses
n'isolera pas un être bien-aimé.
dis que je suis injuste,
que tu m'aimes.
malli
qui
f
eur.
est plein de
fou de mon
il me
a vingt ans et qui est amoureux
Je comprends ce culte de la douleur ;
ait du bien, et je remercie le noble jeune homme qui
sans y arrêter ma vanité ou mon cœur.
lui, est un homme de trente ans ; on le
talent, d'une véritable puissance à la tri¬
bune; moi, je sens que c'est un noble cœur, et j'ai loi
en lui comme j'ai foi en Dieu. Je crois qu'il s'occupe
l'apporte,
me
Mon avocat,
dit plein de
de ma cause avec intérêt et dévouement, avec ré¬
flexion, mais sans enthousiasme. Je serai un beau rêve
dans les vingt ans de M. Lachaud, une bonne action
dans la carrière de M. Bac...
ne veux pas que je te parle de ce que je souf¬
et tu veux savoir mes pensées. Mais, hélas ! avec
Tu
»
fre,
exception que tu m'imposes, il m'en reste lor'
à te dire. Je vais près de vous et je vis un peu de
votre bonheur ; j'essaie de me détacher de ce monde,-
cette
peu
de mettre
en
je ferme les
le
espoir et avenir. Quelquefois,
je suis à Villers-Hellon, j'entends
.Dieu seul
veux,
galop d'un cheval, j'embrasse
mon
grand-père de
joie ! Puis, c'est la
Dernière Pensée, de Weber, ce quatrième acte des
ifuguenots, que nous parlions si bien et chantions si
toutes mes forces
mal. Puis, c'est
pour user ma
la mort de
c'est cette dernière soirée
mon
grand-père,
pauvre
je brisai mon idole, en
brisant mon cœur, cette nuit où, ma tête sur tes ge¬
noux, je devenais folle et je voulais mourir avec mon
amour
où
..
l'avenir, je ne pense rien, je n'espère rien.
Malheur à la femme qui a été flétrie par les paroles
du monde ! II ne lui reste que la calomnie, le doute
ou la pitié !
Pour
«
Ma santé est
assez mauvaise; j'éprouve un ma¬
général et qui ne me laisse guère de trêve que
lorsque je suis couchée. (Ici un passage tout intime
que nous ne pouvons reproduire.)
Le fait est qu'il y a des choses fort inouïes
dans ma destinée, des choses que je ne puis f écrire,
niais que j'oserai peut-être te dire un soir, lorsque la
bougie sera éteinte, et nos deux lits près l'un de
»
laise
»
...
l'autre, comme dans notre
l'heure du secret.
»
Adieu, il est minuit, je
mots ù
donc te
»
enfance, quand arrivait
Je
une
lettre que
veux
j'écris à
mon
ajouter quelques
avocat ; il faut
quitter.
serre
la main de Félix
enfant, et je t'envoie
plus tendre baiser.
ma
; je prie Dieu pour ton
plus intime pensée dans mon
Marie.
»
On sait que Marie Capelle, veuve Lafarge,
après un procès mémorable, fut condamnée à
la peine des travaux forcés à perpétuité ; elle
passa neuf ans à la maison centrale de Mont¬
pellier, puis elle fut transférée dans la maison
de santé de Saint-Bemy. Sa santé, délabrée par
des angoisses de toutes sortes, avait provoqué
cette faveur ;
mais cet adoucissement
ne
lui
suffisait pas, et elle aspirait à la liberté com¬
plète. On se rappelle à la suite de quels inci¬
dents Louis Napoléon accorda grâce pleine et
entière à cette femme étrange.
Le 1er juin 1852, Marie Capelle se retrouva
libre, mais condamnée à mort par un arrêt plus
irrévocable que celui des hommes. Elle vécut
encore quelques mois, si cela peut s'appeler
vivre, et, le 7 novembre 1852, elle rendit le
dernier soupir aux eaux d'Ussat. Sa dépouille
mortelle repose dans le petit cimetière d'Ornolac. Une simple croix, dit fauteur des Causes
célèbres, s'élève sur cette tombe, qui renferme
celle que Dieu a jugée après les hommes !
Paul LEBRETON.
ma mort
me
Jo le sais ;
mais
Antonine ne sait-elle pas aussi
cœur fut ambitieux. L'affeclion
que
LES FEMMES QUI PASSENT
mon
toujours mon
donnez, celle que je vous porte est une joie
dont je ne saurais me passer. Un amour
unique, in¬
time serait ma vie, et c'est ma vie
que je n'espère
plus, sur laquelle je pleure amèrement. Je ferme la
que
j ai la fièvre
avaler de la tisane, rentiei
mes larmes et répondre à deux des questions de ta
dernière lettre. Tu me dis que Clémentine a écrit á
notre vieille Lalo que j'avais eu la visite d'un jeune
avocat, qui m'admirait comme une sainte Vierge, et
qui m'écrivait de si belles lettres que j'en pleurais.
Tu conclus de cela que c'est mon défenseur, et tu te
réjouis de cette intime conviction qui viendra émou¬
cœur,
papier très fin et portant à l'entête le prénom de
Mme Lafarge : Marie. L'écriture est
hardie, ra¬
pide et peu soignée ; environ six mots suffisent
à emplir la ligne. La lettre est sans
rature, et
tout dénote pourtant qu'elle est écrite d'un
pre¬
mier jet. Vers le milieu de T
épure et au pas¬
sage le plus émouvant, plusieurs mots ont pres¬
que disparu et semblent effacés par des larmes.
Est-ce la trace des pleurs de la
prisonnière,
qui, pendant que sa plume courait sur le papier,
songeait aux jours si tranquilles et si riants de
son enfance,
qu'elle pouvait comparer à l'avenir
si sombre qui lui était réservé ? Je ne saurais le
dire ; mais je crois être
agréable aux lecteurs
Que Dieu garde et bénisse
n'ose lui envoyer un baiser, je
baiser : pas de sermons,
soir, je grelotte, je vais
.
trois feuilles in-octavo d'un
«
bouche par un
ce
voir les juges !
Tu te trompes, ce n'est pas lui dont
voulait parler. C'est un jeune homme qui
garde impériale ; sa grand'mère avait partagé
les leçons données à MUe d'Orléans par Mme de
Genlis; son grand-père maternel, M. Collard,
avait été fournisseur des armées de la Répu¬
blique ; ses tantes maternelles avaient épousé,
l'une un diplomate prussien très connu, M. de
Martens, l'autre le secrétaire général de la Ban¬
que do Franco, M. Carat. Douée de tous les
charmes de l'esprit, d'une rare et profonde intel¬
ligence, d'agréments infinis, Marie Capelle ap¬
partenait à ce haut monde, elle y avait vécu
longtemps, elle y était présente de souvenirs et
de relations. On
juge de l'intérêt puissant d'une
accusation d'empoisonnement et de vol frappant
tout à coup une femme de ce rang, de cette
position de famille et de cette éducation!
Marié Capelle , nous dit la même biographie,
exerçait une sorte de fascination étrange sur
tous ceux devant qui son nom était
prononcé.
Four les uns, ange de pureté; pour les autres,
démon du mal ; elle était pour tous une
énigme
vivante et singulièrement attrayante. « Les re¬
gards, les imaginations, les cœurs, disait, il y a
quelques années, un des nombreux écrivains
que l'étude de ce type de femme a séduits, 011
peut dire qu'elle tint tout cela enfermé avec elle
dans une cellule de prison, à Drive ou à Tulle,
Elle Ht pleurer le grave magistrat
qui deman¬
dait la répression du crime dont elle était ac¬
cusée ; elle transforma un savant en
poète et
s'en fit un champion do la dernière heure aussi
intrépide qu'éloquent. »
II y a des écrivains qui
prétendent qu'on ne
peut, au fond d'un cachot, trouver une idée. On
a dit aussi
qu'on ne pouvait se livrer aux tra¬
vaux de l'esprit pendant une traversée en mer.
Quoi qu'il en soit, Mm" Lafarge a pris la plume,
et il est incontestable qu'elle ne s'en soit victo¬
rieusement servie. Parfois, elle écrit
jusqu'à
seize pages admirablement stylées, et où il est
impossible de rencontrer un lieu commun.
La lettre que je possède, écrite
par l'accusée
de la prison de Tulle à une amie
d'enfance, cou¬
"
Ces
me
avait su, comme
vre, recto et verso,
A PROPOS DE LETTRES.
la missive du Prince Victor au
chef de Y Echo de lu Dordogne
PÉRIG0URD1N.
LA FEMME HEUREUSE.
vous me
(1) Cette lettre a figuré au procès. Elle avait été remise
dans ce but à l'avocat.de Mme Lafarge. Me llac l'ollïït en¬
suite à .IIe Charpentier de Belcour, avocat, natif de Limo¬
ges et habitant Pèiigueux, qui la donna plus tard ;ì Eugène
Massoubre, le regretté rédacteur en chef de l'Echo (le la
Dordogne. C'est de ce dernier que je Iíi tiens.
p. L.
A
qui n'est-il
pas arrivé, en passant dans la
rue, de voir venir devant lui une femme au
bras d'un homme ? Celui-ci est
grand, bien fait,
beau garçon, comme -on dit
vulgairement ; sa
barbe soignée s'étale en éventail , son bras
doucement ployé sert d'appui à une main fine
et bien gantée, dont les
doigts se croisent avec
ceux de l'autre main, formant cercle. La
femme,
dans cette pose un peu nonchalante,
allonge le
pas,
et deux jolis pieds frappent le pavé à suais-
�L?ENTR'ACTE PÉRIGOURDIN.
son de ceux du beau
cavalier; son corps, que
la marche fait osciller, effleure le bras
qui la
soutient. Elle est jolie, elle est petite, blonde,
très fraîche ; sa mise est
élégante, mais de cou¬
leur sombre ; son chapeau fermé, — petite
capote, disent les modistes.
Eh bien, si vous avez
passé près d'elle, la
regardant sans effronterie, elle vous aura rendu
votre regard. Elle fixera un instant sur vous ses
yeux bleus ; sa bouche sera souriante. 11 n'y
aura
ni
dans
ce
indifférence
raconté.
il y aura un
brin de bonheur
arrive soit comme un complé¬
bonheur, si vous êtes heureux,
mais c'est rare, car en ce cas vous né sauriez
pas remarqué, —soit comme une ironie à votre
tristesse. Ah ! cela vous fera mal, et il y aura
quelque chose en vous qui criera.
de fus un jour le confident d'un pauvre garçon
qui pendant longtemps a été martyrisé par un
regard de femme.
C'était un modeste employé de la préfecture.
II entrait à son bureau vers neuf heures, je
crois, et, depuis des années, il passait sur le
même pont. II s'était marié avec une jolie fille
qui travaillait aussi dans quelque magasin. Ils
arrivaient se donnant le bras, heureux dans une
bonne lune de miel ; puis la femme tournait
d'un côté, lui d'un autre ; ils s'aimaient , c'était
le bon temps.
Un jour vint où cette vie de privation et de
misère propre — si souvent le partage de ces
petits ménages — fit fuir la femme, qui n'aimait
plus. Et le pauvre employé passa tout seul sur
le pont
11 cioisait alors
chemin
en
une
femme
qui,
bras d'un jeune homme, personnifiait
doute le type que je décrivais tout à l'beure.
au
Celle femme le regardait de ce regard heureux.
Les gens que l'on rencontre chaque jour à
la même heure, au même endroit, sont
presque
des connaissances. — Et tous les matins mon
—
employé voyait la femme qui le regardait; il s'y
attendait, et cela lui faisait mal.
11 retrouvait dans ces
yeux Ioules les dou¬
ceurs d'un amour
autjuel il s'était attaché comme
à la consolation de la pauvreté et au bien-être
du petit foyer — amour perdu pour lui, envolé
avec un peu de son honneur et
beaucoup de sa
vie.
S'il baissait les yeux, il
la lìxait.
Elle me plaint sans
—
—
la sentait venir et il
doute,
me
disait-il,
je la tuerais.
—
Changez votre intinéraire, lui dis-je.
J'ai essayé, l'habitude est plus forte
que
la douleur.
11 est mort ! et si la femme heureuse a ren¬
contré sa modeste bière; si elle l'a regardée en
se
banni l'affreux
,
qu'entendez-vous
signant, le
pauvre
homme
a
dû tressaillir !
FANTAZIO.
vous répète que j'ai un moyen
forcer à garder la foi jurée. Je suis
je
nous avons fini d'entendre
L'insipide : « On dirait du veau ! »
Au naturel on veut se rendre :
Béni soit votre mot nouveau !
Quoi !
Comme
Quand
en
un
Trop loin
la gamme
dièze
ou
échevelée,
bien
un
bémol
veut prendre sa volée,
Le bécarre arrête
son
vol.
A notre langage bizarre,
A notre mode absurde, à tout,
Puisque nous mettons un bécarre,
Le naturel revient partout.
Naturel sera le langage,
Naturelle la mode aussi ;
De se maquiller le visage
La femme n'aura nul souci.
sûr de vous
armée contre
seul appui... D'a¬
n'avez pas un
bord vous avez contre vous M. le maire,
vos odieux soupçons vous l'ont rendu hostile ;
enfin, j'ai là, dans vos lettres, de quoi vous per¬
dre auprès de M. l'inspecteur d'académie....
vous, et vous
!
Est-ce que, par hasard, vous voudriez me
faire croire que ma lettre renferme ...
Une faute d'orthographe ! Oui, monsieur,
une faute grosse, grosse....
Enfin, une faute à
—
—
iÇornet avant ! (Cornu après !
vous
A
perdre....
ces
mots, Cornet
Philistine,
pâlit.
! s'écria-t-il, j'ai
d'orthographe, moi, Cornet ! ! !
faute contre les règles des par¬
La commune de Bourg-les-Anons, que vous
ne trouveriez pas sur les cartes de la Dordogne,
commis
possédé, il y a quelques années, l'instituteur
le plus enthousiasmé de sa profession que l'Université ait jamais inscrit dans ses fastes
Pro¬
fession ! ai-je dit. Ah ! s'il m'avait entendu
ticipes, faute qui se complique d'un barbarisme.
Vipère ! tu en as menti, ce n'est pas pos¬
—
—
a
prononcer ce mot
profanateur!
—
Une profes¬
ne mentez pas
faute
une
Oui, et
une
—
sible !!!
—
Pédagogue du diable! tu vas voir si j'ai
question, dans un passage de
sion, instituteur! Une mission, monsieur, un
sacerdoce, vous voulez dire. Et il n'y a pas à le
menti!... II était
il était digne de remplir cette mission,
Cornet, lui qui se croyait vierge de tout accroc
à la langue française depuis l'obtention de
jamais
contester,
brevet de
son
capacité.
Oui, monsieur, Cornet
eût écrit cent
pages sans que vous eussiez pu trouver à re¬
prendre une seule virgule, un seul accent à ces
vous
pages.... du moins c'est ce qu'il croyait.
jour un mauvais sergent en congé de se¬
mestre, natif de Bourg-les-Anons,, ayant voulu
dire, entendant Cornet parler de son savoir,
cent
Et
un
qu'il faisait sans doute comme tout le monde,
qu'il devait se tromper quelquefois, Cornet, en
dépit de l'Université, qui ne veut pas de duel,
Cornet
l'obligea à lui rendre raison de cette
injure et fit rentrer l'ìnsolente dénégation dans
la gorge du mauvais»sergent.
Et cependant Cornet, si sûr
de son orthogra¬
mission, Cornet n'était pas
heureux. II était éperdument épris de l'institutrice, M"e Philistine, mais celle-ci mêlait beau¬
coup trop pour lui l'absinthe avec le miel. II
ne savait si oui ou non il était aimé, et, malgré
phe, si fier de
cela, il
du
se
sa
sentait entraîné
mariage
sans
avec
qu'il pût
elle
se
sur
les pentes
retenir
sur ces
pentes.
La veille du jour où commence ce récit,
Cornet, ne pouvant se décider à se coucher
revoir l'institutrice
ou
tout
au
moins
sa
demeure, s'en était allé, à onze heures du soir,
par un beau clair de lune, roder tout autour de
Bécarre détrône la scie
Du tseing, du pscliut et puis du v'ian;
Ah ! messieurs, je vous remercie :
Quel repos pour notre tympan !
Cornet avant,
—
LE TROUBADOUR.
sans
Beaux messieurs qui faites la mode
Et qui nous donnez le bon ton,
II faut l'a vouer, votre code
N'est pas toujours superbe, oh! non!
Je ne ferai point la critique
Sur la trouvaille d'aujourd'hui;
Votre « bécarre » est magnifique,.
Le bon goût revient avec lui.
par ces mots :
Cornu après? Voyons, mademoiselle, une bonne
fois pour toutes, expliquez-vous?
Je ne veux pas plus répondre à vos injonc¬
tions qu'à vos insinuations, que je dédaigne, et
règne de l'áge d'or.
Bécarre, à toi, merci, bécarre!
Par toi tout devient naturel,
Le naturel, chose si rare!
Puisse ton règne être éternel
emportement,
caleçons avant qu'il les ait posés, ainsi que le
rapporte la chronique ? Est-ce encore un de
vos moyens, le fait de risquer, quand vous êtes
en belle humeur
certains jeux de mots sur
mon nom, en disant de moi, par exemple :
Cornet avant, Cornu après? Mais d'abord,
Le doux
vous
de le forcer à respecter la foi jurée !
moyens avez-vous ? s'écria Cornet
quels
comme un
Avec de la persévérance
De beaux jours nous aurons encor;
Bientôt renaîtra pour la France
ment à votre
moi
a
Et
est-ce que vous regardez
moyen la liberté que vous prenez de
recevoir un homme la nuit, de lui remettre les
boutons de ses faux-cols à.domicile quand sa
femme n'y est pas, et de faire des reprises à ses
avec
Notre mode s'idéalise,
Notre goût devient merveilleux.
mariage.
sans
—
langage
Mélange d'argot, de chinois;
On parle, sur notre rivage,
Le beau français, comme autrefois.
Dans chaque sexe on rivalise,
C'est à qui fera pour le mieux ;
personne, cela lui sert de parure et de voile; et
à travers le bonheur son
regard peut être lìxe,
il sera honnête. Elle vous dit
plus par ce coupd'oeil que tout un joyeux roman qui finit par un
pendue
les moyens
savant....
On
C'est une femme heureuse. Sans doute le
beau cavalier est un époux, tout nouveau peutêtre. Cette petite blonde porte la joie sur sa
Ce regard
son
Tout est bécarre maintenant;
Tout le clan de la haute gomme
Dans le bon goût va de
regard ni dédain, ni provocation,
:
fait á sa réputation. 11 s'était engagé à devenir
mari ; ii l'épouserait, quelle que fût son
idée à ces égard, ayant, s'il faisait le récalcitrant,
Adieu, tournures diaboliques,
Corsets, chignons, disparaissez!
Nos femmes seront authentiques :
Les jours de fraude sont passés !
C'est un plaisir, il faut voir comme
l'habitation de la jeune personne, et qu'avait-il
vu? Un homme sortir furtivement de chez elle.
Cet homme, c'était M. Brocart, maire de Bourg-
les-Anons, que la médisance désignait, mais à
tort, comme Damant de Philistine, malgré sa
position officielle et quoiqu'il fût le mari d'une
jolie femme. II est vrai que Philistine
prétendait que M. Brocart venait chez elle
pour se remettre en mémoire certains principes
d'arithmétique dont il avait besoin; mais cela
paraissait d'autant plus suspect à Cornet que
M. Brocart, quoiqu'il ne fût plus jeune, était
un bellâtre
ayant la réputation d'aimer les fem¬
mes. Cornet ne l'avait
pas bien reconnu, mais
sa jalousie voulait
que ce. fût M. Brocart, et il
se croyait sûr
que c'était lui.
Du reste, il saurait bientôt à quoi s'en te¬
assez
nir.
Le lendemain, en effet, il se
titutrice avec l'idée d'avoir
cette
pu
défendre, vous disiez : — Ces soupçons,
mademoiselle, je ne les ai point eus, et vous
vous en
écriviez : Tointus....
J'ai mis pointus, j'ai écrit pointus! en un
seul mot!... répéta Cornet. Oh! donnez-moi
la lettre, indiquez-moi le passage incriminé....
le veux voir
je ne m'en rapporte pas à toi,
femme de fraudes et d'artifices... je veux voir...
—
je veux toucher
je serai sûr après,
seulement....
Elle lui mit la lettre sous les yeux,
tenant
une explication.
L'explication eut lieu ; elle fut orageuse. Cornet
reprocha à Philistine tous les griefs qu'il avait
sur le
cœur, et finit en disant que c'était la der¬
nière fois qu'elle le voyait.
A cette menace, la
jeune personne se répandit
en
récriminations et lui reprocha de forger
l'histoire de l'homme qu'il avait cru voir sortir
de chez elle. II voulait
rompre maintenant que
tout
Bourg-les-Anons savait qu'il avait été
question de leur mariage. II était trop tard;
elle ne souffrirait pas
qu'un tel dommage fùt
mais après
mais
en
la
si elle craignait qu'il
arrachât des mains, et plaça un doigt sur
fortement,
comme
la lui
le passage signalé,
Hélas! on ne le trompait pas. Cornet vit. Mis
ainsi en présence de la réalité, il fut sur le point
de tomber à la renverse ; il lui fallut, pour se
soutenir, s'appuyer d'une main au barreau de
ne mentait pas, il
d'inouï... Dix ans
profession témoignant d'un
chaise.... Ainsi Philistine
avait commis quelque chose
sa
d'exercice de sa
savoir incontesté se trouvaient ternis par une
absurdité écrite dans un moment de trouble
d'esprit, de jalousie causée par son trop grand
amour pour cette fille qui pouvait le perdre, qui
tenait
son sort
entre
ses
mains.... C'en était
supporterait pas... Oui, mais com¬
ment échapper à la situation? Subir la loi que
Philistine voulait lui imposer? Son orgueil se
trop, il ne le
révoltait....
Mais tout à coup
il se frappa le front. Une
pensée soudaine lui avait traversé l'esprit.
Mademoiselle Philistine, dit-il, vous qui
faites tant la fière, savez-vous que si vous me
menacez de montrer ma lettre, je puis vous re¬
procher, moi aussi, une énorme faute d'ortho¬
graphe! — J'ai fait une faute d'orthographe,
moi?— J'ai prononcé le mot énorme; jugez-en :
vous avez dit un jour, et mes oreilles s'en dres¬
—
sent encore
d'horreur,
vous avez
dit
:
Je
vou¬
le ferie\. Je n'ai pas besoin de
l'ajouter, il fallait dire Jissie
Philistine savait l'orthographe de manière à
drais que vous
devoir être de l avis de Cornet ; mais non seu¬
lement elle nia avoir fait la faute, mais elle alla
même jusqu'à prétendre que son langage, en
supposant
correct.
rendit chez l'ins¬
ces odieux soupçons qui n'ont
sortir de votre pauvre tète, et, pour
lettre, de
qu'elle l'eùt
tenu,
Pour Cornet, c'était
n'avait rien d'in¬
un
comble.
Philistine, dit-il, vous vous moquez de
moi, il n'est pas possible que nous soyons en
—
désaccord
sur
un
point semblable ; je n'insiste
pas, vous avez tort, et c'est comme si vous en
étiez convenue....
Convenue ! oh ! non, je ne conviens de
rien ; mais, puisque vous prétendez que l'expression je voudrais que vous le feriez est in¬
correcte, prenons un juge; et tenez, voici M. le
maire qui passe, consultons-le.
Sur ces mots, elle sortit de la salle du rez-dechaussée oû elle se tenait avec Cornet et d'ou
elle avait vu passer M. Brocart, fit quelques pas
—
�L'ENTR'ACTE
dehors, et, abordant le magistrat municipal,
elle le pria de vouloir bien entrer chez elle, en
lui faisant connaître ce qu'elle attendait de lui.
Voyons, de quoi s'agit-il ? demanda le
—
maire d'un air
important, une fois qu'il fut
auprès des deux instituteurs.
Voici, monsieur le maire, ce dont il est
question. Nous sommes en désaccord, monsieur
et moi, sur celle
qui vaut le mieux de ces deux
phrases : ,1e voudrais que vous le ferie\, ou
je voudrais que vous le fissie\?
Le maire n'en savait rien; mais il espéra se
—
tirer d'embarras
rogeant les
et tourner
la difficulté
en
inter¬
deux parties.
—
—
grammaire!... Mademoiselle Philistine, il n'y a
pas à douter que c'est vous qu: avez raison : il
faut dire je voudrais que vous le feriez....
Ah ! vous voyez, c'est l'opinion de M. le
—
maire, s'écria Philistine.
Cornet n'en revenait pas. —Monsieur
monsieur le maire.... balbutia-t-il,
re...
le mai¬
malgré
respect pour votre autorité et pour votre
je crois pouvoir vous affirmer que
îa grammaire, que nous devrions consulter....
Qu'est-ce que vous me chantez là, consul¬
ter la grammaire ? Est-ce que nous avons besoin
de grammaire, pour traiter une pareille ques¬
tion? Mon savoir ne sulfirait-il pas, monsieur
l'instituteur? D'abord, je dis comme ça, moi,
c'est déjà une preuve que c'est bien dit; et je ne
suis pas le seul à parler de cette manière, mon
ier adjoint, mon 20 adjoint, mon conseil muni¬
cipal, ma commune, tout mon monde parle
comme ça, à
Bourg-les-Anons.... Vous voyez
donc bien, jeune homme, que vous avez tort !
—
Ah! monsieur le maire, je vous proteste, je
affirme
Mais le maire ne l'écòutait pas , il s'éloignait
—
vous
fier comme dut l'être Salomon âpres
son
jugement fameux.
Ah ! l'autorité municipale parle et il faut
que je m'incline ! s'écria Cornet exaspéré. Eh
bien! à l'autorité municipale je vais opposer
l'autorité ecclésiastique. Je cours chez M. le
curé ; il connaît sa langue
il tranchera la
question, il me donnera raison !...
Mais lorsque Cornet se présenta chez le curé,
celui-ci était malade et ne put le recevoir ; à
défaut du curé, il voulut voir le percepteur et
courut chez lui ; mais le percepteur était en
tournée. Cornet, très contrarié et toujours très
surexcité, se demandait de quel côté il devait por¬
ter ses pas pour trouver quelqu'un de son avis,
lorsqu'il fit la rencontre du brigadier de gen¬
gravement,
—
,
darmerie suivi de ses hommes. — Un brigadier
est un homme quelquefois lettré, se dit Cornet,
je suis curieux de savoir si celui-ci
me
donnera
tort....
Brigadier, lui cria-t-il, un mot, s'il vous
plaît ? — Qu'y a-t-il pour votre service ? — Je
voudrais savoir si vous pensez comme moi : êtesvous d'avis qu'il faut dire :
je voudrais que vous
le ferìe\ ?—Et comment que vous diriez donc,
vous? fit le gendarme, qui crut que Cornet,
malgré
son air de sincérité, se moquait de lui.
Je dirais : je voudrais que vous lefissie{....
Ah! oui, et pourquoi pas que vous lefessìe\ ?
s'écria le brigadier, ne se privant pas de rire de
son bon mot. Je ne
peux pas vous affirmer la¬
—
—
quelle vaut le mieux de ces expressions, mais ce
dont je puis répondre, c'est qu'à la caserne nous
disons tous je voudrais que vous le feriez, parce
que nous voulons parler en bon Français, un
militaire
ne
pouvant jamais
parler qu'en bon
Français, entendez-vous, monsieur le mauvais
plaisant ! — Vous aussi, gendarme, vous estro¬
piez la langue, au mépris de l'Institut, de l'Aca¬
démie, de l'Université, de tout ce qu'il y a de
sacré ici-bas!
Le
brigadier haussa les épaules et ne répondit
pas. Cornet recommença sa course, mais c'était
cette fois pour rentrer chez lui, car il avait
épuisé
tous les
moyens de s'informer; et de ses infor¬
mations il résultait cette triste constatation qu'il
était seul de son avis. II s'en allait donc boule¬
versé et plus que jamais l'esprit monté contre
M. Brocart, lorsqu'il voit un monsieur
qui sort
d'un chemin de traverse; cette fois il tient son
car
receveur
il
a reconnu
de
connaît pour
dans celui qui s'avance
d'enregistrement du
s'être trouvé
avec
il le
lui dans quel¬
canton ;
maisons riches des environs. Naturelle¬
homme compé¬
grammaire.
Ah ! monsieur, lui dit-il, c'est le ciel
qui
fait vous rencontrer et vous
pouvez me tirer
ques
ment, pense Cornet, voilà un
tent dans une question de
—
me
d'un mortel embarras....
De
quoi s'agit-il donc, mon bon monsieur
Cornet? fait le receveur, qui, voyant le
visage
—
homme instruit
comme vous
l'êtes... II faut dire
je voudrais que vous le feriez.... Qui est-ce qui
pourrait en douter? — Qui pourrait en douter?
Moi!!! monsieur!
Mais, monsieur Cornet,
vous avez
tort.
—
Comment !
il faudrait
dire
que vous le feriez !... Mais vous êtes donc tous
d'accord à Bourg-les-Anons pour trahir l'Uni¬
versité !
Nous sommes tous d'accord sur une
—
question qui ne peut pas nous diviser... La
grammaire est formelle à cet égard : il faut dire
je voudrais que vous le feriez
En présence de cette affirmation et du ton
sérieux du receveur, le pauvre Cornet se prit à
penser. —Ah! malheur! j'ai donc perdu la tête!
s'écria-t-il
en
laissant tomber
sieur le receveur, dont la
être mise en doute, je dois
ses
bras de décou¬
compétence
Chut, remettons à plus tard l'explication
de ce qui s'est
passé.... vous saurez tout quand
il en sera
temps— — Quand nous serons ma¬
riés ?
Justement, quand nous serons mariés.
En attendant,
dormez, cela vous reposera.
Mais Cornet ne
—
—
comme
pouvait dormir; il continua
quelqu'un qui revient sur un passé
lointain, mais heureux*:
Philistine, vous
souvient-il de notre première entrevue?
Quelle
douce émotion j'en ai
gardée! Nous devisions,
—
amie, sur le pronom, et nos avis étaient
partagés :. vous étiez, vous, pour les beautés du
pronom personnel, je, me, moi.... Je vous ob¬
jectais que ce pronom-là, c'est la personnifica¬
tion de
Tégoïsme. Le moi est haïssable; Philis¬
tine, c est Pascal qui l'a dit,
fesais-je. C'est
pourquoi au pronom personnel je préférais le
pronom indéfini : on, quiconque, autrui. II est
mon
vague, ce pronom, mais
c'est l'idéal, c'est la
poésie... Ah! Philistine, le bon temps les
douces émotions !...
Ce bon
temps reviendra.... Mais dormez,
bavard, pour le ramener plus vite.
Tiois semaines
après ces événements, Cornet
devenait le mari de Philistine.
"
Jean de La Limogeanne.
ne peut
reconnaître que j'ai
c'est donc sans raison que j'accusais tout le
monde, que je traitais tous les habitants de la
tort ;
d'ânes bâtés... c'est moi qui étais l'âne
bâté ! A fi ! je ne vivrai jamais assez pour réparer
le dommage que pouvait causer ma fatale erreur !
commune
Moi, Cornet!
me tromper ainsi!... J'aurai quel¬
chose de détraqué dans le cerveau; mais ce
ne sera certainement que momentané. Dieu à
coup sùr me fera la grâce de vite rétablir le
que
fonctionnement naturel de
ma
cervelle....
Oui,
proie à un
monsieur, je vois bien que je suis en
certain trouble cervical... Tenez.... je sens là...
de ce côté du front.... quelque chose.... Je
suis en nage... et j'ai froid.... ma tête éclate....
je vais succomber ... non.... il me reste un peu
de force.... fuyons.... Et Cornet se mit à courir
dans la direction de la commune; mais il avait
Après la célébration du mariage :
Un ami de la famille prend â pari le père de la
jeune
mariée et lui demande
sans crier
gare :
Vous ignoriez donc que votre
gendre est un
homme taré, perdu de dettes?
Hein ! vous croyez ?
J'en suis sûr... il n'a pris votre fille
que pour
payer ses créanciers avec sa dot.
Et vous ne m'avez pas prévenu avant !...
Pas si bête : il me doit plus de vingt mille
—
—-
—
—
—
francs.
*
à
peine fait vingt pas que le receveur le vit se
porter vivement la main à la tête et s'affaisser
sur
la
route
*
*
Opinion de Boircau sur les femmes :
Ce qui me déplaît chez les femmes
c'est leur
manie d'exhibition. Tant qu'elles ne sont pas encore
d'âge ni de forme à se décolleter, les jeunes filles
montrent tout ce qu'elles ont de
jambes. Aussitôt
qu'est venu le moment des jupes longues, elles décou¬
vrent les épaules et la poitrine, même et surtout
quand
«
,
Quelques lecteurs me diront : Votre Cornet
n'a pas le sens commun. II sait que la gram¬
maire est pour lui ; il demande plus que cela :
n'est-ce pas suffisant? que lui faut-il davantage ?
Cornet eùt pu s'en contenter, c'est vrai; mais
celui qui d'abord lui donne tort est le premier
homme de la commune; le maire ne veut pas
entendre parler de grammaire. Dès ce moment,
la grammaire, pour Cornet, ce n'est plus assez;
il lui faut une approbation verbale, une personne
soit de son avis et le dise, et, dans sa fougue,
car le langage de M. Brocart l'a surexcité au
plus haut point, il ne se fût pas arrêté avant
d'avoir trouvé l'homme compétent qui pouvait
qui
lui donner cette satisfaction, si son exaltation
croissante n'avait pas dégénéré en un transport
qui
coupe court à son odyssée....
Trois jours se sont passés. Cornet, ramassé
sur le sol et
transporté chez lui par les soins
du receveur, qui regrettait les suites de sa plai¬
au cerveau
—
le
—
ragement. Avec un homme tel que vous, mon¬
personne,
affaire,
orageux et la mine à l'envers de l'instituteur,
qu'il sait honnête et naïf, laisse errer sur ses lè¬
vres un sourire
quelque peu ironique.
Dites-moi laquelle vaut le mieux de ces
deux phrases : Je voudrais que vous le feriez,
ou je voudrais
que vous le fissiez ?
Le receveur ne cessait pas de regarder Cornet
de son même œil malicieux; il lui répondit
avec
sang-froid : — Mais, monsieur Cornet,
une semblable
question m'étonne, venant d'un
—
Comment avez-vous dit, vous, mademoi¬
selle ? — J'ai dit : Je voudrais que vous le feriez.
Et vous, monsieur Cornet ? — J'ai dit que
vous le fissiez. — Fissiez! vous avez dit fissiez,
monsieur Cornet ! mais vous n'y pensez pas !
Fissiez! où diable avez-vous pris ce mot ? —
Dans la grammaire... — La grammaire... la
■—
mon
PÉRI GOURDIN.
santerie, mais s'excusait
sur ce
bien difficile de résister
au
qu'il lui avait été
plaisir de rire un
peu de la bonne tête du pauvre instituteur lui
posant la question saugrenue que l'on connaît,
Cornet, dis-je, après avoir passé trois jours dans
les ardeurs de la
calme et comme
fièvre, s'éveillait
revenu
yeux; Philistine fut la
vit à ses côtés.
Ah! c'est vous qui
—
un
matin
à la vie. II ouvrit les
première
personne
qu'il
êtes là, Philistine Údii-il.
Quel bonheur de vous voir!
Oui, monsieur, je ne vous ai pas quitté
elles n'ont rien à faire voir. Le tour de taille, elles le
réduisent á l'excès ; et elles arrondissent les
proé¬
minences intermédiaires à outrance
*
Entre bonnes amies :
Tu sais bien, notre
voisin de l'autre jour,
—
aux
courses.
—
—
Tu Tas revu ?
II est venu ce matin.
Pas moyen
de
causer
Quel homme! ma
tranquillement avec lui :
chère.
séance
tenante, il voulait commencer par la lin...
Pas sérieux alors.
Mais si ; seulement, il m'adore.
Tu crois ça !
Enfin, il m'a mis le couteau sur la gorge.
Laisse donc : pas besoin de couteau pour
neufs sur le plat !...
—-
—
—
—
—
les
*
H
*
Entre belles de nuit :
.
Alfred est venu ce matin me dire que ce
avec des amis à lui, on fera une bonne
noce, et
—
chargée de t'inviter.
Pas
—
—
une noce
pour
Tu
Naturellement.
soir,
il m'a
rire, je
pense ?
mariée d'avance,
es
c'est
convenu.
*
Chez, le coiffeur
La barbe ?
Oui.
:
—
—
—
transporté dans la maison.
Les uns
aura la fièvre typhoïde ; les
autres, la variole; moi j'avais confiance, je disais:
Ce ne sera rien, et l'événement me donnera rai¬
son.— Oui, je crois que je serai bientôt en état
de reprendre ma classe. En attendant, permettez-
depuis qu'on
vous a
disaient : II
vous remercier de vos bons soins et de
dire que tout est oublié... si vous voulez...
Et, l'opéralion terminée, tant bien que mal
—
—
—
#
moi de
vous
J'oublie mes griefs, oubliez les vôtres.... — Je
n'en ai jamais eu, monsieur ; c'est vous, qui
étiez un jaloux. — Je ne le serai plus, Philisti¬
ne. — Et vous ferez bien.
II y eut un silence qu'il interrompit bientôt
demandant :
Voyons, Philistine, si mon
état de santé me permet de vous poser cette
question, fixez-moi sur ce qu'il vaut le mieux
dire, que vous le feriez ou que vous le fissiez ?
II règne encore un certain trouble dans mon
esprit à ce sujet.
II faut dire que vous le fissiez ! la gram¬
maire le veut ainsi. — Vous en êtes bien sûre?
Tout à fait sûre- — J'étais donc dans le vrai
en
—
—
»
Bébé entre
—
—
—
,
Le comité d'un cercle a fait afficher l'avis
dans le salon de lecture :
«
II est
:
suivant,
expressément défendu d'emporter dans le
jardin les journaux, pour les lire,
ou pour tout autre
motif. »
Textuel.
ZAG.
Cornet, à qui
l'on donnait enfin raison, prenait déjà feu, elle
l'arrêta en nxettant un doigt sur sa bouche et en
disant
*
salon, où plusieurs dames sont en
visite, et, de sa voix la plus claire :
Maman, qu'est-ce que ça veut donc dire : « Tu
t'en ferais péter la sûuventrière ? »
Mais, mon enfant, 011 11e (lit pas cela.
Mais si, maman
puisque lout à l'heure, aux
Arènes, ma bonne a répondu ça à un militaire qui lui
parlait tout bas.
au
—
lorsque.... Mais s'apercevant
:
Combien ?
Un franc.
Tiens ! je croyais que c'était cinquante centimes.
Oui, pour une barbe simple ; mais je vous ai fait
une coupure en vous rasant et
j'y ai appliqué de Talun
pour cicatriser : c'est cinquante centimes d'extra.
—
que
Le Gérant, SPA.
Périgâèux, imp. LAPORTE,
anc. lfupont et C1.
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_015
ark:/30098/47m6
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 15, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/4d8bc2acd723d30584e6c29ce61de9bd.pdf
0e93f5f1340855fcf1fb1410098963f6
PDF Text
Text
Première Année.
í'nx : 10 centimes.
îsimpW u
ÎWîMMfMWfWWWMMsMMî
u
LITTÉRATURE, ARTS, THÉA
ABONNEMENTS
Un an.
Six mois.
3'
lf 75
COMMERCE, INDUSTRIE
:
(ll.es Manuscrits
INSERTIONS
Annonces....
\Réclames.
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inisérés
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GRANDS MAGASINS
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l '\ OyÙvPfortl•.
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O
( / SUIVRt )
.
�L'ENTR'ACTE
PÉRIGOURDIN.
Du côté de votre père, qui est
nous il y a quatre ou
cinq
Laurent.
Mon père! il est mort depuis
Périgueux, 29 Août 1886.
chez
venu
—
—
mois, à Saint-
dix ans !
Victor ? clama
—
n'êtes pas
tristement la malheureuse fille interloquée.
Mais si, je suis Victor, affirme l'autre, qui
s'aperçoit enfin de la méprise; mais je ne suis
pas le Victor que vous cherchez. Nous portons
lui et moi le même prénom. Voilà tout.
La jeune fille partit confuse et en s'excusant
Alors,
—
vous
—
AZAKZ.
Mm (Rolland de
faisant la plus larye das parts,
íEn ce jour, aux Amis des Arts,
íZ/Entr'Actk, à sa première paye,
<fm i lecteur. t'offre l'imaye
(De (Monsieur fclland de Demis,
de son mieux. Nous n'avons pas pu
elle avait, regretté le quiproquo...
jeune homme, il avoue ne s'être
à pareille fête, et il a conservé de
•
D'aimable et
un
sommes
scène,
yrand honneur,
Vn érudit bibliophile,
Duis un financier fort habile.
Ah ! l'amour, ça
—
lui, l'étude est un plaisir.
écrit à loisir
Sur les Provinces de la France,
rent,
tissu
fait souffrir !...» comme
rendre quelqu'un bien heureux. Dam
qu'ils ne sont mariés ni l'un ni l'autre...
homi¬
! puis¬
Quoi ! il n'y aura pas un lustre tremblant dans
ses girandoles de cristal, et versant ses rayons
brisés sur nos têtes sans qu'ils accourent, ces
maudits ! et nous fassent frissonner sous leur
piqûre aiguë ?
Paul LEBRETON.
jusqu'à l'évidence
(Leyéographe et l'historien
«A montré
V/us
en
lui d'un
me me
G'est
un vrai
Voyez-les passer et repasser, brillants et
bruyants ; tantôt phalènes radieuses aux ailes
diaprées et lumineuses; tantôt minces, noi¬
râtres, exigus, mais effrayants d'audace ; volti¬
geant et plongeant soudain , comme un froid
stylet sur une épaule nue.
lien.
-Ayant noble fierté dans
l'àme
friand de la lame.
qui bourdonnent d'une voix
vampires des nuits lumineuses, et
qui bravent vos menaces et vos coups, en se
dérobant par leur infinie petitesse à votre cour¬
roux, à votre vengeance !
Voyez-les courant de femme en femme, et
Entendez-les
Tériyourdins il a fat t
Cultiver ce sport si parfait
cdux
(Et j'aime
Mu
sinistre,
à consacrer ma rime
LA MORT
président de notre (Escrime.
&*§■
DU BOM BLEU
des tradi¬
populaires, une amusante légende que
raconte M. Paul Séhillot, un poète breton qui,
émule de Brizeux, passe ses heures de loisir à
lire, dans la Revue
Je viens de
un
frisson,
une
—
granit recouverte de chênes.
dans un petit village de la
Haute-Bretagne appelé Plédéliac.
II y avait, une fois, dans cet endroit, une
Portière»
fugi¬
piqûre!
C'est peu, dites-vous! mais regardez de
près, bien près; l'aiguillon a laissé une trace
tive,
ineffaçable.
plus près encore, voyez, c'est une plaie,
plaie qui saigne, et la langue venimeuse
qui a fait cette morsure y plongera demain
brave femme.
encore son scalpel aigu.
Celte brave femme avait un fils, nommé
C'est peu ! mais voyez-la qui pâlit, celle que
Chéo. A Plédéliac, Chéo est le surnom de tous l'insecte a touchée; elle s'étiole, elle tombe!...
ceux qui s'appellent François.
Qu'est-ce donc ?
Or, Chéo était un grand gars de douze ans.
Oh! peu de chose, en vérité : un coup de
Tu deviens grandelet, lui dit un jour sa
langue aiguisée de calomnie, une morsure de
mère. II est temps que tu ailles au catéchisme cette phalène de nuit qui blesse de son dard en
se jouant sous les lustres..., une piqûre de mous¬
et'que tu fasses ta première communion.
Et pendant une année, Chéo s'en fut, tous les
tique, enfin !
ANDRÉA.
jeudis, au presbytère, où M. le curé expliquait
aux galopins des environs les beautés du mys¬
tère de la Sainte-Trinité.
Quelques jours avant la première commu¬
La chose se passe
Le Roman chez la
lance envenimée !
Quoi ? Oh ! c'est une rougeur
sur toutes une
Aïe !...
:
La terre de
PÉRMRUS
ces
,
dardant
tions
chanter
HISTOIRES ET COITES
,
rouge... comme l'aiguillon de l'insecte
cide, qui ne se retire jamais que teint de sang.
Hélas ! quelle funeste prédilection ont donc
ces buveurs de sang pour tout ce qui rayonne !
Gavarni.
et
dès qu'il y a de la
quelque part, les moustiques accou¬
et gare aux épidémies délicats! Gare au
fragile d'un front lisse et pur, il deviendra
Tout le monde sait que
lumière
volée
amis
Vu ouvraye
FANTASIO.
celle du
dit certaine légende humoristique de
Si vous connaissiez la petite paysanne,
lecteurs, dites-lui qu'elle pourrait être heureuse
Tour
aussi au courant des
:
en
«
qui
vous,
ne
nouvelles que
habitez le bourg et lisez les jour¬
pas
naux.
esl-elle allée ?
perdus?
savant collectionneur
Tenant le livre
Veuil¬
de¬
jamais trouvé
cette entrevue
Je ne l'ai plus revue... Où s'en
Où vont les songes d'or, les doux songes
Où va l'illusion, cette chimère ailée '!
Où vont tous les bonheurs qui prennent leur
Un soir, et ne reviennent plus !
généreux (Mécène,
Que notre journal met en
Est
poète
femme, je
—
savoir si
Quant au
mélancolique qui rappelle
tristesse
une
Tériyourdin des plus connus.
je n'en
Ma foi, s'écria la bonne femme,
savais moi-même rien.
Et vite et vite, elle s'en fut au presbytère.
Ni moi non plus, dit la bonne
ne savais pas que le bon Dieu était mort.
lez nous excuser, monsieur le curé, nous
meurons très loin, dans les terres, et nous
Oh !
une
—
J'ai été témoin,
ces
piquante aventure, qui,
assez
juger,
—
—
n'a rien de commun que
la farce abracadabrante
d'une
jours derniers,
allez en
le titre avec
vous
d'Henri Monnier.
jeune et accorte
présente chez la concierge de l'iinprimerie Laporte, à Périgueux, et demande si,
parmi les employés, il ne se trouve pas un
nommé Victor, qui, dit-elle, est son cousin. Sur
une réponse affirmative, la visiteuse ajoute :
Ce cher cousin !... je ne l'aj pas vu depuis
ma plus tendre enfance!... Me trouvant de pas¬
sage ici, je serais heureuse de lui dire bonjour
Mercredi
matin
,
une
paysanne se
Le Père est-il
—
concierge
s'empressa d'aller quérir M. Victor, un brave
et excellent garçon, qui, en apprenant qu'une
jeune cousine l'attendait dans la loge, se fit un
devoir d'accourir, non sans avoir pris soin de
relever coquettement les crocs de sa fine mous¬
tache.
En apercevant son « cher cousin, »
la petite
voilà qui
paysanne ne se sent-plus de joie, et la
saute au cou de notre imprimeur et le
dévore
de baisers ; mais lorsqu'elle s'est enfin calmée,
celui-ci éprouve le besoin de rendre une aussi
douce politesse, et, à son tour, il se met à em¬
brasser àboucbe que veux-lu les joues fraîches
et
rebondies de l'aimable campagnarde.
je suis heureuse de te voir, dit
voix pleine d'émotion. Gomme
devenu grand. Es-tu marié ?
Ah ! que
—
la visiteuse d'une
tu es
Non !
Ni moi non plus...
Ce cher cousin !...
Cette chère cousine !...
Et les voilà de nouveau dans
—
—
—
les bras l'un de
les
regards attendris de la concierge, qui, poli¬
ment, les prie de s'asseoir, pour causer plus à
l'autre,
se
becquetant de plus belle, sous
l'aise.
Vos parents
la jeune fille.
—
—
vont bien?
Merci, répond celle-ci,
santé, et les vôtres '!
Ma mère est bien
Dieu? demanda-t-il à
Chéo.
—
Le
Saint-Esprit est-il Dieu ?
Oui, le Saint-Esprit est
—
Dieu, monsieur le
curé.
Et
—
quel jour, Chéo, le
Monsieur à madame : — 11 m'est venu,
idée.
Madame á monsieur : — Bah !
Voici venir l'ouverture de la chasse ;
ce
matin,
une
bon Dieu est-il
mort ?
—
payer un hon
Mais lu
—
fusil.
en as un,
je vais me
celui de fan dernier.
Celui que j'ai est un fusil d'amateur, un
moineaux. Je veux tine arme sérieuse, pour le
à poil, pour la grosse bêle.
—
question, Chéo resta bouche béante.
11 se gratta la tête d'un air profondément médi¬
tatif, puis, il dit en balbutiant :
Mais, monsieur le curé, comment se faitil qu'il soit mort, le bon Dieu? Je n'ai pas entendu dire qu'il était malade.
A ces mots, l'e curé fronça los sourcils et dit
A cette
•—-
C'est ca, pour te
fusil ù
gibier
blesser !...
—
à Chéo :
Mon
—
ami, tu peux t'en aller; tu ne
pas ta première communion
Je vous laisse à penser si
!
feras
le pauvre Chéo,
—
premier complet de drap
retour¬
plus de
plus de
brassard dont les franges luisent au soleil
comme des paillettes d'or. Et tout le long du
qui entrevoyait son
noir et son brassard — était triste en
nant chez sa mère. Tout était perdu :
vêtements en beau drap noir tout neuf,
—
pleurait en bégayant :
le bon Dieu est mort et je
Pauvre moi,
n'en savais rien !
Lorsqu'il arriva chez lui, sa
—
mère lui dit :
Tu as les yeux
Qu'as-tu donc, mon gars ?
tout rouges
d'avoir pleuré.
demande Victor à
Maman, dit piteusement Chéo, M. le curé
m'a renvoyé du catéchisme ; il ne veut pas que
ils sont eu bonne
je fasse la
fatiguée par l'àge; mais,
pardon, de quel côté m'êtes-vous donc parente ?
—
—
chemin, il
—
néophytes un exa¬
Oui, le Père est Dieu, monsieur le curé.
Le Fils est-il Dieu ?
Oui. le Fils est Dieu, monsieur le curé.
—
—
la distingue, la
passer aux
men :
—
avant mon départ.
Avec le zèle qui
curé'fit
nion, le
—
première communion.
pourquoi donc ?
Parce que je ne savais pas que le bon
Dieu était mort. Pourquoi ne me l'as-tu pas dit?
—
Et
Les galanteries de
Ah ! comtesse,
Boireau :
autant de coups
pied dans le derrière que vous avez du inspirer de
passions, il y a beau temps que je ne pourrais plus
—
si j'avais reçu
de
m'nsseoir !
**#
interlope :
m'a l'air de vivoter tout
Noté dans un inonde peut-être
La grande Nana
—
juste ?
—
vente
Dame, elle
des peaux
n'a guère comme ressources que
de lapins qu'on lui pose.
H.
#
L'autre
#
jour, Mlle N...,
du Théâlrc-Conccrl, ,a
cherché querelle à l'ami Zanzibar.
Dites-donc, vous, le grand sec, vous avez
tendu, dans un dîner, que je vous avais accordé
—
faveurs !...
C'est vrai, ma
—
mes...
quatorze ou
la
pré¬
mes
chère ; nous élions entre hom¬
quinze... Tous les convives, l'un
après l'autre, ont vanté votre complaisance...
nus voulu me faire remarquer !...
Je n'ai
ZAG.
Le Gérant, SPA.
—
Périgueux, imp. LAPORTE, anc.
Dupont et
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_014
ark:/30098/47nh
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 14, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/c5f200139faf1d1b733cfbb82972acb6.pdf
5572f3dd7def80e86b93f658d4ec0c69
PDF Text
Text
Première Année
Numéro 13
p^^nTîirTîítTHTTTWITlffTnHTTTITTTffTTTTTTTTITffTTflffríflTTT
LITTERATURE, ARTS, T
^llllllllllllllllilllllllllllllllliliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiijji^iiiiij
'COMMERCE
INDUSTRIE
INSERTIONS
Annonces,
Réclames.
�1/ENTR'ACTE
PÉR1G0URDIN.
s'en ressentait, surtout dans ce vieux quar- i porté la dévastation et
tier des Barris,qui avait vu naître M. Pierre
tres ouvriers.
Un 'mois après, se
Magne, le grand ministre des finan'ees de
Périgueux, 15 Août 1886.
Sa; Majesté Napoléon III.
Tous ceux qui l'ont connu vous diront que
M. Magne avait pour sa ville natale, et no¬
tamment pour lé quartier des Barris, un
On l'a
Ge
reconnu
type
attachement que nous oserions presque qua¬
lifier de passionné. Qui ne sait, dit un de
subito
ses biographes, que, quand il occupait le
pouvoir, ojï n'avait, pour acquérir le con¬
bi-arre, incroyable :
CWép/nsto,
Oui, c'est bien là notre bon diable !
G'est bien là notre
de sa puissante influence, qu'à se re¬
commander du titre de Périgourdin ? Et
comme il aimait à répéter qu'il ne connais¬
cours
Sem a pris son meilleur crayon
d)'excelle n t ca rie a tu ris te,
sait pas de climat
Va briller d'un nouveau rayon.
voilà,
Xa
cet ordre d'idées seulement que son esprit
si mesuré se laissait aller un peu sans doute
barbe soyeuse,
noir, au reflet vainqueur.....
sa
íD'un beau
â J "exagération.
N'oubliant pas qu'il
cùplus d'une heureuse
suspendu son tendre coeur !
Cette barbe
vres,
Cd
nier
'Xes voilà
ses crocs
que
d'ardeur...
Jy'e senlblent-ils pas dire : « ÌÈ n'garde
tf tout coup-d'xilprovocateur ?...
Xa voilà
! »,
gourmande lèvre
parfont
íPasser le frisson., de la fièvre
d)ans le sang des jolis mincis !...
sa
dJont les baisers ont fait
Cependant, il a pour coutume
qu'un gourmet,
!Et si, pour plaire, il a sa plume,
Xui voil-cnjamais son plumet ?...
ses
yeux
bruns et
sa taniques
dfeconnaissep voye) venir
IL'un des plus gros bonnets... lyriques
dJe La Fanfare l1 Avenir
!...
d(ecounaisse- cet esprit rude,
dìroit mats mordant, quand il le faut...
Xa franchise est son habitude :
djtle est, peut-être, son dés'au t ! !...
....
O.
son extraction plébéienne, M. Magne
plaisait parfois à se dérider en devisant
avec, de simples artisans, camarades de son
enfance, dans notre, jovial patois, dont il
aimait la naïveté un peu égrillarde et qu'il
maniait eu maître. Aussi ses anciens, tout
heureux et tout fiers des bonnes paroles que
leur adressait « Mousur Magno, » chaque
fois qu'il venait au pays, conservaient dans
moindres, détails' l'espèce dé légende
qui s'était formée ici sur la jeunesse de leur
camarade, devenu homme d'Etat, après
avoir, comme eux, « porté des sabots. »
Or, cette aiínéé-là, les affairés de l'Empire
marchant à souhait, M. Magne avait résolu,
pour se distraire, d'assister à la fête des
Barris. Quittant l'Hôtel du Pèricjord, où il était
descendu, notre éminent compatriote se
rendit, dans l'après-midi, chez le père
Leytou, un vieux tisserand qui avait été
l'arni de son père et auquel il avait récem¬
ses
dJ'étre sobre autant
ÇA
MÉLIE.
ment fourni les fonds
HISTOIRES ET CONTES PÉHIGOMBIS
Mape
Épicier,
jestés de quelle façon il avait passé sa jour¬
née du 15 août. « -- Je me suis fait épicier
pour chauffer l'enthousiasme de mes conci¬
toyens, dit en terminant l'habile homme
d'Etat, et cela devrait me valoir quelque
gratitude de la part de mon souverain... »
Napoléon III rit beaucoup de l'aventure, et,
fort gracieusement, il accorda l'allocation
importante que le madré Périgourdin était
venu chercher, afin de pouvoir commencer
les travaux d'embellissement qu'il projetait
pour notre vieille cité.
Pauvre grand ministre ! lui aussi, comme
son cher Empereur, devait un jour recueillir
les fruits de Fingrâtitude humaine. Je me
dans mon vieux chau¬
je songe qu'âpres le
Quatre-Septembre, certains énergumènes
sens presque humilié,
vinisme local, quand
crurent devoir célébrer
—
la
rue
..
Paul LEBRETON.
MU «KLKssMâLkM.
Un honorablè
connu
épicier
mieux pour stimuler l'industriel et le
commerçant.
si
pour sa
vous
mettant
négociant de notre ville, très
naïveté et que nous désignerons,
le voulez bien, sous le noin peu compro¬
de Charlemagne, fut victime, il y a
quelques mois, d'une mystification dont nous
rapportons ici les détails :
Un soir qu'il traversait rapidement la place
Bugeaud, après avoir fermé son magasin, un
plaisant de ses amis, qui le guettait au passage,
í'accosta par ces mots :
Ah ça, où cours-tu donc, si affairé ?
Ne m'en parle pas, je pars demain pour
Paris; j'ai une foule.de commissions à termi¬
ner avant ce. soir ; je ne sais où donner de la
tête. Ces voyages m'assómment, sans compter
les dépenses inouïes qu'ils occasionnent. Six
—
qu'il est, je l'aurais bientôt coulé, si j'étais
à ta place. La concurrence, vois-tu. il n'y a
pas
en débaptisant
du plus célèbre
tait le nom
On raconte que
—
M. Goursat, dans
d'Enfer.
Ab! M. Goursat !... tout riche
l'anniversaire de la
la rue qui por¬
de nos enfants.
Pierre Magne assista avec
un grand calme à ces preuves d'imbécillité.
Un jour qu'on en parlait devant lui, il ré¬
pondit avec son lin sourire : « J'espère, du
moins, qu'ils ne supprimeront pas les tra¬
vaux que j'ai fait exécuter et les services
que j'ai rendus. »
Les Périgourdins rétabliront-lis la plaque
de la rue Pierrc-Magne avant d'élever la
statue qu'ils doivent à Jeu r illustre compa ¬
triote ?
Telle est la question que je me
suis posée bien souvent.
République
une
—
trouvant à Compiè-
gne avec Napoléon III et l'Impératrice, le
ministre des finances raconta à Leurs Ma¬
nécessaires pour mon¬
petite épicerie. Je vous laisse à
comprendre si le bonhomme fut abasourdi
en voyant entrer son illustre protecteur.
Eh bien, mon brave, dit M. Pierre
Magne en serrant amicalement la main du
vieillard, comment va ton petit commerce ?
Tout doucement, répondit le père Ley¬
tou, tâchant de se remettre de son émotion.
11 y a beaucoup de mes voisins qui préten¬
dent que je ne fais pas bonne mesure et, au
lieu de venir ici, ils préfèrent passer le pont
ter
et monter chez
M,
était le íìls de ses œu¬
s'en faisant gloire, et bien loin de re¬
se
reqàrde
Œ.e beau sexe, avec tant
plus beau, de sol plus ri¬
che; de paysages plus enchanteurs que notre
ciel, notre sol et nos paysages ? C'est dans
Xt l'auréole de l'artiste
la mort dans ces cen¬
—
Couler M. Goursat... Diable ! s'exclama voyages à Paris dans une année, c'est ruineux !
Mais pourquoi ne te fais-tu pas recevoir
père Leytou , et comment ma modeste
membre
de la Société des demi-places ?
boutique pqurrait-elle lutter contre cette
La Société des demi-places ! Qu'est-ce que
grosse maison ?
c'est que ça ?
ad ut. Un orateur de talent a su, à ce sujet,
Tout simplement en faisant « bonne
Comment, lu ne connais pas cette Société ?
exprimer de très éloquents regrets : « Qu'est. mesure... » Tiens, tu vas voir.
Mais, mon cher, c'est la. Providence des
En ce moment, une ménagère du voisinage
devenu, — disait un jour M. Alfred Magne
au conseil général, — qu'est devenu ce pa¬
entrait et demandait demi-livre de sucre.
négociants qui, comme nous, sont obligés de
sillonner la France sur toutes les lignes ferrées.
norama si pittoresque, vu de l'autre côté de
Voici, dit M. Magne, en remettant à la
Geste Société, vraiment philanthropique, est
la rivière, lorsque la ville baignait dans
commère un pain de sucre de dix kilos qui
instituée depuis quelque temps et fonctionne
l'eau ses vieilles maisons aux fenêtres ogi¬
se trouvait à sa portée. Dites aux voisins
vales, ornées d'arabesques ou de rinceaux,
qu'à cause de la fête du 15 aoùt, nous sai¬ admirablement. 11 sutlìt de verser dans sa caisse
une première mise de 50 fr., éfl d'après les
et pour la plupart enguirlandées de plantes
sons aujourd'hui bonne mesure, et surtoutgrimpantes ; lorsque la tour Barbecane s'a¬ n'oubliez pas, vous et les vôtres, de crier : traités conclus entre elle et les diverses Com¬
Vive F Empereur !
pagnies de chemins de fer, tous ses membres
vançait dans la rivière, ayant l'air encore de
ont le privilège de voyager, fôur Vie durant, à
vouloir barrer ie passage, comme au temps
Vous pensez si la bonne femme, qui avait
jadis, et de protéger ces délicieux hôtels, reconnu le célèbre Périgourdin, s'empressa demi-tarif.
Pas possible ! Mais c'est merveilleux ! et
Tes uns élégants et gracieux, à terrasse sou- de clahauder l'aventure dans le quartier
où se trouve le siège de cette Société.?
renue par des colonnes.tes, les autres ma¬
des Barris ! « Quey Moynou que siart din lo
À Paris ; mais elle a des succursales dans
jestueux avec leurs créneaux ouvragés,
boutiquo dò Leytou è dono tou par rè !... » rélorsque le vieux pont, avec sa sortie créne¬
pétait-on de porte en porte, et chacun de tous les départements. Eoub..., que tu connais
très bien, est directeur de celle de Périgueux...
lée du côté des Barris, le barrage, le moulin
venir faire sa provision de sucre, de café,
Si tu veux que je te présente !
de Saint-Front, puis les maisons en bois
de sel, de poivre, de liqueur, etc. L'épicier
Sans aucun doute ! J'accepte avec enthou¬
complétaient ce paysage plein d'attrait, que
improvisé se.fît aider du père Leytou; mais
siasme.
les étrangers de passage ne manquaient
il vint un moment où nos deux commer¬
Voyant le poisson mordre si facilement à l'bajamais d'aller voir?... »
çants ne purent suffire à leur besogne, et
Parions qu'aucun des vieux Périgourdins
M. Magne crut devoir prévenir ses clients
meçóiq le mystificateur, enchanté, donne ren¬
qui me liront n'a oublié ce site si curieux ? qu'il était las : ». — Ma foi ! mes amis, veuil¬ dez-vous pour le soir rnêrne à sa victime, chez
le soi-disant directeur, qui fut informé de suite
Vous spuvient-il des immortels soldats eu
lez vous servir vous-mêmes, dit-il ; je ré¬
bois découpés et peints, qu'à l'occasion de
glerai ensuite avec le père Leytou... Mais né du rôle qui lui était dévolu et dont il se chargea
très.volontiers.
la fête deTEmpereur, on installait sur le
manquez pas, ce soir,' de crier : Vive l'Em¬
Une heure plus tard, le néophyte se faisait
vieux pont, ? Bonaparte, Hoche, Marceau et
pereur ! »
recevoir
solennellement membre de la Société
En
Daumesnil, le vaillant défenseur de Vincen-'
quelques instants, la boutique fut com¬
ries, nous apparaissaient ce jour-là au milieu
plètement dévalisée, à la grande joie de des demi-places, et versait non moins solennel¬
lement 50 fr. .dans la poche de ses deux amis,
des guirlandes de chêne, des trophées de
M. Pierre Magne, qui, durant toute la soi¬
rée;
se
qui Finitièrent, en peu de mots, aux statuts et
drapeaux'et venaient ainsi rappeler à lous
promena dans les Barris et vit fêter
les glorieux souvenirs, si intimement liés,
son souverain d'une façon -aussi gaie que
privilèges de la Société qu'ils venaient de fonder
de la première République et du premier
bruyante, 'fout eu ayant l'air d'admirer Je sans beaucoup de frais.
Demain, lui dit l'un d'eux, lorsque tu te
Empire. Le canon et les cloches, disait le vieux, pontet le pittoresque moulin de St,Front.
notre
illustré
présenteras
au guichet de la gare, tu regarderas
compatriote
projeta
programme officiel) annonceront la* solen¬
le receveur en louchant autant que possible, et
nité du lendemain... » et le canon tonnait,
aussi ce joùr-là les travaux d'amélioration
tu lui diras : « Périgueux-Paris, Société des
et les cloches sonnaient à toute volée. Le
par lesquels il devait si utilement endiguer
chômage et la.noire misère qu'il engendre l'isle et mettre les bas quartiers à i'abri des demi-places; i'ustt !... » et, en prononçant fiistl !
n'oublié pas de passer rapidement ton index de
étaient peu connus alors, et la joie, populaire
inondations qui trop souvent, héktë! avaient
JTun coup de baguette magique, je vou¬
pouvoir évoquer le décor merveilleux
qui servait autreí'ois aux habitants des Bar¬
ris pour célébrer la fête impérialiste du 15
drais
—
le
—
—
—
—
—
—
—
—
•—
—
�L'ENTR'ACTÉ PÉRIGOURDIN.
la main
droite
sous
le
Ce
nez.
maçonnique est indispensable
connaître; aussitôt le
receveur
billet
place entière, en échange
la moitié du prix ordinaire.
Très bien ! reprit
^—
gèrement
signe, franc-
pour te
faire
re¬
—
prendre et te faire la conduite, sois sans inquié¬
tude. Sur ces mots, Charlemagne, ravi, les
quitte en leur serrant la main et les remerciant
effusion.
A peine eut-il tourné les talons, que l'un des
compères se rendit aussitôt à la gare, auprès du
lui dit :
Demain, au deuxième train pour Paris, un
de mes amis, une espèce d'original, légèrement
toqué, viendra vous demander un billet de
receveur, et
—
deuxième classe pour Paris, se disant
membre
demi-places. Veuillez être
assez bon, je vous prie, pour ne pas vous offus¬
quer de cette demande saugrenue, de ses gestes
excentriques, et pour lui délivrer un billet place
entière pour le prix de 23 fr. 05 c., moitié du
montant du billet ; du reste, ajouta-t-il en dé¬
posant quelques pièces de monnaie sur la pla¬
tine en cuivre du guichet, voici le complément
do la
Société des
de la somme.
Le receveur, n'apercevant aucun inconvé¬
nient à se prêter à cette plaisanterie, et pen¬
sant,
au
contraire, être utile
au
voyageur an¬
noncé en flattant sa manie, promit de se con¬
former régulièrement à ces recommandations.
Midi sonnait à l'horloge de la gare lorsque
Charlemagne, escorté de
ses deux amis, se pré¬
guichet en roulant des yeux féroces,
«'imaginant loucher, et, d'une voix qu'il es¬
sayait de rendre assurée, il dit en bredouillant :
Périgueux-Paris, deuxième classe, Sociêlè des demi-places, et, passant rapidement la
sentait
au
—
main droite
sous
le
il siffla
nez,
un
fustt ! bien
accentué.
interloqué,
se
rappelle
veille, et, sans aucune
observation, délivre ou sociétaire des demiplaces un billet de deuxième classe pour Paris.
Pour lo coup, noire homme voit s'envoler
tous
ses
dans
soupçons, et,
entraîne à la buvette
ses
son ravissement,
deux compagnons,
qu'il voulut abreuver généreusement.
Lorsque los affaires qui bavaient appelé à
Paris furent terminées
il n'eut rien de plus
pressé que de repartir, heureux de pouvoir
,
bénéficier encore une fois des
chés à son titre de sociétaire.
Arrivé à la gare de départ,
avantages atta -
il court au gui¬
chet, et, cette fois étant parvenu à se gratifier
d'un strabisme très réussi, il s'écrie d'une voix
retentissante, en laissant filer rapidement son
doigt devant la ligure : « Paris-Périgueux,
Société des demëplaces, etc., etc fustt ! »
L'employé, stupéfait, croit avoir affaire à un
échappé de Charenton et l'invite poliment à se
,
retirer.
Mais, monsieur, insiste Charlemagne en
roulant des yeux plus louches que jamais, et en
redoublant í'énergic de sa pantomime, faites
bien attention, je suis de la Société des demi—
places, Paris-Périgueux... fustt!
Monsieur, si
—
des...
011
Encore
j'appelle
une
II sortait de chez lui,
dieux et léger, léger à
moulins,
comme un
si bien que son
un
une
fois, monsieur, retirez-vous
un sergent
de ville !
Un groupe de curieux se formait déjà autour
du guichet.
Notre homme, peu soucieux d'attirer ainsi
l'attention du public et reconnaissant que tons
ses efforts seraient infructueux pour faire valoir
droits, paya intégralement sa place en gro¬
gnant et en pestant contre l'ignorance et 1 im¬
ses
politesse des employés.
De retour à Périgueux, il
se
rend aussitôt
chez le soi-disant directeur de la succursale de
la Société des demi-places, et, en termes très
lui expose son aventure au départ de
Paris.
C'est incroyable, lui répondit ce dernier.
Je suis sur que tu n'as pas su te faire reconnaî¬
amers,
—
comment as-lu demandé ton billet?
Eh!
parbleu, je
me
suis servi de la formule
que tu m'avais indiquée : « Paris-Périgueux,
deuxième classe
Société des demi places...
luslt ! » et j'ai fait passer en même temps mon
index de la main droite comme ça : fustt !
Ah ! le nigaud, ce n'est pas Paris-Péri¬
,
—
gueux,
fustt ! avec la main droite de droite à
gauche, mais Périgueux-Paris, fustt ! avec la
main
gauche de gauche à droite. On t'aura pris
un
concert de caresses sans
Voix austère,
illusion d'auréole
Disant
propriétaire avait renoncé à
En
soleil, pour mettre un
ravages que ses éblouissements oc¬
casionnaient parmi les yeux délicats.
La dernière fois qu'Octave..., mais c'est toute
une histoire ; si vous le voulez bien, nous allons
nous asseoir.
D'abord la présentation :
aux
: «
—
!
délire,
Qui donc es-tu, toi dont fardent
—
sourire
palais radieux change notre prison ? »
bondirent
;
longs rameaux flottants ;
Et les oiseaux
ces voix d'en haut — lui répondirent
Je suis le Créateur, car je suis le Printemps !
L'arbre sentit frémir ses
:
■—
«
PAUL-MICHEL.
Monsieur Octave Bichonneaud,. habitué du
—
nombre
la voix de la grave raison,
Alors toutes les eaux à cette voix
Grand Gâté de la Comédie, où on le surnomme
YHomme au Chapeau. — Ce sobriquet devrait
suffire à vous le faire reconnaître : artiste ama¬
teur, beau garçon, trente-cinq ans, toutes ses
— ironie
amère ! — de sa¬
gesse, suffisamment chauve pour porter au
front l'enseigne des batailles livrées.
La dernière fois qu'Octave coiffa son phare,
ce fut peur se rendre à une partie champêtre à
dents, même celle
Sainte Hélène, lui, cinquième d'une troupe
joyeuse... en dépit de la présence de deux ma¬
ris. Car, Octave se trouvait là entre deux mé¬
nages, comme un âne entre deux ruisseaux, ne
sachant lequel troubler; — il était troublant, le
malheureux, même sans chapeau !
On dîna ; les femmes très gaies, presque les¬
tes ; les maris ravis ; lui poursuivi par sa préoc¬
cupation infâme : le tirage au sort de sa vic¬
time !
11s sont ainsi, ces beaux garçons :
-
—
les
vous
leur
recevez
chez vous,
à votre table,
vous
vous avez de meilleur en
vous et dans votre cave, votre confiance et votre
bordeaux, et ils ne songent qu'à se procurer
eux-mêmes le dessert.
On se leva pour rentrer : Octave n'était pas
servez
se
lut
ce
que
lìxé, mais
aggravée,
sa
ne
préoccupation, bien qu'elle
lui avait rien enlevé de sa
constance en lui-même. II était fataliste
faiblesse chez ce garçon robuste — et
—
une
croyait
que cela arrive toujours qui doit arriver, quoi
que l'on fasse d'ailleurs pour persuader au des
tin que les jambes s'usent à courir éternelle¬
ment la
poste.
Tout à coup. Octave tressaillit : la lumière
venait. II s'était senti à la tète une lourdeur
inaccoutumée, tandis
devant lui, l'un des
maris marchait, sautillait plutôt, léger, pim¬
pant, — coiffé d'un chapeau qu'Octave reconnut
tout de suite, au frisson qui courut dans ses
cheveux de propriétaire...
que,
Le hasard a de ces coups terribles que sa
cécité seule peut lui faire pardonner. Qui donc
avait soufflé au mari cette distraction malheu¬
reuse?
Pourquoi avait-il mis la main sur ce
chapeau, plutôt que sur le sien ou sur celui du
troisième
convive? Le
couvre-chef—quelque
se fût inculqué par l'hacrâne remué par les tempê¬
esprit ,de trahison qu'il
bitude d'abriter un
tes
n'était pas venu
—
au-devant du mari
:
il
dormait, innocent, à deux pas de là, chaviré
dans l'herbe avec ses modestes compagnons...
Quos vult perdere...
o
Jupiter !
FAXTASIO.
s
PRIHip PRINTEKPS.
Quand le premier hiver eut jeté sur la terre
Sa couronne de neige et son linceul étroit,
Les humains, consternés en face du mystère,
Levèrent
vers
le ciel des yeux
remplis d'effroi.
Le soleil paresseux ne perça pas
Rien
En
ne
les nues ;
vint éclairer les horizons troublés :
bas, pas
Eu haut, pas
oiseau parmi les branches nues;
un rayon dans les cieux désolés !
un
qu'un matin les neiges disparurent ; —
pleuvait par torrents du fond des cieux ouverts. —
El, crevant leur prison, les clairs ruisseaux coururent
Sous l'herbe de leurs bords plus touffus et plus verts...
Mais voici
L'or
De
Les veuves Fromageot et
vées de leurs enfants que
Brinquillard, pri¬
le mariage avait
dispersés, et n'ayant plus rien sous la main à
aimer ici-bas, s'étaient rattrapées sur la race
canine. Leur commune passion pour les chiens
les rapprocha, les unit, et il vint un moment
où, ne pouvant plus se passer l'une de l'autre,
elles furent se loger sons le même toit et ne
se quittèrent pour ainsi dire plus : ce fut lors¬
qu'elles reçurent des mains d'une tierce personne
Mme Brinquillard un chien nouveau-né, Mme
Fromageot une jeune chienne, tous les deux
d'une même portée, le frère et la sœur.
L'amour de ces deux respectables dames pour
ces petites bêtes fut si vif qu'elles en étaient
comme folles. II est vrai aussi que les deux
chiens, qui n'étaient pas plus gros que le poing,
étaient de toute beauté et fort aimables.
La jeune chienne reçut le nom de Muzette,
qui bientôt se réduisit à Zette, et Brititi fut le
nom sous lequel on désigna le chien, qui ne
tarda pas à s'appeler Titi, au lieu de Brititi.
Brititi et Zette étaient le fifì et la fifille
ère et de la tatante, c'est-à-dire que
me m
Fromageot était la
de la
Mme
memère de Muzette, pendant
Mme Brinquillard était sa tatante, et Mme
Fromageot la tatante de Brititi et Mme Brin¬
que
quillard
sa
memère.
Ces deux chiens étaient plus
enfant ait été gâté. Quand ils
gâtés que jamais
avaient été bien
naturellement on les trouvait tels tous
il leur était permis de donner une bise
à petite memère et à petite tatante, bise qui
était accompagnée d'un morceau de susucre ;
quand ils n'avaient pas été sages, la bise était
supprimée, ainsi que le susucre, ils étaient mis
au pain sec, le châtiment pouvait même aller,
dans certains cas, jusqu'à être couchés sans
souper; mais alors, si Muzette était la coupable,
tatante Brinquillard lui donnait en cachette à
manger, pendant que memère Fromageot faisait
semblant de n'en rien voir ; et si c'était Brititi
qui avait manqué à ses devoirs, tatante Froma¬
geot venait en aide au délinquant, et memère
Brinquillard mettait la même discrétion à ne
sages, et
les jours,
évité.
Le fameux chapeau n'a pas reparu sus nos
boulevards. 11 est passé à l'état'de léticne révé¬
lateur et repose, accroché au mur de la cham¬
bre d'Octave, entre deux bois de cerf et deux
fleurets en croix...
Le mari rendit le chapeau, c'est positif; mais
on dit qu'il resta coiffé. — 11 n'en croit rien ;
vous n'êtes pas tenus de faire comme lui.
il
NVMFM S'MMÂÏiK ï
pas s'apercevoir que le châtiment était
Ces animaux n'avaient pas trois mois que
—
tre ;
fut
Une voix s'éleva soudain de ce
l'arborer les jours de
terme
ce
Que le ciel étonné n'avait plus entendu
chapeau-soie ra¬
s'envoler par dessus les
vulgaire bonnet de sou¬
—
brette, radieux à donner
—
Et
vous
police.
Sapristi, monsieur, vous ne connaissez
donc pas votre métier ; je suis de la Société
—
LE CHAPEAU B'ÛCTATE,
Octave était lixé.
continuez à faire le
mauvais plaisant, je vous fais prendre par la
—
deux par deux, s'en allèrent dans sombre
Reprendre l'entretien par l'hiver suspendu,
Les amants,
encore
Le receveur, d'abord
aussitôt la visite de la
S'unirent pour
te délivrera un
soupçonneux, tant la chose lui parais¬
sait merveilleuse ; mais vous viendrez bien
m'accompagner à la gare ?
Parbleu, répondirent les deux farceurs ;
demain matin, à onze heures, nous irons te
avec
ZAN-ZIBAR.
du déboursé de
bon Charlemagne, lé¬
ce
arrêté !
humains, pareils á des âmes errantes,
répondre aux oiseaux qui chantaient.
Et les
faux frère. Quelle- chance qu'on ne
pour un
t'ait pas
chaque arbre du bois des chansons délirantes,
Des murmures d'amour et d'ivresse sortaient ;
les
avaient fait déjà mille projets sur
eux. 11 fallait écarter de ces têtes si
chères non
seulement tous les dangers, mais il fallait aussi
préserver leur noble race de toute roturière
deux dames
souillure ; Brititi serait le riri (mari)
et Muzette la fafame de Brititi, et le
ne
pouvait
manquer
d'avoir
une
de Muzette
joli couple
descendance
qui lui ferait le plus grand honneur.
Et après avoir fait tous ces beaux projets, il
n'y avait plus qu'à attendre le moment de les
réaliser; c'était un moment qui serait sans doute
lent à venir, mais enfin il viendrait! En l'attendant, chaque jour on surveillait Muzette et
Brititi n'était jamais perdu de vue. Le matin,
_
quand,
tatante,
l'œil vigilant de memère ou de
ils"étaient sortis pour prendre Pair... et
sous
cher¬
faire tout ce qui s'ensuit, Mme Fromageot
chait à voir si les instincts sexuels s'éveillaient
Muzette, pendant que Mme Brinquillard
regardait de quelle manière Brititi s'y prenait
chez
pour
tomber son eau, selon l'expression de la
digne dame, s'il s'accroupissait, comme
les très
jeunes chiens, ou s'il levait la cuisse, comme
ceux qui sont adultes ; mais Brititi
ne levait
la cuisse : quand donc lèverait-il
quand on était rentrées au logis,
on s'interrogeait, le résultat des observations
était consigné, on se plaignait ensemble d'être
obligées de toujours ajourner ses espérances, et
on s'encourageait à patienter.
Enfin, un matin Mme Fromageot entendit
frapper à sa porte à coups précipités ; c'était M'"e
toujours
pas
la cuisse ! Puis
�L'ENTR'ACTE
Brinqujllard; clic lui dit sans sé donner le temps
de respirer :
11 a levé la cuisse, madame, il a levé la
—
cuisse, j'en suis sûre, je l'ai vu !
Vraiment, Mme Brinquillard,
—
ah! quelle
chance! Eh bien! ça ne m'étonne pas : mon
rêve s'efface ; Brititi m'est apparu cette nuit en
songe; il levait la cuisse.. . Mais je ne vous en
avais rien dit de peur de vous causer une fausse
joie; enfin le rêve se trouve confirmé par la
réalité ;
Et ce
plus qu'à se réjouir !
qui était dit fut fait. On célébra l'évènement par une collation à laquelle prirent part
les amies qui ne riaient pas trop de la ten¬
dresse des deux dames pour leurs chiens et où
l'on mangea beaucoup de gâteaux et l'on but
force liqueurs.
Restait Muzette maintenant ; qu'elle fût prête,
ce
qui ne pouvait tarder, et le.... mariage de
Muzette et de Brititi allait pouvoir se consom¬
mer. En effet, Mme Fromageot, quatre à cinq
jours plus tard, avertissait Mme Brinquillard
que Muzette était prête....
Mais ici j'interromprai mon récit pour pré¬
il n'y
a
lecteur
senter au
un
nouveau
personnage
qui
certain rôle dans cette histoire.
Je veux parler de Mari us, un autre chien
aussi laid, celui-là, que les deux autres étaient
jolis. 11 était en outre gourmand, querelleur,
jouera
un
effronté, libertin, volontaire et insolent. Tou¬
tefois, il n'était pas entièrement dépourvu de
qualités; il était surtout intelligent et brave.
Aussitôt que la lumière dorait les coteaux
avoisinant Périgueux, Marius se levait de dessus
sa
paille pour accompagner à son atelier son
maître, un honnête serrurier du quartier de la
Rue-Neuve, puis il le quittait pour ses pérégri¬
nations quotidiennes, et vous l'eussiez rencontré
partout à la fois, sur les places Francheville,
Bugeaud, Montaigne, Tourny, fringant, gamba¬
dant, jouant du meilleur cœur avec ses pareils, à
la fête pour les plaisirs pacifiques de méme qu'il
était de toutes les batailles, de tous les tintamares
produits dans la ville par les chiens. Dans
la saison des amours, c'est-à-dire neuf mois sur
douze, il ne cessait pas de lutter, voulant pren¬
dre part à tous les gâteaux et trouvant toujours
le moyen
de la prendre. Dieu sait les horions
qu'il gagnait à ses luttes homériques avec les
plus grands chiens de chasse, les dogues et les
boule-dogues ; quoique de la grosseur d'un
simple loulou qu'il était, il n'en craignait au¬
cun; quand la force était insuffisante, il avait
recours
à l'adresse
ressources
à la ruse, et il avait des
inconnues aux autres chiens, quelque
ou
chose comme des bottes secrètes, des coups de
Jarnac qui lui servaient à se débarrasser de ri¬
vaux dans des batailles où il aurait autrement
succombé. Armé de son collier de mâtin, collier
deux fois trop grand pour lui, que son maître
lui mettait tous les jours avant de quitter la
maison et que Marius quittait quand il s'agis¬
sait de plaire aux belles, parce qu'il nuisait à
moyens, mais qui le rendait fort quand
il fallait en découdre, Marius n'avait peur de
rien, et, pour vivre aux dépens d'autrui, car il
ne se souciait
guere de la nourriture de son
ses
maître, il était aussi ingénieux qu'il savait être
vaillant dans les combats. Les aubergistes pour¬
raient en dire long sur son compte, de même
que les commerçants
aussi à parler de son
des boulevards auraient
sans-façon ! L'auteur de
ces lignes le
surprit un jour levant la cuisse sur
un costume d'enfant placé sur le seuil de la
porte de la LSelle Jardinière. Outré de cette
fit mine de le chasser. Mais, au lieu
de se laisser intimider, Marius prit une attitude
si
agressive que, dans l'intérêt'de ses mollets,
audace,
on
jugea prudent de battre en retraite. Ou
ingénieux et rusé, ou crânement audacieux, tel
ne cessa jamais d'être Marius,
qui réussissait
dans tout ce qu'il entreprenait.
on
Les deux veuves avaient l'habitude d'aller
tous les dimanches à la musique, suivies de
Muzette et de Brititi. Un jour Mme Fromageot
voit un chien qu'elle n'avait jamais remarqué
jusque-là venir au-devant d'elle un mouchoir à
la gueule; elle porte instinctivement la main à
la poche ; elle était vide ; c'était son mouchoir
que le chien lui rapportait; ce chien, c'était
Marius.
Le pauvre
—
animal !
me porter mon mou¬
choir, quelle intelligence! s'écria Mme Froma¬
geot. Et elle accompagna sa réflexion d'une
caresse sur
agitant
le dos de Marius.
qui laissa faire,
léchant
sa queue de reconnaissance et se
les lèvres de volupté, car c'était si bon,
des ca¬
resses, et si rare pour lui !... Depuis ce jour les
deux dames remarquèrent Marius, mais sans
penser à mal, et cependant elles furent témoins
d'un spectacle qui eût
pu leur dessiller les yeux!
Au moment où elles entraient dans les allées
de 1 ourny, un carlin d'un air
rageur se précipite
sur Brititi et va le rouler dans la
poussière,
lorsqu'un autre chien d'un coup de tête jette
l'agresseur de côté : c'était encore Marius.
Décidément il y
PÉRIG0URD1N.
avait quelque chose là-des¬
eh ! oui, il y avait quelque chose: Marius
en tenait
pour Muzette, et, pour mériter son
cœur, il ramassait le mouchoir de memère Fro¬
sous...
l'occasion, protégeait Brititi son
Enfin, une autre fois Mme Fromageot le
surprit dans une pose de trois-quarts devant
Muzette, la regardant d'un œil langoureux, se
rengorgeant, portant beau. Remarque particu¬
mageot et, à
frère.
lière : il avait laissé son collier... ce vilain col¬
lier qui lui allait aussi trop mal pour flirter avec
une
coquette comme la sœur de Brititi... Marius
posait sa candidature....
Ah ! mon vieux, ce n'est pas pour ton fichu
nez qu'on la garde, tu es bien trop laid ! fit Mme
Fromageot. Et de l'ai r dont Marius la regarda
Lapostropham ainsi, on était à se demander si
à sa manière il ne lui répondait pas :
Eh! madame, peut-être... on ne sait pas!
Ceci se passait dans les jours où Brititi met¬
tait le comble à la joie de sa maîtresse en lui
démontrant par des faits qu'il était adulte et où
Muzette en faisait de même, ce qui avait été
connu à des signes non équivoques.
—
—
Cependant Mme Brinquillard avait l'esprit si
rempli de l'idée que Brititi serait le petit ri ri de
Muzette qu'elle était à mille lieues de soupçon¬
ner qu'il en pût être autrement, et chaque fois
qu'elle voyait Marius roder autour d'elle et de
son amie, elle pensait que c'était tout bonne¬
ment parce qu'on Lavait caressé un jour. 11 eût
été plus sage peut-être de se méfier.... En effet,
les visites de Marius devenaient de plus en plus
fréquentes ; il passait cent fois par jour devant
la maison, jetant sur la porte et les escaliers un
regard furtif; les deux dames Lavaient vu agir
ainsi ; mais ce qu'elles n'avaient pas vu, c'est
que Marius était même allé jusqu'à oser entrer
dans la demeure chaste et pure de son idole. Si
on Lavait suivi, on l'eût vu inspectant les lieux,
flairant les coins et recoins, semblant se livrer
à des études topographiques et tirer des plans...
Oh ! bien sûr Marius avait une idée, vous verrez
idée....
Enfin le grand jour a lui ; Muzette parait être
dans les meilleures dispositions... Les deux da¬
mes se sont entendues...
Brititi va épouser
Muzette ; c'est décidé ; l'heure est fixée.... On a
dû retarder un peu l'événement, des visites
étant survenues. Mais les visites sont parties;
on est seules;
Muzette et Brititi sont fermés
qu'il avait
une
ensemble
Je renonce à décrire la physionomie des deux
dames en ce moment solennel.
Elles causent, mais par phrases entrecoupées;
elles sont assises, mais ne peuvent tenir en
place; elles se parlent, mais sans s'entendre;
se font répéter mutuellement ce qu'elles se
disent, et, quoiqu'elles essaient de prêterl'oreille,
elles'restent à l'ignorer; elles s'agacent comme
à plaisir sans le vouloir, et il vient un moment
oit Mme Fromageot laisse
échapper un mot
d'impatience auquel Mme Brinquillard répond
par un geste un peu vif, mais c'est un mot et
un geste qu'on regrette, et les deux amies, Lune
aussi bien que l'autre malades du même mal,
se pardonnent réciproquement.
Enfin, la première Mme Brinquillard s'écrie :
elles
—
Si
nous
allions voir maintenant,
il
en est
peut-être temps, qu'en dites-vous, madame
F romageot ?
Patientons encore
—
—
avec
Marius !!!...
ce
spectacle, la
la renverse,
fait la même
de
la
la raison.
Un mauvais plaisant, mari de Lune des amies
des deux veuves, les entendant se
plaindre au
sujet du dénoûment de ce drame intime, leur
dit pour les consoler :
Eh ! madame Brinquillard, au lieu de vous
plaindre comme vous le faites, vous devriez
vous réjouir, au contraire : Marius obtenant les
bonnes grâces de Muzette, c'est dans le goût du
—
jour, c'est le croisement des races, c'est le prolé¬
taire mêlant son sang jeune et généreux au sang
affaibli des vieilles aristocraties
Allez au diable, vous, avec votre croise¬
ment! une petite chienne si fine, si distinguée,
s'oublier avec ce malotru.... ah! j'en ferai une
maladie !
Mais les deux veuves finissent par en prendre
leur parti.
Cette fois, c'est une affaire manquée, disent...
—
—
elles, mais l'avenir est à nous!...
Et, sur ces mots, le calme leur rentre dans
l'esprit
veuve
veuve
l'honneur des familles.
riposte que la coupable, c'est
et
la paix dans le cœur.
Jean de La Limogeanne.
1N[0S \MUSETTES
ARITHMOMANCIE.
Vous désirez savoir l'àge de mes deux cou¬
sins ? 11 y a cinq ans, en rnultiplant la somme
de
âges par leur différence, on obtenail un
produit qui étais les deux tiers de celui que l'on
leurs
obtiendra en faisant la même opération dans
cinq ans ; le produit ainsi obtenu dans cinq ans
sera, d'ailleurs, égal au produit de leurs ûgss
actuels.
Quel est leur âge ?
—
Voici la solution du problème (mot
blié dans notre dernier numéro :
E
G
G
E
H
I
S
E
R
A
N
A
G
E
en
Mme Fromageot
plutôt elle, qui,
seraient peut-être
arrivées à s'en
prendre à leurs fausses nattes, si elles
A
T
L
E
E
G
A
L
I
T
E
S
A
1,
A
D
I
N
R
E
T
E
N
E
Z
Nous avons reçu dix-sept solutions conformes
à celle qui précède et
comme
nous Lavions indiqué, de la bande du journal.
Nos heureux correspondants recevront demain,
accompagnées,
la poste, la surprise promise, consistant en
intéressante brochure d'actualité, due a la
plume de l'un des principaux collaborateurs
par
une
de V Entr'acte.
êmí-
imm
A la cour
d'assises
:
On juge un braconnier qui en a
les couleurs aux bons gendarmes. (1
qu'il n'ait employées pour les
Un aimable
au
fait voir de toutes
n'est pas de ruses
dépister.
Pandore s'en plaignait en ces termes
jury:
(jui, messieurs,
ce
gredin est un maître bracon¬
jus¬
C'est à moi surtout qu'il en
suivait partout; sûrement, il
dépistait souvent, et il allait même
nier. 11 nous
qu'à nous surveiller...
voulail le plus. 11 me
voulait né épier.
Au café :
Un habitué
demande
enveloppe au garçon,
plume, de 1 encre et une
une
qui est le propre neveu de
Calino.
liens, fait-il après avoir
.
,
,,
louille dans son porte¬
feuille, c'est embêtant, je croyais avoir des cartes sur
moi...
Alors le garçon, avec un sourire
tois :
Si Monsieur le veut bien, ,|e peux
des miennes.
.
n'avaient
,,
•
aimable et cour¬
.
—
,
.
lui prêter une
*
*
La
—
seul l,
oiseaux ?
avec un
tres
O
logique clu jeune Tomy :
Maman, pourquoi que tu me
fais écrire alouette
puisqu'elle en a deux comme
les au¬
***
Une'forte dame entre
S6t—Madame, dit
corset de
dans un magasin de cor-
la marchande, veut sans
doute un
baleine ?
**#
lycée de jeunes filles :
Qu'est-ce que le baiser ?
C'est une demande que l'on formule au
Dans un
—
—
éta^e pour
premier
savoir si l"entre-sol est á prendre.
MA.
ne'pouvant résister à sa curiosité , est venue,
sans s'en douter,
en aide au séducteur, et les
deux dames
T
E
L
I
N
E
G
A
R
A
carré) pu¬
—
Fromageot tombe à
Brinquillard à son tour
chute, en travers sur le corps de
son amie, qui pousse des cris désespérés et fait
son possible pour échapper au fardeau qui l'écrase, la veuve Brinquillard pesant 113 kilos
sans en excepter un gramme, et Mme Fromageot
ne pouvant opposer qu'une faible résistance, car
elle y allait modestement de ses 76 livres (38
kilos), encore c'était-il toute mouillée, selon sa
pittoresque expression , qu'elle en arrivait à ce
poids. Les 11 3 kilos de Mme Brinquillard la
suffoquent, elle va rendre l'âme; mais un mou¬
vement dans lequel elle concentre tout ce qu'elle
a de force la
dégage, et Mme Brinquillard,
aussi bien qu'elle revenue de son émotion, se
lève, et reproche amèrement à Mme Fromageot
d'avoir laissé la porte ouverte, ce qui a permis
d'entrer à cette canaille, à ce communard de
Marius, suborneur de la vertu, contempteur
A
chan¬
ne
gerai): rien à la situation, et elles reviennent à
—
quelques minutes, ré¬
pond celle-ci ; mais, non moins pressée de savoir
que Mme Brinquillard, elle se ravise et dit :
Au fait, vous avez raison, allons voir—
C'est ici qu'une grande surprise les attendait.
Elles se lèvent, ouvrent la porte où se trou¬
vent les petites bêtes, et, la porte ouverte,
qu'est-ce qu'elles voient?— Muzette en conver¬
sation criminelle
tait la réflexion qu'une querelle
pas
Le Gérant, SPA.
Périgueux, imp.
LAPORTE, anc. Dupont et C*.
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_013
ark:/30098/47pt
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 13, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/624e7a8bfd5fd5b994a7bb740297c9c5.pdf
906ebc97574731841627c3e493cc26fa
PDF Text
Text
Prix
Première Année
LITTERATURE, ARTS,
ABONNEMENTS
Six mois.
THÉATf
:
Numéro 12
10 centimes
'COMMERCE
INDUSTRIE
INSERTIONS
Annonces,
Réclames,
�L'ENTR'ACTE PÉR1G0URDIN.
Péri gueux,
M.
idateur de
scu
HMHFFF.
(lì n
r ou r
il traversa la
talè'nl mûrit
les
d) u pays africain, Taubige a rapporté
dtes souvenirs charmants, d'adorables légendes...
XI
—
sa
plume élégante
a
parfois raconté
Pour vous, belle lectrice aux lèvres
si gourmandes!—
Quelque histoire d'amour, quelque trait glorieux,
'J(écits étincelants dont ilfit la conquête
Sous les palmiers, i l'heure où J'hébus radieux
i'ait cherché r l'ombre
jours-ci. Elles sont aujour¬
vos pieds comme un
témoignage de
peut faire pour vous l'aífection de
ces
ce que
votre filleul.
*
A ces mots, ma marraine devina tout.
Elle m'embrassa en me blâmant très fort.
Mais plus elle accentuait ses reproches, plus
sa voix s'attendrissait, si bien qu'il arriva
un moment oh elle ne put plus parler, et
que des larmes mouillèrent ses paupières
-
Qfédilerrance,
sous
d'hui à
*
dons précieux,
splendides cieux
fui couvrent des émirs la terre fortunée !
scu
sans
cause, mes
—
remarquées
.Lefirent prosateur empreint de poésie,
XI
en
mains déchirées
sont trop enflées pour que j'aie pu les mettre.
De ci, de là, quelques gouttes de sang ont
Qoât sévère et pur, /'aimable fantaisie,
Qui, voulant tous les deux amplement le doter,
ces
habit,
taché les fleurettes.
Voilà mon bouquet, à moi, dis-je en
m'inclinant devant ma marraine ; ce sont
les giroflées de Saint-Front que vous aviez
gants, et pour
berceau murent le visiter
gratifié de
sans
peine. Je suis
pas
íLe
oyi insi
faites
1er Août 1886.
épaisse aux en fants du Prophète!
OAussi put-il bientôt, sans se montrer pressant,
Séduire leur à tour Joule- le redoutable,
et
je pleurai aussi.
baisers, j'en sens encore l'impression,
Ces
en
dépit de
armée, à
un
mes
cheveux blancs. Chaque
anniversaire que je fête dans
la solitude de mon cœur, je me
ce tendre souvenir qui date déjà
remémore
de si loin.
Jlévoque l'iniagë de celle qui fut ma mar¬
raine, et, oubliant le présent, perdu dans le
passé, je ferme les yeux pour mieux la voir
dans le rêve de
mes
vingt
ans.
Quand elle sortit, elle s'aperçut avec effroi
son collier s'était détaché. Elle chercha
longtemps, lit chercher par ses femmes, ce fut
eii vain. Elle rentra chez elle, affligée et sou¬
cieuse, se promettant de faire souiller, au jour,
que
la rivière et de mettre tout en œuvre pour
retrouver le cher objet auquel elle tenait plus
qu'à
sa vie.
Son espoir fut
s'éleva pendant
déçu. Une tempête effroyable
la nuit. Les vents soufflèrent
avec rage, brisant les arbres, saccageant les
massifs, soulevant les îlots de la rivière, déjà
grossie par une pluie torrentielle qui dura toute
la journée suivante.
A la lin de la tourmente, lorsque les éléments
mis en fureur s'apaisèrent, Claudia íìt faire les
recherches qu'elle avail projetées avant la tem¬
pête. Le fond de sable qui s'étendait devant la
pelite anse avait disparu. Des pierres mêlées à
la vase, des débris de branches brisées enche¬
vêtrées dans des lianes rompues, encombraient,
à cet endroit, le lit de la rivière.Malgré ces obs¬
tacles, tous les plongeurs du pays explorèrent
le fond des eaux. Us ne trouvèrent pas le collier
perdu.
Parfois, de nos jours, quelque pêcheur hem
ramène, dit-ou, une perle clans son éper¬
reux
vier. C'est une de celles échappées au joyau
précieux dont la perte lit pleurer les yeux de
Claudia, la belle mortelle.
PEÏITPAGE.
LUCIUS.
X t l'habile barbier nommé Xillemessaut.
Revue et Figaro,
n'est inabordable
rien
Tour-lui qui,
du francaisfgardant lentes les lois,
pl transformé sa plume en baguette magique.
c-Ju Constitutionnel on le vit maintes f ois
Signer un feuilleton qui bravait la critique.
Vestes rouges, qu'on rit affronter le trépas,
Près héroïquement dans les champs dû Mexique,
J l conta votre histoire an milieu oies
pampas,
Q-uérilïerosfameux
et grands
comme
/'antique !
(Somme peur vous, raillants, dent ilfixa les
921 dont tl a dépeint /'immense grandeur
traits,
d'âme.
.Les armes ent peur hu les
plus puissants attraits;
Test un hardi champion, un friand de la lame !...
ZIG.
LE
C'est
qui
vingtième année'
fête ! "A cette femme charmante,
va recevoir le tribut méì'ité de tant
hommages, je veux, moi son tilleul, lui
oií'rir un bouquet comme je l'ai rêvé.
Oh ! ce bouquet est bien
modeste, une
toulìe dè giroflées, pas
davantage. Mais les
giroflées qui fleurissent sur les corniches
inaccessibles de l'antique édifice où je veux
los atteindre, tentent la poésie de ma
jeu¬
nesse et 1 énergie de mes
premières au¬
û
daces.
Je risquerai dix fois ma vie pour Tes avoir,
les giroflées qui s'épanouissent là-haut, en
le vieux clo¬
cher de Saint-Front où résonnèrent jadis les
sur
sonneries
joyeuses de mon baptême. Oui,
je les veux et je les aurai, malgré le péril,
malgré les pierres disjointes qui crouleront
sous mes pas, maigre le vide
qui s'ouvrira
devant moi lorsque je me pencherai
pour
les cueillir... et je les eus, en effet.-les fleurs
du clocher, malgré le péril,
malgré les
pierres disjointes qui croulèrent sous més
pas, malgré le vide qui s'ouvrit devant moi
lorsque je me penchai pour les cueillir.
*
*•
*
•
Elle est
jolie, ma marraine, très jolie,
avec ses grands yeux, sa
pâle figure et ses
cheveux noirs qui descendent en bandeaux
ondulés
Los
sur son
front.
bouquets abondent chez elle. II
y en
de toutes les formes, de toutes les cou
leurs, de-tous les pays. Ici, les aristocrati¬
ques camélias émergent des corbeilles de
a
vieux cuivre, là
d'étranges orchidées bai¬
gnent dans des potiches japonaises, partout
des roses superbes s'étagent sur les tables,
s amoncellent sur les
consoles, encombrent
les cheminées. Le salon est
plein de leurs
parfums.
*
H-
•I arrive encore fout ému.
L'àscensioii du
clocher, la conquête des giroflées
plus
rares et
qu'arrosaient les
eaux
d'une fon¬
taine
fameuse, encadraient cette belle résidence.
L'été, pendant les chaudes nuits, alors que
la lune brillait au ciel, la Vésonienne, suivie de
ses femmes, descendait vers la rivière.
Une allée de roses de Tbrace, de celles qui
exhalent des senteurs puissantes, conduisait
aux fraîches rives où Claudia avait coutume'de
baigner, aux heures chères à Ph'cebé.
La Vésonienne était une raffinée. Issue d'une
mère née à Cuide où régna Vénus, elle avait
sa
plein soleil, à l'air libre,
Sa villa dominait la rivière. C'était une riche
construction avec un péristyle soutenu par huit
colonnêttes aux chapiteaux finement fouillés".
Des jardins où s'épanouissaient les fleurs les
se
BOUQUET DE IÁ MARRAINE
Evocation de la
HISTOIRES Eï CONTES PÉMMS
ne se sont
gardé de son origine asiatique l'am on r dos vo¬
luptés élégantes. Elle tenait, en outre, de son
père, Gaulois et fils de Vésone, cet esprit char¬
mant et cette grâce de langage qui distinguaient
les enfants de la ville municipe.
Quand elle recevait chez elle les gens de
marque de la cité et qu'elle leur donnait des
fêtes, ses invités s'en retournaient les yeux
éblouis et les oreilles enchantées. Elle avait
mimé la pvrrhique mieux que les plus célèbres
danseuses de Rome, elle avait récité une ode
ardente d'Horace avec autant de passion com¬
municative qu'en ent mis à la dire le plus ému
des poètes et, fermant les yeux devant cette
vision troublante, tandis que s'éteignaient les
flambeaux de la villa, Ions, en s'en allant, sen¬
taient qu'ils laissaient derrière eux un peu de
leur âme et beaucoup de leur cœur.
Ce soir-là, Claudia était seule avec ses sui¬
vantes. L'endroit où elle se baignait était une
sorte de petite anse cachée nu fond d'un abîme
de verdure. Des degrés de marbre descen¬
daient jusqu'à la rivière. D'industrie des hom¬
mes
avait
ménagé,
sur une
bonne partie de
sa
largeur, un fond de sable sur lequel l'eau passait constamment limpide.
Claudia, aidée -par ses femmes, ôla sa stole
de íine laine, au bas de laquelle de vives bro¬
deries tranchaient, par leur éclat, sur la blan¬
cheur immaculée du vêtement.
Le mainiìlare
qui enserrait sa gorge de déesse tomba égale¬
ment. II ne lui resta plus qu'une sorte de che¬
misette, fendue sur les flancs et retenue á peine
aux
épaules, laissant entièrement libres des
bras qu'eût enviés Laïs. Le tissu moulait ses
formes et dessinait amoureusement les lignes
superbes de son corps. Sur son cou d'albâtre,
elle avait gardé un merveilleux collier de perles
qui lui rappelait de royaux hommages et dont
elle ne se séparait jamais. Chaque perle, arra¬
aux abîmes des iners lointaines, valait bien
cher, et c'était toute une fortune que cette fille
des Grâces portait sur elle. Mais la valeur et la
chée
magnificence du joyau n'étaient rien à côté des
qui s'y rattachaient.
Lorsqu'elle parut sur les marches de marbre,
toute blanche, sous l'éclatanle lumière de la
lune, les brises jalouses déposèrent de tièdes
souvenirs
pieds nus.. Elle frissonna à ces
caresses, regarda, un instant, l'eau muette et
tranquille qui l'atrtendait. et, lentement, comme
si elle eût pénétre clans un sanctuaire, Claudia
s'enfonça dans l'onde qui la reçut doucement...
baisers
sur ses
LES LARMES ÎE CQCQ.
J'étais hier à dîner chez mon ami H..., qui, à
l'occásion de l'anniversaire de son mariage,
avait réuni à sa table une assistance pas trop
nombreuse, mais vraiment choisie.
Vers la lin du repas, l'amphitryon, qui no dé¬
teste pas la plaisanterie, demanda à nous pré senter un membré de sa famille. « 11 aimé beau¬
coup les friandises, dit-il, et vous le verrez
faire honneur au dessert. »
C'est son cousin le notaire, murmura un
de mes voisins.
—
ce doit être son oncle le chanoine,
autre.
Jugez de notre étonnement, lorsque nous vî¬
mes reparaître B.... après quelques minutes
d'absence, portant dans ses bras un ouistiti à la
mine l'utée, qui s'empressa de sauter sur la
table et se mit sans façon à croquer uue poire
que je venais de lui offrir.
Non,
—
reprit
un
Coco ! saluez la société! commanda B...
M. Coco — c'était sans doute sa façon de sa¬
luer — envoya le trognon de son fruit dans la
figure d'une vieille dame assise à nies côtés, et,
par une adroite gambade, grimpant lestement
sur m un épaule, il se mit en devoir de fourrer
ses... mains dans mes cheveux.
Oh ! monsieur, if va vous dépeigner, s'é¬
cria la femme de mon ami.
—
—
Qu'importe! il est si gentil, ìnurmurai-je,
malgré un secret dépit contre la maligne frète,
qui détruisait les belles frisures que mon coif¬
—
feur avait mis
une
bonne demi-heure à édilìor.
J'allais, pour m'en débarrasser, envoyer sour¬
noisement
que
—
quelque chiquenaude au singe, lors¬
B... íìt entendre un sifflement significatif.
Coco, dit-il, va chercher Ion histoire : je
vais la lire á mes invités.
Nous vîmes alors l'intelligent
animal prendre
bougie au candélabre et se diriger vers la
pièce à côté, servant, je crois, de bibliothèque;
lin instant après, il revint portant un vieux
journal, qu'il ouvrit avec soin et remit grave¬
une
ment à son maître.
B...
titi qui
cligna de l'oeil
en nous montrant
le ouis¬
venait de s'installer sur la table et se
disposait gravement à écouter; puis il com¬
mença en ces
«
termes
:
Beaucoup de personnes qui ont vu jouer le Tour
ílu Monde à Paris, â Bordeaux ou ailleurs, et qui l'ont
revu ces jours-ci á Péri gueux, se sont étonnées, non
sans raison, Je ne pas apercevoir, sur la scène périgourdine, l'éléphant qui devait faire partie du cortège,
aux pompeuses funérailles du rajah. Nous avons voulu
savoir pourquoi, en effet, le fameux pachyderme dont
il est question dans îa pièce de Jules Verne, et que le
flegmatique Philéas Fogg et le policier Fix se dispu¬
tent chaleureusement á coups de banknotes, ne nous
avait pas été présenté. A ce sujet, nous avons recueilli
une
bien triste histoire. Nous
ne
saurions
rions
porter
garants de ce récit ; mais nos lecteurs pourront re¬
connaître, avec nous, que se non é vero é benc trovnto.
»
A son départ de Paris, .Mme
d n matériel du Tour du Monde,
ha vigne, propriétaire
possédait un superbe
éléphant, qu'elle avait acquis á chers deniers, au
Koyal-Muséum amphithéâtre de Londres. Le doux
animal, aimé et choyé de tous, s'acquittait docilement
de son rôle et, chaque soir, recevait, en récompense
�L'ENTR'ACTE PERIGOURDIN.
de
bonne volonté, des caresses et des friandises,
lui distribuaient avec prodigalité les héros Me la
pièce et les dames du corps de ballet.
Tom
c'était le nom de l'éléphant — avait reçu
pour compagnon un jeune et intelligent petit singe,
appelé Coco, qu'il avait tout de suite pris en affection,
et avec lequel il ne cessait de jouer
depuis le matin
jusqu'à l'héure de la représentation. 11 arrivait mémo
souvent que, pour ne pas séparer les deux amis, on
mettait le singe à cheval sur la trompe du pachyderme,
et alors, l'un portant l'autre, ils entraient
gravement
en scène, sans
jamais laisser paraître la moindre
émotion. Cet équipage burlesque manquait rarement
de soulever l'hilarité générale et provoquait d'unani¬
mes bravos, dont nos deux
compagnons, vrais modè¬
les de modestie, paraissaient se moquer comme d'une
guigne avariée. Jlélas ! cette quiétude ne devait pas
sa
(|uc
»
—
Je me levai
l'averse.
Fais pas
—
B...,
ce
en
toute hâte pour
attention !
me
laisser
II
passer
dit malicieusement
sont les larmes de Coco !
Les larmes de Coco ! répéta l'assistance
d'un ton incrédule, et chacun, pour s'assurer
du fait, vint passer la main sur mon pantalon
—
humide.
C'est égal, je
n'aurais jamais cru que les
glandes lacrymales d'un tout petit singe fussent
approvisionnées d'une telle façon.
rendit chez Mgr Boufíard
se
avoir l'àme bien brillante.
II accueillit Baptislo comme un ami,
tasse de
une
café, lui
Ouvouvoudrez.
Monseigneur, commença Baptiste, je viens
prier d'avoir pitié de moi ; vous savez que
grêle a ravagé nos blés, de si beaux blés,
—
la
Dieu !
—
complètement cîétruil
général agita le mastodonte, et son cornac
avoua, plus tard, qu'il avait aperçu à ce moment-là
deux grosses larmes rouler silencieuses sous les sour¬
cils alourdis du tranquille animal.
Depuis
cet instant, le naturel de Tom se modifia
sensiblement : Tom devint sombre, Tom resta rêveur,
et c'est à peine si les
gentillesses que lui prodiguait
maintenant le singe Coco réussissaient, par interval¬
les, à le distraire de ses idées noires. Chaque soir, à
l'heure du défilé, 011 voyait le pachyderme s'arrêter,
devant le chef d'orchestre
un pianiste de talent —
qui, croyant que Tom, devenu dilettante, prenait goût
Oui, de si bon vin ! larmoya Io prélat.
Eh! bien, Monseigneur, je viens vous sup¬
plier de me faire grâce de mes redevances pour
—
ne le manque,
cette année... Je sais
:
aussi que
moi et de
mes enfants!.
D'ailleurs, Monsei¬
l'an prochain, au lieu de verser 30,000
francs, j'en verserai 45,000, et ainsi j'aurai
soldé mon débit en deux ans, tandis que, cette
année, si vous exigez vos 30,000 francs, c'est
ma
Imaginez-vous que je me demande depuis
longtemps pourquoi les candidats à la dépulation, au conseil général, nu conseil d'arron¬
dissement, voire même au conseil municipal,
bien
font individuellement à leurs électeurs tant de
belles promesses qu'ils s'empressent de ne pas
tenir dès qu'ils se trouvent réunis en assem¬
blées délibcratives. 1 lier, ce pçoblème, passé à
"
sa
trompe son bon camarade Coco, et les
tendrement fixés sur son cornac, qui, en ce mo¬
solennel, eut comme le pressentiment du mal
qui emportait la bêle confiée à ses soins.
»
Depuis le changement survenu dans le carac¬
ï'état d'idée fixe, me
coutume; mais j'avais
yeux
ment
lobes
! il y avait
devenir anarchiste!... C'est ce que je ne
racontait hier soir ce
brave homme, j'observais les moindres détails de ses
faits et gestes. Or, ce
qui m'avait surtout frappé, c'est
la repulsion caractérisée
qu'il,éprouvait, depuis quel-
que temps,
á entrer
nous
en scène et
la fixité fiévreuse avec
avait cru reconnaître les rlents
mère, et c'est la honte, autant que le chagrin,
—
anxiété.
Olt ! que
mon malheureux compa¬
gnon !
Pauvre Tom !... sa triste tin causa bien des re¬
grets. Son camarade Coco en fit une maladie, dont il
—
put se relever
—
qu'à force de soins ; le corps de bal¬
let tout entier faillit prendre le
deuil, et .Mme Lavigne
fut sur le point d'abandonner sa tournée en
province
et de
réintégrer son matériel à Paris ; mais un con¬
trat étant signé entre elle et MM.
Claudius et Jeanrov
Allez ! dis-je.
Et le petit bonhomme commença ainsi ;
II y a longtemps, peut-être plus d'un
—
—
cle, peut-être beaucoup
>
Un
pentil
:
petit singe ai'hicain,
tout jeune et habitué à
les enfants.
avec
S'adresser à Mine Lavigne, maison Gilbert, en
caserne de la Cité >
»
Noire
sou
amphitryon avait fini
journal, en disant :
sa
lecture
;
face
la
francs. Tout le monde était fort satisfait du bail
passé, Baptiste parce qu'il le trouvait avanta¬
geux, les chanoines parce que ledit Baptiste
avait versé une somme de cinquante mille
francs comme cautionnement, et qu'il payait un
tiers de plus que son prédécesseur. Tout mar¬
cha bien ainsi pendant deux ou trois ans; après
il posa
Vous l'avez entendu : Coco étais en
vente,
et c'est moi qui on devins
l'acquéreur... Tel fut
le dénouement do la triste histoire' racontée
—
jadis par
ingénieux chroniqueur de VEcho
de ln IJordogue, pour expliquer l'absence de
l'éléphant aux représentations du Tour du
cela vint une année terrible : la grêle bâcha
d'abord les moissons prêtes à mettre en grange,
un
quelques mois après, un second orage cre¬
vait et égrenait les raisins gonflés do vin sous
les pampres jaunis.
et,
.1 tonde...
—
Pardon, dis-je
ami B...; mais
trouve mal.
il
en
ine
coupant la parole à
mon
semble que ton singe se
Ce fut l'abomination de la désolation !... Ben-
dant huit jours, le malheureux
de désespoir dans un pré dont
Etaienl-ce les tristes souvenirs que venait de
réveiller la lecture faite par son maître? Etaitce la chaleur ou la fumée du
champagne? Tou¬
jours est-il
«pie
Coco baissait la tète
en
gardant
immobilité qui me parut très inquiétante.
M"10 B.
élait sans doute de mou avis, car elle
une
.
souleva le ouistiti par
la taille et l'embrassa
sur
son museau rose.
Ah ! mon Dieu, s'écria tQut à coup la
femme de R..., mon singe a pleuré !
A C' moment, je sentis sur mes jambes une
humidité tiède, produite par un liquide inconnu,
—•
qui découlait de la lahle, en lilant traîtreusement
sous
la nappe.
mon
nous nous réunissons pour délibérer sur les
intérêts de noire compagnie, et j'espère pouvoir vous transmettre une réponse favorable.
Baptiste, exultant de joie, visita tous les cha¬
noines; chez tous il trouva la même réponse :
«Ali! mon cher Bapti ;te, je compatis à votée
»
»
malheur, et, .s';/ ne tient qu'à moi, tout
bien, mais je ne suis pas seul maître. »
•
Baptiste se roula
il brouta ('herbe
rageusement. Une nuit, cependant, sa femme
lui donna un conseil. (On le dit du moins, moi
je sais bien que la nuit porte conseil, mais les
femmes... hum!)
Tu comprends, mon cher Baptiste, lui ditelle, que nous n'avons pas à faire à des sauva¬
ges de maîtres, niais à de bons chanoines, bien
gras, bien à leur aise, ils ne seront pas impi¬
toyables pour nous. Va trouver le doyen,
MgT Bouffant, c'est un excellent homme.
—
A partir de ce moment, Baptiste cessa de
brouter l'herbe de son pré, et le surlendemain
il parlait pour Ouvouvoudrez.
ira
Quand Baptiste revint chez lui, sa femme eut
peine à maîtriser sa joie : il renversait les
chaises, bousculait les marmots et alla même
un gros baiser sur
vieil âne aveugle qui prenait la
M"10 Baptiste pour son étable.
Une semaine s'écoula ainsi, dans
jusqu'à déposer
et
le nez d'un
cuisine de
le bonheur
('espoir... Mêlas !
Le samedi, le facteur apporta au fermier une
lettre serinée d'un large scel rouge aux armes
chapilre d'Ouvouvoudrez. Baptiste brisa le
avec un joyeux empressement; mais à
peine cut-il jeté les yeux sur le contenu de la
inissixe, qu'il poussa un cri et tomba dans les '
du
cachet
éperdue. Voici ce que disait
bras de sa femme
a lettre :
chapitre, réuni dans le lieu ordinaire de ses
invocation des lumières divines, a re¬
jeté, à Tunanimité, la demande de son fermier BapLe
séances, après
lisle.
» En
conséquence, ledit Baptiste paiera, comme les
années précédentes, les trente mille francs, montant
de son fermage.
Par mandement de Mar
Pouffard et par
délégation du chapitre,
l.e Secrétaire, Ruffixot, ch.
.
A VENDRE
jouer
siè¬
inoins, il y avait en la
ville d'Ouyòuvoudrez un chapilre très riche en
propriétés foncières. Ah ! les chanoines étaient
à leur aise à cette époque, monsieur, tandis «pie
do nos jours.
hélas !...
Ce chapilre avait comme fermier un certain
Baptiste, grand rougeaud de Normand mâtiné
dé Picard, ce qui ne l'empêchait pas d'èlre très
honnête et d'avoir beaucoup d'enfants. Son fer¬
mage se composait de trente métairies très pro¬
ductives ; il payait une redevance de mille
francs par propriété, ce qui élevait son dû an¬
nuel au chapitre à la somme de trente mille
trop vivement le regretté pachyderme Aussi, depuis
hier, on peut lire dans les journaux de la localité une
ainsi conçue
expliquer ça sous forme
d'apologue. Vous comprendrez très bien.
pour venir donner une série de représentations à Périgueux, il fallait donc, — cette fois sans éléphant, —
tenir ses engagements. On partit la mort dans l'àme
;
mais nous avons appris
que, depuis leur arrivée dans
notre ville, les ballerines et les artistes
qui ont connu
l'éléphant Tom se refusent à faire la moindre caresse
au
singe Coco, dont le seul tort est de leur rappeler
annonce
si, monsieur, répondiI-i 1 avec le
—
inùme petit rire.
Eh bien ?...
Je vais vous
■>
•
de quoi
lis pas,
pour tout savoir, parce qu'il observe tout avec
attention. Jc lut posai la question qui m'obsédait sur un ton si solennel qu'il me regarda
attentivement et se mit à rire à petit bruit.
Vous ne savez pas? demandai-je avec
qui ont abrégé les jours de
ne
de
Ahuri, le front lourd, les yeux caves, la lèvre
relevée par un « embêtement » formidable, je
me rendis citez un vieux bonhomme qui passe
mélancolie, l'infortuné
sa
«pie
cependant.
laquelle il épiait les doigts agiles du chef d'orchestre
courant sur les touches d'ivoire du
piano. Ah ! mon¬
sieur, a ajouté en larmoyant le cornac, aujourd'hui ce
n'est plus un secret pour les amis du
pauvre Tom :
dans ces touches d'ivoire,
qu'il regardait avec tant de
de
poursuivait plus
beau exciter, creuser mes
cervicaux, je n'arrivais pas à une solu-
lion satisfaisante. Tonnerre
—
éléphant,
brave
Baptiste, je
juste, et s'il ne
dépend que de moi, votre demande est agréée ;
mais, vous le savez, je ne suis pas seul mailrc,
quoique doyen. Voyez les autres membres du
vénéré chapitre et espérez. Dans huit jours
Comment donc !
trouve votre réclamation très
—
mon
.
ruine !
—
»
tère de
vous pouvez
gneur,
LE TROUBADOUR.
musique de Deoillemont, exécutait avec tout 1 art
dont il était capable la belle Marche du Bûcher.
Coco avait beau multiplier ses
gambades, le pau¬
vre
éléphant devenait de plus en plus taciturne.
C'est une maladie
nostalgique ; il soupire après
son
pays natal ! » disait l'eutourage de Ton:, qui le
voyait avec désespoir dépérir de jour en jour. Enfin,
il vint un moment où la
sympathique bête refusa toute
nourriture, et on dut renoncer à lui faire accomplir sa
besogne quotidienne.
II y a environ un
mois, Tom s'éteignit en cares¬
de
bien que,
d'après nos
refuser; mais je sais
le chapitre est bon : il aura pitié de
conventions,
à la
sant
autre orage a
—
—-
«
un
Vendanges, qui fai¬
nos
saient de si bon vin !
—
»
Et, la semaine dernière,
—
{Javs béni des cieux, où l'Islc au doux murmure
Spanche son Ilot pur par les vallons fleuris,
Pouf-
Oui, de si beaux blés! grommela
» Le matériel du
Tour du Monde avait fait son tour
de France et figuré sur la scène de nos
principales
ment
lui offrit
d'un air charmant
deux ou trois petits verres de fine Champagne,
finalement lui demanda ce qui l'amenail à
fard.
á toi. Les donà de la nature
«ci je les vois tous,.oui, tous sont réunis !
fiais enfants du pays, votre bonheur m'enivre,
Oh ! je connais vos cœurs, votre fraternité !
JJecevez-moi chez vous, c'est là que je veux vivre
{Jans vos champs on respire en paix, en liberté !
versa
et
durer !
JJien
le
vous
Paul LEBRETON.
villes, lorsqu'un soir, soir fatal ! l'éléphant, —jus¬
qu'alors Creste s'était contenté de regarder Pvlade et
de lui sourire
porta les yeux, par hasard, sur
le piano qui se trouvait à l'orchestre. Lin tressaille¬
et trouva
prélat en train de prendre son café ; sa face
resplendissait, et s'il est vrai que la physiono¬
mie est le miroir de l'àme, Monseigneur devait
l'.-S.
On rappelle à M. Baptiste que la date du
banquet annuel qu'il doit donner au chapitre est fixée
—
au
mardi 14 octobre.
Jc
»
l'abattement de Bap¬
soudain, du faîte de l'esfond du plus affreux désespoir.
ne vous
narrerai pas
tiste, plongeant ainsi,
péranee
au
Le malheureux
jours
courir
;
resta fou durant quelques
enfin, pour payer, il fut obligé de re¬
à son cautionnement, qui fut largement
écorné.
Cependant, une fois quitte envers ses maîtres,
il litl plus tranquille. Ue 14 octobre
il fallait songer au banquet annuel
approchait,
et obliga¬
toire.
Dès la veille, tout était en branle à
Mme Baptiste lirait des armoires du
la ferme !
linge da¬
massé d'une blancheur éblouissante ; M. Bap¬
tiste allait et venait, faisant découper les vian¬
des, tuer les volailles grasses, les beaux jeunes
agneaux, tandis que d'habiles pâtissières con¬
fectionnaient une foule de friandises.
Vers le soir, à la grande stupéfaction de tous,
Baptiste fit allumer du feu sous une gigantes¬
que chaudière, puis il ordonna de jeter dans
cette chaudière tous
le monde le crut
les inôts
préparés... Tout
fou, mais il fallut obéir ; puis,
lorsque dindes, canards, oies, poules, quartiers
de mouton et de porc rissolèrent
dans la chaudière, Baptiste arrosa
bruyamment
le tout avec
trente pintes de lait, six pintes de vinaigre,
cinq pots de moutarde jaune, quatorze bouteilles
de hon rhum, etc. ; puis il ordonna à un dômestique de brasser cette mixture durant toute la
nuit avec une énorme spatule en bois. L'odeur
qui s'exhalait de la chaudière était mille Ibis
�l;entr'acte périgourdin.
plus épouvantable que les émanations de Fantique Erèbe.
Le lendemain, les chanoines furent tous fidè¬
les
reridez-vous. Le couvert était mis dans
au
vaste
salle,
goût parfait. On voyait
aux regards lancés vers les cuisines
que les
convives avaient bon appétit.
Ah ! vous savez, mon cher, dit le doyen à
Baptiste, jo suis désolé que le conseil ait refusé
d'accéder à votre demande ; moi, personnelle¬
une
avec un
—
ment,
—
Mais, fit M. Billanbois, quinze jours, c'est
bien long !
Le médecin ne céda pas, et notre pauvre ma¬
lade se relira.
Au bout du temps fixé, la cervelle, remise
parlait état, attendait son propriétaire. Celuiparut pas. Un mois, deux mois se passè¬
rent et il ne parut pas davantage. Le cerveau
en
ci
ne
Monseigneur, dit
Baptiste, j'ai payé 1
Chaque ch'anouíe vint débiter la même phrase
au
d'abord.
fermier.
A tahle ! A table ! cria celui-ci.
Au centre de la table s'élevait un immense
—
trépied
chacun
;
soutenir;
se demandait ce
ne resta pas longtemps
on
Deux
qu'il devait
perplexe.
domestiques apparurent,portant à grand
peine une énorme bassine en cuivre rouge,
soigneusement couverte ; ils la déposèrent sur
le trépied.
Enlevez le couvercle ! cria M. Baptiste.
Mais, lui dit le docteur,
—
vous ne vous
pas que vous avez laissé votre
cervelle chez moi ?
rappelez donc
Si, si, parfaitement !
—
Eh bien !
Oh ! non,
alors,
—
Cela fut lait !... Aussitôt,
épaisse, graisseuse, nauséabonde,
dans la salle
;
les chanoines
se
se
levèrent
MOT
Lo
Monseigneur, Messieurs les chanoines, dit
Baptiste, vous avez raison : toutes ces choses,
prises à part, font des mets excellents ; réunies
dans un mémo récipient, subissant la même
cuisson, c'est une mixture digne des damnés.
Eh bien donc, tu en conviens, misérable !
rugirent les chanoines.
Messieurs, c'est pour vous faire compren¬
dre pratiquement qu'il y a un grand rapport en¬
CARRE.
En effet, chacun de
en particulier est excellent,
charitable,
compatissant ; réunis en assemblée, vous ne
valez rien ! Et maintenant, puisque mon dîner
110 vous plaît pas, allez
manger clicz vous.
vous
Le
petit vieux cessa son apologue et
garda d'un œil gris de fer.
Comprenez-vous ?
me re¬
—
Oui !...
Ah !
J'avais
—
—
—
douche formidable
reur
sous
la
agriculteur poète qui vient de lire
circulaire d'un candidat opportuniste :
On dit que de la République
le robinet de Fer-
!
n
ans on vit par plaisir.
ans par curiosité.
ass
par indifférence.
habitude. Demandez
entourent si
Cette prime leur est offerte par l'Intermédiaire catholique
de Besançon et de
Genève, qui désire se mettre en relations sui¬
;
vies avec eux.
Elle consiste
en une
magnifique montre en
argent; portant le poinçon du bureau de garan¬
tie de l'Etat établie à Besançon. Cette montre
est à
cylindre,
huit rubis, plate, richement
forme très élégante
d'une
avec
décorée
gnée de la bande de l'Entr'acte qui justifiera
grande solidité, réglée d'après l'Observatoire,
prèle à mettre en poche, et garantie cinq ans.
leur titre d'abonné.
,
d'une
,
Les montres semblables coûtent de 60 à 70
francs, suivant les localités. Nos lecteurs.peu¬
vent
d'officiers, une discussion s'engage
sur l'orlhographe du mot : ermite.
Les uns prétendent qu'il faut un /t, les antres sou¬
tiennent mordicus qu'il n'en faut point.
nn
en
recevoir
une ou
groupe
Pour trancher le différend, on a recours à un Dic¬
F Académie (nouvelle édition), lequel
tionnaire de
si le inot ermite s'écrivait autrefois avec
h, il n'en prend plus du tout depuis quelque temps.
Parbleu, conclut philosophiquement un vieux
capitaine, c'était forcé : Quand on retire leur hache
aux sapeurs, comment voulez-vous
qu'on la laisse aux
constate que
un
—
Modèle pour hommes
id.
dames
plus beau teint comparait en police cor¬
rectionnelle, accusé d'avoir chipé je ne sais quoi.
Le président l'examine avec un sentiment d'admi¬
ration et lui demande où il est né.
A Paris, répond le superbe noir.
Oui...
rue
Si l'on désire en même temps une
chaîne en argent fin contrôlé, ajouter
N. B.
On peut
bureaux du journal.
Cours
m'élonnez
voir les échantillons
Tourny, à Périgueux.
»
M. Billanbois
se
fendit immédiatement chez
lui, et,
au bout de quelques minutes d'examen,
le médecin déclara être dans la nécessité de lui
faire subir
l'opération du trépan.
Malgré ses répugnances, M. Billanbois li¬
vra sa tête. Au bout d'un instant, l'opérateur
avait pratiqué une incision circulaire, lui avait
.
enlevé le dessus du crâne, comme le couvercle
d'un pâté, en avait extrait soigneusement la
cervelle et F avait déposée sur une sorte de plat,
qu'il avait immédiatement recouvert d'une clo¬
che en cristal ; au bouton do cette cloche, il
avait attache une étiquette portant le nom et
l'adresse de M. Billanbois.
Monsieur, lui dit après
l'opération le chi¬
rurgien, avec une exquise politesse, vous voyez
dans quel mauvais état est votre cerveau : reve¬
nez dans quinze jours, et vous lu retrouverez
scrupuleusement nettoyé et remis à neuf.
—
Que voúlez-vous que j'y fasse? Je suis né á
président
ne cesse de marmotter.
C'est drôle ! dit-il en se penchant vers son
de droite : Jc lavais pris pour un nègre.
—
voisin
Physiologie conjugale (nouvelle édition).
Entre jeunes mariés, après quelques moiá de
11 y a
ma-
liage.
Qn cause des joies et des peines do la vie couju-
gale.
—
du
Eh bien! chérie, demande le mari, que penses-tu
mariage ? Es-tu contente de ce que tu as fait '!
Mais oui, je suis toute prêle á recommencer.
—
Bébé à
—
son
Papa, comment on dit quand on met
—
M. 13. Horsène, successeur de M. Sereni, appelle tout particulièrement l'attention
les nombreux perfectionnements qu'il vient
d'apporter à ses Ateliers et à ses Appareils pho¬
tographiques. On sait que la plupart des pho¬
sur
tographies pâlissent peu à peu et même s'effa¬
cent avec le temps et que les physionomies
qu'elles représentent ont souvent un aspect de
raideur et d'ennui, résultat d'une immobilité
trop prolongée. Ces graves inconvénients sont
évités par les nouveaux procédés inaugurés par
la Maison Doesène. Aujourd'hui, cette Mai¬
son, .réalise, avec une instantanéité toute vi¬
vante, des portraits aussi inaltérables que les
meilleures gravures.
père, qui travaille :
un
homme
dans la terre ?
—
aux
en
Paris.
Le
fort belle
12 fr.
Adresser les demandes, avec mandat-poste,
à Mme Marie Maîrillier, rue du Clos, n° 17, à
Besançon (Doubs). Ne pas oublier de joindre la
bande de l'Entracte périgourdin.
Montmartre.
vous
2í fr.
30 fr.
(18 lignes),
PHOTOGRAPHIE SERENî
Comment, á Paris ?
Pourtant, votre couleur...
(18 lignes),
Les d'eux modèles à remontoir, avec mise à
l'heure mécanique, cadran à secondes, coûtent
10 fr. de plus.
—
Un noir du
—
plusieurs franco à do¬
micile, par la poste, aux prix suivants :
Smm ê Msëss.
Dans
amusante pour que
j'e la réédite ici.
quelques mois, M. Billanbois, griève¬
ment blessé à la tête-, se vit obligé d'appeler la
chirurgie à son secours. On lui indiqua un ha¬
bile praticien de notre ville, qui n'á pas son
pareil pour les opérations de chirurgie.
assez
vieillards qui
PRIME A NOS LECTEURS.
quatre est
IJne très agréable
surprise est réservée'á
de nos abonnés qui nous feront parve¬
nir la solution de ce problème, accompa¬
—
serait difficile de vous garantir Fanthentieité de l'anecdol-e suivante, qui m'a été
contée par un bavard sans crédit ; mais elle est
aux
cela n'est pas exact.
vérité ?
me
ne savent pas
ceux
—
II
qui
ZAG.
Le six est sur maint monument,
Si vous avez de la 'mémoire
Vous faites mon sept aisément.
—
LA CERVELLE DE BILLANBOIS-
gens
:
Ensuite par
vous
—
A.-B. BRIDAINE.
fraternité,
liberté, Légalité,
De 40 á 60
De 60 à 70
parfaitement compris... 'mais si
pensez que je suis satisfait de cette expli¬
cation relativement à nos députés et à nos con¬
seillers généraux, ah ! mes amis, vous prenez
#
lléilexions d'un
Jusqu'à 40
ermites ?
vous
une
*
*
observer
un simple adjectif,
objets il implique
Quelque défaut d'identité.
Le cinq une célébrité,
Fut un grand Sultan dans F histoire
—
vous...
Vons êtes caissier ?
Philosophie à l'usagè des
—
viandes et
mangeaisons dans les jambes...
*
Entre deux
c'est affreux !
monstre !
—
ces
—
*
S'appliquant aux foins récoltés,
Le trois (il faut que je F explique)
Est imparfait du subjonctif;
l'instant.
tre
#*#
Cabinet de consultation :
Ce que je ressens n'est pas très douloureux, mais
extrêmement agaçant... J'ai continuellement des dé¬
Mais le blé vient de l'Amérique.
Des sèpt mots qu'il faut assortir
Le premier, c'est : frotter ensemble
Diamants qu'on veut débrutir.
Par le deux le pauvre rassemble
Dans les champs les épis restés.
—
un
—
Nos Ajmusettes
avec
—
abominable... Vous êtes
Le recenseur, tout troublé :
Et madame ?
La
—
est mêlé ;
Homme public.
—
répandit
—
Oui, niais tout
—
Nous viennent la
colère, et M®r Boudard,''parlant au nom du cha¬
pitre, apostropha ainsi son fermier :
Malheureux ! c'est pour te venger de notre
délibération que lu as voulu nous empoisonner!
Moi ! Monseigneur, fit Baptiste gouailleur.
Oh! quelle mauvaise pensée! Je vous sers tout
ce que j'ai pu trouver de meilleur. En effet,
quoi de meilleur qu'une oie farcie et rôtie, une
dinde rôtie, des quartiers do mouton et de
bœuf rôtis? Quoi de meilleur, dites-moi. que
de bonnes crèmes bien réussies, de bons bei¬
gnets aux pommes, de bon lait bien beurré ?
Enfin, quoi de meilleur que de bon cognac, de
bon vinaigre, de bonne moutarde ?...
Oui !, interrompit M»1' Pouffard, mais...
Mais, Monseigneur, reprit Baptiste, je n'ai
rien nommé que je ne puisse vous servir à
—
Echo du recensement :
Le recenseur, s'adressant à un monsieur :
Votre profession ?
fumée noire,
une
quel¬
Monsieur, répond Monistrol avec un ton de re¬
vous aviez simplement l'inlentión de m'ètre
désagréable, « double brute » était plus que suffisant.
venez
—
renverser
—
—
la chercher !
fit M, Billanbois avec bonhomie,
je n'en ai plus besoin maintenant : je suis con¬
seiller municipal !
ZÁN-ZIBAR.
—-
de
proche, si
juillet, notre chirurgien as¬
Tourny, à la revue du 50e, lorsqu'il
sur
manque
dans la rue Magne.
Triple brute ! s'écrie le passant qu'il vient de
en courant
bousculer.
Le matin du 14
aperçut M. Billanbois descendant de F estrade,
où avaient pris place les autorités de F endroit.
Celui-ci était fort gai, et no le reconnut pas
-
—
resta sous cloche.
sistait,
vous savez, je...
C'est hon 1 c'est bon !
—
Monistrol, très pressé,
qu'un
Mon enfant, on dit qu'il est enterré.
Ah !... Et quand c'est dans la mer ?
Le
père simplement :
Eh bien ! on dit qu'il est...
Puis s'arretant brusquement ;
Tu m'émbêtes !
—
—
..
REPRODUCTION ET AGRANDISSEMENT
d'anciennes photographies.
Les Salons de M. DORSÈNE, sur Tourny,
sont ouverts de huit heures du matin à»six heu¬
du soir, et il est bon de rappeler que les
temps sombres sont aussi favorables que les
res
jours de soleil.
pluie à la campagne, — ou philosophie de la
villégiature aux environs de Périgueux durant Forage
La
d'hier soir
:
Quelle horrible averse ?
Oui, mais il y a une consolation, c'est que
forage empêchera nos amis de venir nous demander
Grand choix de Cadres riches et de tous formats
A DES PRIX
MODÉRÉS.
—
—
á dîner.
Le Gérant,
Périgueux, imp. LAPOUTE, anc.
SPA.
Dupont et Ce.
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_012
ark:/30098/47q4
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 12, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/7356695dc9e97ef142a64f4494604f77.pdf
f00d2fb3b87a9964fa3cc9543b60a996
PDF Text
Text
Première Année
Prix
:
10 centimes
Numéro 11
!U>WWsl!MlWWWUMWWWWIfWWWf!
LITTÉRATURE, ARTS, THÉA
ABONNEMENTS
Sii mois.
'COMMERCE, INDUSTRIE
INSERTIONS
Annonces
Réclames.
�L'ENTR'AÇTE PÉRIG0URD1N.
Périgueux,
18 Juillet 1886.
l'avant-veille du
mariage de Revel, lui avait
sur les deux yeux :
Gomme souvenir de ta petite Marion,
garde la clef de ma porte d'entrée, et si un
jour tu te sentais las du pot-au-feu conjugal,
dit, en l'embrassant
j'irai ensuite demander l'hospitalité à mon
amie Clara.
—
Té ! c'est BarbassON de
Tleiu d'une audace
Marseille,
pareille,
Qui, n'essayant rien à demi,
fitprestement sertir cI{emy
De la panse du crocodile
Xt gui, sans se Jaire de bile,
Sans défaillance et sans courroux,
sans
S'amuse à tuer les lions
Hic mm e
3lu
multiple et de
roux.
ressource,
—
31
soyeux artiste
—
va vous narrer
le
Ce
OU
monotoyjue
Qu'on appelle
BàNQUISTE,
!
bien cette
si
:
satire,
vanté
M ON DÉPUTÉ.
»
»
»
»
De MACHIN
plantant la statue,
31faut voir comme, il s'évertue
»
vinjt types divers.
Scit qu'il débite prose ou vers,
Soit que Vau net discoure ou chante
osTvec un art que chacun vante,
33n tout il est sûr du succès
lui dit
: «
C'est
asse-
!
sur
ménage troublé.
Georges
avec
»
Z [G.
une
partie d'écarté, dans le
seul but de lui donner quelques bons conseils et de le ramener contrit et repentant aux pieds d'une épouse vertueuse
valant cent fois mieux que la gueuse chez
laquelle il
tant
firent
se
rendait chaque soir en sor-
du cercle.
»
e/i créer
ne
et lui avait refusé le
lequel elle comptait
la paix et le bonheur dans
rose
->
Tous
ces
racontars ne
qu'aviver la cruelle blessure de la
pauvre Mathilde, qui bientôt s'abstint de
faire des visites pour n'avoir pas à en rece¬
voir et à subir ainsi des importuns dont
Punique souci paraissait être de la torturer
comme à plaisir; mais la solitude et la dou¬
leur aigrissent les cœurs les mieux trempés,
et il fallait que notre héroïne eût le cerveau
bien malade le jour oh elle pris la fatale
résolution que jé vais faire connaître et qui,
devait empoisonner sa vie tout entière.
II-
HISTOIRES ET CONTES PÉRIGOURUS
ta. Wtzf.
i
II se passe de jolies choses à
Périgueux,
depuis quelques années ! Par exemple, je
pourrais écrire un volume avec l'histoire
que me conta mon ami Gustave, certain
soir de l'hiver dernier, en noctambíilant sur
les allées de ïourny ; mais le
temps me
manque et, du reste, la place qui m'est ré-
servéc ici
est des plus restreintes. Je vais
donc tâcher d'être aussi bref que
possible,
tout
masquant, comme je l'ai promis,
mes personnages sous des noms
d'emprunt.
II y a environ trois ans, après avoir mené
une
en
existence des
tout des
plus tapageuses et sur¬
plus désœuvrées, Georges Revel,
que .ses parents venaient d'associer à un
honnête manufacturier de notre ville, épou¬
sait sa cousine, la belle Mathilde de V...,
qui, outre le charme enivrant de ses dixhuit printemps, lui apportait, avec une superhe dot, une affection à l'épreuve du
temps. Les jeunes gens s'étaient, en eíîqt,
connus dès l'enfance, et leur union comblait
les vœux les plus chers de deux familles
qui, de longue date, les avaient destinés
'
l'un à l'autre.
Durant les premiers temps, Georges se
consacra tout entier a sa chère petite femme,
et il parut avoir définitivement renoncé à
ses habitudes et surtout à àes relations com¬
promettantes de jadis
mais, peu ' à peu. la
vie calme et tranquille
qu'il menait dans
son intérieur sembla
peser outre mesure à
notre ancien.viveur, et il no farda
pas à re¬
prendre le chemin du cercle et à renouer
avec son ancienne maîtresse
Maria, — dans
l'inlimite on rappelait la Marion, —
qui,
;
Ce soir-là, Georges Revel "avait laissé
l'infortunée Mathilde dans un état d'esprit
particulièrement inquiétant. La fièvre ar¬
dente qui minait la pauvre femme L'était
traduite par un surcroît d'amabilités dont il
ne se sentait pas
digne, et c'est avec un vé¬
ritable serrement de cœur qu'il avait quitté
sa maison, où un secret
pressentiment sem¬
blait lui dire que le malheur, ne tarderait
pas à entrer. Pour s'étourdir, Georges, qui
comprenait ses torts, se rendit à son cercle
et joua gros jeu toute la soirée. La déveine
semblait, du'reste, s'attachera lui, et l'ami
Bivar, incapable de donner les bons conseils
dont parlait M"K Bivar, empochait religieu¬
sement, depuis plusieurs heures, les billets
de banque et les louis que perdait le mari
de Mathilde. «
Je suis las, et je vais me
coucher, » déclara celui-ci à un certain mo¬
ment, en tirant son portefeuille pour régler
la situation ; mais, au mémo instant, une
petite clef, artistement ciselée, glissa de sa
main et roula sur le tapis.
Tiens ! dit Bivar, c'est la clef de la
Marion. Les proverbes n'ont jamais fort, et
Cupidon va encore une fois panser les bles¬
sures du joueur malheureux.
Bah ! la Marion vieillit, crut devoir
répliquer Georges, et j'ai grand tort de dé¬
laisser ma femme pour une cocotte sur le
—
—
»
331 nul
ses vœux
Math il dé n'ignorait pas les relations in¬
times de son mari avec la courtisane Maria.
Plusieurs de ses bonnes amies, mises au
courant de ces relations par des papotages
de salon, s'étaient fait un devoir d'instruire
la jeune femme, et l'une d'elles, M"10 Bivar,
dont vous connaissez' tous les aventures
avec certain professeur de piano, crut même
devoir ajouter le détail intime des pantou¬
fles et dé la clef, qu'elle tenait, clfsait-elle,
de son mari, « qui de temps à autre faisait
Demande à Vau nel de redire
Ta ClIASSË
son trop
pour ramener
son
:
Mats ça n'est absolument rien
331 le public, qui le sait bien,
logis
resté sourd à
bébé frais et
Tambour, clarinette, piston ,
IJaulbois, trombone et. mirliton.
ce
vât maintenant son mari, Mathilde Revel
avait encore le courage de sourire, et elle
semblait prendre un intérêt tout particulier
aux récits mondains que lui rapportait l'infidèle... Ce qu'il aurait fallu pour retenir
délaissée
ample butin
défier toute critique
imitant
exempta unique !
Xccuteq
rnent dans lequel elle était laissée la plus
grande partie du jour et parfois la nuit tout
entière, lui brisait le cœur ; mais à l'heure
des repas, le seul tète-à-tèté que lui réser¬
volage époux, la pauvre
croyait l'avoir deviné ! Long¬
temps, en effet, elle avait prié le Ciel de ta
rendre mère; mais, hélas! le Ciel était
rire
De bravos faire
Tin
geusement lutté contre la froideur crois¬
sante que lui témoignait celui-ci. L'isole-
au
ayant trouvé la source,
Te l'ai vu, c'est un fait certain,
331
tu retrouveras dans- mon alcôve les pan¬
toufles que tu y as laissées.
La femme de Georges, qui puisait dans
son violent amour pour son mari une indul¬
gence hors de mise, avait d'abord coura¬
M
G'était au mois de décembre dernier, vers
dix heures du soir; la Marion, après avoir
parfumé ses chairs grassouillettes et co¬
quettement disposé ses oreillers de dentel¬
les, se préparait â se mettre au lìt, lors¬
qu'elle entendit deux petits coups frappes
discrètement à sa porte d'entrée. Qui pou¬
vait venir à cette heure ? La belle fille
n'attendait son
amant qu'après minuit.
Maria se vêtit néanmoins en toute hâte ;
niais, avant de soulever le loquet, elle prit
soin de démander
—
:
Qui est là ?
—
C'est moi
:
madame
Georges Ilevel.
répondit
une voix troublée. Ouvrez, vite ! il
faut que je vous parle.
La foudre, dégringolant par la cheminée,
n'eut pas produit sur la Marion plus d'effet
que cette visite insolite, et c'est presque
inconsciemment qu'elle entrebâilla son
huis.
—
Que
me
voulez-vous ?
lit-elle
tout
émue à barri vante, dont elle n'aperçut
d'abord que la svelte silhouette, emmitou¬
flée dans un sombre manteau de fourrure.
Ecoutez! dit celle-ci. Je sais que mon
mari va venir en-sortant du cercle... Vou¬
lez-vous me céder votre place, pour cette
nuit? On assure que vous n'ètes pas une
méchante fille et vous me prendrez en pitié
lorsque vous saurez tout ce que je souffre.
La Marion. craignant que quelque passant
attardé n'entendît du dehors, avait vive¬
ment refermé la porte et attiré M'"° Georges
—
par ses
vêtements. Son premier sentiment,
apprenant le but de cette visite noc¬
turne, fut une immense envie de rire, qu'on
s'expliquera aisément ; mais, tout à coup,
elle sentit couler sur sa main deux larmes
en
éloquentes, qui dénotaient chez la femme
de son amant une véritable et sincère dou¬
leur. La fille galante, prise subitement de
pitié, articula d'un ton
grave :
Entrez dans ma chambre à coucher,
madame. Nous allons nous entendre
et
—
,
—
retour.
Maria est
—
toujours fort enviable, insi¬
émeriilónné, et la preuve,
ajouta-1-i 1 insidieusement, c'est que je
jouerais volontiers tout mon gain de ce soir
contre la clef que vous tenez là.
Je vous prends au mot, riposta en riant
l'amant de Maria, el je tiens le coup en cinq
points d'écarté....
La partie dura sept minutes à peine...
Bivar l'œil
nua
—
et Bivar gagna. Georges, sans hésiter, lui
tendit la clef.. « - -Soyez heureux, murmurat-il tout bas, et surtout n'oubliez pas d'é¬
teindre la veilleuse. » L'a droit joueur eut
un sourire de fatuité. « — Ne vous
inquiétez
fit-il. La Marion
change, et demain elle
pas,
rire de l'aventure.
ne perdra rien au
sera la première à
»
LV
Gomme
au début, il y aurait un
avec le drame vécu que
me narra l'hiver dernier mon ami Gustave;
mais, je le répète, mon projet est de faire
aussi court qu.epossible, èt j'omets à dessein
les divers incidents qui suivirent la tragique
gros
je l'ai dit
volume à faire
partie du cercle et qui, du reste, ne furent
de quelques personnes à Périgueux. Georges apprit dès le lendemain la
terrible vérité, et je renoncé à décrire sa
conpus que
colère,
ses
larmes et surtout le navrant
désespoir qui s'accabla subitement.
Son
malheur était irrémédiable, et il éprouva
pour sa femme,comme une espèce de pitié
attendrie, qui devait encore grandir le jour
où-il devina que la malheureuse était' en¬
ceinte, II comprit alors que sa situation
n'était plus tenable. et il résolut de s'expa¬
trier; mais, avant de quitter le toit conjugal,
il fit parvenir à M""-' Revel une lettre qui se
terminait ainsi :
«
...
Je
ne vous en veux
pas, ma
chère Ma¬
thilde, carie seul coupable c'est moi, et Dieu
voulu châties
mon inconduite.
Vous êtes
souillée par une maternité qui aurait pu faire
a
ma
joie
et
qui, hélas! fait le tourment de
naîtra sera la preuve vi¬
Adieu, Mathilde ! Je pars
avoir á maudire un petit être dont
vie. L'enfant qui
vante de votre faute.
ma
pour ne pas
li vue me serait odieuse
blier
et
rn'empêcherait d'ou¬
»
Gustave s'en était arrêté là et-, je pensais,
qu'à la rigueur, les lignes qui précédent pou¬
vaient servir de dénouement -^dénouement
banal, j'en conviens, —lorsque, l'autre jour,
mon ami nie porta un
journal de la localité
où, d'un a.irmystérieux, il me lit Jife .la note
que voici :
Hier, á quatre heures cinq minutes du soir,
lugubre trouvaille u été faite dans la rue
M.aleville à Périgueux, en lace de l'ëcolé • du
«
une
,
Centre et à deux pas de la rue Saint-Martin.
Des enfants ont découvert en ce lieu un fœtus
de six mois, qui venait d'v être
déposé par une
personne jusqu'à présent inconnue. Une en¬
quête e^t ouverte à ce sujet. L'cxamendu foetus
a été fait
par M. le docteur Chaume 1, et l'on
nous assure qu'on su trouverait en
présence du
�L'ENTR'ACTE
résultat d'un avortemenl,
manœuvres
coupables.
obtenu à l'aide de
Je pâlis sensiblement et je regardai Gus¬
tave dans le blanc des yeux.
Diable! nTécriai-jecela est grave, et
ton devoir est de prévenir la
justice.
Tais-toi donc, répliqua mon sceptique
—
—
ami, la justice a pour mission de fermer les
yeux sur ce drame intime. Du reste, le Ciel
a du
pardonner à la coupable, et son mari,
qui sait ce qu'elle a souffert, ne peut man¬
quer d'en faire autant. Vois-tu, ajouta Gus¬
tave en matière de conclusion, les romanciers ont tort de se torturer le cerveau pour
inventer des fabulations invraisemblables.
U est si facile à un écrivain d'intéresser ses
lecteurs avec des histoires vraies !
Paul LEBRETON.
AUX BORDS DE L'ISLB,
C'était en juin, par un
Tout en rêvant j'allais
Sur le rivage,
beau soir,
m'asseoir
la
passage. Tous, un jour ou l'autre, vous avez
dù voir vaguer, par les rues de Pérjg-ueux, cette
bonne vieille femme blanchie, courbée, ridée
et à qui la mort avait successivement enlevé
tous les s:ens.
Pauvre Nissou ! la voilà à son tour partie pour
le grand voyage... Ces jours derniers, eu effet,
l'artiste ému
mes
parcourant les colonnes de l'Echo, je lisa's,
bulletin de l'état-civil, chapitre des décès,
Non, ma bonne, je ne vo is trompe pas...
Donnez-moi votre adresse, jé vais me rendre
chez vous... Eu attendant mon arrivée, vous
au
laconique
:
Jeanne Reynaud,
«
je vais
gourmandes
vers
le sein maternel à jamais
ramener
le soleil dans la pau¬
chambre en.deuil, quelque chose entra par
lu lenêtré
qui l'étendit sur son petit lit, ferma
ses lèvres rieuses et ses
yeux ravis et l'envóya,
—
glacé, rejoindre
tout,
Elle, l'aïeule,
sa
mère...
demanda qui était ce Dieu
qui emportait les enfants et ordonnait aux vieil¬
lards de vivre, leur ayant, pris toutes leurs joies.
Elle
se
pleura longtemps, longtemps, jusqu'à
Mais
mort...
comme
l'heure de la réunion
sa
su¬
prême était trop lente à sonner, elle fut prise
d'un désir insensé, dérober Pensant à la tombe,
l'installér auprès d'elle, le cacher dans sa cou¬
che et, la chambre bien elose, passer ses jours
et ses nuits à le voir encore, encore, jusqu'à ce
que ses yeux se fermassent en le
Elite avait mûri son projet, elle
Or,
regardant !...
allait l'exécu-
voisine vint la visiter, une pauvre
femme, éprouvée elle aussi : son fils unique
avait été appelé sous les drapeaux et était parti
pour leTonkin. Ce matin-là, la voisine était pres¬
que joyeuse ; elle entra chez la Nissou en pous¬
sant un cri de triomphe : « il est revenu... il est
là
je puis le voir et l'embrasser... >> Et elle
montrait un carton sur lequel le photographe
ter.
,
une
..
du
Voici bien longtemps de cela;
Cette bonne avenlure-là
Est bien passée !
En vain se succèdent les jours,
La belle baigneuse est toujours
régiment avait fixé les traits du soldat. Oh !
c'était bien lui, et il souriait
:
il avait pensé à sa
mère, quand l'artiste lui avait dit : « Ne bougez
» et il s'était empli les yeux d'espoir et
plus !
de tendresse, pour que sa mère fût rassurée en
le revoyant.
L'aïeule eut un long frémissement et porta
les mains à son front.
Mon Dieu ! comme c'est beau ! íìt-elle,
pensée !
LE TROUBADOUH.
—
songeant déjà à
ce que serait l'image de
mort... Est-ce que nous avons par ici des
Ha IRmum.
RMîèà.
romans
puis
vous en soumettre
d'être très court:
—
q us toi aires ? Je
un qui a le mérite
CHAPITRE Ier.
plus tard qu'hier, j'adresse à
propriétaire une lettre ainsi conçue :
mon
Monsieur,
Je croyais demeurer chez- vous dans une maison
1 lien habitée ; mais je m'aperç'ois que ma
voisine,
Mlle Amenda, sort plusieurs fois (laus ta soirée et ne
»•
rentre
»
Je
jamais seule.
vous
prie doue, etc.
»
CHAPITRE
II.
La réponse de mon marchand de som¬
meil ne s'est pas fait attendre ; la voici, dans
toute sa naïve simplicité :
Je suis désolé de ce qui
sieurs observations « Mlle
Oh! oui... à Pórigueux... sur Tourny...
II y a un nommé monsieur Dorsène.
Mais c'est cher, sans doute ?
Pas trop, pour te plaisir que cela procure :
—
«
Pas
»
Pensant
artistes
polir faire cela ?
PRÉFACE.
Aimez-vous les
d'un revers de manche :
Vrai ! dit-elle, se reprenant à espérer...
Vous ne me trompez pas pour vous débarrasser
de moi ?
—
—
; vous mettrez à Pensant
les vêtements que vous aimiez à lui voir...
L'aïeule délit vivement le paquet qu'elle avait
préparerez la chambre
apporté.
arrive. J'ai déjà lait plu¬
Amenda, votre voisine.
—
vingt-cinq francs les douze images
celle-ci...
L'aïeule
comme
vous
—
chez
voici, dit-elle. Vous n'aurez pas besoin
déranger.
Mais si ! II est nécessaire que je me rende
et que vous remportiez ces vêtements
vous
pour
—
habiller Pensant...
Lui! mais il n'est
plus là
;
voilà trois mois
que je l'ai mis au cimetière...
L'artiste ne put s'einpêclier de sourire à cette
naïveté voisine de la folie.
Pauvre femme, murinura-t-il avec pitié...
Oh ! oui, pauvre femme! répéta la Nissou ;
—
—
mais, grâce à vens, elle sera moins malheu¬
reuse...
Elle
persistait dans sa confiance.
Croyez, ma bonne, essaya le photographe,
qu'il m'en coûte beaucoup de vous détromper...
Assurément, je voudrais pouvoir vous faire ce
portrait...
Et tu le feras! interrompit une voix der¬
—
—
rière lui...
Sa jeune femme venait d'entrer et avait tout
entendu. Elle vint à l'aïeule, et lui prenant les
mains :
Je vous le promets, moi, dit-elle...
Oh ! merci ! pleura la vieille...
Et il sera joli, joli comme, celui que vous
—
—
—
avez
—
avec
—
—
perdu.
Oui ! bien joli... tout blond, n'est-ce pas ?
des cheveux qui bouclaient sur le cou...
Et ses yeux...
Grands et bleus, et sa petite bouche qui
riait toujours... Et... et... dites, vous le ferez à
genoux, accoudé sur sa petite chaise, ses joues
dans les mains, comme le soir, quand il récitait
prière avant de s'endormir...
sa
—
Oui, oui...
vous
le reconnaîtrez,
reverrez, ma bonne... Allez-vous en
et revenez dimanche.
Dimanche ! dimanche ! répéta la
—
et
ses
brillaient maintenant
yeux
êtes bonne,
madame... Vous
vous
le
Nissou —
Oh ! vous
souviendrez
n'est-ce pas?
alla, après avoir rempli batelier
qu'il avait quatre
Et elle s'en
—
vous
tranquille
ans,
ses bénédictions...
Elle sortie, M. Dorsène , qui n'avait rien dit
depuis l'entrée de sa femme, ouvrit la bouche
pour admonester celle-ci...
Tu es folle ! iit-il... Pourquoi te moquer
ainsi de sa naïveté ?
Mais je n'ai pas songé un instant à nie mo¬
de
—
—
quer de la lionne vieille... Ce portrait, tu
feras !...
Allons donc ! Je photographierai alors
—
le
le
venu, et je lui donnerai ce por¬
trait à elle comme celui du mort...
Non ! non ! Yeux-tu t'en rapporter à moi ?
Je ne demande pas mieux.
C'est bien, je t'amènerai le sujet.
Ge soir là, Mmo Dorsène se mit en quête d'en¬
fants blonds, de quatre ans, aux yeux grands et
premier enfant
—
—
—
voulut pas eu
savoir davantage.
Vingt-cinq francs les douze portraits du chéru¬
bin envoie, douze! Elie en aurait trois pour
ne
chaque mur ; de quelque côté qu'elle portât les
yeux, c'est lui qu'elle verrait !
Elle détourna
son
vieux bas de laine, compta
vingt-cinq pièces blanches, qu'elle noua dans un
coin de sou mouchoir ; puis elle lit à la hâte un
paquet des vêtements que P adoré n'avait pas
emportés, et se rendit le jour même sur la place
Tourny.
Là, elle trouva facilement ce qu'elle cherchait;
elle salua le photographe comme un être d'en
haut.
Ne riez pas, cet être allait lui
mort
qu'elle pleurait et renouveler
l'un des miracles du Nazaréen!
Je viens vous demander
—•
Les
—
de
['adoration de
commençaient à
Ainsi je la vis tout un soir ;
Mais depuis je n'ai pu la
voir,
Peine cruelle !
.
Voyons ! ne pleurez donc pas ! murmura
malgré lui... Tenez, je ferai pour
vous ce
que je fais rarement.
L'aïeule releva la tête, et, essuyant ses lar¬
—
vous
vre
La chère belle !
ma
chaise.
à la fois la consolation et l'amour ! A quatre ans,
comme son rire éclatant et ses joies sonores
Nymphe superbe !
Après son bain je la'revois,
Reposant à sombre du bois
Et, toute sanglotante, elle tomba sur une
Vous avez tous connu là mère Nissou, dont
le cabas légendaire contenait toujours quelque
friandise à l'adresse dos enfants qui la saluaient
morte, blond et rose et caressant comme elle,
et, pour cela peut-être, doublement cher, étant
aux
,
—
desséché : l'aïeule répondit et, faute de lait,
abreuva l'orphelin de larmes. Néanmoins, il
avait continué Je vivre, portrait frappant de la
revoir encor,
en
votre
Nissou.
vres
amoureux,
maître ?
Je suis à
—
Un matin,Tentant avait en vain tendu ses lè¬
cheveux d'or,
Courant dans l'herbe ;
Je la vois parmi les roseaux,
Je la vois glissant sur les eaux,
En
ZAN-ZIBAR.
quelques années, la Nissou vivait seule,
son petit-fils, un pauvre
ange de quatre ans, que la Mort, en prenant la
mère, s'était chargée de sevrer avant l'heure.
Mes amis, quels riches appas !
C'était si beau, je ne puis pas
Vous le redire !
Pour revoir semblable beauté
Je donnerais, en vérité,
Plus qu'un empire !
Ah! je crois
La belle lìlle
révérence.
ma
enfant, dit-elle
—
II y a
jure !
son
propriétaire moins naïf ou plutôt moins
celui auquel je viens de tirer
canaille que
avec
cœur
Est-on
Je viens de donner congé.... et je -cher¬
che un appartement meublé. Mais j'exige
un
dénouant son mouchoir.
disposition ma bonne !
répondit M. Dorsène... Nous compterons après
la pose... mais d'abord, où est-it votre enfant?
La Nissou le regarda d'un air inquiet :
II est mort ! íìt-elle ..Est-ce que cela vous
empêcherait...
Le photographe
l'interrompit d'un geste
ennuyé :
Je n'opère pas sans modèle ! dit il avec la
brusquerie du désappointement.
Ah ! mon Dieu ! soupira la pauvre vieille
mon
—
conter.
Pour mieux voir cet être charmant,
Je m'approchai bien doucement ;
C'est mal peut-être ?
Mais pouvais-je fermer les
yeux?
le
sait
a
DÉNOUEMENT.
détails de la touchante histoire que
Qu'ils tombaient jusqu'à ses talons,
on a
lui
Linard, dite Nissou, 92 ans, sans pro¬
fession, rue du Niveau. » Les voisins de la
morte, qui tous Ruinaient, et lui venaient en
aide de leur mieux, pourront vous certifier les
La belle allait riant, chantant ;
Elle avait pour tout vêtement
Sa chevelure !
Mais ses cheveux étaient si longs
Quand
ça
veuve
Lorgnait la belle !
le
si je chantais, et, pourtant,
mariage.
celte mention
Elle venait là pour le bain.
Mes yeux ravis virent soudain
La demoiselle
Jeter au loin mante et jupon...
Pensez si mon regard fripon
vous
comme
au
Quand, à sombre d'un petit bois,
Jeune fillette j'aperçois...
Quel doux présage !
Je
C'est
manquer un
»
PÉRIG0URD1N.
le
rendre le
pour
elle
portrait de
bleus,
aux
lèvres riant toujours.
Elle
en em¬
prunta un à M",e B..., couturière, dans la rue
Liinogeanne, moyennant une douzaine de car¬
tes, et l'opération eut lieu le lendemain.
Elle déshabilla le bébé, remplaça ses vête¬
ments par ceux qu'avait fournis l'aïeule, peigna
ses cheveux blonds, qui bouclaient aussi sur le
cou, et le lit mettre à genoux devant une petite
-chaise, de trois-quarts, ses joues roses dissi¬
mulées dans ses mains.
Le dimanche suivant, la Nissou revint; ellè
entra comme une folle dans batelier, et s'arrèta
tout à coup, les bras tendus, la bouche ouverte :
devant elle, agenouillé dans un grand cadre
doré , son enfant priait.
�L'ENTR'ACTE PÉRI GOURDIN.
Lui !... c'est lui !... vous me l'avez .rendu !
éclata-t-elle enlin, éperdue de joie et se grisant
de sa douce illusion.
Dans un coin, M. Dorsène mangeait une
larme.
11 est à vous, ma bonne, dit-il.
Elle se jeta dessus, avec l'emporlomeni de
l'amour qui a longtemps attendu.
Je vous dois beaucoup, sans doute...,
Vous m'avez
—
—
—
—
observa-l-cllc
moment de partir : il est si
au
beau !
D'artiste la conduisit jusqu'à la porte :
Rien ! vous ne me devez rien, murmura—
t-il.j. Vous m'avez
payé
..
El voilà comment, ces jours derniers, la mère
Xissou s'est endormie doucement , en sentant
courir sur son visage les, boucles blondes de
reniant mort descendu de son cadre,
FANTAZIU.
jusqu'ici écoutée, monsieur,
j'en conviens, mais votre attention n'est pas à
mes discours ; vous ôtes distrait, vous avez des
d'impatience... évidemment vous
ce que l'on vous dit, à moins
que ce ne soit de ce que vous vous éroyez dans
l'obligation de dire vous-même, ce qui serait
pire encore. Savez-vous, monsieur, que cette
touchante sympathie de nos âmes qui, jusquelà, dans des questions insignifiantes, nous ap¬
paraissait comme certaine, se trouverait bien
réduite, si nous nous sentions divisés sur une
question aussi importante que celle de la supré¬
matie dans son intérieur? Oh! je déteste la
tyrannie, monsieur, et je ne m'unirai jamais à
un homme qui se croira
mon maître par ce
fait seul qu'il se saura être un homme.
Xe vous alarmez pas si vite, madame....
J'ai été agité, nerveux, irritable, je le confesse.
Mais si je vous en disais la cause....
Dites-la, monsieur, faites-la-moi connaî¬
mouvements
souffrez d'entendre
—
demi heure qui eût pu être si heureuse.
Et, dans sa colère contre le vil insecte, il allait
l'écraser ; mais il arrive qu'au moment où Jules,
cette
pour accomplir son œuvre de mort, veut fgire
passer la victime d'une main dans l'autre, la
rusée petite bête glisse entre ses doigts.
Ah ! mon Dieu ! elle s'est sauvée !
—
Sauvée! demande avec une peur exagérée
jeune femme s'adressant à Jules, qui montre
ses doigts vides.
Mais elle ne se perdra pas, monsieur, elle
nous reviendra. Ah ! permettez-moi de vous le
dire, vous êtes un maladroit!
Maladroit, je le veux bien, j'accepte
l'accusation.... Mais.... n'y aurait-il pas des
—
la
—
—
circonstances atténuantes?
Cette petite scène avait rompu la glace ;
deux acteurs devinrent plus expansifs ; Jules
profita
en
pour
plaider
sa cause.... et
la
les
D.
gagna.
Jean de La Limogeanne.
—
défiances s'évanouiront....
l'ose, madame.... Et puis, à quoi
tre, et toutes mes
Je
—
ne
vous en parler? C'est un petit détail intime
ne vous offrirait aucun intérêt. Vous vous
étonneriez que j'eusse pris la peine de vous le
faire connaître, si je vous disais de quoi il s'agit.
La jeune veuve pense : II me refuse aujour¬
d'hui ce que je lui demande : que fera-t-il donc
bon
LES PETITES CAUSES.
Un mariage a failli dernièrement se manquer
pour une cause bien futile, le mariage de M.
Jules 1).... avec une veuve, M'"e X....,que tout
le monde connaît à i'érigueux.
Les voilà réunis, ils sont en présence dans
le salon de M"'" X...., sous la protection d'une
carriériste qui va et vient tout à l'entour des
s'en tenant
prescriptions de sa maîtresse.
premier abord, les deux jeunes gens se
causeurs, sans
juste
indiscrétion
et
en
aux
Au
conviennent
réciproquement; pour peu que
persiste la bonne opinion qu ils ont l'un de
l'autre, le mariage est une affaire faite.
D'abord on parle de soi ; la veuve ne veut se
marier que si on lui plaît absolument; elle n'ap¬
pelle pas lui plaire absolument le fait de possé¬
der des avantages extérieurs qui séduisent trop
les jeunes filles et dont l'experience apprend à
se méfier ;• ce sont des qualités
solides qu'elle
futur....
Jules D... trouve cette manière d'entendre
les choses tout à fait raisonnable, et il ne saurait
qu'y souscrire; mais il croit, dit-il, que les fem¬
mes douées
d'avantages extérieurs et qui sont
recherchées pour ces avantages, tiennent tou¬
veut trouver
dans
son
qu'elles promettent....
toujours, monsieur, fait la jeune veuve,
qui voit que le léger amendement qui vient
modifier sa théorie est tout simplement un petit
compliment de circonstance.
jours
—
ce
Pas
On
en
vient ensuite
aux
romans, au
théâtre,
à la
musique, sujets qui mettent les parties à
même de se regarder comme tout-à-fait d'accord.
Tout semble donc aller à souhait, entre eux
nulle cause de dissentiment, ils s'entendront à
merveille. Et il eût été agréable de les suivre
des yeux.et des oreilles flirtant, l'un déployant
toutes les qualités de son esprit, l'autre mettant
dans son jeu cette coquetterie q.ui est si piquante
quand elle
se joint à la jeunesse et à la beauté.
M'"0 X...., sous ce regard qui la couve, sent
circuler en elle un feu inconnu, et la flamme
mal dissimulée de ses yeux retourne à sa source
et réchauffe à son tour celui qui l'a produite.
On en est à la question fort grave de la
suprématie dans le ménage. Jules la comprend
à la manière des esprits élevés : il ne veut pas
de la
tyrannie de la femme, il déteste encore
plus la tyrannie de l'homme.... La raison doit
guider les deux époux, et c'est encore elle qui
doit être le juge en dernier
rends qui peuvent surgir.
appel dans les diffé¬
nous serons mariés, s'il arrive que nous
venions là?... Du reste, je ne serais pas fâchée
de savoir si j'ai quelque empire sur lui....
Elle prend la parole : — Ce que vous venez de
me dire
pique vivement ma curiosité... Je tiens
à savoir quelle est cette cause que vous me
cachez.... Ne vous faites pas prier.... faites-lamoi connaître.
quand
en
cartes....
L'attitude du jeune homme, dont elle est à
mille lieues de soupçonner la cause, confond
M1"" X
Elle dit à Jules-: — Je crois, mon¬
sieur,
que la belle théorie que vous développiez
il y a un instant est une œuvre qui fait honneur
à votre esprit : la mettriez-vous en
pratique ?
n'écouteriez-vous pas plutôt les suggestions de
l'orgueil.particulier à votre sexe ?
Ah! madame, voilà un langage que je
regrette de trouver sur vos lèvres. Qu'est-ce qui
vous fait croire
que je ne suis pas sincère?
—
Mais, madame
—
madame, l'état o.û
provient de
vez
J'ai mieux fait que ça.
Qu'est-ce que t'as fait ?
.le m'ai pavoisé intérieurement.
—
J'ai bu du
p'tit bleu le matin, du blanc à midi et du rouge le soir.
—
Et v'ià !
#*#
Elle, sentimentale
:
Comment trouves-lu mes yeux
—
vous me trou¬
Bleus.
—
D'un
vous
voyez bien.... j'aurais dû rester bouche close....
vous allez vous
moquer de moi....
Oh ! monsieur, c'est vous plutôt qui sem¬
blez disposé à vous jouer de ma crédulité ;
dis-tu ?
Lui, brutal, mais sincère :
ÁIa foi, ils
—
qu'une
est-ce
puce vous
l'ètes ?
vous
agiterait
au
point où
Mais certainement, madame; est-ce que
n'avez jamais entendu parler de la cruauté
—
vous
froide, de l'amour pour le sang de ce vil insecte,
inoffensif en apparence et féroce en réalité ?
exemple, occupée à écrire; vous
plume vole pour suivre
votre pensée, ou, si elle s'arrête, vous risquez
de perdre le fil de vos idées; pour éviter cet
Vous ôtes, par
voilà
en
verve; votre
inconvénient,
rien
étés tout à votre
vous
œuvre, et
distraire, ni la plus vive
curiosité, pas môme la douleur.... Eh bien ! la
puce, qui devine votre préoccupation, qui vous
sait rivée à votre labeur, profite de l'occàsion
pour enfoncer son suçoir dans votre chair et
pour s'en donner à bouche que Veux-tu à vos
dépens. C'est le bon moment pour elle, et elle
en profite
Tout le monde sait cela, ou par
expérience, ou pour en avoir entendu parler
ne
peut vous en
Je crois, monsieur, que tout ce que vous
dites là est au moins exagéré et que ma première
idée est la meilleure : vous souffriez de ce que
—
je disais parce que cela contrarie vos préjugés et
votre orgueil....
—
Non, madame, vous vous trompez... Ah !
donner des
si je pouvais vous
bonne foi !
—
de
preuves
de
ma
vous
—
—
—
un
peu
ces
mots,
voyant un
—
—
—
Propos de femmes
:
Ob ! non, ma pauvre
heureuse en ménage !
Jules D
cabinet
lève de dessus
se
un
Claire,
non,
je
ne
suis
Mon mari, il ne
Par exemple !
Non. Est-ce que
—
—
—
s'apercevrait
A la
Mme
pas que
m'aiinc
pas.
tu crois que, s'il m'aimait, il ne
je te trompe ?
mer :
Girandol, prenant une leçon de natation, re¬
proche vivement à son baigneur le sang-gène de sa
pantomime sous-marine.
Bast ! répond le marsouin, c'est dans Peau : votre
mari ne peut pas nous voir.
—
Remarque :
Quand une femme est la fable de la ville, vous
pouvez dire que cette fable-là manque de moralité.
—
»
Salamalecs :
Pour tuer le temps, au château, on joue la comédie
de salon.
La maîtresse de la maison reçoit, en prolestant avec
la modestie d'usage, les compliments d'un de ses in¬
vités :
—
Vraiment, c'est trop
que, pour
flatter... Je sais très bien
jolie.
Vous nous avez
—
me
remplir ce rôle, il faudrait être très jeune
prouvé, baronne, que ce n'était
absolument nécessaire.
sa
regard circulaire,
Monsieur, qui vient de- surprendre Madame en fla¬
grant. délit, commence à l'accabler de reproches.
Madame, l'arrétant du geste, et d'un Ion senten¬
cieux
—
:
Tu te
fâches, donc tu
as tort
!
ZAG.
ouvert....
Me
permettez-vous, madame....
Quoi donc ?
D'entrer dans
—
ce
KU-î-M
\ÌJ
Eîri-«
cabinet.
Pourquoi faire ?
Pour chercher cette preuve qui vous con¬
vaincra et qu'il vous faut pour vous convaincre.
Oh ! fait la jeune femme riant, est-ce bien
sérieux ce que vous dites-là?
Parfaitement sérieux.
Eh bien! monsieur, je vous donne carte
rxíF»
L'administration de \' ENTE ACTE
—
—
—
—
blanche, faites-en à
votre guise.
Et Jules D.... va au cabinet, en pousse légè¬
rement la porte en
dedans, entre et quelques
secondes après ressort, portant dans ses doigts
la bête coupable.
—
sent?
entre
—
—
pas
Cependant ton mari...
—
#*#
difficile, mais enfin je vais le
chaise, jette autour de lui
et
font plutôt penser à des boules de
madame ?
tenter.
Sur
me
—
pas
Oui, monsieur.
C'est
—
blanchisseuse.
et très
Donnez-m'en, monsieur, et je serai forcée
croire.
Vous le voulez,
joli bleu.
Elle, cherchant mieux :
D'un joli bleu, c'est vague... Ton ami Charles
les comparait l'autre jour à des myosotis. Qu'en
—
qu'une puce.... Ah!
ce
?
Lui, prosaïque :
—
Eh bien!
à ta fenêtre, le jour du
juillet?
—
—
Oui.
—
—
14
—
Vous le voulez?....
—
líntre bons républicains :
T'a pas rais de drapeaux
Elle, insistant :
Oui, mais de quel bleu "!
Lui, faisant une concession :
J'y tiens absolument.
—
—
Mais, pendant que Jules
explique sa théorie
ou qu'il écoute les
objections qui lui sont faites,
l'oeil qui le suivrait pourrait remarquer ses
mouvements nerveux. Jules sent une puce (j'ai
dit une puce) qui profite de son immobilité et
de la fixité de son attention pour s'en donner à
cœur-joie sur sa peau. Jules s'agite sur sa chaise
pour échapper à la morsure du vilain petit
insecte, mais c'est en pure perte; il faudrait
s'en débarrasser en portant la main au siège des
opérations de són agresseur, mais ce siège est
singulièrement placé, et le moyen, du reste, de
se livrera
pareil exercice devant une jolie femme
et que l'on plane sur les hauteurs du sentiment!
Vous allez voir que la puce va brouiller les
S'ê&êi ê Sê&dSê'
qui
Voyez, madame,
croirez-vous à pré¬
Et, en disant ces mots, il montre la puce
son
pouce et son indicateur.
me
méros
et, pour répondre aux désirs de
abonnés, elle pourra, à par¬
tir de ce jour, leur fournir la collection
complète de VÉNTR1 ACTE. Les lettres et
ses nouveaux
mandats
S T'A,
devront
être
l'infâme ravisseur de
ne
mon
m'échappera pas,
bonheur pendant
adressés
administrateur-gérant
de
à
M.
VEN¬
TE'ACTE PERIGOURDIN, ancienne mai¬
Dupont et Cie, rue Taillefer, à. Péri-
son
gueux.
Le
Tenez-la bien, monsieur, tenez-la bien !
Rassurez-vous, il
PÉ-
RUrOURDlNvient de faire procéder à
un tirage spécial de
ses précédents nu¬
Périgucux, imp. LAPOHTE,
Gérant, SPA.
anc.
Dupont et Cc.
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_011
ark:/30098/47rf
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 11, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/e9f9244f961010d8cefcce6a4fb02bff.pdf
af04517b5c1ccd8ecd9c8c0b8f2c2864
PDF Text
Text
Prix
Première Année
LITTERATURE, ARTS, THEATf
ABONNEMENTS
:
Numéro 10
10 centimes
OMMERCE
INDUSTRIE
INSERTIONS
Un an.
Six mois.
Annonces,
3r
lf 75
Réclames.
[ÌBSlIintîRllSlIlïlïïïïlJïiilînî
�L'ENTR'ACTE
Périgueux,
PÉRIGOURDIN.
Paradis est indulgent pour elles, car il nous
en envoie fort peu.
Comment se nomme ce commis-voya¬
geur, ou plutôt quelle est la ville dont il t'a
4 Juillet 1886.
—
leur souhaite fauteur de ce conte diaboli¬
que, écrit pour venger Tinnocence et ren¬
dre hommage à la vertu !
Paul LEBRETON.
parlé ?
Le nouveau-venu est inscrit sous le
de lion, et la ville en question est si¬
tuée sur les bords de l'Isle. Ses habitants
sont affables, hospitaliers...
C'est de Pórigueux qu'il s'agit! inter¬
—
Quoique certains
l'aiment guère,
ne
Ge n'est pas un
nom
type vulgaire,
res en vers.
—
Ge de
fourtou dent le portrait
rompit triomphalement le Malin, heureux
de montrer ainsi ses connaissances géogra¬
phiques. Attends un peu ! II y a longtemps
déjà que nombre de braves gens de là-bas
me tirent par la queue. Je vais aller voir ce
qui s'y passe et me renseigner de visu et de
auditu. Qu'on me prépare à Trustant ma
létale
aujourd'hui dans /'entr'acte,
Qd la parole joignant l'acte,
lAyant l'éloquence et le trait.
Gomme tous
ceux
dans la lutte,
qui,
furentfroissés, il est
idé d'inoubliables
dfais
éE t
aux
butte
en
rancœurs,
ennemis il fait
face
toujours fort, vibrant d'audace,
Cil le voit braver les
M S!
Amants
Dans les ténèbres font leur
Loin des
Ils aiment Séléné la
Sitôt dit, sitôt fait ! Le Diable, d'un coup
de sa griffe puissante, détraqua le cadran
de Tatmosphère. Criç-crac ! L'éclair sillonna
la nue, la foudre gronda sourdement, et
c'est au milieu d'une avalanche de pluie
Dont l'oeil dans leur marche les
vers
éPhilippe
on
son cœur,
?
Les
Quelque jour tombera le voile
éE t de
qu'on l'exalte
En
main
Et puis,
On
ne
de
qu'on s'enplaigne,
qu'on dédaigne ;
ou
ceux
plus d'un atout,
dans le temps où nous sommes,
pas
coureurs,
promeneurs
Aux allures de funambules.
Ils font peur au bourgeois craintif,
Et souvent l'amoureux furlif
Est
gêné
par
les noctambules.
ZIG.
groupe
—
il tient
trouve
ces
ner
Qui brille au ciel pour l'Empereur !
Soit
un
nées de bocks. Très habilement, il sut ame¬
la conversation sur les femmes en gé¬
néral et sur les Périgourdines en particu¬
lier. C'est alors qu'il en entendit de belles.
Ah ! mes enfants !...
Mme X..., dit l'un, a été tout récem¬
ment surprise en conversation criminelle
avec un vieux barbon dont aurait rougi sa
grand-mère, et son mari, après Ta voir rouée
de çoups, se dispose à bénéficier de la loi
fourlou suivra l'étoile
II n'est pas
Songes, nocturnes
Connaissent bien
de consommateurs, aux¬
quels il offrit gracieusement plusieurs tour¬
avec
suit,
qui fuit,
Irradiant la-nuit profonde.
Messire Satanas se rendit tout d'abord
dans un des cafés les mieux achalandés de
la ville, et eut bien vite lié connaissance
dit qu'il penche,
Qui donc peut connaître
blonde,
Ou le météore
nous.
Si
rondo,
importuns et du bruit.
valise.
T Esprit du Mal, sous les traits d'un in¬
nocent bourgeois, débarqua un soir parmi
éLl rêve, certe, une revanche ;
mystiques de la Nuit.
ignorés du monde,
Ces rêveurs
que
vainqueurs.
N0CTlMBtII.ES.
Naquet.
beaucoup d'hommes
Jeine trouvais!, il y a Q-ois semaines, dans lc
Jardin des Arènes, et j'assistais, en compagnie
d'un aimable et spirituel Parisien de mes amis,'
à la belle lête de nuit organisée par la Logo
maçonnique des Amis persévérants et TEtoile
de Vésoue réunis. Au moment du tirage de
la tombola, je poussai une exclamation, on
entendant proclamer le numéro 6,546. Ce nu-
II a. ma foi, raison ! s'exclama le Malin, ! méro gagnait, en effet, les deux beaux vases
de Sèvres offerts par M. Grévy. Je consultai
et d'où tenez-vous vos renseignements ?
Hon Ta vu !
anxieusement ma liasse de billets, et, — jugez
de ma déception ! — je m'aperçus que j'étais
Fichtre! En ce cas, il n'est guère pos¬
sible d'en douter.
possesseur du numéro 6,545 !
Pas de veine, m'écriai-je. Je perds les
Un autre intervint et narra par le menu
les aventures de Mrae Y..., qui, pour se ven¬
Sèvres pour un point. Cc fâcheux incident m'avait rendu morose et,
ger des infidélités de son seigneur et maî¬
tre, était devenue infidèle à son tour.
pour me dérider, mon ami le Parisien se mit à
Mais, en avqz-vous la preuve? inter¬ me raconter uno curieuse histoire de vases,
dont je pris soin de ne pas perdre un mot, aiìn
rogea vivement Satan, flairant déjà une
d'en faire bénéficier mes chers lecteurs et mes
proie.
Hon me fa assuré, riposta le narra¬
chères lectrices de l'Entr'acte. Voici donc lc
1 récit en
teur.
question ;
—
Qui vaillent monsieur de fourle u !
—
Ifejetant le n'importequisme,
éjsettement au bonapartisme
II ira peut-être demain.
En Usant cette
Elus d'un
—
—
prophétie,
—
électeur, je parie,
S'-emprossera de dire
:
Amen.
—
ZIG.
Chacune des personnes présentés avait
histoire plus où moins diffamatoire à
raconter sur tel ou tel ménage ; mais ce qui
une
frappa surtout T Esprit des Ténèbres, c'est
que Hon avait tout vu, Hon avait tout dit,
et paraissait être le personnage le mieux
renseigné de la localité.
Que je suis bête ! pensa in petto le
—
Diable. Je me suis
HISTOIRES ET CONTES
t.!
PfitlGOIIRRIS
Léfêcidl® à Wqet,
mes sont beaucoup moins
canailles que
certains esprits atrabilaires, médisant
quel¬
quefois par dépit et souvent par jalousie,
voudraient bien le laisser croire. On en
sait,
du reste, quelque chose, dans le
royaume des Enfers, où. paraît-il, les pen¬
sionnaires font presque défaut. 11
y a quel¬
ques jours, en eílet, le Diable, au cours de
sa tournée mensuelle,
s'aperçut que la plu¬
part de ses Lournebroehes chômaient. Toutà-coup, Belzébuth s'arrêta interloqué de¬
nos
une
immense rôtissoire
rouillée
et
Taspect rappelait vaguement un de
hauts-fourneaux après les fameux trai¬
tés de 1860.
Quels sont les damnés qu'on place là
d'ordinaire? demanda-t-il à son premier
—
ministre, qui raccompagnait,dans
menade infernale.
pour
savoir la
Belzébuth s'empressa de regagner sa
Sombre demeure, et son premier soin fut
de mander le grand ministre de fempire
infernal.
Tu m'as parlé, ce- matin, lui dil-il,
d'un nommé Hon, que venait d'envoyer
saint Pierre. Quels renseignements t'a-t-il
transmis sur le compte de ce particulier ?
Le nouveau venu, répondit f agent satanique en consultant ses tablettes, était
—
Le monde n'est pis si méchant
que de
mauvaises langues le prétendent, et les fem¬
vant
dont
dérangé
vérité, et j'avais sous la main ce fameux
Hon, dont tous ces bavards se font l'écho.
sa pro¬
Sire, vous avez devant vous la rôtis¬
soire des femmes qui trompent leur mari !
Corne de bouc! vociféra le Maudit, et
ce gibier-là fait défaut? C'est à ne
pas y
—
—
croire.
Mais oui, majesté! Et pourtant, si
je
dois m'en rapporter à certain commis—
voyageur qui nous a été expédié ce matin
par saint Pierre, il existe au moins une
ville où les épouses infidèles sont à foison
;
mais il y a lieu de croire
que le
portier du
—
commis-voyageur de la maison Potins, Men¬
songes et Cv. Un beau jour, il se mordit la
langue en débitant sa marchandise frela¬
tée... et 11 mourut empoisonné.
Je comprends tout ! s'écria le Diable.
Mais alors les tristes histoires qu'a colpor¬
tées cette langue venimeuse sur le compte
de certaines femmes périgourdines étalent
fausses !
Je le crains, maître !
En ce cas, ordonna Satan, mettez ce
maudit dans la Grande-Chaudière, après
savoir enduit, au préalable, de l'excellent
—
—
--
L'hôtel de
X...,
au
faubourg St-Germain,
possédait
encore, le mois dernier, la plus belle
collection de vases de Yokohama et de lviolo
que Ton connût au monde. Aujourd'hui, que
reste-t-il do cette « Japonaiserie ? » Une désil¬
lusion et une baisse subite à l'hôtel Drouot, sui¬
des pièces jadis inabordables et dont on offre
maintenant des prix dérisoires. Un seul mot a
causé cet incompréhensible désarroi. Lors de
la visite que faisait un prince japonais à la nohie marquise, celle-ci .Pavait conduit dans la
merveille, où les plantes les plus
splendides vases du
Japon si admirés par les familiers de la maison.
Au lieu de la surprise à laquelle elle s'atten¬
dait, la marquise vit le prince rougir, la regar¬
der avec étonnement ; puis, désignant du doigt
les vases qui se trouvaient devant lui, il posa
cil langue japonaise uno question au secrétaireinterprète qui raccompagnait.
Son Altesse demande à M",e la marquise
si c'est elle-même qui soigne ces fleurs et les
serre, une
rares
fleurissaient dans les
—
?
Moi seule... et
arrose
plusieurs fois par jour.
de celte réponse, la contenance du
prince parut embarrassée, la visite fut écourtée,
et la marquise, suivant des yeux ses visiteurs,
lorsqu'ils descendaient le grand escalier, les
—
A partir
cn étouffant des rires signi¬
Piottoh ! Piottoh !! Dlottoh 11! »
Désireuse d'avoir le dernier mot de cetle
entendit
ficatifs :
murmurer
«
énigme et sans perdre une minute, la marquise,
qui a un frère capitaine de vaisseau à Tescadrc
du Japon, lui adressa le télégramme suivant :
pétrole de la maison Pénalité et Despeaux.
Que signifie ce mot japonais : Piottoh *? »
Ces ordres furent ponctuellement suivis,
La réponse né se fit pas longtemps attendre ;
et, à l'beure qu'il est, Hon doit rôtir et ex¬
pier ainsi ses nombreux méfaits. Ne le | elle était ainsi conçue :
Regardez jeux porcelaines, fêtes publiques, vous
plaignez pas, bonnes âmes, il a mérité son verrez
des » Piottoh, » avec œil dans le fond. »
sort. Malheureusement, — et le Diable ne
La marquise n'a pas voulu conserver un
jour
l'ignore pas — le commis-voyageur de la
maison Potins, Mensonges et Cìc a laissé une
déplus les vases dans lesquels elle s'enorgueil¬
lissait de faire pousser ses fleurs aimées; au
nombreuse lignée parmi nous. Les fils de
On, — avec ou sans H, — saperont long¬ reçu de la dépêche, elle a envoyé toute sa col¬
«
«
temps encore le bonheur des ménages et
causeront ainsi bien du mal à des person¬
nes qui ne leur en font aucun. Puissent-ils
se mordre la langue et mourir tous empoi¬
sonnés comme leur père. C'est le sort que
lection de Piottoh à l'hôtel Drouot.
Certes, voilà
sir à M. Grévv.
une
occasion qui fera bien plai¬
Des
vases... à œil !... Mais
j'y
lui, ceux de Sèvres sont dans ces
prix-là, et la meilleure preuve, c'est qu'il s'est
pense, pour
�L'ENTR'ACTE
décidé à en donner deux pour la loterie péri gourdine dont j'ai parlé au début de ce récit.
Ce qui va le vexer, par exemple, à ce brave
homme, c'est d'apprendre que le gagnant a
jusqu'à présent refusé de se montrer et de reti¬
rer son lot.
Après tout, c'est peut-être un réac¬
tionnaire qui possède le numéro 6,546, et il
rougirait de posséder chez lui les vases h l'œil
de M. le président de la République. En ce cas,
je prie MM. les organisateurs de ne pas oublier
que je suis détenteur du numéro qui précède
et, s'ils veulent bien m'offrir les vases, je les
accepte... seraient-ce des Piottoh !
ZAN-ZIBaR.
LA FORTUNE ET l'AMOUtt
marie
plus aujourd'hui
l'argent
et non par amour ? Eh bien ! ce pessimiste là
eu a menti.
C'est ce que .l'on va voir, si l'on
veut lire jusqu'au bout cette historiette au¬
thentique et qui s'est passée l'an dernier en
pleine Dordogne.
Mon héroïne est une simple fille de chambre
et mon héros un commis. Elle s'appelle destine ;
ne se
il
se nomme
que pour
Honoré. Honoré courtisait Justine
depuis quelque temps déjà, lorsqu'il survint
un
grave mais très heureux évènement dans la
vie de Justine. Propriétaire d'un de ces cou¬
pons du Crédit Foncier qui donnent lieu plu¬
sieurs fois dans Tannée à des tirages, son nu¬
méro sortit Je premier à l'un de ces tirages et
elle gagna 100,000 fr.
Je vous laisse à penser quelle fut l'émotion
de la jeune servante. Se trouver la maîtresse
d'une fortune quand on a en perspective de
à servir les autres, c'est une de
ces
surprises, de ces secousses qui peuvent
faire tourner la tète, et je dois bien avouer que
pendant quelque temps la jeune íìlle ne man¬
gea pas, ne dormit pas et qu'elle vécut dans
un état de Surexcitation
qui eût pu tinir par
ébranler sa santé. Mais un peu après il se pro¬
passer, sa vie
duisit fort heureusement en elle une réaction...
Ses nerfs se calmèrent, elle put manger, elle
put dormir, entìn jouir Lotit à
cès de
riche ;
son
aise,
joie maladive, du bonheur de
la fortune mèmó,
au
lieu de
sans ex¬
se trouver
no
lui don¬
que do la joie, lui causa quelques contra¬
riétés.
Le bruit qu'elle allait entrer en possession de
la somme de cent mille francs s'ctant répandu,
dès ce jour elle fut circonvenue par une foule
do gens qui, sous mille prétextes, voulaient fi¬
cher de faire passer une partie do cet argent du
Justine
dans leur portemonnaie à eux. C'étaient des emprunts, des
entreprises, des propositions de tous genres
par lesquelles on lui promettait de doubler en
rien de temps son capital ; heureusement que
dos conseillers sincères l'einpêchèrent de tom¬
ber dans les pièges qui lui étaient tendus.
Dans un autre ordre d'idées, Justine courut
aussi des dangers : les galants, les épouseurs
présentèrent ; des jeunes gens qui, passant
jours auprès d'elle, ne lui avaient pas
accordé jusque-là la moindre attention, la lor¬
gnèrent et, s'approohant, se montrèrent aima¬
bles et empressés, se préparant à lui offrir
leur main, qui, le plus souvent, eùt été un triste
Dans le
de ne pas le voir, elle soustrait, et en vint en
même temps à douter d'être aimée par lui...
Coinme Tes prit des amoureux n'a pas toujours
assez de liberté pour rester logique, quand il a la
chance de l'être, elle s'abandonnait à des rai¬
sonnements insensés. Ainsi elle se disait : II
faut qu'il n'ait jamais eu l'idée de m'épouser,
eu passant le
On doit se donner f accolade
Un jour de fête à Lesparat !
Dis-je à Jeanne
V
Jeanne, jadis si sévère,
N'avait plus le moindre courroux ;
Nous buvions dans le même verre...
Amour, que tes plaisirs sont doux !
Nous
regagnâmes nos demeures
Bien tard, mais en joyeux état.
Ma foi, peut-on compter les heures,
Un
VI
La morale de cette
quelques moments de faiblesse, et elle
s'arrangea à se trouver sur son passage... Elle
fit quelques pas vers lui ; Honoré, voyant
qu'elle voulait lui parler, s'avança, lui aussi, de
Jeunes gens, si parfois vos belles
S'entêtent dans le célibat,
Menez dîner ces demoiselles
Un jour de fête à Lesparat I
côté.
Eh bien !
monsieur, lui dit-elle, on ne
voit plus'; qu'est-ce que cela veut dire ?
Je vous attendais , mademoiselle, lui ditil avec la plus profonde sincérité.
vous
LE TROUBADOUR.
—
Vous m'altendiez ? Qu'est-ce que cela
signifie ? Est-ce que c'est aux jeunes filles à
faire aujourd'hui des avances aux jeunes gens?
Non pas ordinairement ; mais quand une
demoiselle, pauvre la veille, se trouve riche
—
—
le
lendemain,
de bonne foi peut
un amoureux
craindre de la gêner en allant au-devant d'elle
et de la mettre dans la nécessité de tenir des
mmm mmìimti
engagements moraux qui pourraient lui peser.
i
—
Ah ! mon Dieu ! quelles idées vous
? Voyons, monsieur, ni'aimez-vous
faites-
Quelques-uns de
moins
lorsque j'ai gagné à la loterie ?
Je vous aime toujours de même.
Avez-vous f intention de m'épouser ?
Je ne vous avais jamais ouvert la bou¬
che à ce sujet... mais je puis affirmer que je
vous aurais fait cette
proposition avant peu,
vous
—
mon amour
allait
croissant d'heure
heure. Vous ò tes-vous aperçue du contraire
—
tous
vous
—
s'il
permettez que jc
sous sa
plus si je
--Alors, monsieur, puisque la fortune me
celte singulière
position que toutes les
avances doivent venir de moi,
laissez moi in¬
les rôles cl venir
Monsieur,
vous
vous
demander,
..
; encore y a t-il à parier que la posi¬
tion du dm en vaudra mieux que celle de Bo¬
nardot. En el'íet, rentré au logis, f animal trouve
ci-dessus)
plaìrail-il que je
son
ce que
je
sa résignation....
Mais le ciel lui réservait une douce compen¬
sation. et le ciel la lui devait bien... II faut dire
FANTAZIO.
d'abord que sans parents, trop peu
.
I
ou
n'y passait
que
le
soir,
quand elle ne pouvait
pas le voir, guettant, les fenêtres de la chambre
o fi il supposait qu'elle se tenait,
le cœur in¬
quiet et plus amoureux que jamais.
A
Lesparat, c'était la fêle,
C'était un jour do gai soleil ;
Ma Jeanne avait l'ait sá toilette, ■
Moi, j'avais mis mon sans-pareil.
Tous deux nous allions sur la route
Chantant, riant
avec
éclat,
Car la tristesse est .en déroute
Un jour de fête à Lesparat !
II
Or, nous voilà dans la campagne,
Errant par les ombreux sentiers ;
Nous avons, me dit ma compagne,
Pris le chemin des écoliers.
—
—
Mignonne,
Je T offre
pour
reprendre haleine.
Biller Secrestal,
Sous les ormeaux de Sainte-Hélène
C'est
un
l'étape avant Lesparat !
III
Nous reprenons le gai voyage,
A Lesparat nous arrivons ;
Quelle gaîté dans le village,
Comme les autres,
Puis,
on
s'en
chantons !
la charmille
nous
va sous
Pincer un léger entrechat...
Tout cela se passe en famille
Un jour de fêle à Lesparat I
fortuné
pour
maison, Bonardot, qui n'aima ja¬
car il avait remarque
société comptait d'assistants, plus
de gens pour se moquer de lui,
Bonardot, dis-je, prenait ses repas, non dans un
restaurant, mais à la table d'une honnête fa¬
mille où il ne trouvait que des visages sympa¬
thiques.... et indulgents.
Or, un jour où la maîtresse du logis avait dû
lui donner congé pour le repas du soir et où
par conséquent Bonardot, à moins d'aller se
coucher sans souper, avait dù songer a faire sa
cuisine lui-même, Bonardot, répèterai-je, dési¬
reux de se payer les douceurs d'une côtelette,
alla sous la halle pour faire son emplette, et le
hasard voulut qu'il se dirigeât vers le banc de la
veuve Lagnelet. Quand je dis le hasard, je me
reprends, c'est le ciel qu'il est plus exact de dé¬
signer, et son intervention, ainsi qu'on va le
voir, ne saurait faire l'objet d'un doute. Voilà
ce que c'est. Le ciel voulait le bonheur de Bo¬
nardot par son mariage avec la veuve Lagnelet.
Pour le lui procurer, autant valait que tout
autre le prétexte de f achat d'une côtelette.
Une fois la côtelette choisie, enveloppée de
papier ct. la monnaie de sa pièce rendue à Bo¬
nardot, celui-ci, les pieds comme attachés au
sol, semblait attendre quoi ? il eût été bien en
peine de Je dire ; la veuve, qui avait la langue
bien pendue, paraissant, elle aussi, curieuse de
quelque chose de nouveau qu'elle souhaitait ou
mais le
trouvait
siblement à lui en faire la proposition. Màis si
je le lui dis, suis-jc assuré qu'elle aura con—
lìance en ma parole ?
Et, par suite de ces beaux raisonnements, il
se tenait à Técart et attendait... 11 y a plus : lui
qui auparavant, sitòt qu'il était libre un seul
moment, allait passés devant la demeure de
Justine, s'abstenait depuis qu'elle était riche,
monter une
grand nombre,
que plus une
il s'y trouvait
temps, que devenait Ho¬
placé dans une position per¬
plexe ; quand je disse trouvait placé... il s'agit
du s'entendre. Pour un autre que lui, la situa¬
tion eùt été fort simple : il avait fait la cour à
la jeune fille ; il n'avait qu'à continuer. Mais
Honoré avait une de ces organisations pleines
de délicatesse, et, en outre, était scrupuleux à
Texcès, timide et ombrageux
II se dit : si je persistais à lui faire la cour,
ne croirait-elle pas que c'est
uniquement pour
son
argent, et puis, la fortune n'a-t-clle pas
changé son cœur ? Certes, Dieu m'est témoin
que, quoique je ne lui eusse pas encore parlé
de mariage, par une pente naturelle des senti¬
ments qu'elle m'a inspirés, car je Taimais cha
que jour davantage, j'allais être amené insen¬
qui détache la casserolle et le console
losophie et
mois après cet en¬
(Air à faire.)
se
maître
de son mieux; hélas! Bonardot vivait seul, il
n'avait pas de maître pour détacher la casserolle
et le consoler. II n'avait rien... rien que sa phi¬
—
c'est tout
reparle de lui; c'est pour vous
peu près dans la situation où se trouve un ca¬
niche à la queue duquel la main d'un malotru
aurait attaché une casserolle (voir la vignette
devienne votre femme ?
En parlant ainsi, elle le regardait d'un petit
air mutin à le rendre fou d'amour. U répondit :
Ali ! mademoiselle, s'il me plaît-que vous
soyez m a femme!.. Mais
désire le plus au monde !
Le mariage eut lieu un
tretien.
vous
faire savoir comment cet heureux événement
est arrivé.
j'ai laissé Bonardot, ainsi qu'on a pu voir, á
fait
tervertir
paraissent finies, le ciel fa pris
protection, il a trouvé une femme, avec
la femme le bonheur.... Ne vous étonnez donc
es!
tage.
votre main...
plaints
de
lent Bonardot
ainsi, mademoiselle,
ne vous en dise pas davan¬
en
se sont
je serais le premier à comprendre la nécessité;
mais les épreuves de la vie si simple de Texcel-
en
?
Non, monsieur. 11 m'a semblé qu'il était
les jours de plus en plus ardent, comme
le dites.
Eh bien !
lecteurs
touchés ; ils ont souffert de savoir qu'avec lui
le crime triomphait une fois de plus, et non la
vertu. Si je n'avais à faire connaître qu'une
suite d'infortunes, je garderais un silence dont
—
—
car
mes
de ce que je les ai laissés sous f impression
la mésaventure de Bônardot; ses vertus les ont
que
cadeau.
noré ?
Honoré
histoire,
C'est que Jeanne m'o lire sa main.
L'Amour a gagné la victoire :
Nous épousons le mois prochain.
tous les
ce
jour de fête à Lesparat ?
une
se
Mais, pendant
plat,
Ma
ter
—
!
—
humiliation.
Mais la tendresse de la jeune fille pour Ho¬
noré lui eut bientôt donné la force de surmon¬
son
grand pré la nappe est mise,
On dîne gaîment entre amis,
Et l'on dit plus d'une bêtise :
Ce jour-là, ma foi, c'est permis
Entre la poire et la salade,
puisque, me trouvant aujourd'hui dans une posilion qui rend notre mariage plus que jamais
possible, il se tient à T écart. En agissant ainsi,
il se condamne lui-même... il m'avoue qu'il
n'en avait pas l'idée, et il doit craindre que je
pénètre le fond de sa pensée ; c'est ce qui fait
que je ne le vois plus...
Elle ajoutait : S'il ne vient pas à moi, je me
résignerai pourtant à aller à lui, quoique ce soit
sortir de mon rôle et que je m'expose par là à
ner
porte-monnaie de
IV
Justine cependant ne se livrait à aucun de
calculs qu'Honoré redoutait. Elle s'étonnait
ces
subir
Quel est le pessimiste qui a prétendu qu'on
PÉRÍG0URD1N.
:
attendait sans doute de son client, et ne voyant
rien venir, interrompit brusquement le silence :
Monsieur Bonardot, dit-elle, j'ai appris
les misères que cette coquine de Georgina vous
—-
�a
fait endurer;
j'en ai été indignée, croyez-le
bien. Comment ! Après avoir reçu de vous l'ai¬
mable lettre que vous lui avez écrite, elle n'a
rien de plus pressé que de comploter avec ses
amants le mauvais tour qu'elle vous a joué?
Ah ! vrai, c'est trop fort, elle mériterait cent
coups de bâton.... mais ce qui la suit ne peut
manquer de l'attraper.... elle mourra sur un
fumier
et ce sera le digne couronnement de
sa méchante vie
Se moquer d'un si brave
homme que vous! Tenez, monsieur Bonardot,
vous le croirez si vous voulez, j'en ai pleuré,
...
paroles émues, la veuva
sa poche et le portait à
récoltant un regain de larmes qui
proférant
en
ces
mouchoir de
un
ses yeux,
y
tombaient en rosée bienfaisante sur la douleur
de Bonardot; il s'écria :
Ah ! la brave femme, l'excellente femme
—
madame Lagnelet ! Ah ! si, au
demande en mariage á cette
vaurienne, qui montera certainement un jour
sur l'échafaud,
j'avais su choisir une femme
que vous êtes,
lieu d'adresser
ma
telle que vous.. .
Je vous aurais
—
répondu sur-le-champ que
votre demande.
Comment! chère madame Lagnelet. si je
avais demandée en mariage, vous auriez...
j'accueillais
—
vous
Accepté avec empressement, mais, oui,
monsieur Bonardot, est-ce qu'on peut rejeter
l'offre d'un homme qui a jusqu'à 46 ans gardé
—
son
innocence, quand le monde n'est plein que
d'ivrognes
—
et de coureurs !
devine, vous faites allusion à feu La¬
Je
gnelet.
Oui, feu Lagnelet, qui m'a bien fait souf¬
frir, allez! II était ivrogne, il était coureur, et
je l'aimais pourtant. Qu'est-ce que c'eût été s'il
—
vous
—
avait ressemblé !
Ah! madame Lagnelet,
j'avais
—
pu
si j'avais su, si
deviner....
—
—
Mais, monsieur Bonardot,
vous
êtes tou¬
Eh bien! madame Lagnelet...
Moi je suis toujours veuve....
Qu'est-ce que vous en dites, madame La¬
gnelet ?
j'en dis, vous le comprenez bien ?
Tenez, monsieur Bonardot, venez ce soir chez
moi, nous causerons mieux à notre aise qu'ici,
où il y a toujours mille oreilles de tendues pour
—
Ce que
savoir les affaires des autres.
Bonardot,
décida à quitter le
fut en répétant :
sur ces mots, se
banc de la veuve, mais ce
Ah ! madame Lagnelet, si j'avais su.. .
Et la veuve, de son côté, lui répliquait par
ces mots, accompagnes de petits airs tout à fait
engageants : — II n'y a rien de compromis,
monsieur Bonardot; ce qu'on n'a pas fait liicr,
—
qu'est-ce qui empêche de le faire demain ?
Ah! la bonne aventure! voilà qui était parler!
voilà une femme à qui il y avait plaisir á s'a¬
dresser! Elle n'y allait pas par trente- six che¬
mins! Bonardot était aussi heureux de sa con¬
versation avec la veuve qu'il l'avait été lors de
sa fameuse trouvaille.... Et dire qu'il n'avait eu
que la peine de laisser conduire la
là ou la veuve avait voulu.... Et
tout :
conversation
ce
n'est pas
n'était pas une femme à dédai¬
n'avait pas la fraîcheur et la gen¬
la
veuve
gner.... Elle
tillesse de Georgina,
mais sa tournure n'en était
moins appétissante, malgré ses 42 ans, et
sur ses joues rebondies
il devait ctre doux
d'appliquer des baisers bien sentis... Ah! la
belle aventure ! l'agrcable aventure ! Bonardot
ne
s'en connaissait pas de joie. Et il n'y avait
pas à dire, ce n'était pas une perspective incer¬
taine, un bonheur problématique ; la veuve ne
s'en cachait point, elle désirait fort l'avoir pour
mari... II l'aurait donc pour femme, c'était
pas
comme
si c'était fait!...
On pense bien que le
Bonardot fut fidèle au
jour fortuné,
rendez-vous; Une i'ois
réunis, la veuve posa nettement la question de
mariage. Bien entendu Bonardot acquiesça.
soir de
ce
Depuis que la veuve l'a bien convaincu
qu'elle aspire à l'honnéur de sa couche, Bonar¬
dot a totalement changé. II ne doute plus de
lui-même, l'assurance lui est venue, et s'il ren¬
contre une femme en son chemin, il lui jette
air semble lui
dire :
Vous me riiez au nez autrefois; à
présent je prends ma revanche. Je n'ai plus be¬
soin de vous... passez votre chemin ! Avec l'as¬
regard d'amateur et
son
—
lui sont aussi venues d'autres habitudes,
il fume le cigare maintenant, lui que la fumée
surance
suffoquait, il prend son bock comme le.premier
venu, sans avoir soif, attablé devant les cafés
des boulevards, lui qui modestement se conten¬
tait autrefois d'eau pure, et, pour achever de se
donner un genre, il a laissé de côté sa redingote
coupe
d'ignorantin
—-
Si
vous
me
voyez
aujourd'hui, madame
Lagnelet, avec ce chic qui vous épate, c'est pour
vous plaire, c'est
parce que je sais que vous êtes
une femme de goût...
Ce chic qui vous épate. On voit qu'avec les
belles manières mon héros a pris le beau langage.
Enfin, le grand jour est arrivé On fuit noce.
II y a quinze à vingt invités. Un beau repas
attend les convives. Le programme de la jour¬
née, qui est l'œuvre de la veuve, est exécuté de
point en point et tout se passe fort bien. La
veuve, qui a tout mené, tout dirigé, se voit en¬
core obligée de
prendre l'initiative quand vient
le
moment
d'aller
se
mettre
au
en
noviciat
pour se
vêtir à
bien
aimable,
va
obtenir enfin
juste récom¬
sa
pense. Je lut permets de donner à sa- femme
une
grosse bise,...
Et en prononçant ces mots elle approche son
visage des lèvres de Bonardot, qui se décide
bise, selon l'expression de
enfin à y aller de sa
sa femme.
—
laites
Voyez-vous,
petit Nanardot, vous
qu'il faut, mais l'ardeur, le
manquent. Tenez, voilà comment on
mon
exactement ce
feu vous
doit embrasser
Et en disant
joues de
femme
sa
applique
les
sur
baiser, deux baisers bien
retentissants.... Bonardot, Dieu me pardonne !
sa réchauffe, il va sortir de sa
torpeur.... Mais
son
mari
elle
mots
ces
son
ardeur
se
un
calme
quand il entend le bruit
qui
se fait dans l'escalier.
On nous porte le tour in, couchons-nous,
fait la veuve, qui profite de l'incident pour en¬
traîner avec elle Bonardot, poussé dans le lit et
—
s'y trouvant fourré sans trop savoir comment....
La porte s'ouvre; irruption soudaine des gens
de la noce ; jeunes et vieux, tout s'en mêle; les
époux mangent le tourin, pour en promptement
finir, et voilà Bonardot marié.
Jean de La Limogeanne.
lit. Mais elle sait
que lui impose sa situation vis à vis d'un
homme dont 46 ans de continence ont atrophié
les sens; elle ne faillira pas à sa mission, son
ce
esprit de décision
sera à la hauteur des circons¬
tances. La voici à l'œuvre. 11 faut aller au lit.
Bonardot est isolé des convives. Elle saisit ce
moment et lui dit :
Monsieur Bonardot, il est onze heures;
veuillez m'accompagncr à ma chambre....
Et en même temps elle le tire par la manche
de sa redingote. Bonardot rit aux anges, mais,
il est pris ensuite d'une émotion qui lui para¬
lyse les jambes ; il ne suit pas la veuve, il est
plutôt entraîné par elle. Enfin les voilà dans la
chambre nuptiale; Bonardot ne se remet pas,
au contraire, et la veuve, qui espère que c'est
l'a fia ire du moment, va et vient sans avoir l'air
de se préoccuper de lui, pour lui donner le
temps de revenir á lui. Mais Bonardot ne revient
pas, et la veuve, regard :nt la pendule : — Onze
heures et demie, monsieur Bonardot, dit-elle,
est-ce que vous ne vous couchez pas ?
Eh! eh! eh! bêle Bonardot.
Si vous ne vous couchez pas, reprend-elle,
du moins asseyez-vous.
Sur cette invitation il s'assied, pendant que
de son côté elle avance une chaise et prend
—
—
êmm & êmmi■
Chez la comtesse de lî...
Chacun vient de décliner sa
généalogie.
ht vous, monsieur de Boireau ? demande un
vieux marquis ; noblesse de robe ?
Noblesse d'épée, répond fièrement Boireau
;
mon bisaïeul était cordonnier... militaire !
—
—
*
En cour d'assises :
Une femme est accusée d'avoir voulu
empoisonner
sou mari. Celui-ci,
soigné â temps, en est revenu et
assiste à l'audience.
Qu'avez-vous à dire pour votre
mande le président à l'accusée.
Je suis innocente ! Je demande
—
lopsie !
***
Madame révise
bonne sou livre de dépenses :
parmi dillérenls articles, elle remarque celui-ci : Lait,
cinquante-trois francs.
.
Oh ! oh ! dit madame, cinquante-trois francs en
un mois, ça tait
presque deux francs par jour.
La bonne, d'un ton insinuant :
.Madame sait bien que rien ne monte comme le
—
lait !
*
*
regardant dans les yeux, d'un petit air pro¬
voquant, elle lui dit d un ton câlin : — Qu'estce que fait là cette cravate qui serre lc cou de
mon petit Nanardot ?
Et en parlant ainsi elle décravate tout dou¬
cettement Bonardot
qui la laisse faire avec
une patience d'ange. Après lá cravate, c'est le
tour de la redingote.
Cette redingote gêne aux entournures mon
Nanardot, il va me la laisser mettre de côté....
Et elle fait suivre une manche, puis une au¬
tre. Après la redingote, c'est le tour du gilet,
puis vient le pantalon. Bonardot finit par se
trouver en simples caleçons, ce qui fait couvrir
son front virginal d'une aimable pudeur.
A mon tour à présent, fait la veuve, qui
bouteilles.
,
—
—
pas lui donner le temps de se reconnaî¬
tre. J'ai été .bien aimable pour mon petit Na¬
nardot; de son côté, mon petit Nanardot sera
bien aimable pour moi... n'est-ce pas?
Bonardot laisse échapper un oui étranglé.
Eh bien! commençons par poser mes bot¬
tines. Agenouillez-vous, tenez, déchaussez-moi.
Et en parlant ainsi elle lui présente un pied
—
il ne sait comment saisir
ce
pied.trop séduisant; il s'y décide néanmoins
et tire si fort que la bottine suit trop vite et que
Bonardot surpris est entraîné et tombe les jam¬
bes en l'air, ce dont la veuve rit beaucoup.
Vous y allez aussi de trop bon cœur, mon
chéri, fait-elle ; tenez, vous tirerez mieux cellelà.... oui, c'est ça.... vous vous y prenez bien à
présent.... là....'ça y est.... Maintenant je vais
poser ma robe... ah ! il faut aussi m aider poser
ma robe, mon petit Nanardot.
II lui aide, ainsi qu'elle le demande, mais c'est
une singulière fille de chambre qu'elle a là; elle
s'en contente pourtant. Tous ces incidents de
toilette ont mis le comble au désordre de l'esprit
et des sens chez Bonardot, mais sa femme fait
comme si elle ne s'en apercevait pas.
Elle lui
dit d'un ton de plus en plus câlin :
Voyons, mon petit Nanardot, qui a été
—
—
Auguste, dit-il à
*
mettre
co
malin du vin
domestique, pourquoi
son
les tonneliers ? Ils
cave avec
n
en
é-
vont
Ob ! répondit ce modèle des serviteurs, quand
une
bouteille, cela 11e peut pas leur
*
Maman, arrivant à l'improviste dans la salle à
manger, menace de tirer les oreilles de Bob.
Vous avez encore bu un petit verre de
monsieur ?
C'est pas moi, maman !
—
Porto,
—
—
—
—
—
Qui donc ?
C'est un biscuit qui l'a tout bu !
Ab I et où cst-il, ce biscuit ?
Lc biscuit?... (D'une voix grave.)
nir, je l'a! mangé !
Pour le
pu¬
#
*
*
En cabinet
—
—
—-
particulier :
Quel vin prendrons-nous,
—
—
ma
chère ?
Choisissez vous-même.
Du champagne ?
Non, par exemple.
devons rester sérieux...
qui trouble singulièrement la pauvre cervelle
personnage,
amis faisait
ils eu boiraient
faire de mal.
—
mon
nos
los-vous pas à la
boire notre vin !
—
nc veut
avec sa
—
Un de
le
défense ? de¬
qu'on fasse l'aù-
—
place tout à côté de lui. Puis elle se penche et,
de
II
un
que les vêtements que vous avez là sont
faits pour des jeunes gens de t8 á 25 ans, ou
bien encore pour ceux de cet âge qui sont gras
et dodus, et-vous .avez des
jambes comme des
fuseaux, mon pauvre ami.
Bonardot ne laisse pas tomber l'observation.
II riposte :
—
jours célibataire.
—
mode, et la veuve Lagnelet le voit
jour á son banc avec un veston et
un
pantalon tellement collants qu'on est amené
à se demander s'il n'a pas dû naître avec) Bo¬
nardot produit bien sur són esprit un singulier
effet, pour parler exactement; mais elle devine
qu'elle est la cause de toutes ces. métamorpho¬
sés, et, tout en tremblant pour l'état mental de
son futur, elle se borne à cette remarque indul¬
gente : — Mais, monsieur Bonardot, vous êtes
bien un peu maigre, il me semble, pour porter
de pareils habits.... et trop âgé aussi.... Bavezvous
oui, pleuré....
Et
tirait
la dernière
arriver un
Vous
savez
bien
que nous
Alors, prenons du grave !
«
»
Partie d'écarté dans
*
monde excessivement dis¬
un
tingué.
—
—
—
Je marque le
Vous Pavez.
Non. mais je
roi?
1"annoncé.
On continue.
Vous 11'avez doue pas
—
—
Si, mais
ça me
de carreau ?
géne d'en fournir !
*
H.
*
-
Guibolard achète du
papier.
Quelle sorte désirez-vous ? demande le mar¬
chand, du bristol, du poulet, du quadrillé ?
Comme c'est pour faire des invitations á un bal,
le quadrillé me paraît tout indiqué.
ZAG.
—
—
Lo
Gérant, SPA.
Pórigueux, imp. LAPORTE, anc. Dupont et C».
�
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_010
ark:/30098/47sr
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 10, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/16a42d2de67347d5b867790d25c8d8fb.pdf
f6e4060b0da6d5776d06ad46fc47daff
PDF Text
Text
Première Année.
Numéro S
MMMMWMMWWMWWWMM
^COMMERCE,
LITTERATURE, ARTS, THEA1
ABONNEMENTS
Un an.
Six mois.
3r
lf 75
INDUSTRIE
INSERTIONS
Annonces,
Réclames.
A L'OCCASION DE L'EXPULSION DES PRINCES
A REPRISE DES AFFAIRES COMMERCIALES
AND
If
fi
BALLONS, ILLUMINATIONS
I
BALS CHAMPÊTRES.
Nota. MM. les
Députés ayant voté l'expulsion
ont
promis de
payer
les frais des susdites Fêtes
�L'ENTR'ACTE PÉRIGOURDIN.
Fantasio, Zag et tant d'autres,
Périgueux, le 20 Juin 1886.
De
vous
lire
on ne cesse
pas ;
Vous êtes tous charmants apôtres,
—
Tous, jusqu'au gérant, Monsieur Spa !
IV
I
II
M.
CHAVOIX.
en
est un,
Qui mérite
Txoideuil peut
Est vraiment
/Et L'on sait bien
qu'il n'a quitte
Qu'avec'douleur cette cité.
Avec
Osais il
Ah !
C'est
On
s'agissait de défendre
íL'a ^République, et de lui rendre
/La force et 1a sécurité...
Tors, Ghavoix n' a plus hésité !
Ma
Jacobins,
c
une
une oeuvre
comme
en
est un bon !
J.'our les chasseurs et leurs prouesses,
Jlrugère est indulgent, dit -on
l'on fera merveille
pórigourdin.
sa
maintes largesses.
Gela le pose en son canton,
Tonton, tontaine, tonton.
en se signant ; mais la misère est si
dure pour le pauvre monde qu'il ne faut
pas y regarder de si près.
La bourrique fut donc installée dans Tu¬
gnarde
nique chambre cle ces braves gens et traitée
des soins qui paraissaient la surpren¬
dre. De son œil mélancolique et bon autant
que de ses longues oreilles tannées, la mi¬
:
avec
íPourtant, chacun sait
éDcrdogne
en
La modestie bien connue de nos col¬
laborateurs nous faisait un devoir de ne
insérer cet élogieux morceau poé¬
; mais nous aurions peut-être
ainsi découragé un jeune auteur,
que
Que le député de Oscnpcnt,
Tonton, tontaine, tonton,
Q/1 de Ghavoix pris sans vergogne
Te beau projet. JJieu, quel
fripon !
Teuton, tontaine, tonton.
heureux de voir des nô¬
nous sommes
tres.
Donc,
fois, nous excusons
le Troubadour ; mais dorénavant, s'il
veut rire et s'amuser aux
dépens de
quelqu'un, nous lui saurons gré de mé¬
nager ses confrères et amis de YEnpour cette
tr'acte ! Aures habent et
non
audient.
SPA.
JJepuis ce jour on nous assure
Que Ghavoix rêve de ponton,
Tonton, tontaine, tonton,
la mortelle injure
Que Trugère a faite à son nom,
3Lâ
BQÏÏRRÍQÏÏE ERCHANTÌE.
Ceci n'est pas un conte, mais un modeste
fait de Chronique locale, dont je puis ga¬
rantir la parfaite authenticité.
Le jour de la foire de la Mi-Carême, un
brave homme du nom commun de Pierril-
lou, s'était rendu à Périgueux, autant pour
prendre Pair de la ville que pour y réaliser
quelques achats. Vers trois heures cle
l'après-midi, notre homme avait terminé
ses affaires et il
regagnait pédestrement son
domicile, lorsqu'à ni vé à Trélissac, non loia
du magnifique château de M",e Alfred Ma¬
gne, il aperçut une pauvre ânesse, triste et
maigre comme un jour sans pain', qui pa¬
raissait avoir égaré ses maîtres et dressait
au vent sés
longues oreilles, ne sachant
trop de quel côté diriger ses pas.
Sans autrement se gêner, le paysan, qui
se sentait fatigué, enfourcha la bâte et
prit
le parti de la conduire chez lui, où, pensaitil, on ne manquerait pas de venir la récla¬
_
Croiriez-vous que
YEntr'acte a péné¬
tré jusqu'en Algérie? Voici l'aimable
et
spirituelle poésie qu'un de nos abon¬
nés de là-bas nous adresse, avec
prière
:
é @ë<is(£&ë-ê@ëI
l'Entr'acte,
Vous lire est un charmant
régal ;
Je comprends la foule compacte
;
Vous
avez retrouvé le rire,
Le bon gros rire d'autrefois,
Vous mettez dans votre satire
Un
petit grain de sel gaulois !
II
De
Zio, notre charmant poète,
On aime à lire les écrits ;
(Jn se sent le cœur tout en fête
En lisant Jehan
des
Barris ;
Nous savourons le joyeux conte
Du gai diseur Paul Lebreton ;
Ce que
nous raconte
Est
sur
Zan-Zibar
toujours dit
le bon ton.
III
N'oublions pas Pouciiixeu.e,
Qui nous fait rire de bon cœur ;
Allons ! tire
Tire
la
ficelle,
toujours, charmant farceur 1
sur
laissa passer... autre chose que des pièces
de vingt francs.
Ce sera pour plus tard ! dit Pierrillou.
Sans cloute que la bonne bête n'est pas dis¬
—
posée.
Le lendemain, dame Pierrillou, bavarde
comme une
pie ou plutôt comme une
femme, ne put retenir sa langue et s'em¬
pressa de raconter l'aventure à quelques
commères du voisinage. Le fait ne tarda
pas à arriver aux oreilles de M. le maire,
qui s'empressa d'ouvrir une enquête, dont
préfecture
un
rapport ainsi
conçu :
MF-
Qui s'arrache votre journal
il guetta liévreusement les mouvements de
la queue magique. Cette queue, je dois
T avouer, se releva, plusieurs fois; mais, à
la grande déceplion des deux époux, elle
voyait à la
Tonton, tontaine, tonton.
Salut ! ô messieurs de
sérable bête semblait remercier ses bien¬
faiteurs ; mais ceux-ci se moquaient bien
de ce genre de gratitude : c'est de for, de.
l'or encore, de for toujours qu'il leur fal¬
lait !
Le couple avide des Pierrillou, oubliant
la faim et le sommeil, s'installa à barrièretrain de l'ànesse, et, durant toute la nuit,
le résultat eut bientôt réduit à néant tout
le merveilleux qui planait sur cette affaire.
Le jour même, en effet, ce magistrat en¬
Tour venger
de Tinsérer
bourse.
Tu m'amènes le diable ! dit la campa¬
—
tique
J.l leur promet
niais, pour
dois ajouter
qu'il ne put la convaincre qu'en lui mon¬
trant les dix jaunets qui étincelaient dans
pas
;
Tonton, te n ta i n e, le n to n.
s'empressa de
extraordinaire
Le TROUBADOUR.
BRUGÉRE.
récit.
faire part à sa femme du fait
dont il venait d'être le témoin ;
être véridique jusqu'au bout, je
chemin.
plus humble dès rimailleurs
muse n'est pas
satirique,
J'aime rire et chanter l'amour,
Je ne fais point de politique
Et je signe
guerre,
ce
Arrivé chez lui, Pierrillou
de l'art.
troupe pareille.
peut rester
ne
II
M.
de la fin de
Sem, dont la caricature
Compagnons, tapez sur l'enclume !
Tapez ferme !, gais travailleurs;
Moi, je viens vous offrir la plume
nCCux
J.'our les
1
V
Du
prétendants faisant la
expulse sans mystère.
je vous assure.
chapitre à part;
A l'Entr'acte
Tour Xxcideuil, quelle surprise,
Quand Ghavoix boucle sa valise
Et part pour le T alais-Jéourbon.
J.l les
—
un
vraiment prétendre
Que Ghavoix /'aime d'amour tendre ;
Pardon, ami lecteur; le dialogue du
prophète Balaam avec sa loquace monture
peut—il être mis en doute ?
Montaigne dirait ; « Que sais.-je ! » et
Rabelais : «Peut-être! » va me répondre
un esprit fort.
Eh bien ! moi, sans vouloir en aucune
façon m'attaquer aux miracles, je vous prie
tout simplement de prendre connaissance
—
« Hier malin,
un» famille de bohémiens, proprié¬
taires d'une malheureuse bourrique, ont été aperçus
rôdant sur ma commune, et leur disparition a coïn¬
cidé avec un vol de 200 francs, commis chez un tail¬
leur de la localilc. J'ai tout lieu de supposer que ces
nomades, craignant d'être poursuivis, orit, à l'exemple de certains maraudeurs arabes, caché les pièces
dérobées dans.... la concavité postérieure de la
bourrique susnommée, qu'ils ont dû ensuite égarer
dans leur fuite. Tout me porte à croire que les bohé¬
miens en question ne viendront pas réclamer leur
monture, que
tion.
je tiens aux ordres de
f administra-
»
Mais
ce
qu'il
y a
de plus curieux dans
l'affaire, c'est que la lecture de ce rapport
ue put
nullement convaincre Pierrillou,
et M. le maire fut obligé, avant de rendre
les dix louis du tailleur, de renouveler une
expérience délicate pour en démontrer la
possibilité à son incrédule administré.
L'expérience réussit parfaitement, et au¬
jourd'hui notre paysan reconnaît que la
bourrique ne devait pas être enchantée... du
procédé de ses anciens maîtres. *
Paul LEBRETON.
—
mais l'ànesse, bien que pourvue d'un
licou, n'avait pas la moindre selle, et bien¬
tôt maître Pierrillou préféra marcher que
de se sentir meurtri par l'échine raboteuse
mer-;
de sa triste monture.
II y avait déjà près d'un quart d'heure que
la bourrique allait tranquillement devant
Thonnèle campagnard, quand celui-ci la vit
s'arrêter, puis lever la queue et... au lieu
de
ce qu'il attendait, le
rustique conducteur
aperçut distinctement deux brillantes pièces
de vingt francs qui roulaient à terre !
Pierrillou crut d'abord avoir la berlue;
mais il avait à peine ramassé les deux louis,
la queue de l'ànesse se releva lente¬
ment et... huit nouvelles pièces d'or roulè¬
rent aux pieds du brave homme stupéfait !
Cette fois, il n'y avait plus à eu douter : la
que
bourrique était enchantée, et notre paysan
entrevit,
en
un
instant, l'avenir
qui lui était réservé...
—
Vous
nous
aviez annoncé
thentique, et c'est
que vous nous
ques-uns.
un
un
mirifique
récit
au¬
conte de la Mère l'Oie
sèrvez-Jà ! vont s'écrier quel¬
LES
GASCONS DE GM NOUS,
On sait que le célèbre Tartarin de Tarascon avait découvert qu'en Algérie il n'y
avait plus de Turcs, — prononcez leurs ! —
mais seulement des carotteurs. Mon oncle
le chanoine me racontait hier un épisode de
la dernière guerre d'Orient, qui tend à
prouyer
qu'il n'y
a
plus, non-seulement de
Turcs en Turquie, mais encore de Cosaques
en Ukraine ; voici f histoire gasconne telle
qu'elle ui'a été h irrée
:
C'était' à un des derniers combats livrés
sous Plewna.
Un Bachi-Bouzouck et un Cosaque se
trouvent face à face.
�L'ENTR'ACTE
Le Cosaque a sa lance, le Bachi-Bouzouck
fusil.
Le premier, au galop de son cheval, fond
sur le Turc et lui porte un
coup de lance.
Vlan !
Le Bachi-Bouzouck se jette de côté et en¬
fonce sa baïonnette dans le ventre du che¬
son
val, qui tombe entraînant
valier.
Le Turc,
lui
avec
son ca¬
vainqueur, inet le pied
poitrine de
son
ennemi et lève
sur
la
son arme
...
Coulaubrò ! s'écrie le malheureux Cosa¬
que dans le pur patois péri gourd in, sey fou lu.'
A cet accent, le Turc se penche, étonné,
et demande :
Et d'oun sès ?
—
hier,
par annoncer
PÉRIGOURDIN.
qu'il allait changer de linge
dans la bouche,
sant tout
Or, hier, sa ménagère, étant surprise de ne
pas le voir sortir à son heure habituelle, monta
dans sa chambre, où elle pénétra, car-la porte
n'était pas fermée à clé.
Un spectacle navrant lui lit pousser un cri.
L'infortuné Bcrluron gisait noyé dans une cu-
leurs de son travestissement, du bruit strident
de sa pratique et du tapage de ses gambades.
En deux enjambées il eut fait le tour de
la chambre, et les deux femmes furent prises
d'un fou rire quand elles le virent s'arrêter, faire
deux pas en avant, saluer et chanter ce couplet
vetlo.
11 avait voulu tenir sa
Sey clè Sorlat.
bitude lui avait clé salai.
Voici l'épitnphe que je propose
sur sa tombe :
Son
de
a
Ne
Les deux ennemis tombent dans les bras
l'un de l'autre. Tableau !
Le Turc et le Cosaque étaient des Gascons
de chez nous.
ZAN-ZIBAR.
Car,
sous ce
D'un sommeil moins
P.-S.
—
:
Bien T bonsoir à
ce
monsieur,
Ces dames, ces
demoiselles,
Je suis votre serviteur,
Jean-Jacques Polichinelle,
Qui veux vous rendre contents
Par une pièce nouvelle,
graver
Vous serez assurément
Satisfaits pour votre argent.
fait mes tourments et les vôtres
plaignez pas son sort,
style
E viodasè ! You lobé !
—
à coup
qui était dans le rôle
parole, et une chemise
était dépliée sur le lit. Mais comme c'était la
première fois qu'il se lavait, le manque d'ha¬
—
—
pirouettant, frétillant, remplis¬
la chambre de Léclat des cou¬
et donner des soins à sa personne.
:
C'est Polichinelle, c'est lui ! Oh! que
—
ça!
marbre, il dort
que
c'est bien
ça
c'est
! faisaient les deux femmes.
N'est-ce pas qu'on dirait qu'il est bossu ?
observa Hector Eh bien ! vous le croirez si
—
profond qu'il n'endormit les autres!
A la dernière heure, nous ap¬
prenons que la nouvelle est fausse.
de nos reporters nous assure qu'il
—Un
vient
d'apercevoir Bcrluron plein de vie et aussi
crasseux que par le paçsé. Merci, mon Dieu !
POLICHINELLE.
voulez, mesdames, mon ami a été coulé
dans un moule; il vous a le plus beau
tour de reins qu'on puisse imaginer. Quand il
veut, rien ne l'embarrasse; c'est ainsi qu'il est
parvenu à se grimer et à se contrefaire, de
vous
comme
telle
en
façon qu'on dirait que c'est Polichinelle
personne....
Ah! votre ami
—
est tout
à fait amusant.
Mais, qu'est-ce que vous avez
dans la bouche,
monsieur Robinet, pour parler comme vous
faites ? demanda Arnanda en s'approchant de
héros, qui commençait à s'éponger le
casaque fortement ouatée et l'animade son jeu le faisant transpirer.
Voilà ce que j'ai dans la bouche, fit-il eu
notre
front,
tion
L'BMBHÛIT ET L'I
—
(Extrait du
carnet
rose
d'un mari pas
Vous arrivez à force
d'art à persuader à ma¬
dame
votre
épouse
content.
Mais !... en rentrant
chez vous, vous Irouvez
qu'un mois de campa¬ j qui
gne est indispensable [ vis
belle-mère,
votre
arrive sur Talui en a donné
vous
que
à sa santé. Vous rem¬
j sa tille,
ballez un soir en che¬
j de vous
min de fer en disant :
j pendant
Ouf !
afin, dit-elle,
tenir société
l'absence de
j Madame.
Voilà I'endroit !
Voilà f envers !
I
Pour
copie conforme
:
en vers.
LES LUTTEURS
Très tiers et torse nu, sur un tréteau de
foire,
lis
prennent gravement des poses de héros,
Etalant leur poitrine aux rudes pectoraux,
le clairon jette
L'on s'émerveille á voir
un
air de victoire.
sur
des
II y a
cols de taureaux,
Leur face bestiale à la forte mâchoire
Et les biceps puissants qu'ils montrent avec
Tout en sollicitant le peuple des ruraux.
maintien et à leur toilette chacun eut bientôt
classées parmi les émules de Rigolboche. Ces
deux femmes étaient jolies, et il en fut
pris
bonne note par
Parmi
Durand
la-foule",
S'extasie
une
aux entours
vierge
au
gloire,
profil séraphique,
Sent
Son
suave
enfant
au
plus rapidement battre sous le corsage
cœur pur, á l'aspect de ces gladiateurs !
Z1G.
Robinet,
ne
obligé de vivre de ses maigres émoluments,
auxquels s'ajoutait, il est vrai, une petite pen¬
sion alimentaire que lui faisaient ses
parents,
n'était guère mieux en situation de
payer de sa
bourse que de sa personne. II fallait, s'il vou¬
lait réussir, que son industrie lui vint en aide;
il y comptait bien, et son attente ne devait
pas
être trompée; il eut bientôt trouvé ce qu'il
cherchait. Robinet, toujours ouvert aux bonnes
inspirations, en eut une qui avait bien son prix.
J'y suis, mon cher, dit-il à son ami, j'ai
trouvé.... Je me déguise pour me présenter à
ces dames, car
je veux leur plaire, et il faut que
la première impression soit bonne.... Tu ne
devinerais jamais comment je me déguise....
En cent-garde ?
Mauvais plaisant. En Polichinelle.
—
—
—
pas
En
Polichinelle, bon Dieu !
Oui, en Polichinelle. Est-ce que je n'ai
le physique de l'emploi ?
D'accord, mais....
II n'y a pas de mais, c'est sous ce costume
que je prétends gagner le cœur de l'adorable
Arnanda.... C'est une affaire réglée. Je te dirai
bien que ce n'est pas sans peine que j'ai pris
—
résolution. Tu le
comprends, revêtir un
costume, c'était souffrir dans ma dignité ;
mais ce que n'auraient pu faire tous les raison¬
nements, l'image enchanteresse d'Amanda en
est venue à bout.... et me voilà décidé.... Tu
cette
sera
quelle
verve
renversant
je jouerai
Arnanda
mon
rôle....
surtout
sera
ahurie.
II fut ensuite convenu qu'Hector, qui avait
son entrée chez les deux femmes, annoncerait
la visite de Robinet et faciliterait la réussite de
entreprise. Justement on était en carnaval ;
l'idée du déguisement était assez naturelle; les
deux femmes ne furent donc pas étonnées qu'un
amoureux eût la fantaisie de se
présenter à elles
avec un accoutrement de bal
masqué; mais
Hector n'avait pas dit quel était cet accoutre¬
ment : il voulait laisser aux deux belles tout le
son
Au moment de mettre
avons
reçu
sous
la note que voici
presse, nous
:
Notre infortuné confrère Bcrluron vient de
périr dans des conditions aussi tragiques qu'im¬
prévues.
On sait que ce malheureux était en hutte à
d'incessantes plaisanteries á cause de sa mal¬
propreté proverbiale. 11 avnit constamment
deux doigts de crasse sur la ligure et sur les
inains, et son chapeau, tout comme celui du
Petit-Caporal, était devenu légendaire.
Impatienté de ces railleries, il lìnrt, avant,
fait
moi qui l'ai mis sur ma
fit la jeune femme
avec
lan¬
dégoût.
langue de femme
Oh 1 rassurez-vous; une
Vraiment, monsieur, dit-elle à Robinet
en grignottant
quelques gâteaux, je vous félicite
■d'avoir eu l'idée de cet amusement; Cerisette et
Jules
plutôt vues qu'ils eurent
hommages. Hector perdit si peu de temps
qu'il s'y prenait dès le lendemain'même. Robi¬
net, très stressé, lui aussi, eût bien voulu en
ce
glR LMM
gue,
faire autant, mais il avait des raisons pour
mettre moins de hâte.
Robinet était bossu par derrière et par de¬
vant, et ce n'eût été certainement là qu'une
difficulté très surmontabie s'il avait eu la bourse
bien garnie; mais Robinet, 2° clerc de notaire,
et
verras avec
D, E
—
amateurs.
ceux-ci, deux jeunes
pareil
MO R T
—
d'avaler celui-ci.
Ah ! sapristi,
—
—
radieux visage
—
pratique.
plus de m il qu'elle n'en reçoit. Prenez ce
petit-verre de chirtreuse, en attendant mieux.
Robinet lui présentait la liqueur qu'Hector
avait portée, ainsi que des gâteaux, en les ca¬
chant sous son pardessus.
de f arène athlétique,
Qui très avidement contemple les lutteurs...
El la
les
—
la
Laissez-moi essayer ce petit bijou.
Prenez garde au moins à ne pas l'avalcr.
Cela s'avale?
Je crois bien. II m'est arrivé trois fois
gens, Hector
les eurent pas
l'idée de leur adresser
—
Dans
quelques années de cela, un dimanche,
musique, l'attention des prome¬
fut attirée sur deux étrangères qu'à leur
à l'heure de la
—
.
Tandis que
—
leurs
FANTASIO.
peintures
montrant
LE TRUC DE ROBINET.
neurs
sa
plaisir de la surprise.
Leur surprise fut grande quand à l'heure
an¬
noncée, le lendemain soir, elles virent s'élancer
du seuil 3e leur porte, en même temps q u'H ector
pénétrait chez elles, le personnage qui, de temps
immémorial, eut le privilège de dérider tous
les fronts, Limmortel Polichinelle, la
pratique
Quand elle
eut
bu la chartreuse
:
—
moi nous nous ennuyons tant, depuis nos mal¬
heurs.
Vous avez eu des malheurs, pauvres peti¬
tes chattes ? fit Robinet affectant d'être alarmé.
Une révolution de palais nous a privées
de Lemploi de lectrices du prince de Monaco.
Vous étiez lectrices du prince de Monaco?
—
—
—
—
Oui, monsieur, et
aujourd'hui
le pavé.
Ah! chers petits anges, que
Mais ça tombe à merveille, j'ai
nous sont
sur
—
garnie;
verte
m >
et
.
bourse dès demain
je vous plains.
la bourse bien
vous sera ou¬
je serai heureux de réparer envers
les torts de la Fortune
Mais pour ça il
faut m'aimer.... Arnanda, vous m'entendez, il
faut m'aimer....
Je suis déjà bien prévenue en votre faveur,
monsieur Robinet, rit Arnanda; je suis sûre
vous
—
qu'en rien de temps je serai folle de vous.
Puissiez-vous dire vrai ; mais j'espère qu'il
—
en
sera
ainsi,
car mes
procédés envers vous se¬
qu'il faudrait que vous fussiez la plus
ingrate des femmes pour que je vous reste in¬
ront
tels
différent.
Pendant
qu'ils causaient ainsi, la jeune fem¬
avoir l'air, inspectait Robinet des
pieds à la tête.
Diable! pensait à part lui Robinet, qui
s'en était aperçu, aurait-elle des soupçons ? 11
faut que je la prépare à la surprise que je lui
me, sans en
—
ménage....
On sait ce que Robinet entendait par sur¬
prise. II commença ainsi :
Voyez-vous, chère Arnanda, Robinet n'est
pas un bel homme, mais il est bon enfant; il y
a de plus jolies figures que la mienne, mais j'ai
un cœur d'or pour les femmes ; je ne suis pas
fait au moule, comme disait-à l'instant mon
trop indulgent ami, mais je n'ai jamais laissé
celles que j'aime dans la peine, et ma bourse
ne leur fut jamais fermée.
Quand on est aimable et généreux comme
—
—
l'êtes, monsieur Robinet,
on est toujours
beau....
C'est ce que je me dis.... et j'ai tellement
de confiance dans les femmes, une fois que je
leur ai montré ce que je vaux pour elles, que je
voudrais être bossu pour les mettre à l'épreuve,
assuré d'avance qu'elles et moi eu sortirions
vous
assez
—
satisfaits....
—
—
—
Bossu !
Oui, bossu !
Mais vous ne seriez pas
bossu,
par
hasard?
�L'ENTR'ACTE
Ah! Amanda, permettez-iíioi de vous le
dire, je n'en ai pas moins la confiance que vous
—
me
laisserez pas partir sans que j'obtienne
gage de votre tendresse, un petit gage, un
rien du tout....
Par ma foi, oui, il en sera ainsi, monsieur
ne
un
—
Robinet, car,
pour vous parler franchement,
vous m'avez tout à fait
gagné le cœur... Mais
débarrassez-vous de cet accoutrement... vous
êtes en nage... Et puis, pour tout dire, je vous
ai vu en bossu, je vous verrais autrement.... je
n'en serais pas fâchée.... ça changerait....
Ça changerait... ça changerait si l'on veut,
quoique ce soit toujours la même chose...
—
contrer.
un morceau
fin,
—
II répliqua par ces deux vers,
évolution dans ses idées :
prélude d'une
bossu....
Jean de La Li.uogeanne.
je crois bien, ce sont des
l'or n'est pas rare, est-ce
sont rares,
que
sont communs ? Mais le sort
les diamants
lons, c'est dit, c'est fait. Vous m'aimez, et moi
vous adore. Amanda, je suis fou d'amour
pour toi !...
Et
Robinet, dans
un
bel élan de
passion, se
qui, plus
aux pieds de la jeune femme,
étourdie que gagnée, lui répliqua :
Tenez, monsieur Robinet, je crois que
blagueur, j'en reviens à ce que j'ai
déjà dit, mettez de côté cet attirail de Polichi¬
nelle afin que je m'assure par moi-même de la
vérité... J'ai bien touché il n'y a qu'un instant
une bosse, deux bosses, mais
ça pouvait être du
—
vous ctes un
Ilossu, dites-vous, faites voir.
II lui prit une main qu'il se
promena sur
l'estomac et sur le dos.
Cré nom ! je crois que vous Pètes !
comme un
favorise, profitez-en. Peut-être que l'ocne se
présentera plus. Elle vous a déjà
manqué, elle peut vous manquer encore... Al¬
jeta
—
Robinet riait
et
casion
Allons, je n'en crois rien ; vous vous mo¬
quez de moi ; tout cela, c'est pour rire.
Pour toute réponse, Robinet se mit à fredon¬
litant bossu par derrière, par devant,
Mon estomac est à l'abri du vent
Et mes épaules sont bien chaudement.
industrie. Plus tard, quand il se trouva
obligé, par force majeure, de ne pas tenir cc
qu'il avait promis, Amanda, furieuse de s'ètre
laissé jouer, le traita de tous noms, jurant,
mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus,
son
vous
—
ner :
Ils
phénix. Est-ce
que
je
—
ignoriez qu'un bossu est
vous
délicat, du vrai nanan, quoi !... Aimer un bos¬
su, c'a été de tous temps chose très bien portée.
De grandes dames, des reines ont aimé des
bossus. De grands hommes se sont honorés d'ê¬
tre bossus.
Maintenant, si vous n'avez pas aimé
de bossu, c'est qu'il vous fut refusé d'en ren¬
Mais alors c'est vrai que vous êtes bossu?
Quel dommage! un hem me si aimable.
Ajoutez, Amanda, et si généreux...
—
PÉR1G0URDIN.
coton
—
Amanda, je vais
vous
m'en
tion....
•—•
jour de la Pentecôte, j'ai entendu un mot
d'égoïste bien nature. A... était allé se promener avec
sa femme dans les environs de Périgueux. Mourants
de faim, ils entrèrent dans une guinguette, où le pa¬
tron leur avoua qu'il ne possédait qu'une seule côte¬
lette.
Une seule? fît A.
femme ?
—
ma
poser ma casaque,
une condi¬
priez, mais à
que mangera
*
?
Jacques-Timothée Torgnolard.
Vos qualités ?
—
Le
prévenu, attendri
J'en ai donc?...
merci pour
C'est que vous m'accorderez une satisfac¬
que vous me demandez
Oh ! ce que vous me dites là !
Ma petite Amandette, soyez bien gentille,
cela vous est si aisé, fit Robinet d'un ton câlin.
Me déshabiller devant vous !
Eh bien ! qu'est-ce qu'il y a là?... Et
puis,
Mais, alors,
lin correctionnelle :
Vos noms et prénoms
—
—
Laquelle ?
.
#
—
Chère
comme
&ǧM & sêmiLe
:
Ah!
monsieur le
président,
cette bonne parole !
*
—
Ah!
si j'avais les trésors de Crésus,
Je remplirais mon palais de bossus.
tion
égale á celle
—
Après avoir chantonné ces débris de couplet,
prit le ton d'un homme qui veut frap¬
per l'esprit de son auditeur :
Avez-vous jamais aimé un
bossu, Aman¬
Robinet
—
da-? lui demanda-t-il.
Elle fit un signe de
dénégation.
Comment! vous n'avez jamais aimé un
bossu ! D'où sortez-vous donc,
ma-pauvre amie,
et comme vous étés en retard !
Mais, si vous
n'en avez jamais aimé, je ne m'étonne
—
plus
que
—
—
—
rassurez-vous, l'honncur restera
drai la lampe—
Ici s'achève mon récit. Je dois
deux jeunes gens se retirèrent
sauf.
.
j'étein¬
*
On
cause
d'une
*
jeune mariée
:
Moi, dit quelqu'un, j'aurais mieux aimé la mère ;
elle est bien plus jolie.
Moi, dit un outre, je préfère la fille ; elle a bien
plus d'esprit, de bon sens... Et vous, monsieur Taupin ?
—
-—
Oh ! moi, je suis de votre avis à tous les deux :
j'aimerais mieux la tille dans la journée, et la mère
—
le soir !
ZAtí.
ajouter que les
le lendemain
Le Gérant, SPA.
quand le soleil était grandement lové. Robinet
avait, dit-on, coulé de douces heures, fruits de
Périgueux, imp. LAl'OKTE, aric. Dupont et L°.
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Cet établissement est ouvert tous les
jours, de cinq
heures du matin à minuit.
Cours
Montaigne, 18,
princi-
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_009
ark:/30098/47t2
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 9, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/0da553660d4ee130b5764d503dca5c89.pdf
d1a4155dc5c3ed33975ed42b46ccfedf
PDF Text
Text
Prix
Première Année
:
10 centimes
Numéro 8
WWWMMfWlMWWMMIMWW
LITTERATURE, ARTS, THEATs
ABONNEMENTS
Six mois.
'COMMERCE, INDUSTRIE
INSERTIONS
Annonces,
Réclames.
�L? ENTR'ACTE
PÉRIG0URD1N.
ancien ami, aubergiste à Périgueux, qui ré¬
pondit le surlendemain : « Envoyez-moi la 111lette, avec son extrait de naissance, et dites-lui
qu'elle gagnera içi beaucoup d'argent.... »
Alléchée par cette séduisante promesse, la
mère s'empressa de faire un petit trousseau à
un
le 6 Juin 1886.
Périgueux,
Lisette : elle réunit trois chemises et deux mou¬
choirs à une robe hors d'usage, y joignit un
(sonnets) ,
I
Lc médecin GADAUD
a
su,
la chose est sûre !
en même temps, avec un plein succès,
Ses malades nombreux et sa candidature.
Soigner
II nargue
maintenant
ses
ennemis vexés.
Son étoile rayonne, et
déjà l'on assure
Qu' au sommet du pouvoir ses r égards sontfixésC'est un navigateur qui sans crainte mesure
L'ìlot du. ministère, aux écueils hérissés!
II porte haut la tête, et son allure crânePlaît à U opportunisme autant qu'aux radicaux,
Car très habilement il nage entre
Mais il est vulnérable et la
deux eaux.
source
de Glane
Pourrait bien
Avant que
engloutir sa popularité,
dans le port il se soit abrité '.
fichu, quatre paires de bas et enveloppa le tout
dans lin vieux jupon qui, d'après la bonne
femme, pouvait encore préserver du froid. Les
enfants pleurèrent en voyant partir la grande
sœur, car, en sa qualité de première venue, elle
les avait bercés tour à tour. Le père Lilot qui,
par surcroît, était tombé malade et grelottait la
lièvre au coin de la cheminée sans feu, avait
lui aussi le cœur gros en se séparant de cette
fillette de quinze ans, qui était douce et bonne
et ne lui avait jamais procuré que des satisfac¬
tions ; mais le bonhomme se consolait presque
songeant qu'il aurait une bouche de inoins
en
à nourrir. La misère
engendre parfois de
ces
ég.oïsmes monstrueux !
Quant à Lisette,
léger trousseau
sou
sous
le
bras, elle avait pris à travers bois, pour gagner
la grande route. Les cris et les larmes de ses
chers petiots lui avaient remué l'àme, presque
autant que la morne tristesse de ses parents ;
elle marchait néanmoins d'un pas assuré, en
TH EU LIER,
vraigentleman tout rempli d'élVgance.
che% les radicaux parfaitement coté
Pour avoir maintes fois, avec indépendance,
cence :
Contre
Un mois's'était à peine écoulé, qu'un voiturier frappait à la ferme. II remit à la mère
Lilot un paquet et une lettre. Le paquet conte¬
nait les bardes emportées par Lisette et la lettre
disait :
Est
Iopportunisme ouvertement voté.
La
richesse, à coup sûr, étant une puissance,
Theulier, que de ses dons la Fortune a doté,
Sagement s'en contente et laisse de côté
Les rêves que Gadaud fait avec persistance.
d'un
apôtre et la barbe et l'allure,
Puis ! onctueuse voix, et tels l'on se figure
Les bibliques héros de l'ancien Testament.
a
En somme, il est très doux, malgré son aspect rude;
Et comme, avant d'entrer au sein duParlement,
II fut notaire, on dit : C'est un homme d'étude!
ZIG.
LE R01 AI SE LILOTTE.
C'est
-—
cute
une
au
tour de M. Lebreton.
II
nous a
histoire réaliste, il faut qu'il s'exé¬
.
Chose promise est chose due, mes chers
amis, et je commencé :
.Mon histoire, messieurs les juges, sera brève...
Oh ! là, là ! il va encore une fois nous faire
avaler la Grève des Forgerons, clama l'avocat
Duronflard, un bavard, qui aurait pourtant bien
des raisons pour laisser parler les autres.
—
—
C'est tout
simplement un
graphe, dis-je, et voici mon récit
—
vers
Chers parents,
«
Vous trouverez sous ce pli un billet de
fr. Je vous retourne, pour mes sœurs, des
vêtements qui me sont inutiles ici, car mes
maîtres m'ont fait nipper de la tête aux pieds.
» Je vous embrasse
tous et
je suis, pour la
»
ioo
vie, Votre fiHe qui
en
épi¬
:
vous
aime.
»
Louise Lilot.
»
Avec les cent
francs, on paya quelques dettes
emplit la huche et ou"Ht provision
de bois. Lé père Lilot soigna ses fièvres et,
sitòf sur pied, il manifesta le désir d'aller Voir
la petiote, pour la prévenir que l'argent était
épuisé. Notre homme partit un dimanche matin
et arriva vers midi à Périgueux, où — soit dit
en passant — il n'avait jamais mis les pieds.
Son ami f aubergiste, après quelques hésita¬
tions, le conduisit sur Tourny, dans une ruelle
sombre, et le fit pénétrer, à sa suite, dans un
beau salon orné de glaces et de meubles
luxueux, qui éblouirent le paysan. Lisette ne
tarda pas à paraître : elle était vêtue d'une
belle robe de soie bleue, coiffée à la chien, et
son teint pâlot de jadis disparaissait sous une
couche de fard, qui lui donnait un air de santé
factice. La petiote se jeta en pleurant au cou
de son vieux père, que l'ébahissement rendait
muet. Après s'être informée de la santé de sa
mère, de ses frères et de sa sœur, Lilotte
voulut connaître la situation pécuniaire des
siens.
«
on
—
Nous
sommes
sans
le
sou
! dit le
campagnard. » La fillette, tout émue,
ses jupes, dénoua vivement sa jarretière
et prit dans son bas plusieurs
pièces d'or
qu'elle tendit à son père. « — Tiens ! dit-elle ;
rapaçe
releva
La vie devient de plus en plus dure pour les
braves gens de la campagne. Le père Lilot
pourrait
en témoigner, lui qui, après avoir trimé
quarante ans durant,, se vit, un beau jour,
réduit à la plus extrême misère, et il n'oubliera
jamais que, certain hiver, il dut maintes fois
recourir à la charité publique, pour donner
quelque pâture à sa nichée, composée de trois
mioches et de deux fillettes, dont famée, Lilotte, — on rappelait ainsi dans le village,—
allait prendre ses quinze ans à la Chandeleur.
Après avoir servi comme garçon de ferme
pendant de longues années, Jacques Lilot, qui
avait su réaliser quelques économies,' s'était
•marié
en
avec
la
lìlle de
ses
derniers maîtres et,
une pe¬
mourant, ceux-ci lui avaient laissé
tite propriété, qui, les économies aidant, avait
suffi longtemps aux besoins de la famille ; mais,
avec la lin de l'épargne, -les mauvais
jours sur¬
vinrent... et la marmaille aussi. "La gêné ne
tarda pas à se faire sentir dans le jeune mé-
Le
Jacques avait beau arroser
de sa sueur les sillons de son champ, Je champ
no produisait
plus, et, connue il savait le fisc
impitoyable, notre homme fut obligé de vendre
quelques lopins de terre pour payer lc billet
nagov.
vert da
pauvre
percepteur !
Voyant qu'ils ne pouvaient se tirer d'affaire,
Lilot résolurent do so débarrasser de
aînée, et, comme elle était petiote et
toujours maladive, on se décida á la placer à
la ville. Bans ce but, le
père Lilot fit écrire à
les époux
leur fille
Avec toute sa pompe, avril venait d'éclore
Et couvrait, en passant, d'une neige de fleurs,
Ce cercueil importun et le baignait de pleurs.
L'aubépine avait pris sa robe rose et blanche,
Un bourgeon étoilé tremblait à chaque branche ;
Ce n'était que parfums et concerts infinis,
Tous les oiseaux chantaient
sur
le bord do leurs nids.
Mais tout ce que vous racontez là, mon
Lebreton, ne tient pas debout, interrompit
tout à coup l'avocat Duronflard. Vous n'ignorez
pas, en effet, que les maisons de la place
Tourny, auxquelles vous venez de faire si dis¬
crètement allusion, sont placées sous la sur¬
veillance de la police, dont la mission consiste
—
cher
en interdire l'accès aux mineures.
Je n'ajouterai qu'un mot, messieurs mes
amis. C'est que le fond de cette histoire m'a
été fourni par le brigadier Dieuaide, et ceux
surtout à
—
qui douteraient de ('authenticité de mon récit
qu'à se renseigner auprès de l'ancien bri¬
gadier de police périgsurdin (1). Le lin matois
m'en a conté bien d'autres
et je vous les
répéterai peut-être un jour.
n'ont
,
Paul LEBRETON.
1,'ensanl cheminait à travers les grands chênes,
Se tournant quelquefois, mais n'osant pas pleurer.
criardes,
HISTOIRES ET COITES PÉRIG0Ì1ÍMS
promis
Elle finit ainsi... Par les taillis couverts,
Les vallons embaumés, los genêts, les blés verts,
Le convoi descendit, au lever de f aurore...
songeant qu'elle ne serait plus une charge
pour les siens... qu'elle pourrait même bientôt
leur venir en aide, et, pardonnez cette réminis¬
II
FONBELLE
qu'on avait, gratté ce document et changé
l'âge de la petite défunte.
tata
mais
va-t'en...
Tu
en
auras
d'autres avant
peu ! »
Eu effet, le
père Lilot reçut assez d'argent
pour reconstituer son aisance perdue et, tout
allait pour le mieux dans le ménage, lorsque,
par un beau matin d'avril, le voiturier qui por¬
tait d'ordinaire les billets de 100 fr. remit à la
famille une lettre bordée de noir et ainsi conçue :
Du lever au coucher du soleil, routes les co¬
quettes de la forêt venaient jeter un regard
dans la jolie fontaine, posée comme une
de saphir sur un manteau de mousse.
C'était
une
Hirondelle, voyageuse pressée,
qui secouait dans fonde transparente la pous¬
sière de sa robe ; c'était une Mésange, petite
curieuse, qui se penchait pour voir si sa toque
de velours était bien droite ; c'était une mi¬
gnonne Fauvette, qui se drapait des heures en¬
tières dans son peignoir de satin gris; c'était...
mais il y en a tant de ces élégantes des sa¬
lons aériens, qu'on ne peut toutes les nommer !
Un soir, une Tourterelle, trop timide pour se
mirer au grand jour, vint se poser sur une
grosse pierre, recouverte de pervenches, qui
servait de tabouret à ces demoiselles. Deux ou
trois fois elle tourna la tète pour s'assurer
qu'il n'y avait pas d'indiscret. Puis, elle pro¬
céda à sa toilette. D'abord, ce furent les petits
pieds qu'on chaussa de bottines rouges ; puis,
on se noua au
cou
un
microscopique fichu
noir, destiné à garantir une gorge délicate des
atteintes de Zéphir. Puis, on lissa brin à brin
les plumes du vêtement. On prit, sous l'aile
gauche, une feuille de rose pour s'en frotter le
bec et lui donner la teinte du corail. II n'y eut
pas jusqu'aux yeux qu'on entoura d'un cercle
d'or, en trempant auparavant un ongle dans
corolle de lis.
Pour qui tant
une
—
d'apprêts ?
se
demandait
un
Coucou, blotti derrière un arbre.
L'intrus, en redingote brune, était d'un som¬
bre aspect. II faut tout dire, il aimait la Co¬
lombe et avait peut-être un rival.
Un séduisant Ramier arriva bientôt : Gilet
de satin blanc, habit à la française, Dieu qu'il
avait de grâce! On causa... de. beaucoup de
choses. Du printemps qui était revenu , des
graines qui se faisaient raires,d'un joli nid qu'un
gros Bouvreuil, rentier, venait de se bâtir. A
mot de
ce
nid, la Tourterelle baissa les pau¬
pières et lit semblant de cueillir une pâquerette
dans le gazon. Le Ramier se rapprocha :
Je sais, dit-il d'un ton confidentiel, un
architecte habile, qui, avec moins de dépense,
serait un nid plus beau.
—
—
Vraiment, balbutia—t-elle
en
effeuillant la
pâquerette du bout de sa bottine rouge.
Je puis vous en dire le nom !
—
«
Cher
ami,
Ah ! vraiment...
II se nomme...
seuls ?
—
Mais,
—
Ta fille était trop chétive pour le métier
que je Ici avais choisi : elle est morte hier, et
je f amène son corps pour que tu le fasses en¬
terrer dans le cimetière de ton village. Sa maî¬
»
qui veut être bonne jusqu'au bout,
charge de tous les frais. »
tresse,
se
Ce billet funèbre —
était signé de l'ami
vous l'avez déjà deviné
de Lilot, de Taubergiste
périgourdin, qui arriva le lendemain, accompa¬
gnant un beau cercueil de chêne renfermant
—
agrafe
—
—
qui
sommes-nous
bien
Oui, oui.
Je
nie
vous
sais
un
rival, cet affreux Coucou,
aime...
Et que je n'aime pas, murmura la Co¬
lombe.
II n'est pas ici, je l'espère ?
Le nom de l'architecte ? demanda la mi¬
—
—
—
gnonne
intriguée.
les restes de la
petiote. On Lavait presque ou¬
bliée dans la famille, et le seul souci des Lilot
était maintenant de savoir si leur seconde fille
pourrait prendre la place de la pauvre morte.
Mais leur bon ami était bien trop préoccupé do
l'onlcrrement pour répondre à leurs questions !
11 voulut lui-même faire enregistrer le décès
et remettre
l'extrait de. naissance
la commune,
qui,
saiis -v
au
maire de
ajouter malice,
cons¬
(l)Al'époque de
avait
formé contre
qui
passé
ses
ses
démêles policiers, Dieuaide
chefs
un
volumineux dossier,
les yeux de nombre de personnes, à
Périgueux. Dans ce dossier, où se trouvaient des lettres
autrement accablantes, pour certains personnages, que
a
sous
les Révélations
de M. Dufrêne, Dieuaide expliquait
grâce á quelles complicités des jeunes tilles mineu¬
res avaient
pu être introduites dans les maisons de
tolérance.
P. L.
�L'ENtR'ACTE PÉRIGOURDIN.
Cet indigne Coucou !... Ah! vous ne me
trahirez pas ?...
Non.. non !...
Ecoutez !... II s'appelle l'Amour !
La Tourterelle faillit briser son miroir en se
laissant tomber dans la fontaine. Un cri lu—
—
—
gubre avait retenti !...
—
—
Cou,
cou
!
»
Que nenni ! riposta son galant en f entraî¬
—
nant
«
Perfide ! murmura le Ramier.
Je suis perdue ! s'écria la Colombe.
bois...
sous
Quant
au
méchant jaloux, il
répéta longtemps
triste cri, derrière tous les couples amou¬
reux. Le dépit le dessécha et le tua. C'est peutêtre à cause de cela que l'on dit : « Maigre
son
comme un
Coucou.
compagnait ! Cette petite tête si gaie, coiffée
d'un chapeau noir presque microscopique, re¬
levé d'une plume rose, surmontait un corps
aux formes rebondies, et, sur les épaules, tom¬
bait comme un brouillard, tant elle était légère,
fine et soyeuse, une chevelure d'un ton doux.
C'était ravissant de jeunesse et de vie. Et lui,
le malheureux, au lieu d'être gagné par cette
gaieté éclatante, restait le visage sérieux. J'au¬
rais parié qu'il lui avait fait une scène avant de
sortir. Sans doute, parce que, en achevant de
s'habiller, en tournant autour de lui dans la
chambre, bien close et déjà obscure, elle avait
fredonné, un peu haut, la chanson que toutes
les femmes murmurent tout bas
RACHILDE.
»
A toute la terre,
Faire les yeux doux
:
!...
Ah ! chère, c'est moi qui ne vous reproche¬
rais pas d'être coquette ! Au contraire, la
Versèz le vin bleu qui tache le verre !
Voici quinze jours que. de désespoir.
De froid et de faim est morte la mère ;
La fille, à présent, va rôdant le soir.
Luisait comme avant : II boit, il oublie...
Versez ! Le remords qui vient tôt ou tard
Au fond des flacons, sous la rouge lie,
Attendant son jour, guette le pochard...
II eut hier soir le vin triste en diable
Et comme il allait en battant le mur
Vers son galetas sale et misérable,
II crut voir, en un coin obscur,
La défunte, ombre vengeresse,
Se glisser, à travers la nuit,'
Et lè passé, plein de tristesse,
Se dressa vivant devant lui.
Alors, accroupi sur sa proie,
Le Remords ricana de joie.
Et quand l'aube vint,
Au numéro vingt,
En certaine rue
Rien connue
Le vent,
Soufflant
Par la chatière,
De la fenêtre à tabatière
Eut un corps pendu pour hochet
Versez le vin bleu qui tache
Peintures
A?
ami, et
agirez prudemment
déposant la plume qui vous sert de pinceau.
mon
vous
en
LA TROUVAILLE DE BONARDOT.
J'ai connu Bonardot adolescent, et
m'édifier tout à mon aise au spectacle
j'ai
de
pu
ses
assez bien l'idée qu'on se
avant la prise de l'habit,
confessionnal....
THfiATRE-COKCIRT.
l'agréable soirée qu'on peut passer, à
époque de Tannée, au Jardin d'Eté du
Grand Café do Paris !
Le dimanche et les jours de fêle, on y rencon¬
tre un auditoire un pou mêlé, généralement
applau¬
dissements, les refrains et les mois des chanson¬
nettes ; mais pénétrez dans le jardin un jour sur
semaine, le jeudi soir, par exemple, et vous serez
étonné de trouver là un public qui semble trié
sur le volet. Les femmes surtout
les hon¬
nêtes femmes s'entend, car la direction a rms
les autres à l'index ! — raffolent des amusants
—
spectacles du Théâtre-Concert. Tenez hier
soir, pendant que l'orchestre jetait au vent les
notes d'une mazurka au rythme palpitant, je
les regardais bien attentivement, nos Périgourdines, et j'éprouvais une jouissance raffinée et
.
Les vertus de Bonardot consistaient en ceci :
il était propre, rangé, tranquille, et, par-dessus
tout, chaste comme un saint de bois. Cette
chasteté le rendait si timide auprès des femmes
qu'on peut dire qu'il en avait peur. Aussi arrivat-il à sa 46e année qu'il était encore célibataire.
D'abord il s'était dit qu'il avait bien le temps
de se marier, et il n'essaya pas de le faire, puis,
quand il fut décidé, il était trop tard. On ne
voulut pas de lui. Voyant qu'on ne faisait pas
de cas des qualités dont il se sentait en posses¬
sion, Bonardot s'en chercha d'autres, il n'avait
pas l'embarras du choix ; mais il finit par s'en
trouver une que vous ne devineriez jamais....
11 avait trouvé qu'il était.... comment dirai-je
ça? qu'il était encore ... rosière.... A ses yeux,
c'était une qualité.... que dis-je, une qualité !...
C'était quelque chose comme une auréole !
Jusqu'ici, se dit Bonardot, les femmes
m'ont certainement mis au rang de ces libertins
si communs à Périgueux, mais quand elles vont
—
savoir....
Bonardot ne s'en disait pas davantage, mais
ses réticences dissimulaient des
montagnes d'es¬
pérances.... II fut abordé par un ami au sortir
de chez lui. Cet ami lui dit :
Tu ris tout seul, Bonardot, tu as quelque
—
chose, il y
a quelque chose là-dessous, tu n'es
pas si gai d'habitude. Tu vas me conter ça, hein ?
Bonardot était trop heureux pour n'être pas
délicate à les croquer... en imagination.
Voici deux grandes jeunes personnes, aux
expansif. II ouvrit entièrement son cœur. II
n'avait pas achevé de parler que son ami lui
se détachant vigoureusement sur
le fond noir et velouté de larges chapeaux har¬
diment campés en arrière et enveloppant les
deux tètes comme dans une auréole : deux
Van Dyclc descendus de leurs cadres. Leur
éclatait de rire au nez.
Ah ça ! vraiment, Bonardot,
entre dans tes idées de faire savoir
profils fermes
plaît à les accompagner chaque
musique, ne se fait- pas de scru¬
les conduire au Théâtre-Concert...
père, qui se
■dimanche 'à la
pule
pour
et il a, ma foi,
A côté, un
bien raison.
Chaplin : une douce figure de
jeune femme, à la bouche petite, aux chairs
rosées, aux regards noyés, perdus dans un rêve
qu'on aurait voulu partager avec elle. Des
fleurs au chapeau, des fleurs au corsage de la
robe aux nuances fugitives et changeantes,
vrai symbole de la femme Le vieux monsieur
qui lui parle est, dit- on, son parent... Heureux
parent !...
Partout des groupes où brillent des minois
féminins, et d'où s'échappent des papotages
exquis, des gazouillements délicieux.
lie ci, de là, des couples. Là bas, dans un
petit coin perdu dans sombre, une adorable
tète blonde, jeune, fraîche, ronde, un nez lin,
bouche
lèvres
rutilantes, souriant fré¬
quemment, comme pour montrer des dents su¬
perbes, et trois fossettes aux joues et au men¬
ton. Et, avec cela, un air si parfait de bonne
une
aux
humeur et de santé! J'enviais
celui.qui rac¬
—
lui dit-il, il
aux
femmes
Mais, Bonardot que tu es, tu n'y penses
pas? Si tu tiens à leur faire passer un moment
de bon temps, il n'y a pas de meilleure manière
de t'y prendre. Et puis, est-il bien nécessaire de
leur faire de pareilles confidences, Bonardot? Je
ne le
pense pas, et, pour ne te rien cacher, je te
dirai même que j'ai peur que tes insuccès
proviennent de ce qu'elles ont trop bien
que....
deviné
ton
cas—
Les femmes, vois-tu, mon
dégourdis, et tu nel'es
ami, aiment les hommes
Certainement, continua le conseiller de
Bonardot, la continence est une belle vertu, et
je suis le premier à lui rendre hommage; elle
pas....
honore
homme à
les
époques de la
fimaginer unie aux
grâces de la jeunesse.... Mais elle va mal à cer¬
taines figures, Bonardot; avec la tienne, elle me
produit un drôle d'effet.... Crois-moi, mon ami,
vie;
011
un
toutes
aime surtout à
se
idée ne vaut rien, laisse-la de côté, c'est le
meilleur conseil que je puisse te donner....
Or, ces sages avis agaçaient Bonardot, ne
le convertissaient pas, et. quand son ami et lui
se séparèrent, son idée lui souriait
plus que ja¬
mais. Notre héros n'eut donc rien de
plus pressé
ton
que d'oublier ce qu'on
chercher à mettre son
mois une voisine de face qui lui plaisait
singulièrement, peut-être bien par les contrastes,
car autant il était
simple et entortillé, autant
elle était délurée et paraissait en savoir long....
C'était son affaire; ce fut à elle qu'il résolut de
jeter le mouchoir. II lui écrivit la lettre suivante :
«
Mademoiselle, je vous aime depuis le jour
oh je vous ai vue pour la première fois. Je viens
vous le dire
aujourd'hui seulement, tant mon
pauvre cœur timide redoute de ne pas trouver
ques
dans le vôtre une réciprocité
heureux! Je ne suis pas riche,
dont il serait si
mademoiselle, et
ne
puis vous promettre de déposer à vos pieds
charmants des trésors que je ne possède pas.
Mais ,)'ai à vous offrir quelque chose de mieux
que des biens périssables : une âme pure, un
immaculé.... et l'innocence
corps
que
j'ai jus¬
qu'ici gardée. Méditez ceci, mademoiselle, je
vous
prie, et croyez que tout le monde ne pour¬
rait pas en dire autant.
Bonardot. »
Cette déclaration formelle de la candeur de
mœurs, suivie de la remarque insidieuse que
le monde ne pourrait pas en dire autant, lui
ses
tout
bientôt,
précieuses vertus.... 11 n'était pas beau, par
exemple, ah! mais non. Avec son grand nez,
son front fuyant, ses cheveux ternes collés aux
tempes, sa grande taille dégingandée, et, bro¬
chant sur le tout, Pair.... tout chose qui le ca¬
ignorantin
plan : il s'agissait de se présentes
nouvel aspect à une demoiselle à ma¬
rier— Justement Bonardot avait depuis quel¬
son
sembla un chef-d'œuvre de conception, et il en
attendit l'effet en pleine confiance.
Cette confiance ne devait pas être trompée.
Dès le lendemain, il se mit à sa fenêtre, espérant
trouver sa voisine à la sienne, et elle y parut
FANTAZIO.
quand il.est encore vêtu de cette redingote de
laquelle on dirait qu'on a pris mesure sur un
mouvant.
le verre !
par ses
tête,
fait d'un
en prose.
bruyant et aimant à souligner,
Eh! mais, eh! mais, monsieur Fantazio, vous
me paraissez en train de justifier un peu trop
votre nom. Le soleil de juin vous monte à la
ractérisait, il rendait
Ah !
cette
coquetterie, chez la femme, c'est le piment de
de sa longévité! C'est...
f amour et le gage
connaît,
sous son
venait de lui dire
et
de
plan à exécution;
on
le
en effet, et lui envoya un gracieux sa¬
lut. Bien plus : une heure après, il recevait une
lettre de M"0 Georgina (la voisine se nommait
ainsi) l'invitant à passer chez elle Pour le coup,
Bonardot faillit en perdre la tête.
Voici maintenant ce qui l'attendait.
La veille
soir, après qu'elle avait eu reçu la déclaration
au
de notre amoureux, la voisine, qui, au nombre
de ses visiteurs, je peux dire de ses amis, comp¬
tait quelques commis (elle travaillait dans la
confection), avait parlé ne la lettre de Bonardot,
avait fait connaître l'étrange contenu; natu¬
rellement 011 avait ri, et finalement les jeunes
gens avaient proposé de s'amuser aux dépens
de Bonardot; on devait le couronner rosier. Ce
fut un projet bientôt arrêté, et des mesures fu¬
en
rent prises en conséquence
qu'il recevait.
;
de là l'invitation
Quand Bonardot, bien endimanché, bien
pomponné se présenta le lendemain chez la voi¬
sine
il fut
.
reçu
avec
empressement.
Puis
Georgina lui demanda la permission de lui
présenter quelques amies, et elle le mit aus¬
sitôt en face de trois commis déguisés en fem¬
mes.
Bonardot était si ému
et
osait si peu
les
regarder qu'il se laissa prendre au piège.
Les prétendues demoiselles jouèrent, du reste,
parfaitement leur rôle; elles entourèrent Bo¬
nardot et lui tirent mille amitiés ; pendant que
Georgina était occupée ailleurs, elles dirent à
notre principal personnage qu'elles croyaient
savoir que celle- ci avait de grandes vues sur
lui, mais qu'avant de lui accorder une entière
confiance, elle voulait en obtenir un gage sé¬
rieux. Ce gage, lui dit-on, elle le trouverait
dans une affiliation à une société dont
allait lui proposer de faire partie, et, s'il
acceptait, il pouvait tout espérer, pendant que,
s'il refusait, Georgina serait contrariée.
surtout
011
—
Voyez-vous, monsieur Bonardot, lui dit le
boute-en-train de la fête, nous voudrions vous
voir faire partie avec nous de la société du Ro¬
sier ; mais d'abord, connaissez-vous la Société
du Rosier, monsieur Bonardot?
—
—
Non, mademoiselle, fit-il modestement.
vous saviez cz
Ah! monsieur Bonardot, si
qu'est cette société ! mais vous rapprendrez
bientôt, je l'espère, et un jour vous nous re¬
mercierez d'avoir
parmi
cil
l'idée de
vous
faire recevoir
membres. Aussi je compte que vous
acceptez notre proposition, vous voulez être des
ses
nôtres, n'est-ce pas ?
—
J'accepte, dit Bonardot, gagné parl'air de
lequel on lui parlait.
franche amitié avec
Eh bien! c'est
nellement j'ai des
—
entendu; et comme person¬
grades dans la société, je
avec le concours des demoiselles ici pré¬
sentes, procéder à votre réception, quitte à la
faire sanctionner plus tard par le grand-maître
de Tordre. Nous allons commencer par un in¬
puis,
terrogatoire sommaire. Monsieur Bonardot, ré¬
pondez à ma question : Croyez-vous à la vertu?
Ah ! mademoiselle, la vertu, c'a été le culte
—
vie! fit Bonardot levant les mains
ciel pour le prendre à témoin.
Bien répondu. Apprenez-nous maintenant
si vous êtes de cet avis : on est vertueux après
de
toute ma
au
—
l'épreuve, pas avant. Voyons, vous avez été
éprouvé et vous êtes sorti victorieux de l'épreu¬
Citez-nous un fait où une femme sans mo¬
ralité a tenté de vous faire dévier du droit che¬
min?
Bonardot cherchait, mais ne trouvait pas.
Hé! hé! hé! bêlait-il timidement, je ne
me souviens
pas....
ve.
—
�L'ENTR'AGTE PÉRIGOURDIN.
saient pas
II n'est pas possible "monsieur Bonardot,
au moins dans votre vie. .. Allons,
ne vous faites pas prier....
Mademoiselle, un jour j'étais seul avec
une femme....
Ah ! vous voye,z bien ! Je m'en doutais....
Seul avec elle, avez-vous dit?
Seuls tous les deux... Elle me regardait...
elle me regardait....
Elle devait trouver qu'il avait l'air joliment
—
—
—
voisin.
Elle vous regardait... C'est tout?
Elle médit comme ça : Parions, monsieur
petites tapes
ses
s'écria
Néophyte, reprit le boute-en-train, il faut
s'écria, parodiant la cérémonie du Malade ima-
—
Bonardot, que vous n'avez jamais aimé une
Bonarde, dignus
mademoiselle ! ai-je fait.
II ne
si simple, il faut en aimer
une.
— II faut oser. — A quoi
bon ?
Essayez toujours. — Je ne veux pas, je
suis tranquille comme ça, je resterai tranquille.
Tu as répondu ça ? ô Bonardot ! ht le com¬
—
—
Eh! non,
faut pas être
Je n'ose pas.
—
Mots
avec
ton
de l'admiration.
Oui, mademoiselle.
—
Ah ! que
—
Tu
Cré
le
c'est bien ! ah!
que
qu'il répéta
par
Bonardc, dignus
c'est beau !
volé!
rosier, Bonardot, tu ne l'as pas
coquin ! non, tu ne l'as pas volé !...
seras
intrare
trois fois.
es
intrare, etc
Quand la cérémonie fut hnie
:
,
—
etc.
Bonardot,
Puis-,.changeant de ton : — Maintenant, avec
l'assentiment de M. Bonardot et celui de ces
dit le burlesque pontife des rosiers, vous voilà
lié par des liens indissolubles, ne pensez plus
aux femmes....— Si ce n'est à Mile
Georgina...
demoiselles,
protesta
nous
allons prendre
une légère
les gâteaux
collation. — Georgtna, servez-nous
et le vin blanc.
Les commis avaient bien fait les choses; il y
avait force gâteaux et des vins blancs capiteux.
On bourra Bonardot de friandises et on le ht
boire rasades sur rasades. 11 eut bientôt la tête
montée. Néanmoins, malgré les fumées du vin,
il cherchait des yeux Georgina comme il eût fait
d'un secours contre un danger inconnu. Celleci le comprit sans doute, car elle s'approcha- et
lui dit d'un ton d'intelligence qui calma ses
—
DIRECTEUR
êtes né,
rosier vous
avez
vécu, rosier
Diable ! comme vous y allez ! s'écria Bo¬
nardot. J'ai été conduit ici par l'espoir d'être
—
jour le mari de Mlle Georgina et
Comment ! pudique Bonardot, s'écria celleci avec une feinte indignation, vous renonce¬
riez pour moi à une vie de continence qui fait
de vous l'être le plus curieux de Périgueux ! Je
ne veux
pas de ce sacrifice
J'en suis indigne!
II restait des gâteaux ; on ht boire encore Bo¬
nardot, on le ht manger, et pendant qu'un des
commis emplissait de pâtisserie une des poches
de son pantalon, un autre vidait sournoisement
un
—
moment nous causerons....
ne
vous
vous mourrez....
vagues inquiétudes : — Conhez-vous à ces de¬
moiselles.... c'est pour votre bien... Dans un
Cependant les prétendues demoiselles
Bonardot.
Soyez consacré rosier, continua l'offiçiant,
rosier
lais¬
m
jambes
—
un
en se
:
Que faites-vous ? Je suis inondé !
Posez votre pantalon....
Devant des demoiselles, jamais !....
Mais on ne l'écouta pas, et en un tour de
main on l'eut dépouillé de son inexpressible.
—
—
caleçons, Bonardot,
simplement vêtu, gei¬
gnant, se lamentant, se faisait une feuille de
vigne de ses deux larges mains.
Tout à coup on entend un grand bruit dans
Quand il sévit réduit à
honteux de
ses
si
se trouver
l'escalier.
Grand Dieu! la police! Nous sommes une
société secrète, sauvons-nous!!!...
Et toute la bande se jette de ci, de là dans les
escaliers en entraînant Bonardot, qui en un clin
d'oeil se trouve dans la rue. La fraîcheur de l'air
le rappelle au sentiment de la situation. II se
voit la tète nue, les épaules nues, sans pantalon.
II veut revenir sur ses pas ; mais au moment ou
il se tourne vers la porte, il y voit apparaître
figure rébarbative et un bâton qui se lève
Bonardot, poltron comme un lièvre,
perdant tout sang-froid, s'enfuit pour retourner
une
menaçant.
chez lui.
Mais ce n'est
une
plus
l'a fait sortir par
lui faut faire un grand
sa rue, on
porte de derrière; il
détour.
Sur son chemin il entend qu'on lui cric :
Eh ! Bonardot, qu'est-ce qu'il y a donc, tu
cours les rues en caleçons ? Ah ! polisson, je t'y
—
prends, cette fois, Lu t'écartes du bon chemin !
C'était son ami, son conseiller qui l'apostrophait ainsi ; mais Bonardot ne jugea pas le
moment favorable pour répondre, et
il ht
comme
s'il n'entendait pas.
Jean de La Limogeanne.
Le Gérant, SPA.
Périgueux, imp. LAPORTE,
anc.
Dupont et C°).
CHEF D'ORCHESTRE-
EATRE-
M. G. DONCHET.
liquide qui les lui rafraîchissait,
secouant
—
Puis il posa une couronne de fleurs blanches
sur la tête de Bonardot, et lui ht faire le tour
de la chambre en l'invitant à saluer chacune
des demoiselles, qui à son tour répétait :
—
mis
es
In nostro sancto corporc.
—
le contenu d'une carafe dans l'autre poche, si
bien que Bonardot, sentant'.couler le long de
ses
—
bête, coula l'un des commis dans l'oreille de
femme?
infortuné héros ; elles
maintenant subir la dernière épreuve, et puis
en rien de
temps ce sera fait.... Attention !
En parlant ainsi, il étendait les mains sur la
tête de Bonardot qu'il forçait à se courber et
—
—
mon
sur les joues; une d'elles s'assit sur
genoux; une autre lui prit la main et la
porta sur ses seins en s'excusant d'obéir ainsi
au
cérémonial obligé, en vue de l'éprouver.
Bonardot était sur des charbons.
On le plaça au milieu de la chambre.
—
son
respirer
l'embrassaient, l'agaçaient, lui donnaient de
qu'une fois
M. DOUCE.
JARDIN DU GRAND CAFÉ DE PARIS
Mieux de NT Elfen et Marthe PASCAL et de IT BLISKÀ
PREMIERE
DEUXIÈME PARTIE.
PARTIE.
1° Quadrille
ORCHESTRE.
2° Bras dessus
Mlle BLISKA.
3° Froufrou
M. BERNERON.
4°
1° Fantaisie
2° La Fête
ORCHESTRE.
au
Mlle GAILLARD.
village
3° Je l'ai quittée
Mlte M. CAZE.
ORCHESTRE.
4° Mazurka
ORCHESTRE.
5° Mort pour la Liberté
MUe GAILLARD.
5°
Mu« M. PASCAL
6° L'Enfant de la Forêt Noire.
Mlle M.
Galop
L'Egyptienne
GAZE.
6°
7° M. VOLAY
Lc P'tit vin
Un
Mon
Le
d'Chámbertin,
Verre de Poiré
8° M"e ELFEN
(en bis).
Le
Dans
ses
p'tit Entresol,
p'tit vin blanc (en bis)^
8° Mlle
bis).
.
NANCY,
PASCAL,
Naufragés, Carmen (en bis).
L'Archange Noir,
go Miie
VOLAY,
7° M"0 ELFEN
PASCAL,
Le Tambour (en
M.
Dans
ses
NANCY,
créations.
K à "O K â
créations.
L'Homme-Singe.
G OISTSOMMATIOMS
G
IDE
CHQIX.
—
GLACES
ET
"SORBIITS.
,
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_008
ark:/30098/47vc
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 8, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/35c2575f9139d7ae8bf034d4f052a815.pdf
ee104d23405a5c5e57a179b481fceafc
PDF Text
Text
Prix
Première Année
LITTÉRATURE, ARTS, THEATt
ABONNEMENTS
Six mois.
:
Numéro 1
10 centimes
'COMMERCE
INSERTIONS
Annonces
Réclames.
fI BIBUOTHníRP*
DE LA VILLE
1
PÉRIGUEUX
INDUSTRIE
�L'ENTR'ACTE
de
père.... à un point de vue purement
putatif, bien, entendu : j'ai nommé le
directeur du Grand Café de Paris, l'aimable et jovial AL Nény.
Périgueux, le 23 mai 1886.
inaugure
d'Été transformé,
comme
qui,
aux
Et que Douce, sans crier : Gare !
Donne son premier coup d'archet ;
fidèle à
sa
tâche,
vité et tous
face rubiconde,
Rayonne le contentement,
C'est que la clientèle abonde
des perfectionnements si consi¬
dérables, qu'il a pour ainsi dire trans¬
formé la chose cle fond
en comble.
Et tout cela, sans bruit, sans
tapage,
même avec une peur inouïe de. la moin¬
dre réclame. Aussi suis-je
persuadé
d'être absolument désagréable à notre
Lorsque, quittant 'la promenade,
Vous rentreq au Jardin d'Eté,
Demandei bière ou limonade,
Sans crainte d'être rebuté.
Le patron,
Sait,
homme, en appuyant un peu sur la
chanterelle, et en soulignant, plus qu'il
ne désirerait, les nombreux embellis¬
toujours fort aimable,
infini,
avec un art
Vous
le confortable.
jamais dit : Nenni !
assurer
Car il n'a
sements
ZIG.
CAUSERIE.
LE LIMONADIER
MÉLOMANE.
La pluie et la maussaderie
qu'elle en¬
gendre ne durent jamais qu'un temps !
Voici, en effet, venir le printemps et avec
lui les harmonieux concerts du
rossignol
et de la fauvette. C'est
l'époque où tout
réveille et frissonne dans la nature,
où la sève, plus abondante, coule à
se
pleins bords dans les vertes ramures;
où le cœur est agité d'ardents désirs,
assoiffé de baisers
naît
sans
tin, où
tout
re¬
s'agite, où les matinées sont
pleines de gazouillements joyeux, où
les nuits s'écoulent, calmes et
parfu¬
mées, sous les regards amis de la blonde
et
Phébé.
C'est aussi
concurrence
de
nos
à neuf
pour
faire
à tous les chanteurs ailés
jardins
Café-Concert
et de
nos
bosquets, le
rouvre
ses
portes et re¬
joyeux flonflons. C'est
l'époque où, tous les soirs, pendant
quatre mois de Tannée, tout en humant
met
un verre
brinus,
ses
de la boisson chère à Gamles amants de la divine Eu-
terpe peuvent, à peu de frais, satisfaire
leurs aspirations musicales.
Et ils sont nombreux, à
Périgueux,
les amants de cette muse de la musi¬
que ! La place qui m'est dévolue dans
1 Entr acte est malheureusement
trop
restreinte pour pouvoir, mème en un
rapide kaléidoscope, faire passer sous
vos
yeux
tuoses
dont
les portraits de tous
nos
périgourdins, auxquels les
vir¬
mo¬
destes tréteaux du Café-Concert ont
servi d'antichambre au
temple de la
Gloire.
Aussi, pour ne froisser aucune sus¬
ceptibilité (et vous savez que de toutes
les susceptibilités, celle des artistes dra¬
matiques, lyriques ou autres est la plus
chatouilleuse), pour ne point faire de
jaloux, j aime mieux ne pas m'occuper
des artistes, et vous
présenter seule¬
ment celui
qui, à Périgueux, leur sert
il
est
D'auteur respon¬
sable.
Je pourrais, tout comme un autre,
me lancer dans des
descriptions sans fin
piller sans vergogne tout le trésor
de qualificatifs louangeux que renfer¬
ment les lettres de M""' de
Sévigné ;
je pourrais me figurer un moment que,
par l'effet d'une métempsycose instantanée, le grand consul Duilius et le
et
directeur du Café de
Paris
ne
sont
qu'une seule et mème
transformer, à
flûte
mon
personne, et me
tour, en joueur de
chargé .de célébrer la gloire im¬
mense
Pouvait-il, d'ailleurs,
en être autre¬
C'était comme une prédestina¬
car un limonadier aussi bécarre
ment ?
tion
:
le directeur du Café de Paris, était
capable de donner le bon ton à son
coquet établissement.
que
seul
Jehan
des
BARRIS.
LE
Du
grand limonadier Nény !
Mais, je
vous le répète, je connais
homme sur le bout du doigt : la
violette et lui sont frère et sœur pour
la modestie ; et puis, si, par aventure,
il éprouvait le besoin de me remercier,
il se croirait obligé de joinclre à ses
mon
D'offre
d'un
nombre
quelconque de bocks ; or, mon estomac
ne
digère que difficilement cette mix¬
ture de houblon, et
je serais dans la
pénible nécessité de refuser, nouveau
Cimon, ces présents cle l'Artaxercès
périgourdin.
Toutefois, dût 1 horreur native de
homme pour les coups de grosse
caisse se manifester d'une façon désa¬
gréable pour moi, je ne pouvais laisser
passer D'ouverture du Café-Concert sans
vous dire un mot de celui
qui tient les
rênes de cette fabrique de croches, de
soupirs ou de points d'orgue, et sous le
regard olympien duquel .vont éclore et
naître à la vie périgourcline quelquesnotre
de ces
idiots que le
uns
refrains
délicieusement
public fredonne pendant
de-longs mois, et dont la vogue est fi¬
nalement consacrée par les gens im¬
partiaux qui écrivent l'histoire... sous
forme de revues de fin d'année.
Grâce à ses aptitudes spéciales pour
la musique, grâce à son entente con¬
sommée de la romance et clé la chan¬
grâce surtout aux sacrifices
sortes qu'il a su
s'imposer
pour faire du Jardin d'Eté de Péri¬
gueux un cles modèles du genre, le
gros et jovial AL Nény méritera de
sonnette,
de toutes
MARIA&E B''HECTOR.
Qu'est-ce que tu m'apprends-là !....
Hector est marié ?
On voit bien que tu reviens d'un
voyage au long cours. Hector a épousé, il y
a environ un an, >I"C M...,
qui lui a apporté
douze mille livres de rente, et, s'il faut l'en
croire, « sa femme est un ange. » En ré¬
sumé, notre ami jouit d'un bonheur parfait.
—
—
—
Quel est
l'ágent matrimonial qui lui
découvrit cette perle ?
—-11 la découvrit lui-même, et jo te
probablement sourire
en
ferai
ajoutant que notre
ami Hector a trouvé sa femme dans la ri¬
vière.
L'eau m'en vient à la bouche. Contemoi cela ?
—
Tu
—
n'ignores
pas que
;,ient docteur ***, est
ton oncle, l'excel-
chaud
partisan de
l'hydrothérapie. notamment des douches
de Barnabé, que chaque année il se fait un
devoir de recommander à la plupart de ses
clients et clientes : mais parions que le bon
docteur ne se doute guère qu'en conseillant
les bains de rivière à M11" M..., il lui facilita
un
mariage où elle
.le
a
un
trouvé lp
bonheur.
vois pas le rapport qui peut exis¬
ter entre les bains de Barnabé et le mariage
d'Hector.
Attends un peu et écoute les curieux
—
ne
—
détails qui
«
remerciements
l'époque où,
ne pas
soins à faire du coquet
gueux
bel établissement.
son
ses
poser à aucune mésaventure. S'il n'a
pas été le créateur de ce rendez-vous
artistique, il lui a, du moins, depuis
deux ou trois ans, infusé une vie nou¬
velle et a apporté à ce coin de Péri¬
Périgueux chacun vante
Le succès mérité, vraiment !
Dans
faire écrire lard.)
son établis¬
sement, un centre de réunion où la
meilleure Société pût venir sans s'ex¬
figure avenante
chef de /'établissement
sur sa
compositeurs sont priés de
me
jardin d'été qui dépend de
C'est bien la
Si,
(Messieurs
« restaurateur des belles-let¬
M. Nény, depuis son arrivée à
Périgueux, a consacré toute son acti¬
qu'il ne se fâche,
portrait de l'ami Nény.
Dont à
le plus souvent à l'œil,
nombreux littérateurs qui pullu¬
sur
l'asphalte parisien, de succu¬
en servant,
».
tres »,
prestement nous a fourni,
Du
restaurateur de l'art
«
les
appelé le
Sans redouter
Le
au
lent
lents beefsteaks et clu Cháteau-Lafìtte
de derrière les fagots, a mérité d'être
Quand chacun de nous se prépare
Q'I juger la troupe Donchet,
Sem
grand Côme de
temps de la Renaissance,
de nos jours D'illustre Brébant
Médicis,
Quand le programme nous assure
Que le publ c sera charmé ;
QÁrtiste
porter, dans l'histoire locale, le titre de
Comme autrefois le
O/lu moment où l'on
Le Jardin
PÉRIG0URD1N.
m'oht été fournis à
Au mois de
ce sujet :
juin dernier, près des
ar¬
ches du moulin de Barnabé, tu aurais pu
voir deux baigneuses, dont la timidité et
beffroi dénotaient des débutantes. Paraly¬
sées par les froides caresses de l'eau, qui
leur montait tout au plus à la ceinture, les
deux femmes restaient immobiles, n'osant
plus ni
ni reculer. Survint un
homme qui, avec toute la
grâce dont le rendait susceptible son cos¬
tume de baigneur, tendit, la main à MlleM...
et lui offrit de 1 aider à gagner la vanne, où
l'eau rapide et bouillonnante est vraiment
avancer
charmant jeune
salutaire.
La lillette
regarda la maman qui, à son
tour, dévisagea le jeune homme. La mise
de celui-ci laissait peut-être à désirer — il
n'avait qu'un simple caleçon ! — mais la
figure était loyale et honnête, le regard
»
franc et bon. ,M'"e
veuve
M... fit
signe qu'elle
consentait, et, avec cles attentions et des
soins réellement paternels, le bel Hector —
tu as déjà, sans doute, deviné notre ami ? —
conduisit la jeune lilíe au plus fort du courant, où, tout, en se cramponnant à son
compagnon, elle put prendre un excellent
bain. Un qu'art d heure après, M"0 M..., toute
rouge et tout émue, rejoignit sa mère, sous
la conduite cle son cavalier, qui salua comme
il l'aurait fait dans un salon en ramenant
danseuse, et s'éloigna... à la nage !
Le lendemain, cette petite scène se re¬
nouvela, et les jours suivants également.
Hector était toujours là au moment voulu,
et
qui sans cloute avait pris ses
renseignements, paraissait toute fière de
sa
»
confier sa fille aux bons soins d'un aussi
brave garçon. La santé de M"0 M... parais¬
sait se ressentir de ces .bains de rivière, et
s'excellent docteur en était très fier : « L'hy¬
drothérapie, il n'y a que ça! » répétait-il
tout triomphant, e'n voyant de fraîches cou¬
leurs renaître sur la ligure cle sa cliente.
» N'est-ce
pas Georges Sand qui a dit que
presque tous les romans d'amour commen¬
çaient par un serrement de main ? .M"0 M...
ne pouvait
pourtant pas se formaliser de ce
que son baigneur lui pressait la main et
�L'ENTR'ACTE
môme la taillejau moment où le courant
allait l'emporter, et puis, faut-il le dire ?
elle savait gré à ce bon .jeune homme de
venir
ainsi, chaque après-midi, l'aider à
prendre son bain. Elle fut donc enchantée
le jour où elle entendit sa mère inviter
l'ami Hector à dîner pour le lendemain. Le
madré galant s'empressa d'accepter, et,
après ce dîner, les visites et les entrevues
se succédèrent si rapidement, que personne
ne fut surpris en apprenant que le mariage
d'Hector et de M1!e M... aurait lieu très pro¬
chainement à St-Front. »
Des feux qui s'allument dans l'eau !
Voilà un ellet imprévu de l'hydrothérapie...
PÉRIGOURDIN.
Plus de boniment! c'est-à-dire plus de ces
fantaisies abracadabrantes qui vous clouaient
surplace, œil hébété, bouche bée ; plus de
plus de parade. Aujourdlhui le tré¬
teau est digne, sérieux et la réclame s'y lait
Paillasse ;
des mots de dictionnaire !
avec
Navrant,
vous
au
plafond. C'était
Bettinet et Passelacet ont emporté le secret
de leur éloquence devant l'Eterne!. Le saltim¬
banque se meurt, le saltimbanque est mort. La
politique a tout absorbé! C'est pourquoi je vois
enthousiasme revenir la Saint-Mémoire.
avait fait la connaissance de
FANTASIO.
Oh !
quelle supposition, mademoiselle!...
d'air qui a fait le coup... Moi
souffler, jamais!... Mais à quoi bon une bougie
allumée,
épargner à
Moi
j'en suis incapable!...
Aujourd'hui, c'est bien différent : toutes
jolies, les Périgourdines ! toutes plus jolies les
unes que les autres !
ajoutait ensuite malicieusement, pour se venger ;
—
ans.
Cette demoiselle
au
bien vilain
pelait Céleste,
comme par une
du sort, et pas un garçon n'en
Je me trompe, Fumadiére
que ce Fuma¬
diére? me demanderez-vous. Je vais vous le
dire. Fumadiére était un honnête garçon cher¬
chant femme depuis 17 ans déjà et paraissant
menacé, à son grand dépit, de subir le sort de
M"c Céleste, de mourir dans le célibat.
—
En voici la n ison : Fumadiére
et M110 Céleste ne se savaient pas seulement au
monde ; celle-ci ne sortait guère que pour aller
servera-t-on.
à
:
prose
Vous souvient,-il de la Saint-Mémoire d'au¬
trefois ? Quelles l'ètes, mes amis, et comme on
s'y préparait ! Tout bon Périgourdin était à son
poste, je veux dire à Périgueux, ce jour-là ;
mémo on cite deux voyageurs, je les
pourrais
nommer, qui revinrent de Naples tout exprès
pour prendre leur part des réjouissances. Au¬
jourd'hui, c'est à peine si l'on vient do St-Astier. Le patriotisme s'en va !
D'ailleurs, est-ce bien encore la Saint-Mé¬
moire ? Où est ia tentation de saint Antoine?
J'ai beau chercher, je ne vos (pie femmes
colosses,
somnambules
«valeurs de sabres.
saint qui charmiez
extra-lucides, lapins
mon
enfance
qu'ùles-vous devenu?. Et toi, son compagnon,
le feu du grand diable d'enfer, qui te menaça
si souvent, a-l-il fini par le dévorer, ou bien,
imnicine scelus ! es-tu tombé
prosaïquement
ic fer d'un boucher ?
La Saint-Mémoire naïve et
sous
simple du temps
: elle a en¬
jadis s'est mise à la mode du jour
dossé cravate blanche et habit noir, et ses
vieux amis ne la reconnaissent plus !
J'ai
pourtant revu, il y a peu d'années, la
Tentation de saint Antoine. Hélas ! trois-fois
hélas ! saint Antoine aussi avait suivi lo mou¬
vement : il était devenu gommeux !
Avez-vous
remarqué
le salliiiibanque
tend à disparaître ? C'est la réflexion que je
que
faisaisd'au dernier, en flânant à travers ìa
foire. Partout, sur les tréteaux, -on voyait des
messieurs élégants, bien disants, avec chaîne
d'or sur le ventre et bagues à tous les doigts.
Mais de boniment, pas une bribe !
me
ne
mettait
bonnement chauve
tout
jamais les pieds
ce n'est pas qu'il fût
non, Fumadiére était
.
et si
chauve, si chau¬
ve, que bien certainement si Fumadiére s'était
décoiffé dans notre vaste basilique, bien sûr il
en
serait sorti le plus enrhumé de tous les
hommes.
Donc Fumadiére ne mettait pas les pieds
dans Saint-Front par crainte de s'enrhumer, et
voilà comment il se faisait que M"e Céleste lui
était inconnue et que par conséquent il n'avait
pu
savants
S'il
Péglise, Fumadiére,
athée ou libre-penseur;
LA SâWT-MiMaiRE,
Grand
rencontrer.
à
ZIG.
ou
Saint-Front, et Fumadiére, ne mettant jamais
pieds à Péglise, n'avait pas eu l'occasion de
les
D
Tourtant, à cette heure insolite
Que notre plume vous dépeint,
On peut voir K..., gagnant son i/ìte
II vient de « poser un lapin ! »
en
un
Pourquoi ces deux infortunés, si bien faits
s'entendre, ne se mariaient-ils pas ? ob-
la route
cintn res
voulait.
devait être
pour
solitaire,
mystérieux,
Laissant flotter dans /' atmosphère
c~M ille parfums fallacieux !
sur
visage s'ap¬
amère dérision
jour le mari de M"0 Céleste.
Qu'est-ce que c'était donc
Les cúreurs de boîtes à sable
Et,
vous
11 y avait une fois, à Périgueux, une demoi¬
selle affligée d'une bien vilaine figure.
Une Périgourdine laide! qu'est-ce que
vous nous dites- là? me ferez-vous.
Ab ! mais, attendez, jc parle d'il y a 3o
—
Tassent des chars
le spectacle de ma laideur.
laide ?
trouver laide, mademoiselle,
vos yeux
Avouez que vous me trouvez
—
Triste lot !
comme ça,
avec des hypocrisies de chatte.
monsieur Fumadiére, vous aimez
l'obscurité! Parions que je devine? C'est pour
LES REVELATIONS DE Ml!c CELESTE.
Travaillent ferme.
si bien
Ah!
—
Paul LEBRETON.
indispensable,
nous nous trouvons
ajoutait-il
—
vacillant falot,
courant
un
dans l'obscurité... C'est charmant, l'obscurité...
avec une femme.... avec une
jolie femme....
—
un
jugea
Mais M"0 Céleste, plus fine que Fumadiére ne
le pensait, lui disait alors :
Vous avez soufflé sur la bougie, monsieur
—
est
Qu'éclaire
future: il
nez chargé de lunettes à verres
fumés; il lui arriva d'éteindre la lumière quand
il crut pouvoir le faire sans qu'on s'en aperçût.
C'est
d'un bonheur
parfait. Son ménage
pour¬
tant compliqué de la belle-mère.
Notre ami a toutes les veines ! Mme M...
est morte il y a six mois.
Ah ! tu m'en diras tant !
Faisant leur ronde
sa
que vue à la bougie elle devait, être moins laide
que le jour.... il ne lui faisait ses visites que le
soir. Sous prétexte de mal à la vue, il venait
—
Mais, pardon ! tu m'as dit qu'Hector jouissait
carrefours sombres,
Les pochards, exténués, fourbus,
Rendent à la faveur des ombres
Les nombreux litres qu'ils ont bus.
de lui ou bien les fixer
milieu de l'hiver qu'il
Fumadiére.
—
Q/lux détours des
au
quelquefois le
dis-je.
sans
les promener tout autour
la demander en mariage, deux conditions
qui auraient eu un résultat différent,
connexes
dans le
Mais
cas
contraire.
jour M"e Céleste était allée aux
provisions sur la Clautre, contrairement à ses
habitudes; Fumadiére la vit, et. se trouvant
un
la première fois devant un parti inconnu
recherché, il s'empressa de s'in¬
former, puis de se poser en prétendu.
pour
et non encore
Avec les mêmes idées et la même
situation,
devaient facilement tom¬
ber d'accord; c'est ce qui arriva. Sans doute ils.
furent peu enchantés l'un de l'autre : si elle
n'était pas belle, Fumadiére, de son côté, était
loin d'être un Adonis; mais ils se gardèrent
nos
deux personnages
bien de renoncer à s'entendre.
Ce qu'il y avait de drôle , c'est que cette
si laide avait des.prétentions ;
Alors notre héroïne, qui, si elle était laide,
n'était du moins pas bête et devinait sans peine
le mobile des petits calculs de son futur, se
mettait à sourire en rallumant sa bougie, et elle
Mais, monsieur Fumadiére,
—
-Vous savez, monsieur Fumadiére, lui ditelle le Lndemnin du jour où il s'était déclaré,
je consens à vous accorder ma main, mais à
une condition : je veux être aimée
pour moimême— Pour moi-même! entendez-vous?
reprit-elle
en appuyant sur les derniers mots.
Peste ! comme elle y va! pensa Fumadiére.
Et il avait raison. Etre aimé
pour soi-même
é ait une trouvaille encore fraîche il
y a 3o ans,
mais elle n'en était pas moins fort, surprenante
dans une pareille bouche. Toutefois, ie mot
était á la mode, toutes les demoiselles voulaient
être aimées
pour elles-mêmes, c'est-à-dire pour
leurs qualités personnelles, pour leur beauté et
leur esprit, non pour leur dot.
Fumadiére courba le front sous la condition
et se
disposa à obéir le mieux qu'il lui serait
possible. 11 se trouvait même heureux de son
sort; mais il avait beau se réjouir d'avoir enfin
trouve une lemme, il ne
pouvait se faire au
visage de M"' Céleste. Aussi, pendant qu'il lui
faisait la cour, il imaginait toutes sortes de
stratagèmes pour épargner à ses veux la peine
de la regarder. C'est ainsi qu'on eût
pu le voir
cligner des.yeux comme un chat qui médite,
remarque
—
—
êtes chauve?,...
Chauve ! Moi? Je voudrais bien voir ça !
Chauve! comme vous y allez !
Quoi qu'il en soit, Fumadiére, partagé entre
des sentiments très divers où l'horreur du laid
avait une trop grande place, tenait bon maigre
cela, et, tout en redoutant de ne jamais aimer
—
future, était pourtant certain d'arriver à ce
desideratum de tout mari bien pensant, rendre
heureuse celle qu'il a épousée.... L'heureux
mortel! II ne se doutait pas qu'il serait un jour
amoureux de sa femme. On i;e se doute jamais
de tout.
Voici la chose. Mllc 'Céleste possédait des
sa
jamais soupçon¬
prétendait qu'elle était faite
avantages qu'on ne lui aurait
nés. Sa couturière
au
tour, et néanmoins ses robes, sur ses ordres,
avaient été toujours, jusque-là, façonnées de
manière à laisser dans l'ombre ses perfections
physiques. Pourquoi? L'expliqqe qui pourra.
Mais, dès le jour où elle fut fréquentée par
Fumadiére, ayant fait la commande d'un vête¬
ment,
elle le voulut taillé à la dernière mode et
coquettement.
Mlle Céleste
ménageait bien certainement
surprise à son futur, et il ne lui manquait
plus sans doute que l'occasion. Cette occasion
ne se fit pas attendre.
une
Le Carnaval était là. Une invitation au bal
lui fut adressée; elle qui, jusqu'ici, avait l'habitude de refuser de pareilles politesses , accepta
cette fois avec empressement, et parla de Fiinvi¬
tation à son futur.
Je vous préviens, monsieur Fumadiére,
—
que
je
compte sur vous pour
Ah !
beaucoup danser.
Dieu ! pensa Fumadiére, la belle
figure que nous allons faire à nous deux, j'en
ai d'avance la chair de poule!
—
Le
mon
jour du bal arriva enfin. Fumadiére. de
habit noir, se cra¬
de blanc, fit les frais de cheveux d'emprunt
mauvaise humeur, passa un
vata
dont il
tille
j'ai
décoiffez jamais. Pourquoi ?
Mademoiselle, je vais vous dire : je crains
les rhumes de cerveau, ils me tombent imman¬
quablement sur la poitrine et.,..
Ah ! je croyais que c'est parce que vous
que vous ne vous
orna son
chef, il avait l'idée de s'en¬
nuyer plus que de raison.... Mais quel ne fut
pas son étonnement quand il se trouva en lace
de sa future transformée par une toilette qui lui
allait à ravir ! On eût dit que son visage luimême s'était métamorphosé. Et quelle taille !
quelles épaules ! quelle grâce ! Quant au cor¬
sage et à son contenu j'insiste sur ce dernier
point, cela seul eût suffi à mettre toutes les
,
têtes des danseurs à l'en vers. On pense ce qu'il
dut en être de Fumadiére. Son faux toupet dé¬
ménageait; impossible de le retenir sur sa tète
ébullition, ce n'était pas trop de ses deùx
mains. C'étaient surtout les beautés que ren¬
fermait le corsage qui excitaient le plus l'admien
ration du trop prosaïque
Le lendemain, on jasa
Fumadiére.
beaucoup dans Pcrirévélations de MUc Céleste. Les
étaient tous pour elle ; mais les
danseuses, avec la même unanimité, dissimu¬
gueux sur les
jeunes gens
laient mal leur
dépit
;
elles disaient ironique¬
mêlant Fumadiére à leurs propos, que
ne
possédant pas un sou, notre héros devait se
trouver heureux d'épouser une personne ayant
ment,
de si grosses raisons de plaire; sans
maintenant qu'il en avait pu juger de
doute,
visu, et
peut-être mêmé de tactu, ajoutaient les plus
malignes, les raisons sur lesquelles M"c Céleste
�PÉRIGOURDIN.
L'ENTR'ACTE
appuyait
ses
Toutefois, elle était plus touchée qu'elle
prétentions d'eíre aimée pour
'elle-même, devaient l'avoir suffisamment
voulait le
con¬
furent rapportes à notre hé¬
roïne ; elle ne s'en étonna pas, elle s'y attendait.
Mais ce qui avait trait à Fumadière lui fut
sensible, hlle n'avait pas songé jusqu'alors à
faire, au sujet du manque de fortune de son
donner de
bougie éteinte,
lunettes de
ses
fit, mais elle
même d'une rupture....
Quand cette menace fut proférée, Fumadière,
qui venait de se découvrir des rivaux, fut at¬
terré. II se plaignit, elle nè l'écouta pas; il
bouda, cessa ses visites, les reprit, accumula les
menaça
maladresses, multiplia les folies, et finalement
condamna lui-même à ne plus oser se pré¬
senter devant sa future, tombant, par suite,
dans une mélancolie noire qui prit bientôt les
proportions du désespoir..,, ■
se
Un matin M"e Céleste vit entrer chez elle
de
—
—
une
voisines
qui s'écria :
Ah! mademoiselle, quel malheur!
Fumadière vient de se brûler la cervelle !
ses
M.
une
condition.
votre
—
taire, rire
ou
visites. II
désespérant.
supportait
avec
t-elle, que celui qui m'épouserait, m'aimerait
pour
moi-même?
Oui, mademoiselle, et jamais vous n'avez
dit plus vrai : vous êtes aimée pour vous-même,
car ce qui a conquis mon amour, vous le pos¬
sédez bien en propre, ce don du ciel vous est
bien personnel ! — II ajouta tout bas, dans sa
—
rester
II attendit
faisait humble, il
—
barbe :
Je crois bien ! il n'y a pas le moindre
de coton....
Jean de La Limogeanne.
Quinze jours s'écoulèrent, la blessure se cica¬
trisait, mais Fumadière n'embellissait pas, c'é¬
tait
se
patience d'ange les quolibets de M"e Céles¬
te, il fit si bien qu'il finit par la désarmer et
qu'un jour, de guerre lasse, elle laissa tomber
ces mots, accueillis avec bonheur :
Tenez, je vous accorde ce que vous me
demandez. Devenez mon mari, puisque c'est
votre désir.... Mais vous l'avais-je dit, continuaune
dépens.
billet. L'idée que je ne peux
réaliser le vœu le plus cher à mon cœur m'a
fait prendre la vie en dégoût. Peut-être croirezvous enfin que je vous ai aimée pour vousmême, puisque je meurs parce que je ne peux
pas autrement vous le prouver. Adieu pour
demande de ma main, avouez-le ?
Oui, mademoiselle, fit l'infortuné d'un air
piteux, en détournant le visage pour échapper
au regard moqueur de sa
belle, qui semblait
heureuse maintenant de pouvoir lui rire au
nez. simple affaire de revanche.
Malgré cet accueil, Fumadière continua ses
muscles de la face lui
Mademoiselle, j'aurai cessé de vivre quand
Fumaûière.
mettait
sérieux, le jeu des
imposait de telles grima¬
ces, et il se trouvait si comique dans sa laideur,
qu'il ne pouvait se retenir de rire à ses propres
ou se
vous recevrez ce
toujours!...
y
Avant de
était loin d'agrémenter la figure de Fumadière.
Le jour où il put se regarder dans une glace,
Fumadière fut consterné. Qu'il voulût parler
Que dites-vous là ! fit la vieille fille terri¬
fiée.
La nouvelle était à peu près vraie. Quelques
mots écrits de la main du suicidé vinrent donner
des éclaircissements; en-voici la substance :
«
J'en suis sûre.... vous allez voir. (Elle le
prit par la main et le conduisit devant une
glace.) Eh bien! vous le disais-je? vous voilà
convaincu, je suis presque belie à côté de vous.
Je ne puis vous regarder sans rire, et franche¬
ment il ne m'est
pas possible de devenir votre
femme, car vous êtes venu pour renouveler
•—
prendre une détermination, disait
sa
réponse, je tiens à vous voir, ayant appris
que votre blessure vous rend méconnaissable....
Mon mari, non-seulement m'aimera pour moimême, mais il ne sera pas laid, ajoutait-elle. Je
connais trop les désagréments de la laideur, et
j'en ai trop souffert pour vouloir en souffrir
encore, sinon pour moi, du moins pour celui
qui doit partager mon sort. »
Cette condition mit la puce à l'oreille de
Fumadière. Notre héros, quand il s'é'tait tiré
un
coup de pistolet, avait eu en vue non de se
tuer, pas si bête, mais de s'effleurer la peau : ce
de.vait être suffisant pour toucher le cœur de
M"0 Céleste. Mais le coup, dirigé vers la bou¬
che, avait emporté les moustaches et déchiré la
lèvre supérieure. Le chirurgien avait opéré la
suture ; toutefois, le point qu'il avait donné
«
fuyant
elle le
ses regards la
verres fumés ;
lante.
ses
qu'elle voulût bien lui pardonner. Ge qu'elle
ne se
rabrouait, elle lui reprochait ses dédains d'au¬
toujours,
—
nouvelles. II prit donc une plume
semitàl'œuvre. II demandait, dans sa lettre,
et
privait pas, et Fumadière ne gagna rien dans
son esprit, malgré sa fraîche conversion ; elle
ne
le lui cacha point. Depuis ce jour, elle le
trefois. la
—
Quelques jours se passèrent. Lorsque Fuma¬
dière, qui n'était que légèrement blessé, apprit
qu'elle s'était informée de son état, il se dit qu'il
fallait profiter de cette bonne disposition et lui
vaincu.
Tous les propos
futur, les réflexions dont la malveillance
Ah! mon Dieu! quelle figure, mon pauvre
monsieur Fumadière; avec votre bouche en bec
de flûte, vous êtes plus laid que moi....
Vous croyez, mademoiselle!... s'écria Fu¬
madière avec une frayeur plus sincère que ga¬
ne
paraître.
—
encore pour se
brin
présenter à M"0 Céleste; mais il avait beau
attendre, le mieux n'arrivait pas. En désespoir
de cause, il résolut de
chez celle qu'il aimait.
»
se
rendre à
tout
hasard
Le
11 n'avait pas mis le
pied dans la chambre qu'elle s'écriait :
S'il meurt, oui, on croira qu'il m'ai me, se
dit la vieille fille, mais s'il se sauve?....
—
DIRECTEUR
M. G. DONCHET.
Gérant, SPA.
Pcrigucux, irap. LAPORTE (anc. Dupont et Ce).
THÉATRE-GONGERT
CHEF D'ORCHESTRE
M. DOUCE.
du
GRAND CAFE DE PARIS
(Jardin d'Été)
OUVERTURE DE LA SAISON
TABLEAU
DE
I
V
5f MLUi NANCY
Chanteuse
TROUPE
M-
excentrique (en représentation).
Chef d'Orchestre.
CAZE
★ M.
Tyrolienne.
GAILLARD
MLLE
DOUCE
M.
(en représentation).
MLLE Marie
DONCHET
Directeur-Administrateur.
■¥• MLLE Elfen pascal
Genre Amiati
:
OOMÉJAN i
Comique,
Romancière.
M.
MLLE DEJEUNE
genre
MANCEL
dit l'Homirie-Truc
Chanteuse créole.
(en représentation).
BERNERON
M-
MLLE BLISKA
Ouvrard.
Comique musical excentrique.
Chanteuse de genre.
0B.CHBSÎMB BB OTIBZB MWSICIEHS
Tons los lliuiiinelips ol
Pèles, MATINÉES
Tous
AVIS.
PRIX
—
L'Administration
se
ïes
à
prix réduits.—Tons los Mercredis, SOIRÉES DE
jours, Répétition
«!o mîclï à une heure.
réserve le droit de modifier le programme,
PLACES.
\IU)\\i<;xnI-;XS. -- Pour répondre
des Cartes d'abonnement aux prix suivants ;
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s'il
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á la demande de nombreux habitués,
y a
1
jours de pluie, le public
sera
fr.;
DE
CHOIX.
-
réclamation de la part du publie.
Secondes, 50 Cent.
Premières, 18 fr., secondes, IO fr.
qu aux Matinées du dimanche. On peut se les
mois
mis à couvert ; les abonnés n'ont ainsi à redouter aucune
CONSOMMATIONS
sans
la direction met, dès aujourd'hui, à la disposition du public,
Pour la saison (4 mois) ; Premières, GO fr. ; secondes, 4G fr. — Pour un
Ces Cartes sont personnelles et donnent droit d'entrée aussi bien aux Concerts du Soir
au Grand-Calé de Paris, tous les jours, de
10 heures du matin à 1 1 heures du soir.
Les
lieu,
FAMILLE.
:
so;réc de retâche.
GLACES
&
SORBETS.
procurer
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_007
ark:/30098/47wp
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 7, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801
-
https://petrocoria-num.perigueux.fr/files/original/49fb32cf62da828636cf67f2e3795534.pdf
97879a49316eeb793cbb23d33079742b
PDF Text
Text
Numéro 8
Première Année.
MWTTTÎfTTflTWnTTWWïïttffWTWÏ?fl
nimmMinmiiwiij
Wnmffiffliiiiiii'iiiiiiiHiiiiiiiiiii.iiiiiiiiiii
LITTÉRATURE, ARTS,
USTRIE
ABONNEMENTS*
B. Bufour
Millet -Lacoinbe
Robert Mitchell
.Mer son
Luné o d'Omano
de Locsuevssie
E.Dréolle
>
�PÉRIGOURDÌN.
L'ENTR'ACTE
Périgueux, le 9 mai 1886.
cierge,
est venu m'annoncer qu'un in¬
désirait parler au rédacteur en
chef de Y Entr'acte.
Or, je dois vous
blonde chevelure ; une
écharpe d'azur, merveil¬
leux tissus sortant du magasin de MM. Collin
connu
Licteur
précieux et très bénévole,
Comme dit l'auteur de
Pantagruel,
7b Entr'acte, aujourd'hui,
pour ta mince obole,
que
où il
est
nés,
dont il
et
allé étudier les ruines romai-,
vous
parlera dans
chain numéro. En
un
ravant,
attendant, c'est moi.
LMais c'est un bouquet impérialiste
Qu'on t'offre, lecteur, pour ton
Le Victorien et le itérómiste
Y sont réunis
fraternellement.
j attends,
Lutteur
agrément.
Je
triomphant,
Dufôur,
aux urnes
vainqueur,
S'y montre à côté de Millet-Lacômbc,
Homme d'action,
d'esprit et dé"coeur.
C.l tous les échos
;
aux
puis Ernest Merson,
lotit à côté
du sort!!
d'eux, voici Loqueyssie,
l'Aigle impérial,
sut ranimer
Et Dréolle enfin, dont
on
apprécie
L'esprit satirique à la Juvénal.
'Parmi nous ils
vont, en choquant de
7 os ter, discourir très
éloquemment
En un amical
banquet populaire.
C'est bien là,
lecteur, le. fait du
verre,
moment !
ZIG.
MMW
IWUMUM
TROP DR
RÉCLAME
!
Un avis de notre
gérant M.
lirez au bas de la
Spa, que
quatrième page,
vous
previent
nos nouveaux
abonnés
—-
qu'ils
pourront dorénavant recevoir la collec¬
tion complète de Y Entr'acte.
L'administration de cet intéressant
nal.,
en
mandes
effet,
a
il y a en ce moment à
Périgueux, et
dans les environs, nombre de
gens qui
ont plus envie
que moi d'une telle
aubaine.
petit jour¬
présence des nombreuses de¬
qui lui parviennent de tous les
points de la 1H rance, n'a
faire
pas
réimprimer
hésité,
en
les numéros
épuisés. U-Est un lourd, très lourd sa¬
crifice ques
impose là notre adminis¬
tration, qui, je dois lui rendre cette
justice, ne liarde pas lorsqu'il
s'agit
de
faire grand. Si vous en
doutez, je vous
conseille de venir voir notre
installa¬
tion, qui sera prochainement terminée.
U est d un luxe et d
un confort à ren¬
dre jaloux les
figaristes de la rue
Drouot !
Nous avons d abord la salle
d'armes,
la salle de bains, la salle
de
où
débarras,
nous
comptons remiser notre ensei¬
gne le jour ou elle aura cessé de
et
où
enfin la fameuse salle des
plaire,
dépèches,
nous al ions
exposer1 tous les candi¬
dats blackboulés
grâce au patronage
de Berluron, dont la
guigné, en ma¬
tière électorale, tend ù devenir
légen¬
daire. Quant au bureau de
rédaction,
il est tout
simplement épatant ! 11 y a
la un mobilier
quasi-princier que je
vous
recommande, car il révèle le goût
artistique de
coudes, effilée
chapeau, roussi, porte bien trois
admettant qu'il ait plu cons¬
tamment pendant ces trois années là.
Ce n'est pas dans cet
équipage qu'on
se
représente généralement un homme
qui a dix mille francs sur lui. Quand
on a dix mille
francs, le premier soin
qu'on doit prendre, semble-t-il, c'est
cîe ne pas les déposer dans une
poche
trouée. D'ailleurs,
pourquoi ce mon¬
sieur m'apporterait-il une telle somme ?
Je ne les ai pas
perdus et personne ne
me
doit. II faudrait
supposer qu'un
lecteur de Y Entr'acte,
sympathique à
ce bon AI.
Polichinelle, a jugé à pro¬
pos de tester en sa faveur et de dé¬
céder aussitôt
après l'accomplissement
de cette bonne œuvre. Douce
pensée,
qui traverse un instant mon cerveau !
Malheureusement, comme elle est in¬
vraisemblable autant qu'elle est douce,
je m'empresse de la chasser.
Monsieur, dis-je avec politesse, je
vous suis infiniment
obligé. Vous conviendrait-il de
m'expliquer pourquoi
vous m avez donné la
préférence ? car
Pays l on voit la n .ble phalange :
C'est Mitchell, l'ami du
prince Victor !
L'écrivain puissant dont la
plume venge
Qui
aux
manches.
ans, en
Du
les coups
rédacteur en chef,
M. Jelxan des
Barris. On a eu la déli¬
catesse de faire
fabriquer pour barri i
Polichinelle un fauteuil spécial, où tout
en
croisant les mains' sur ce
notre
qui le
gène par-devant, il peut habilement
dérober ce qui l'embarrasse
par der¬
Monsieur, j'ai 1 honneur de
tager vos sympathies politiques
notre con¬
vitrines de M. Carré, le
aux
Magne...
rue
»
Le second
chapitre nous transporte
grand Café de Paris. Mais pour¬
quoi vous faire languir, puisque vous
lirez bourrage ? Ales
personnages ne
au
vont
nulle part,
ne se servent
d'aucun
objet, depuis un jeu de cartes jusqu'à
un
porte-cigares, sans que j'indique la
provenance et le fabricant. II y a, en
moyenne, dix maisons recommandées
par page. Le roman a cinq cents pages.
Soit quinze cents industriels ou entre¬
preneurs dont j'ai laissé le nom
blanc et qui devront financer. Au
en
dé¬
noûment, 1 héroïne veut s'empoisonner ;
mais le pharmacien,
qui a remarqué
son air
égaré, au lieu d'un poison sub¬
til, lui remet un laxatif énergique.
Vous devinez ee
qui s'ensuit, le devi¬
?...
nez-vous
—
Sans doute, elle est
Purgée
purgée.
sauvée ! Nous verrons
quel est le-pharmacien de Périgueux
qui paiera le plus cher pour jouer1 cé
-
—
et
rôle dans notre
roman.
Je
accepter moins de deux
Qu'en pensez-vous ?
ne
cents
puis
pas
francs.
•
-
Naturellement, je décline l'honheur
d'entrer dans .cette
magnifique affaire.
L'inconnu reprend son manuscrit,
qui
lui donne le droit de
m'appelêr « cher
confrère.
Puis il m'avoùe qu'il est
père .de famille et que ses enfants n'ont
pas mangé depuis quaranîc-huit heu¬
res. Quand
je parviens à le congédier,
je n'ai pas dix mille francs de plus,
->
mais quarante sous de moins.
Je ne sais ce qu'il en est des autres
arts nationaux? mais d'art de demander
l'aumône n'a", pas cessé, d'être en
pro¬
grès depuis quelques années et, qúoi
qu'on en dise, j'approuve la tactique du
journaliste Berluron qui, sous prétexte
d'union conservatrice,
partage « les
sympathies politiques » de chacun, afin
de pouvoir, sans
vergogne, frapper à
bescarcelle de
tous
!
—
par¬
POLICHINELLE.
...
A merveille ! Mais Vous-même....
connaissez le proverbe : « Charité
bien ordonnée... »
Oh ! je sais, monsieur, tout ce
que
vous devez
penser en. nie voyant arri¬
ver dans ce
pauvre attirail... 11 n'en
—-
vous
EXPOSITION DE PRINTEMPS !
La saison
—
hirondelles,
pas moins vrai que je vous apporté
une idée
qui vaut dix mille francs..
Ah ! ce n'est qu'une idée. ..
Une idée, réalisée,
est
—
—
ment m-m
crit de
sur
ce
sa
visiteur
en
tirant
pó|he. Veuillez
roman.
réclame,féì je
YEntr'acte.
—t Vous
existe,
reprend vive¬
une
un manus¬
jeter les
J'ai inventé le
veux en
yeux
roman-
faire bénéficier
fleurie, qui
nous a ramené
sitions
excelle et les
bavez
inventé. 11
délicieuse plaisanterie de
pas
Mme de GirarçUn....
Mais M""' de Girard in
"
—
plaisantait,
je. suis très sérieux, moi.... La'pre¬
mière scène de-mon drame, se
passe au
et
dernier bal de la douairière de Merluchet. Ecoutez ce passage. Je mets
pro¬
visoirement des. noms connus, pour
mieux vous faire suivre mon idée :
L'iipparition de Miue.de M... dans le
grand salon de la douairière excita un murmure
«
d'admiration. Sa mise était
irréprochable;
une
chef-d'œuvre de M. Issártier, faisait valoir-
sa
a
ramené les
également les
expo¬
pittoresques qu'il a recueilPérigord, M. E. Dorsène,
l'iugéiiieiix photographe du cours Tourny, nous
vues
lies dans notre vieux
montre
aujourd'hui, dans les vitrines
du
Cha¬
pon-Fin, une ravissante collection de bébés, et
oíe Miettes, qu'il est bon d'admirer en
détail,
pour en saisir toute la valeur.
Voilà bien une' véritable
-exposition de prin¬
temps I Rien de plus frais, de plus coquet, en
effet, que. ces mignonnes créatures, que rha¬
bille artiste a
su
ne
nous
artistiques.
Après avoir exhibé les grandis portraits où il
.
.
ample robe de velours moiré nacarat ceignait sa
taille
rière, et c est sur ce
et trahissait le talent inimitable
siège précieux que j de. M"'"élégante
Cóuderc, l'habilc confectionneuse de la
jc m étais confortablement installé ce
place Bugeaud ; une coiffure, -irréprochable-,
matin,
lorsque AI. Benoit,
et
Linge invisible, bottes
douteuses, gants "percés aux cinq doigts.
Le
pour diriger /'Union bretonne,
Sait unir prudence et. conviction.
sous
collet, luisante
au
résonne
Qui,
L'Empire tombé
chaise ù 1 inconnu
Polichinelle, me dit-if,
je viens vous apporter dix mille francs !
Jc jette les yeux sur l'homme. 11
porte une redingote de vinaigre, grasse
qui jamais ne tombe.
d'Ornano, dont le nom
une
Monsieur
-—
Le baron
l oici
montre
figurait
marchand de chaussures de la
pro¬
qui le remplace, assez désavantageasement, je l'avoue.
Sur un signe, Benoît introduit cemonsieur, qui « ne veut pas dire son
nom, mais qui a une communication de
la plus haute
importance à me faire. »
:
Teyssandier, situé place du Coderc, cachait
ses blanches
épaules ; et son pied coquet *
furtif s'avançait" lier de son invisibilité dans
un" invisible soulier,
qui, quelques jours aupa¬
M. Jehan des Barris est
parti depuis huit jours pour U b ami ers,
avouer
T'offre tout brûlant le fait actuel.
Sans empiéter sur la
botanique, •
Sem a composé son
bouquet de fleurs,
Fleurs de journalisme et de
politique
Députés vaillants ou fiers orateurs.
et
à demi
saisir dans
une
série do.
aussi naturelles que gracieuses. 11 y a là
plusieurs épreuves qui sont de bons tableaux
de genre et auxquels le
pinceau d'un maître
n'ajouterait qu'un, charme relatif.
poses
Nous
appelons surtout l'attention des ama¬
sentant qui pleure à chaudes
larmes,
non loin d'un petit voisin,
qui rit de si bon ebour
en se chatouillant le
pied. L'artiste a voulu
teurs
sur
évidemment créer un contrasse saisissant
; mais
les personnes qui connaissent les difficultés
d'ordinaire un photographe lors¬
de íixèr Limage de ces petites
créatures, comprendront sans peine le mal qu'a
que rencontre
qu'il' s'agit
dû
se
donner
l'opératëur
si curieux résultats.
La réputation
pour
arriver à de
artistique de M. Dorsène
est
suffisamment établie, et il serait superflu d'in¬
sister sur son mérite,
qui est aujourd'hui hors
de pair.
Nous n'avons doue pas l'iutculion de lui faire
ici une banale réclame, car notre ami sait
sus-
�L'ENTR'ACTE PÉRIG0URD1N.
físainment se recommander par son travail. II
suffit, du reste, pour s'en convaincre, de jeter
coup-d'œil
un
sur son
Ftn.
--
—
exposition du Chapon-
—
p. L.
—
Bon.
Ma femme
qu'à minuit.
J'y suis.
Je l'ai surprise dans les bras d'un jeune
officier. Ma femme était dans le
plet
DÉCONVENUE
C'était
«
nuit.
D'UN
CANDIDAT
pendant l'horreur d'une profonde
»
II pleuvait. La rafale
mugissait, en secouant
des ondées torrentielles. Le ciel était noir com¬
me un
crêpe funèbre.
Sur la plate-forme d'une tourelle, à
l'angie
d'un château jadis
féodal, une ombre, que la
nuit faisait paraître
gigantesque, se penchait,
par intervalle, entre les créneaux démantelés,
plus
négligé. L'officier avait retiré
bre. Voilà !
L'avocat réfléchit
com¬
son sa¬
quelques instants, va à
retire un gros volume
qu'il feuillette ; puis, après dix bonnes mi¬
sa
bibliothèque,
en
nutes de méditation
Eh
bien, monsieur,
murmurer
—
ZAN-ZIBAR.
murmurait, d'une voix lugubre, des mots
que l'ouragan emportait dans le pli de ses ailes.
Soudain, une porte s'ouvrit sur cette même
plate-forme, et une ombre svelte parut sur le
seuil. Un flambeau à trois
branches, nombre
fatidique! tremblait dans sa main; une cornette
bien lissée couvrait sa tête, et un châle,
drapé
à l'antique, l'entourait de ses
plis sombres.
son
brusquement
en
frôla le flambeau
vacillant
deux des
:
Ciel !
—
murmura
le
fantôme
en
quel funeste présage !
—
II
en
reste encore une,
encore
mon
une, et cette
étoile, c'est
L'ombre
au
lumière, c'est moi, c'est
fortune !
flambeau leva
ma
au
ternes.
ciel des yeux
Ne vois-tu rien venir ? interrogea-t-elle
d'une voix anxieuse.
Rien ! rien !
Ecoute ! n'entends-tu pas une voix qui ap¬
—
—
—
pelle ?
Non, c'est
qui gémit.
—
—
un
chien qui hurle, et le vent
Hélas !
Silence ! J'entends le galop
d'un cheval
approche... C'est lui... C'est Thomas !
—
On
C'est Thomas !
Oh ! nous allons donc savoir...
tremble ?
..
—
Ciel !
Poètes
amoureux du soleil et des
fleurs,
Saluez l'hirondelle eu nos champs revenue ;
Célébrez le printemps, qui fait bondir les
cœurs,
lin vers harmonieux, chantez sa bienvenue !
De votre luth béni
que
—
les
sons
enchanteurs
Montent joyeux et purs jusqu'au sein de la nue
;
La Nature renaît et votre heure est venue :
L'echo va répéter vos accords, doux chanteurs.
Ilélas I charmeurs
Un souci prosaïque
divins, que n'ai-je votre flamme ?
enveloppe mon âme
Et, quand vibrent vos chants, mon esprit songe ailleurs.
II me faut
habit pour
la saison nouvelle
Et, depuis quelques jours, je cherche en ma cervelle
Un moyen d'attendrir le plus dur des tailleurs !
un
ZIG.
je
Rassure-toi, calme-toi, ô mon ami ! songe
dois paraître indifférent devant
Sois
rêt de
tranquille, ma mie... mais c'est égal,
peut sans trembler attendre l'ardestinée. Et pourtant, je le sens là...
011 ne
sa
oui, là, ajouta-t-il en frappant sur son gilet, que
je.suis appelé à de hautes destinées !
Deux coups de marteau ébranlèrent le châ¬
teau, qu' vibra depuis los caves jusqu'au som¬
met du
paratonnerre.
Courons ! s'écrièrent les deux ombres.
Mais rémotion leur
coupa les jambes ; ils
chancelèrent. L'ombre svelte posa son flambeau
à terre et courut après le bonnet de coton de
—
son époux,
qui s'était détaché de son crâne au¬
guste et que le vent menaçait d'emporter com¬
ine un
trophée.
M'sieu, dit une voix piteuse et essoufflée
qui venait des' profondeurs de l'escalier de la
—
tourelle, m'sieu, c'est moi, c'est Thomas... j'ar¬
rive.
M'sieu, vous êtes... battu. Le candidat
bonapartiste s'emporte de dix-huit... mille...six...
cent... quatre-vingt-quatorze... voix sur vous !
La dernière bougie venait de s'éteindre.
..
ANDRÉA.
Peintures
en prose.
MINUIT, SUR LE PONT NEUF.
Brekekekex ! Brekekekex !
C'est la grenouille qui sort du
profond de
l'eau et sonne, parmi les roseaux de la
rive,
—
son
appel retentissant.
Coax ! Goax ! soupire
—
sa compagne, repo¬
sur une feuille de nenufar.
L'heure est propice ; la nuit s'est faite silen¬
cieuse et discrète ; des couples énamourés se
sant tout
alanguie
cherchent
et
s'appellent ainsi
longuement.
Etrange concert flottant à fleur des eaux !
Le rossignol perle ses trilles ou file des
d'une pureté et d'une douceur infinies.
sons
Les senteurs troublantes des acacias traînent
dans l'air, épandues à pleines mains par le
joyeux mai, parfumeur du printemps.
Cependant la lune meurt derrière les coteaux
prochains et sa lueur expirante estompe la
niasse sombré .d'un
moulin, dont l'écluse jette
son grondement au milieu dé cette
paix souve¬
raine.
Poésie ! dites-vous.
Point. Simple
réalité. Si vous voulez vous en
convaincre, il
ne tient qu'à vous. Venez sur le minuit.
—
—
—
Quoi ! si tard ?
Désolé ! mais il n'est que minuit
pour
embellir les choses. Et je le prouve : Prenez
six heures, par exemple. D'abord,
pas de lune,
pas de rossignol. Puis, à cé moment, la gre¬
nouille ne chante pas, elle coasse et de
façon
fort désagréable, nia foi ! Les roseaux et les
nénufars de la rive croupissent dans une vase
noirâtre
spectacle non gracieux. Des rouliers
vous coudoient en
jurant, sur le pont ; des
chiens jappent dans vos jambes. La niasse
sombre du moulin devient l'affreuse maison
carrée de Ste-Claire, où l'on ne voit
que char¬
rettes et sacs de farine.... Pas la moindre
poésie, vous dis-je. La lumière crue du grand
jour, si funeste à la beauté de certaines"fem¬
mes, ne l'est pas moins au charme de certains
coins de nature.
—
m M'EN DOUTAI® !...
Puisqu'il est question de supprimer les
disciples de Cujas, ou tout au moins de ne
plus les imposer, rappelons un souvenir.
11 y a quelques années, une personne de
ma connaissance va trouver le
plus bavard
de
nos
avocats
périgourdins. Devinez
le¬
quel ?...
—
qu'il
—
Monsieur, commence Me X.... qu'est-ce
y a pour votre service ?
Mon cher maître, je viens vous con¬
sulter sur une grave affaire.
C'est cinq louis comme arrhes.
Voici cent francs.
Parlez.
Hier soir, à neuf heures, je
chez moi...
—
—
—
—
Donc, reconnaissez la puissance poétisante
—
rentrais
source :
vers onze
heures du soir, la nommée
d'environ
17 ans,
du minuit. Mais à minuit vous dormez. Et c'est
l'heure chérie où les pâles noctambules vont
inusant sous les étoiles, en
quête d'une rime
leur barrèrent
parvinrent ce¬
à prendre la
fuite ; mais ils furent poursuivis à coups de
pierres, et quand ils se furent introduits dans
leur maison, des projectiles continuèrent à être
lancés du dehors, contre la porte et les volets;
deux moellons pénétrèrent même dans l'appartement. C'est alors que le père, le nommé
Guillaume Semblât, plâtrier, âgé de 5i atis, se
leva et descendit pour chercher á mettre un
terme
à
se
ces
présentait
à la dignité ; tu
les hommes.
vois-tu,
Hier,
pendant à
—
—
épouvantable drame, dont le dénoue¬
sanglant a péniblement impressionné
notre ville, s'est
accompli, cette nuit, dans le
quartier Saint-Laurent-des- Barris, à Périgueux. Voici quelques détails, que nous avons
par un groupe d'individus qui
la route. Les deux jeunes gens
cornette,
articula d'une voix
Un
«
ment
rentrait, accompagnée de son frère, à son do¬
micile, rue du Petit-Change, 16. Ils venaient
de passer la soirée chez un de leurs parents.
Arrivés sur le Pont Vieux, ils furent accostés
bougies
imposante l'ombre.qui se détacha du creux des
créneaux et s'avança, tendant les bras, d'un
geste solennel, vers la lueur unique. II en reste
Le 10 décembre 1875, VEcho de la Dordopubliait, dans sa chronique locale, l'entrefile 1 suivant :
Clémentine Semblât, âgée
une
s'éteignirent.
Dernier Met d'une Sombre Histoire
«
chauve-souris s'envola
jetant un cri morne ; son aile
aspect,
FANTASIO.
HISTOIRES ET COITES PÉRIGOURDINS
recueillis à bonne
et
A
qui les berce'en des songeries
sans
<7ne
:
se décide-t-il à
d'un ton solennel, j'ai lieu de
croire que vous étés co.. !
N'achevez pas, interromps, l'infortuné
mari.... Je m'en doutais !
—
d'une cadence
lin.
ou
m'attendait
ne
frayer
un passage et
désordres. Au
moment
où il
se
maison, il fut
saisi, entraîné environ à vingt-cinq pas et
frappé de plusieurs coups de couteau. Le fils,
âgé de 19 ans, étant venu au secours de son
père, subit le même sort. Le père a succombé
presque immédiatement aux blessures qu'il a
reçues, et quant au fils, son état est des plus
graves et laisse peu d'espoir.
sur
le seuil de
L'auteur de
»
cet
sa
odieux assassinat et
ses
été reconnus pour être des
réfugiés espagnols. La justice s'est transportée
sur les lieux pour procéder à une enquête,
qui
se
poursuit activement aujourd'hui. »
Ainsi que le laissait prévoir la note qui
précède, le jeune Semblât ne devait pas
survivre à son père. Transporté à l'hospice,
il y succombait deux jours après, sans avoir
pu éclairer la police, ni fournir le moindre
renseignement sur ses assassins.
Nous n'avons pas à rappeler ici rémotion
qu'excita dans notre ville cet épouvantable
crime et l'anxiété avec laquelle on attendit,
pendant plusieurs mois, l'arrestation du
coupable, qui, hélas ! devait échapper à la
justice humaine.
Vers cette époque, j'avais fait la connais¬
sance d'un jeune Catalan,, du nom de Pédro
Aviîá, dont' la vive intelligence et surtout
un réel talent de guitariste
m'avaient com¬
plètement séduit. Nous nous plaisions, mes
amis et moi, à le recevoir parmi nous, et,
chaque soir, réunis chez l'un ou chez l'au¬
compagnons ont
tre, nous lui faisions fredonner son riche
répertoire de séguidilles et de boléros, pen¬
dant que ses doigts agiles pinçaient, non
sans une certaine grâce, les cordes de son
poétique instrument.
L'histoire de Pédro Avila n'offrait rien de
particulièrement intéressant. Après avoir
épousé, sans trop savoir pourquoi, la cause
de don Carlos, notre homme avait tenu la
campagne pendant plusieurs mois. Un beau
jour, accule à la frontière française, il s'était
vu contraint de gagner Bayonne, sous peine
d'être fait prisonnier par l'armée régulière
de son pays. Un ami d'enfance, qu'il appe¬
lait José Santarem, et qui, comme lui,avait
pour le compte du prétendant, le
suivit dans son exil, et ils furent ensemble
internés à Périgueux.
guerroyé
Quelques jours après le crime des Barris,
trouvait chez moi, en com¬
par¬
lait des assassinats récents et du mobile qui
avait pu faire agir le coupable. M. D..., s'adressant à TEspagnol, prit la parole à peu
près en ces termes :
II n'est pas douteux que c'est l'un de
Pédro Avila
se
pagnie de plusieurs de mes amis. On
—
vos
compatriotes qui
a
fait le
coup.
Est-ce
esprit de jalousie, par un sentiment de
vengeance ? je l'ignore. Toujours est-il que
le devoir de ceux d'entre vous qui connais¬
par
sent l'assassin serait de le livrer sur
l'heure....
Le jeune Catalan, subitement devenu som¬
bre, baissa la tète sans répondre et, ce soirlà, sa guitare resta muette, car il prétexta
une indisposition et se retira quelques ins¬
tants après.
J'avais encore lous
ces
souvenirs, et bien
�PÉRIGOURDÏN=
L'ENTR'ACTE
présents à la mémoire,
lorsque, l'an dernier, au mois de juin, je
reçus de mon Espagnol une lettre qui, ainsi
que vous allez en juger, était bien de nature
d'autres encore,
à m'émouvoir. Péaro Avila, que
la mort du
coupable déliait d'un serment solennel, me
racontait dans ses moindres détails le crime
des Barris, me faisait connaître les motifs
de ce crime et terminait ses étranges révé¬
lations par le récit du terrible châtiment
que Dieu avait réservé à l'assassin.
J'ai hésité longtemps avant de parler de
ce document et, aujourd'hui encore, pour
des raisons que mes lecteurs comprendront
sans peine, je me vois forcé de supprimer
la première partie de la lettre
Pedro
Avila; mais ce qu'il m'est permis de pu¬
blier, ce que vous allez lire, sufíìra à vous
faire comprendre l'importance de ce cu¬
rieux document :
de
« Je vais maintenant vous
narrer ie sombre
dénouement de cétte lamentable affaire.
» Vous vous
rappelez sans doute que, dès le
lendemain du crime, tous les policiers de votre
ville étaient mis sur pied. Les Espagnols in¬
Périgueux furent mandés à Phôtel-de-
ternés à
ville et
interrogés à tour de rôle par le com¬
missaire en chef. José Santarem était là, et six
d'entre nous le savions coupable de l'assassinat
des Semblât ! Mais, par un serment solennel,
fait quelques instants «auparavant, sur une
image de Notre-Dame des Pilar, nous avions
ne pas le dénoncer...
Le sang m'afflua au cœur
juré de
»
trahir,
faillis tout
quand je vis l'assassin s'avancer d'un
et je
lui faire, à sa
soirée. 11 s'était, disaitil, promené sur les Quais jusqu'à une heure
avancée de la nuit, et était rentré se coucher,
avec plusieurs de ses amis, qui logeaient dans
le même garni que lui. Les camarades mis en
cause
et qui, nélas ! n'étaient autres que les
témoins du crime
appuyèrent ce récit, — et
je vous avoue aujourdnui, à ma honte, que je
air calme
vers
le magistrat et
façon, un récit de sa
—
—
fis
comme eux.
coup
II m'en coûta pourtant beau¬
solennel. Tout
de mentir en ce moment
être se révoltait en songeant au rôle
odieux que les évènements me forçaient à
jouer; mais, je vous l'ai dit au début de cette
mon
lettre, don José était mon ami
José était le fiancé de ma
d'enfance, don
sœur
Juanna, et
j'aurais préféré mourir mille morts, plutôt que
de prononcer l'aveu fatal qui pouvait l'envoyer
à l'échafaud !
» Ah !
ce
fut pour
journées que celles qui
décembre !...
moi de bien longues
suivirent la nuit du 8
gêniez étrangement lorsque vous
me parliez du meurtre, et vous devez vous rap¬
peler les paroles incohérentes que je prononçais
parfois, surtout quand vous disiez que le couVous
,
me
fable quittais
ne pouvait
d'être découvert,
plusmanquer
José Santarem,
car je crai¬
e ne
gnais toujours une imprudence de sa part, et
je hâtais de tous mes vœux le jour où cesserait
notre exil et où nous pourrions regagner la
Catalogne.
» II arriva enfin, ce jour
tant désiré, près de
trois mois après notre internement. Le secret
avait été bien gardé, et nous pûmes quitter
compagnie des témoins du
crime, sans que pas un de nous eût prononcé
un seul
mot pouvant éveiller des soupçons et
trahir le coupable. A la frontière, nous nous
séparâmes de nos compagnons, non sans avoir
Périgueux,
4
*
en
renouvelé le terrible serment sur le scapulaire
de l'un de nous,
» Don José et moi
entreprîmes à pied les
quinze lieues qui nous séparaient encore de
notre village, et nous fîmes ce trajet sans pou¬
voir lier la moindre conversation durant la
route. Vous l'avouerai-je, cher monsieur ? Plus
nous approchions de nos familles, plus je re¬
connaissais les lieux bénis de notre enfance,
et plus mon coupable ami me faisait horreur !
J'aurais voulu, moi aussi, me séparer de lus et
ne
plus l'avoir sous les yeux, pour tâcher d'ou¬
blier le drame sanglant dont il m'avait rendu
le témoin responsable ; mais non, au lieu de
cela, nous allions vivre côte à côte, et tous les
jours sa présence viendrait me rappeler son
crime odieux !...
» L'infortuné semblait avoir
conscience du
supplice qu'il m'infligeait : i! essaya
de
me
fuir, et, pour
expliquer
prétexta près des nôtres une
entre nous
sa
d'abord
conduite,
brouille survenue
durant la campagne.
Nos parents
étaient liés depuis de longues années, ils se
réunissaient presque chaque soir, à la veillée,
là, en l'absence de José, qui trouvait tou¬
jours des prétextes pour s'abstenir de venir chez
nous quand je m y trouvais, son père et le
mien me faisaient raconter ce qu'ils appelaient
et
ies
«
»
misères de
Un
notre
exil.
»
jour, dona Santarem
—
une
brave et
digne femme, qui avait été la nourrice de ma
insista
auprès de son fils José, pour
connaître le motif de notre froideur. « — C'est
une histoire de femme ! » répondit brusque¬
souffrait ma pauvre Juanna, et nous attendions
anxieusement sa délivrance, lorsqu'un cri,
mais un cri qui n'avait rien d'humain, un vrai
cri de bête fauve, nous fit tressaillir tous. Puis,
celui-ci, qui se leva de son bureau, où il
train d'écrire, montrant ainsi que la
presque aussitôt, nous aperçûmes José, les
traits convulsés, l'aspect effroyable ! Semblable
sœur
—
ment
était
en
Juestion
{'importunait
et qu'il
n'enmadirait
avantage.
Le lendemain,
devant
mèrepas
et
ma
sœur,
dona Santarem rapporta le mot de
fils et voulut
faire
parler à mon tour.
Je pris la mère de José par les épaules, je l'embrassai tendrement sur les deux joues, et,
d'une voix pleine d'émotion, en songeant que
la vérité tuerait la bonne vieille qui avait bercé
mes jeunes ans, je répétas, moi aussi : « — C'est
une histoire de femme, et je ne puis vous la
raconter ! » On n'insista pas, de part ni d'au¬
tre; mais on jura de nous réconcilier coûte
que coûte.
» Bien
avant notre départ pour la guerre
carliste, il avait été question de marier ma
son
sœur
Juanna
me
avec mon
ami José. Le
moment
était venu,
paraît-il, de réaliser cette union,
qui comblait les vœux des deux familles. On
comptait d'ailleurs là-dessus pour renouer des
liens d'amitié qu'un différend sans importance
semblait avoir brisés pour toujours. Au pre¬
mier mot qui fut prononcé devant moi à ce
sujet, je bondis d'indignation :
Cela ne sera pas, m'écriai-je ; ce ma¬
riage ne peut plus avoir lieu !
Et pourquoi ? gronda sourdement mon
père ; sornmes-nous obligés d'épouser tes que¬
«
—
»
—
relles et surtout les mauvais sentiments qui
t'animent envers ton ancien camarade ? »
» Je baissai la tête et
me mordis les lèvres
sang. Ce jour-là seulement, j'entrevis
les fatales conséquences que pouvait avoir pour
le bonheur des miens le serment qui me liait à
jusqu'au
l'assassin des Semblât !
» Attribuant à
des rancunes coupables mon
aversion pour le mariage projeté, mes parents
et ceux de José hâtèrent le plus possible les
à
un
mains
échappé de l'enfer, il brandissait ses
sanglantes, dont il semblait menacer le
Ciel, et, au moment où il descendait í'escalier conduisant à la salle basse, je J'enten¬
dis s'écrier d'une voix étranglée : « Le châti¬
ment ! le châtiment !! » Je m'élançai dans l'apartement
qu'il venait de quitter et je restai
ientôt glace d'horreur par le terrifiant spec¬
tacle qui s'offrit à ma vue : Ma sœur rendait le
dernier soupir dans les bras de ma mère, pen¬
dant que la matrone, à genoux au prie-Dieu,
pleurait abondamment, en marmottant des
prières. Par
un de ces mystères que la science
impuissante á expliquer, la com¬
pagne de José avait mis au monde un enfant à
deux têtes, ou plutôt un véritable monstre,
maintenant privé de vie, car je le vis gisant
inerte au pied du lit. Mais le comble de l'horrible, c'est que les deux têtes de ce phénomène
tératologique étaient parfaitement formées, et
les traits du visage — traits que je n'oublierai
jamajs — avaient pu rappeler à l'assassin le
visage des deux Semblât !
» Je
tombai, moi aussi, à genoux pour prier.
En ce moment, un coup de feu retentit : José,
est souvent
...
beau-frère, venait de
mon
cervelle. Les victimes
vengées !
se
faire sauter- la
Périgueux étaient
»
Peut-être
publier
de
un
jour
me
sera-t-il permis de
entier la lettre de Pédro Avila.
En attendant, je souhaite que la partie de
en
cette lettre que
je viens de traduire tente
l'imagination de quelque écrivain de talent;
car, sans être doue d'un liai r bien subtil, je
sens qu'il y a là matière à un drame émou¬
vant. N'est-ce pas votre avis ?
Paul LEBRETON.
préparatifs de la noce. Le sinistre fiancé avait
accueilli avec empressement la nouvelle de
cette prochaine union. II profitait de mes ab¬
sences pour venir faire sa cour à Juanna, qui
ie connaissait et l'aimaìt dès sa plus tendre en¬
fance. José lui rendait son affection et lui pro¬
mettait sincèrement de la rendre heureuse.
Certain matin, où j'étais sorti au point du
jour, je le rencontrai tête nue, dans la campa¬
du plus loin qu'il m'aperçut, il me fit
signe de l'attendre. Je frémis en voyant ses
joues creuses et son visage pâle ; ses deux yeux,
qu'animaient la fièvre, semblaient deux char¬
bons ardents ; il me tendit la main, en me di¬
sant d'une voix saccadée et qui trahissait i'état
gne et,
de
son
âme ;
Je comprends
sans peine pourquoi tu
t'opposes à mon entrée parmi les tiens... .le te
fais horreur, je le vois; mais il faut que ce
mariage ait lieu, car j'aime ta sœur, et je
«
—
compte sur son amour pour me rendre le repos
qui me fuit ! Ah ! si tu savais ce que je souf¬
fre !... la nuit surtout, où les deux morts de
là-bas viennent, à travers des cauchemars af¬
freux, me montrer leurs plaies béantes!... Je
ne dors plus et je délaisse ma couche, pour évi¬
ter ces songes maudits, où ie vois tout san¬
glant
Le souvenir de mon crime m'oppresse
tue!... Encore quelques mois de ce sup¬
plice infernal et je succombe... Juanna seule
peut me faire oublier. Je la veux ! II me la
Drame et opérette.
Le ciel est bleu ; la campagne pleine de
seaux
et de senteurs printanières. Les
chants d'oi¬
iuvités du
parc du château.
Le comte lui-même rêve sous les grands arbres,
comte
se
sont
dispersés dans le
lorsqu'un spectacle inattendu s'offre soudain à
ses
yeux.
A travers la feuillée, il vient d'apercevoir sa femme
dans les bras du jeune Gontran.
Ce dernier paie alors d'audace :
Venez vile, cher comte... Votre femme se trouve
mal...
Et vous, dit froidement le mari outragé : vous
m'avez l'air de la trouver très bien !
—
—
*
#
Extrait d'un
*
de publication :
jeune tille descendit du', wagon, suffo¬
quée, étourdie par la fumée et eut grand peine à
trouver le compartiment des dames soûles... .>
Quelle horrible coquille 1
«
roman en cours
La pauvre
et me.
faut !...
» Pauvre José!
en
la mine d'un fou, et
ment
certaines
à
me
parlant ainsi, il avait
je songeais
involontaire¬
paroles prononcées par sa
quelques jours auparavant : « Notre ini¬
mitié, disait-elle, avait fait perdre la joie et
l'appétit à son fils, et, si cette inimitié se pro¬
On
parlait de la résurrection de Lazare.
dans notre siècle, dit quelqu'un,
qu'on verrait les morts se relever de leur tombeau
Ce n'est pas
—
cela 5
Ah ! non, par exempte, répliqua le docteur
La médecine* bien fait trop de progrès !..
comme
—
mère,
longeait, eile ne pouvait manquer de lui dé¬
ranger l'esprit ! ,
» Le
mariage eut donc lieu quelques jours
après, et, devant tous, pour complaire à mon
père, qui m'avait menacé de sa malédiction, je
jouai une scène de réconciliation. J'embrassai
l'assassin, qui venait de jurer fidélité à ma
sœur, et dans la main duquel ma chère Juartaa
venait de mettre
»
je
sa
main !
qui suivit est véritablement horrible, et
demande si le courage ne me manquera
Ce
me
pas pour
le narrer ici...
bout de quelques mois,
» Au
ma sœur se
déclara enceinte, et on attribua à son état ma¬
ladif la sombre humeur qu'elle manifesta de¬
puis lors, et surtout la soudaine antipathie
qu'elle parut éprouver pour son mari. Je fré¬
mis quand je songe que peut-être, par une de
ces nuits de cauchemars qu'il m'avait décrites,
le meurtrier des Semblât s'était laissé surpren¬
dre son épouvantable secret !
Enfin, le jour des couches arriva. José
avait tenu à assister la sage-femme ; mon père,
»
*
♦
vieille dame, dont la tille
lui parait être dans une position intéressante ;
Mais il me semblait que votre tille n'était ma¬
Un vieux monsieur à
une
—
riée que depuis un mois ?...
C'est, vrai ; mais ce sont ces chaleurs
tout est en avance, cette année !...
—
subites
7.AG.
de celte où
;
KHHZ
L'adminlstration de ì'ENTR'ACTE PÉRIUOURDIN vient de saire procéder à
an
tirage spécial de ses précédents nu*
répondre aux désirs de
abonnés, elle pourra, A, par¬
tir de ce jour, leur fournir la collection
complète de VENTR'AC TE. Les lettres et
méros et, pour
ses nouveaux
mandats
devront
être adressés à M.
SPA, administrateur-gérant de l'EN¬
TR'ACTE PÉRIGOURDIN, ancienne mai
son
Dupont et C",
rue
Tailleser, à Péri¬
gueux.
Le tìértwl,
8PA.
plusieurs autres parents et moi, étions rassem¬
blés dans une chambre voisine
M...
«
Périgueux,
imp. I.
tPORTE (anr Dupont *1 O;,
�
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Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801
ark:/30098/hhq0
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Type
The nature or genre of the resource
text
publication en série
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux (Dordogne, France)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sem : Goursat, Georges (1863/1934)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Language
A language of the resource
fre
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque municipale de Périgueux, P2-801
Medium
The material or physical carrier of the resource.
papier
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
License
A legal document giving official permission to do something with the resource.
Licence Ouverte 2.0
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Description
An account of the resource
Journal humoristique bi-mensuel arts, littérature théâtre, commerce, industrie
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ancienne Imprimerie Dupont, Périgueux
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Bibliographic Citation
A bibliographic reference for the resource. Recommended practice is to include sufficient bibliographic detail to identify the resource as unambiguously as possible.
I S S N Num 2505-1385
publication en série imprimée
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
FRB243226101_P2-801_1886_006
ark:/30098/47x0
Type
The nature or genre of the resource
text
Title
A name given to the resource
L'Entracte Périgourdin
Subject
The topic of the resource
Bi-mensuel
Satirique
Politique
Description
An account of the resource
N° 6, 1886
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1886-12-31/1886-01-01
Temporal Coverage
Temporal characteristics of the resource.
18..
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
4 p.
Language
A language of the resource
fre
Rights Holder
A person or organization owning or managing rights over the resource.
Médiathèque Pierre Fanlac
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Périgueux, 24000
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Goursat, Georges (1863 / 1934)
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
SEM : Goursat, Georges (1863 / 1934)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Laporte, E.
Rights
Information about rights held in and over the resource
Licence Ouverte 2.0
Source
A related resource from which the described resource is derived
Périgueux, Médiathèque Pierre Fanlac, P2-801